
Le 8 octobre i83ô Au çamp de Deohra.
Le 3 octobre i83o. — Du camp sur le versant septentrional de Bourendo - p a s s , au camp sur le versant
méridional.
Les cols au travers de IHimalaya méridional.
G é olo g ie . — Vallée de la Buspa, col de Bouroune , et vallée supérieure du Pâbeur.
Le 4 octobre. i83e. — Du camp sur le versant méridional du col de Bouroune à Djangling, 10 milles ( 3 /. ).
Les 5 , 6 j 7 ^ / 8 octobre i83o. — De Djangling à Pecca, Chergaon, Rourou-khôti et Deohra.
Le 3 octobre 183o. — Du camp sur le versant septentrional du col de Bourendo
( ) , au camp sur le versant méridional. _ La vallée supérieure
de la Buspa est à peu près parallèle à celle du Setludje et à la direction selon
laquelle sont alignées les cimes de la chaîne méridionale de l’Himalaya.
Son sommet doit être creusé entre la base septentrionale de ces cimes et les
pentes opposées des massifs des Kaïlas occidentaux ; groupe énorme, placé en
avant de la chaîne, et dont il excède la hauteur moyenne d’environ i ooo'" ;
mais celle-ci va se relevant à l’E s t, et en même temps elle occupe une plus
grande largeur.
Plusieurs des vallons qui débouchent dans la vallée de la Buspa, sur la rive
gauche de ce torrent, ont leur sommet sous de fortes dépressions de la chaîne
méridionale qui servent de passages entre l’Inde et le Kanawer. Bouroune-
»hauti est le moins élevé de ces co ls , et j ’ai peine à croire que les autres
puissent être d’un accès aussi facile ; mais ils ne sont guère moins fréquentés.
C’est une remarque que j ’ai faite partout en Kanawer, la route la plus courte
est celte que préfèrent les montagnards : ils ne tiennent guère compte que
des distances horizontales.
Le col le plus voisin du village de Bouroune n’est pas ouvert au sommet
du vallon dont le torrent arrose le territoire du village, mais du vallon
suivant ; c’est néanmoins dans le premier que l’on monte d’abord, et jusqu’à
une hauteur considérable; et de là , franchissant l’arête de montagnes qui
les sépare, on monte dans le second qui s’élève droit au nord.
Au-dessus de Bouroune il y a encore quelques habitations éparses, et les pentes
des montagnes sont couvertes d’un mélange de prairies, de bouquets de bois et
de cultures. La végétation, riche et variée, déploie, après les pluies solsticiales,
une magnificence que je ne lui avais encore vue nulle part dans l’Himalaya.
Les Chênes ( Quercus protea N.) mêlés aux Cèdres, d’abord, disparaissent
oraduellement à mesure que l’on s’é lèv e , et sont remplacés par un Pin
( Pinus attenuata N.) j e t, dans une zone plus élevée, un Sapin [Abies circularas
N ) , deux espèces d’Érables ( celles que j ’ai recueillies au printemps vers
Jumnoutri) et le Bouleau égayent la forêt du contraste de leurs teintes si
diverses. Le feuillage du Cèdre est d’un vert foncé ; le Pin est bleuâtre ; le
Sapin presque noir ; déjà le Bouleau commence à jaunir, et les Érables
sont du rouge le plus éclatant. Quelques arbrisseaux que l’automne colore
diversement, ajoutent à cette variété : telle, est une Viorne (Viburnum niti-
dum N.) empourprée,»»’«! un Sorbier; nouveau pour moi,.couvert de
grappes de fruits couleur de chair ou de rose. Dans la région la plus élevée,
abonde aussi un Lilas dont l’aspect est glauque et blanchâtre ( Lilac glaucum N.),
et un Azerolier à grandes feuilles cotonneuses, et dont les fruits, aussi gros
que la Nèfle , sont du rouge le plus vif.
Sous ces ombrages si variés, fleurissent actuellement encore une multitude
de plantes dont la végétation ne se ranime, chaque année , qu’au commencement
des pluies périodiques du solstice. Il en est un grand nombre qui en
ont presque entièrement parcouru le cercle, et que la température rigoureuse
des nuits a déjà flétries; mais la foule des Labiées, des Ombellifères, et surtout
des Synanthérées, brave ces premières atteintes de l’automne.
Cette végétation herbacée ou frutescente, qui prospère sous les plus hautes
forêts de l’Himalaya, représente celle qu’on observe sous les ombrages des
basses Alpes. Sans doute que lexamen comparatif des espèces propres à l’une et
à l’autre de ces régions si éloignées, montrera que toutes diffèrent spécifiquement
, mais leur apparence générale est semblable, et le botaniste même y
trouve des points de ressemblance au delà de ces traits superficiels. Les
pluies continuelles de l’été donnent à la flore automnale de l’Himalaya une
exubérance qui manque a celle des Alpes, dont les développements ne sont
pas provoqués - par une cause si puissante.
Il y a un accord imposant entre la sévère monotonie des forêts des hautes
Alpes et la nudité de la terre sous leurs ombrages mélancoliques. Elles ont
un caractère plus marqué parce qu’il est plus simple , une physionomie qu'il
est moins possible de jamais oublier. L ’Himalaya indien ne m’a encore offert
aucune de ces scènes étranges, qu’on trouve dans les Alpes au nord du Saint-
Gothard : comme Andermaü avec le sombre lambeau de forêts de Sapins qui le
défendent des avalanches, et pas un autre arbre sur l’horizon, qui ne présente
que des prairies, des pâturages et des neiges éblouissantes. Peut-être un jour
l’image des tableaux variés de l’Himalaya méridional sera-t-elle confuse dans
ma mémoire , mais toujours elle me retracera fidèlement les , scènes de stérilité
et de désolation du Thibet.
Mon camp du i octobre était situé à la limite supérieure des forêts, dans le
vallon qui s’abaisse du col de Bouroune. Ce vallon descend droit au nord pour