
des herbes : ce sont les mêmes espèces, pour la plupart, que j ’ai recueillies
au-dessus de Pangui (voir mon Catalogue botanique entre Pangui et Rarang);
il n’y en a aucune de celles que je vis pour la première fois au col de Rounang,
au-dessus de Kanum. Le changement manifeste qu’offre la végétation
de ce col tient certainement à d’autres circonstances que sa hauteur absolue.
La végétation monte ici jusqu’au col, mais sans offrir sur ses abords la variété
qu’elle présente généralement dans les stations de ce genre, fine, seule
plante me semble lui être propre : c’est une Artemisia ( Artemisia tenuifolia Ni)
Un vent furieux du S . O . y soufflait. Ce passage est fermé pendant quatre
mois de l’année. Il doit être élevé d’environ i 3,ooop-*' (3,962“ ) ,.'
Les dôgris de Rarang sont à 3 milles (| 1.) au-dessous, à la limite des forêts.
[] n’y a point de Bouleau de ce coté, ni d Azalea . ni de Rhododendron. Au-
dessus des Abies et des Pinas attenüata, la seule plante ligneuse est le Genévrier
suffrutescent qui se trouve au-dessus de Kanum, et qui probablement
est la même espèce que j ’ai trouvée vers Jumnoutri. La vallée duTéti me paraît
être la dernière où se montre l’autre espèce, 1 e Juniperus arbórea.
Autour des dôgris de Rarang, il y a quelques cultures, de l’orge et du
sarrasin surtout.
Les Ours, dit-on, sont particulièrement communs dans ce canton, ainsi
que dans la vallée du T éti, et les champs éloignés des villages sont gardés
nuit et jour par quelques-uns de lèurs habitants, pour les défendre de leurs ravages.
L ’espèce la plus répandue est noire; mais il y en a dun gris jaunâtre :
ils sont plus rares. Est-ce une espèce distincte? Il y a aussi des Chevrôtains.
J’ienore où se réfugient ces animaux dans cette saison et dans le jour. On dit • n 0 ■ . . i v
qu’ils abondent dans maintes parties de l’Himalaya, et voici cependant près
de cinq mois que je parcours ces montagnes sans en avoir aperçu un seul, et
sans qu’aucun de mes gens ait été plus heureux. Je suspecte leur fréquence,
Dans des marécages autour des dôgris, je vois le ParnassiçL triloba N . que
j ’ai déjà trouvé près de Dabling-Doubling.
Là aussi, en descendant du Haut-Kanawer, je revis pour la première fois
le Pteris, qui est si commun dans les parties moyennes et inférieures de ce pays
( Pteris [jB. 2080]).
Un changement plus notable dans la végétation s observe en descendant
vers Pangui.
Dans les belles forêts de Cèdres qui ombragent les montagnes entre lesquelles
coule le j j j l f Katchoun-Garoun Garoun signifie, enkanaori, rivière
ou torrent ) , fleurit un bel Aster ( Aster heterophyllus N■) ; et près du torrent je
trouvai en abondance un Indigojera frutescent (lndigofera \B. 2o3g]). Un
Tamus fort semblable à l’espèce européenne ( Tamus \B. 2040] ) grimpe alentour.
Un des Erables que j ’ai recueillis au sud de l ’IIimalya croit auprès, et j ’y
ai même vu le Tilleul. Mais la plante la plus commune parmi celles qui paraissent
ici pour la première fois quand on descend de Kanum, c’est un magnifique
Polygonum, haut de im ou 2", et dont les panicules, d’un blanc pur,
ont jusqu’à o“ 5 de longueur (Polygonum album N. \B. 2055] \
Le Katchoun-Garoun descend de l’ouest, et le volume de ses eaux indique que
sa source doit être assez éloignée. Il n’y a aucun village dans sa vallée, ni aucun
passage à son sommet qui conduise en Ladak.
Je rejoignis, à 2 milles (fT. ) de Pangui, le chemin par ôù j ’étais venu de ce
village à Rarang, le 24 juillet dernier.
Dans les montagnes,, j ’avais rencontré un troupeau d’au moins deux cents
Chèvres. C’était celui de la Reine ou Rani. Le Rajah de Bissahir, quoiqu’il
n’ait qu’une vingtaine d’années, est marié depuis quatre ans. Sa femme est
une des filles du Rajah de Ssrinaghur. Il n’a, en ou tre, qu’une concubine,
également de haut lieu. J’ai questionné beaucoup Pottranme sur les moeurs
de son maitre, pour me faire une idée de son existence; et l’emploi de ses
journées ne laisse pas que d’être encore pour moi un blanc que je ne sais
trop comment remplir. Sa vie est tout à fait sédentaire. Il mange seul, par
la-raisoù qu’aucun de ses sujets ne s’asseoit en sa présence, et qu’il ne reçoit
jamais de visite des Rajahs ou Ranahs ses voisins.
Ces chefs montagnards ne sortent guère de leur manoir qu’une fois en leur
vie, pour se marier. Jamais ils ne se visitent les uns les autres pour chasser
ensemble et se divertir. L ’abstinence de vin est fatale à la sociabilité d’une nation
: si les Persans passent pour plus polis que les Turcs en général, je ne
doute pas qu’ils ne doivent cet avantage à la négligence avec laquelle ils observent
la loi du Koran qui interdit les boissons spiritueuses aux Musulmans.
Les Anglais ne sont sociaux qu’à table, et ce n’est pas en vertu de leau qu’ils
boivent.
Pour revenir au Rajah de Bissahir, Pottranme assure qu’il lit et qu’il écrit
dans le jour. Écrire, s’il était Musulman, passe encore, il transcrirait le Koran;
mais Hindou, sa religion ne lui prescrit aucune tâche de ce genre, et comme il
n’a aucune espèce d’idées d’affaires ni de relations, les raisons d’écrire lui manquent
absolument ; et l’assertion de Pottranme ne veut rien dire, sinon qu’il
sait écrire ; mais certainement il n’écrit pas. Quant à lire, la chose est plus
croyable, il doit lire ses prières. Le gouvernement anglais devrait donner quel-
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