
apparente au dehors, et dans la vallée d e là Jumna, je n’en ai vu aucune. Les
Indiens des plaines cachent du moins sous un maintien souvent martial,
et presque toujours élégant, leur extrême timidité; ces montagnards ne
sont pas moins lâches, pusillanimes, tremblants à la menace. Ils mettent
en défaut tout ce qu’on a dit du caractère hardi et aventureux des montagnards
en général.
Il est sans exemple qu’ils descendent de leurs montagnes pour chercher
fortune dans les plaines. Us vivent et meurent où ils sont nés. Leurs voyages
s’arrêtent à la lisière des montagnes. Ils exportent les tiges d’une espèce singulière
de Bambou qui croît partout dans les forêts au-dessus de 24°°“ et 25oom,
et dont les chaumes creux servent de tuyaux de pipes, ou de plumes à
écrire.
Vers le sommet de la vallée de la Jumna, au-dessus d’Oudjerighur, on ne
voit pas de traces de cultures abandonnées; mais au-dessous, entre Kôtneur
et Tahnao, des forêts de Pins croissent sur des gradins formés jadis par les
hommes.
Le goitre se voit à tous les étages de cette vallée, sans être commun nulle
part.
Les 19, 20, 2 1 , 22 et 23 Mai i 83o , redescendu la vallée de la Jumna, de
Cursali jusqu’à Nagouânne, village voisin de Tahnao, a Ventrée de la vallée
du Ruddiar. — Je repassai par les lieux que j ’avais déjà vus , et une indisposition
qui me rendait d’une faiblesse extrême ne me permit pas d’y repasser plus
rapidement. Je mis à profit la lenteur forcée de ma marche, pour relever le
gisement des roches diverses que je voyais suffisamment à découvert. Ces
relèvements se trouvèrent d’accord avec ceux que j ’avais faits en montant
dans la vallée. Je note cette circonstance, parce que les méprises en ce genre
sont assez faciles, e t, je n’en doute pas, très-fréquentes.
L ’existence d’amas énormes de galets et de blocs roulés, accumulés jusqu’à
200m au moins de hauteur au-dessus du fond actuel de la vallée de la Jumnar
maintenant minés par ses eaux et réduits çà et là à quelques lambeaux appliqués
contre la pente des montagnes, y est un phénomène constant au-dessus
de tous ses étranglements. Un dépôt de ce genre, le plus considérable, se
voit entre Cursali et Bounasse, au-dessus du défilé étroit où coule la Jumna,
près de ce dernier hameau. Au-dessus d’Oudjerighur, autre étranglement
produit par l’arête trapéenne que j ’ai mentionnée plus haut, et l’on y voit aussi
les restes damas semblables. Au-dessus de Kôtneur, sur la même rivé (la
rive droite), répétition du même fait. Mais c’est au confluent du Buddiar et
de la Jumna, q u il reste encore les portions les plus étendues de ce sol ancien
de la vallée. Nul doute que le Buddiar n ait concouru à l’élever avec la Jumna,
car il a formé, dans sa propre vallé e , des dépôts semblables qui paraissent
même avoir recouvert jusqu’à une hauteur bien plus grande les pentes des
montagnes entre lesquelles il coule.
Les premières plantes de genres intertropicaux que l’on voit reparaître en
descendant du sommet de la vallée delà Jumna, sont le Coesalpima rivularis N.,
et 1 Indigofera mucronata N. Je les retrouvai entre Ranna et Oudjerighur, à environ
2100“ d élévation absolue. Le Cyperus albus et la Primula, androsacea
ne se montrent guère au-dessus de cette hauteur. Le Fraisier ne descend pas
au-dessous. Il en est de même du Rosa quadripartita N., du Daphne frigida, et
d un assez grand nombre d’autres espèces, communes autour de- Cursali.
Le Pinus longifolia, qui manque absolument au-dessus du défilé de Bounasse,
ne reparaît en lambeaux de forêts, qu’en face de Ranna, aux expositions
les plus chaudes et les plus scellés;- à environ 2200“ de hauteur; et
quelque favorables que lui soient les stations, il ne s’élève guère au delà.
Le Jasminum angulosum, et un peu au-dessous le Jasminum suaveolens IS.
se montrent de nouveau avec XIndigofera acuminata et le Coesalpima rivula-
ris N. Enfin, c est entre 15oom et 16oom que reparaissent le Laurus pseudo-
cinnamomum N. avec le Grislea tomentosa IV. et le Bauhirda racemosa.
Une des plantes les plus communes dans les vallées de l’Himalaya et
jusque dans le Dhoun, le Rubus edulis N., s’arrête à environ 2000“ ou
2200“ . Elle fournit le seul fruit sauvage des montagnes en cette saison. Il
n est pas inférieur en parfum ni en douceur à la Framboise, et il mériterait
quon 1 introduisît dans les plaines de l’Inde, où sans doute il réussirait.
Lespèce quon trouve si fréquemment mêlée avec lu i, aux stations inférieures,
le Rubuspinnatus N., s’élève à un niveau plus considérable.
. Nagouanne, où je vins camper le 23 mai, est un gros village, situé à '
plus de ioom au-dessus du torrent de sa vallée, le Buddiar, sur les restes
de son ancien niveau. Il est moins élevé de quelques mètres que Tahnao :
(1400 de hauteur absolue). L Oranger y atteint les proportions qu’il acquiert
dans les climats les plus chauds. Il y en a plusieurs arbres dispersés autour
du village. Cependant il neige tous les hivers assez abondamment, mais le
soleil est toujours vif et le froid sans durée. C’e st, d’ailleurs, le seul endroit
où j aie vu cet arbre. Sa présence ici me fait suspecter que le Grenadier,
qui s y trouve aussi, n y est pas spontané; peut-être n’êst-il pas indigène
de 1 Himalaya; peut-être tous ceux que j ’ai vus loin fies habitations, sur le
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