
Un petit arbrisseau robuste, à peine élevé de o m, i , allait fleurir sur les rocs
décharnés où j ’étais parvenu (Azalea sulphurea N.), et une assez grande
variété d’herbes vivaces croissaient dans le terreau fertile de leurs fissures. Deux
espèces de Gentianes : l’une, la plus petite que j ’aie vue de ce genre uniflore,
dont la petite fleur excède la hauteur de la tige avec sa racine, et qui n’est
peut-être qu’une variété de la Gentiana pallida N. : l’autre bien distincte, et
que je n’ai pas rencontrée au-dessous de 3yoom, Gentiana variegata N. y velle a
les couleurs superbes des espèces les plus alpines. Je ne sais si je dois rapporter
aux sous-arbrisseaux ou aux herbes vivaces, une plante singulière que je trouvai
en abondance mêlée avec Y Azalea sulphurea, et que j ’ai appelée provisoirement
Aretia hudsonioeformis. Son port est exactement celui des Hudsonia de 1 Amérique
septentrionale. Privé des parties complètes de la végétation , c’est aussi
avec quelque doute que j ’ai rapporté au même genre une autre plante qui s’en
rapproche davantage par son port, Aretia sempervivi N. Je trouvai également
à la même hauteur, sans la rencontrer au-dessous, une superbe Primevère,
Primula atro violacé a N. Les Primula vincoïdes et crassipes N. ne s’élèvent guère
au-dessus de 35oom. Le Juniperus nepalensis N ., arbrisseau rabougri et presque
rampant, est commun sur toutes les crêtes des rochers, entre 36oom et 8700™.
Yje Rhododendronpulverulentum N. monte jusque-là, mais non sans changer de
port entièrement ; le feutre fauve, dont le dessous de ses feuilles est garni dans
la région où il étale tout le luxe de sa végétation, n’est plus ici qu’une poussière
d’un blanc jaunâtre ou verdâtre; ses proportions sont très-réduites, ses
feuilles plus petites. Un très-petit Guatteria, moindre encore que 1 espèce
américaine Guatteria procumbens et qui abonde vers la base des montagnes
au-dessus de Cursali, où elle parfume les gazons du parfum si singulier
de ses feuilles, comme l’espèce canadienne exactement, s’élève avec le Rhododendron
jusqu’à la même hauteur. Aucun de mes gens ne connaissait cette petite
plante, en ce lieu si commune, et que son agréable saveur et son parfum leur
eussent fait remarquer, s’ils l’eussent vue ailleurs dans les montagnes; elle doit y
être rare.
C’est entre 33oom et 2800“ que les forêts sont les plus belles. Le Pinus com-
planata, en vieillissant, y prend le même aspect dépouillé que dans le vallon de
la Jumna. L’I f est moins commun, mais le Quercus diversifolia y excède habituellement
im,o en diamètre, et n’atteint pas moins de i 5m à 20” , avant de se
diviser en une tête dure et touffue. C’est l’espèce dominante; Le Charme, et plus
bas l’Aulne, sont communs (Carpinus nepalensis N. , A Inus obscura TV.), mêlés
à quelques arbres plus petits, encore privés de fleurs et de feuilles. Un Rosier
tres-épineux à fleurs blanches, inodores, remarquable par sa division constamment
quaternaire, Rosa q.uadripartita N., occupe dans la zone inférieure des
forets au-dessus de la vallée, la place du Rosa suaveolens dans le fond de celle-ci.
J aurai presque terminé 1 énumération des plantes que je rapportai de cette
excursion, en citant une grande Saxifrage que je trouvai à la limite supérieure
des forêts, commençant à fleurir, à peine dégagée de la neige, Saxifraga punc-
tata N ., qui appartient au groupe asiatique des Saxifraga crassifolia L.-Saxi-
fraga ciliosa N., - et Saxifraga pilosa N.
Les couches de Quartz des escarpements qui bordent la rive droite de la
Jumna, dans le bassin élargi de Cursali, ne se répètent pas de l’aütre côté de
ce bassin, sur les bords du torrent du Hoûnta, où leur prolongement devrait se
montrer. La base des montagnes est, de 'ce côté , formée exclusivement de
Schistes talqueux, où le Quartz se montre fréquemment en veines et en amas
distincts, mais où il ne se sépare pas de la matière talqueuse ( et argileuse peut-
etre) en bancs puissants. La pente des montagnes paraît déterminée de cecpté
par 1 inclinaison des couches, et la déclivité de leurs flancs correspond aux
plans de ces dernieres. Au reste, les roches ne se montrent que très-rarement
en phi Ce; des eboulements et le sol végétal revêtu de forêts, puis des manteaux
de neiges, les recouvrent généralement.
Les plus hautes cretes que j aie atteintes sont formées d’un Micaschiste terreux,
peut-etre légèrement inicace, grenatique, où le Quartz affecte la même
disposition que dans toutes les variétés de roches schisteuses que j ’ai observées
jusquici dans 1 Himalaya: des amas lenticulaires, des veines courtes, autour
desquelles les feuillets du Schiste se contournent. Cette roche plonge au N . N . O.
sous un angle d environ 20o. C est la meme inclinaison que dans tout le système,
auquel elle appartient évidemment. Des bancs plus compactes portent, des neiges
un peu au-dessous de ces varietés si schisteuses ; par leur composition, ce sont
encore des Micaschistes, mais par leur structure ce sont des Gneiss. Le Grenat
continue de s y montrer, mais en cristaux extrêmement petits, à peine granulaires.
Sous ces bancs, immédiatement, en paraissent d’autres dont l’apparence
est fort différente, mais dont la nature rninéralogique est probablement la
meme. Ce sont des roches noirâtres presque homogènes. Si l’Amphibole ne leur
est pas absolument, étrangère, je ne doute pas qu’elle ne s’y trouve en très-petite
quantité. Cette couleur noirâtre est due au Mica noir, en très-petites
lamelles, mêlé intimement à du Quartz grenu extrêmement divisé (G. h. S7)$
( G. h. 88),J G.h. 89), (G. h. 90. B, C.) (1). /
(1) Roches de la montagne à pentes douces, boisées, couverte (Cuti chapeau de neigefr, et dont