
forment ensemble Une masse d’eau bien considérable. Les aspects de
sa vallée changent, ici comme ils ont changé à Rôtneur. Ils prennent un
caractère de grandeur nouveau. L ’élévation relative des montagnes qui la bordent
est bien plus grande ; leurs formes sont plus variées et plus âpres. Sur
la rive droite, les pentes sont nues; ce n’est que sur leurs sommets quon
aperçoit une maigre forêt de Pins. Celles de la rive gauche, au contraire, sont
couvertes, jusqu’aux neiges qui les couronnent, de forêts d’une épaisseur inaccoutumée
dans l’Himalaya. G est la , sans doute, un des caractères les plus
remarquables de la végétation et du paysage de ces montagnes. C’est la hauteur
de la zone qu’y occupent les forêts, et l’absence presque absolue de cette zone
de pâturages qui verdit dans les Alpes, entre la sombre région des Pins et des
Mélèzes et les neiges éternelles. Il est vrai que nous ne sommes encore qu’au
printemps, et bien des neiges disparaîtront avant l’équinoxe d’automne. Sans
doute alors une zone de verdure se découvrira ; mais à l’époque actuelle de 1 année,
il me semble que dans les Alpes, la région des forêts en est déjà déblayée.
Je montai sur la rive gauche du torrent, à un hameau appelée Kounsaô. Il
est élevé de i866m(6 i3 7 P" 6'). Bourrasque avec un peu de pluie à 3 heures. Le
ciel couvert ensuite. La nuit sereine, très-froide.
Le i3 mai i83o. — Camp à Bâri, 5 h. de marche lente de Kounsaô. = [Ranna].
Marché généralement dans les bois qui couvrent les pentes des montagnes
sur cette rive du torrent, et sans monter ou descendre qu’à la rencontre de ses
affluents ; ceux-ci, entre Kounsaô et Bâri, sont au nombre de trois. Ils tombent
de cascade en cascade. Pas de Pins dans la forêt. Elle est composée principalement
de Rhododendron arboreum, Carpinus nepalensis, Acer, Quercus càstanoïdes
(l’espèce à feuilles cotonneuses en dessous ^Azalea arbore a, e tc ., etc.
Parmi les arbrisseaux, un genre nouveau d’Europe, un Buis fort semblable
au nôtre; et parmi les herbes, une belle espèce d’Aconit et le Fraisier. La
belle Pivoine dont j ’ai parlé plus haut, est ici la plante la plus commune.
Au-dessous de Rôtneur, elle était défleurie : elle ne fait ici que fleurir. Les
Deodars, Larix deodara, qui couvrent les cimes, ne descendent pas jusqu’au
chemin, quoique celui-ci ne s’abaisse pas au-dessous de 2000“, et atteigne
fréquemment 2200 m.
Ranna, à 3 heures de marche de Kounsaô, est un village de 20 à 25
maisons d’assez bonne apparence.- Il est élevé d’environ 2i5om.
Cest à peu près l’élévation de celui-ci, qui a 2159“ (7o84p’ :,ns) , et qui
lui ressemble d ailleurs beaucoup, et par le nombre et par la forme de ses
maisons, et la disposition des cultures d’alentour.
La Jumna descend droit du N .E . C’est dans cette direction que je relève
les cimes neigées de Jumnoutri, qui terminent sa vallée. Elles paraissent fort
voisines ; mais toutes les distances sont grandes dans l’Inde lorsqu’il s’agit de les
parcourir. On voyage si lentement !
Le 14 mai i83o. — Camp de Bounasse, 4 heures de marche de Bâri. Pl. XXIX.
Depuis que les roches de Quartz compacte ont cessé de se montrer autour
d’Oudjerighur, à la jonction de la Jumna avec le torrent de Bundtchuttcheki,
c’est entre des roches granitoïdes que s’ouvre le lit de la Jumna. Au-dessus d’Oudjerighur
même, après avoir franchi cette arête trappéenne (?) dont les roches
semblent être une transition du Schiste talqueux amphibolique à des Trapps
schisteux, j ai trouvé des Gneiss en place. Ils ne se voient que sur une très-
médiocre surface. Au delà, se montrent bientôt des roches également veinées,
mais où le Mica nest plus qu accidentel. Le T a lc , peut-être mélangé
d Amphibole, prend sa place, et se contourne en feuillets ou en minces
amas autour des cristaux de Quartz et de Feldspath. Diverses variétés de Pro-
togyne deviennent les roches dominantes; elles constituent le terrain, avec le
cortège des couches qui y sont habituellement associées.
Ce qui les rassemble, c est la tendance générale à une structure schisteuse
ou entrelacée, et 1 absence du Mica. Là, ce sont des Protogynes verdâtres bien
caractérisées. Plus loin, le Feldspath disparaît, et la roche garde néanmoins sa
structure; le Talc en lames épaisses verdâtres, flexueux, enveloppe des noyaux
aplatis de Quartz, ou bien les deux substances se confondent; intimement mêlées
lu ne avec 1 autre, on ne saurait les distinguer; elles forment une roche
d apparence homogène, verdâtre, où le Talc introduit la couleur qui lui est
propre dans ce système et la tendance »schisteuse, sa mollesse, son aspect
terreux, et où le Quartz, au contraire, modifie ces circonstances par celles de
ses propriétés, qui leur sont opposées. De là , quelquefois, des roches semblables
, par leur apparence, à de la Serpentine (G. h. 69), et dont la nature
oryctognostique exige cependant Un examen approfondi. Leur couleur, souvent
dune teinte noirâtre, étrangère aux éléments que j ’y soupçonne dominants,
m y fait présumer le mélange d’une petite quantité d’Amphibole. Il ne serait
pas surprenant, en effet, d ÿ trouver cette substance fondue dans la pâte du
Talc, puisque, dans un terrain dépendant de celui-ci, dans les Schistes talqueux
variolitiques et poiphyroïdes des bords delà Jumna, entre Thanao et