
sur la terre ou sur les ronces, les rosiers et les épines-vinettes, ses faibles
sarments. Ses fleurs ont le parfum du réséda.
Après une montée très-pénible, on arrive sur un petit plateau incliné qui
s’abaisse des hautes montagnes opposées à Landaor, au Nord, vers le confluent
de ce premier torrent avec celui qui coule au fond de la vallée semblable,
au-dessus de laquelle est la pauvre petite ferme de Lagressou.
Sur la foi du mot village, je n’avais fait prendre à mes gens aucunes provisions
en quittant Mossouri, et Lagressou ne peut fournir qu’une tasse de
lait et une corbeille de framboises sauvages. Quelques arpents d’orge et de
blé assez beaux, malgré l’apparence maigre du sol, voilà toute la culture
de ce soi-disant hameau; et pour obtenir ces récoltes vulgaires sur une si
petite surface. il a fallu faire des multitudes de murailles pour soutenir les
terres que les pluies entraîneraient bientôt, sans ce soin, dans le fond de la
vallée, c’est-à-dire, dans le lit du torrent.
Des calcaires assez semblables à ceux de Mossouri, alternant avec des
Schistes le plus souvent pourris, mais néanmoins pénétrés de Quartz, voilà
la monotone combinaison que je n’ai cessé d’observer sur les longues arêtes
par où je suis descendu de Landaor au premier torrent, et qui reparaît entre
celui-ci et le second, formant l’extrémité N . O . de la montagne où est situé
Lagressou. J'y ai vu, mais rarement, des masses noirâtres et délitées, py-
riteuses en décomposition, et des rubans festonnés de Quartz noir résinite,
que j ’ai décrit dans les montagnes de Mossouri et de Landaor sous le nom
impropre de pierre lydienne.
Mais si la nature et l’alternance des roches est la même, leur stratification
est entièrement différente; leur inclinaison habituelle est au Sud; elle varie
considérablement autour de ce point.
Les théories géogoniques qui prévalaient jusque dans ces dernières années
sur la formation des montagnes, ont dû faire exagérer la régularité de la
stratification des roches qui les composent, de même quelles leur ont fait
attribuer une régularité topographique que certainement elles n’ont pas. Il
y a dans la nature de si vastes espaces qui se soustraient à l’observation des
géognostes, et même dans les pays de montagnes, elle laisse à leurs préventions
tant de vides à remplir ! La régularité qu’on se plaisait naguère à leur attribuer
était peut-être conforme aux vagues idées géogoniques du temps; mais si
les montagnes ont été produites par des soulèvements, on y doit trouver tout
le désordre de ces grandes perturbations.
Si A, Pl. X X V I ,,fig . i , représente la disposition originelle de la croûte
terrestre, que j ’ai supposée ici stratifiée pour rendre ces effets plus clairs,
une force intérieure agissant sous A , en rompra les couches et les soulèvera
de part et d’autre, comme le représente B , formant deux talus adossés l’un
à l’autre, et leurs couches seront de part et d’autre parallèles à leurs pentes,
ou bien les couches terrestres garderont leur horizontalité primitive d’un côté
de la ligne de rupture R , et une montagne, de la forme régulière d’un prisme
trièdre, sera formée, montrant sur l’une de ses faces, le plan de ses couches,
et leur tranche sur la face opposée. Dans tous les cas, si la force soulevante
agit selon une ligne de quelque étendue, la chaîne qu’elle formera, de quelque
façon que penchent ses couches, offrira une régularité générale dans leur direction.
Et il en est ainsi : il semble que la régularité de la direction des couches
des roches soit en raison de celle de la structure des montagnes. Les roches
stratifiées des Alpes sont parallèles dans leur direction à celle de cette grande
chaîne. Et cette circonstance est évidente, surtout là où la lisme de leurs . 7 ■ O ■! ' .
sommets court régulièrement vers un point du compas, en gardant un niveau
semblable. Ge qu’on appelle la Seconde Chaîne de l’IIimalaya, cette
immense traînée de montagnes entassées les unes sur les autres, sur une largeur
de plusieurs myriamètres et sur une longueur de plus de io°, doit donc
offrir dans sa stratification le même désordre que dans sa structure. On doit
s attendre à trouver cependant une sorte de régularité dans la direction de
ses couches, puisqu’un grand nombre des croupes allongées dont elles se
composent,.participent à la direction générale de l’ensemble 'r et c’est ce qui
a lieu à Mossouri et à Landaor. Mais les arêtes A , Pl. X X V I , fig. i , qui
descendent des croupes de ces montagnes et qui les unissent entre elles,
formant la tête de deux vallons adossés l’un à l’autre, B,B’, sont loin d’offrir
une stratification si régulière.
Le 3 mai i83o A Bouhànne, 5 heures de.marche lente, de Lagressou.
Monté de Lagressou au sommet apparent de la vallée, dont les pentes
moyennes portent ce hameau sur une sorte de promontoire qui s’ar
vance à son confluent avec le vallon qui descend au Nord de Landaor. Je
n a i pas trouvé hier âme qui vive pour m’en dire le nom. Le torrent de
la vallée que j ’ai remontée aujourd’hui s’appelle l’Aglaur, si j ’en crois la seule
autorité montagnarde qui donne un nom spécifique. Il me semble d’ailleurs
que sa dénomination varie de mille en mille, à chaque cabane près de, laquelle
il coule, pour en prendre le nom. Ici c’est le torrent de Lagressou ; un peu
plus haut, d’un autre lieu; plus haut encore de Bouhànne.