
les mêmes, et, en cette saison, du moins, elles sont aussi vertes ou aussi
peu vertes vers Hangarang que vers Soungnum. La seule différence est que,
vers le Rouskalang, il y a quelques arbres, et que, vers le Spiti, il n’y en a
pas un seul; mais ils sont si rares, si rabougris et si éloignés du col,.qu’ils ne
marquent guère dans le paysage. C’est au col de Rounang que la contrée change
notablement d'aspect, quoique vraiment le territoire de Kanum, qu’on laisse
alors derrière soi, paraisse déjà bien îiu.. Mais c’est depuis: Sourann, c’est
depuis que je suis entré en Kanawer, que j ’ai observé la progression constante
du climat des montagnes de l’Inde vers celui duThibet. Tchini est encore quelque
peu sous l’influence des pluies solsticiales : cependant il y a déjà, et dès avant
ce village, des forêts étendues de Néozas et des vignobles , et déjà le Déodar
n’y. offre plus qu’accidentellement les proportions colossales qu’il atteint fréquemment
entre Sourann et Natchar ; et de là vers, Zongui, il perd rapidement
les restes de sa magnificence. Les forêts qu’il constitue deviennent
en même temps plus claires et plus rares. Sur les pentes inférieures et découvertes
des montagnes, la végétation graminée devient graduellement et plus
pauvre et plus rare. Des Armoises blanchâtres et odorantes occupent la plàce des
herbes, et avant d’arriver à Kanum, on voit s’y mêler des touffes d’Astra-
gales épineux. Le Rouleau a cessé de former des forêts verdoyantes au-dessus
des Cèdres et des Pins; c’est un Genévrier (Juniperus arborea) qui occupe
sa place.-Et il est vrai que cet arbre, et le Cèdre et le Néoza se montrent
encore autour de Kanum; mais, comme je l’ai dit, ils sont si rares et si
misérables, que les aspects du paysage, sans eux, ne seraient pas plus désolés.
Je retrouvai au col d’Hangarang un grand nombre des plantes du col de
Rounang, .et quelques autres nouvelles. Parmi celles-ci ,.est une Violette très-
remarquable (Viola spathulata TV.) , et sur les pentes battues du vent, une
Anémone de la section des Pulsatilles.
Les montagnes qui dominent le col au N . ( ). ne s’élèvent quavec lenteur.
Je visitai celles qui le commandent au S .E . ; M. Gérard estime leur hauteur
à i q o o p ’ - ( 3o5m) au-dessus du col ; le temps que j ’ai mis à gravir leur cime ,
me la fit évaluerau double pour le moins. Leurs pentes sont très-roides, et
couvertes presque partout d’immenses éboulements ; et vers le sommet, il
n'y a plus de terre végétale dans les interstices des roches. La végétation s’y
trduve réduite à un petit nombre de plantes, qui s’accommodent plus bas de
cette station ingrate, et nulle part elles ne paraissent plus vigoureuses. Les
plus communes sont une espèce de Sedum , deux Draba, une autre crucifère
et une labiée. Une dizaine de mes gens m’accompagnaient, et aucun d’eux
ne parut s’apercevoir de là raréfaction de l’air.
Le vaste horizon que j ’embrassais de la cime de ces montagnes n’était qu’une
ceinture de neiges à peine interrompues en deux endroits.
Je relevai :
Le col de Hangarang, à l’O . 4°° N>;
Le village de Hango, au N. 10° O .;
Le village de Nàko, au N. 25° E . ;
La montagne de Pourguyoul, la plus haute de cette chaîne qui sépare
Hangarang et Ladak de la Tartarie chinoise, et qui est élevée de 6ooom, au
N. 55° E .; ■ ■'/ : - . .V
Celle un peu plus voisine, mais moins élevée, de Rio ou Lrio ou Rlio,
au N. 60“ E .;
Sur la rive gauche du Setludje,
Les villages de Dabling et Doubling, à l’E . 15° S . ;
La partie inférieure du cours du torrent de Gangtung, et le pic neigeux qui
est dans le même alignement, au S. 4°° E .;
Soungnum, à l’O. 10° S.
Pourguyoul et la montagne voisine de Rlio spnt les plus élevées du massif
qui domine le confluent du Spiti et du Setludje, et qui se prolonge au nord en
une chaîne dont la .crête est généralement, non couverte, mais saupoudrée
de neiges étemelles. Cette apparence des neiges est ordinaire sur les cimes
de lTIimalaya, et tient à l’excessive roideur de leurs pentes. La neige trouve
peu de places où elle puisse tenir.
A juger de sa hauteur par la quantité de neiges qu elle supporte, la chaîne
d’où descendent toutes les vallées latérales de là rive droite du Setludje, non
moins continue que celle de l’Himalaya proprement dite, n’est guère moins
élevée non plus: mais la ligne de scs sommets est plus uniforme; on ne voit
pas s’élever au-dessus d’elle de grandes montagnes déchirées, comme les Kylas
(Kaïlas) au-dessus de l’ILimalaya.
Les cols qui la sillonnent à de grands intervalles surpassent généralement
en élévation ceux de l’Himalaya ; au delà est le pays de Ladak. Le Setludje
coule donc , non au nord de l’Himalaya, mais entre deux chaînes à peu près
également élevées. Peut-être la chaîne des montagnes couvertes de neiges
éternelles qui s’étend dans le pays de Koullou, selon la même direction que
la chaîne méridionale de l’H imalaya, et que l ’on regarde généralement comme
sa continuation de l’autre côté du Setludje, n’est-elle au contraire que le pro