
Maronnier ( Æsculus hippocastanoïdes), arbre absolument étranger à la région
sèche du Kanawer. L ’Abricotier et le Pêcher sont communs;mais ceux-ci prospèrent
également au nord et au sud de l’Himalaya.
Depuis plus de i 5 jours il neige quelquefois pendant la nuit sur la chaîne
méridionale de l’Himalaya, et ces neiges prématurées tiennent plusieurs jours
près des cimes. Je n ai pas encore vu blanchir ainsi les montagnes de la chaîne
qui s’étend au nord du Setludje, séparant le Kanawer du Ladak, et dont la
hauteur moyenne est au moins égale à celle de la chaîne méridionale. Ce n est
pas que la température nocturne ne s’y abaisse autant, mais la sécheresse y est
excessive.
Je n’ai pas cherché à faire une étude du langage, le grand nombre des
interprètes que j ’avais constamment autour de moi me rendant sa connaissance
tout à fait inutile, et d’ailleurs beaucoup de Kanaoris parlent, tant bien
que mal, l’hindoustani. MM. Gérard, qui lui ont donné quelque attention, disent
qu’il varie notablement d'un village à l’autre, e tq u à Kanumet à Labrang,
qui ne sont pour ainsi dire que deux hameaux d’un même village, à portée de
carabine, il diffère absolument. A Soungnum, ajoutent-ils, nouvelle langue.
Ces variations du langage dans des lieux si voisins sont encore plus singulières,
à cause de la vie ambulante des habitants de cette contrée. Il me paraît
inévitable qu’ils ne confondent souvent ces divers patois, et je ne vois
aucun moyen de déterminer nettement celui qui est propre à chaque lieu.
Le thibétain littéral, dit M. Csoma, est le meme à Ladak, à Lassa et à
Teschou-Lombou ; mais il se prononce tout à fait diversement dans ces divers
pays. Comme c’est un Lama de Ladak qu’il a eu pour mounschi, et comme la
prononciation qu’il a pu apprendre est celle-là, il dit que c’est la meilleure.
Le 2 octobre i.83o. — Au camp , vers la limite des forêts, sous le col de Bouroune.
Pourvu de vivres pour 2 jours, je quittai Bouroune ce matin au point du jour.
|.e chemin du col est un sentier qui serait praticable aux y ak s , s il y en avait ic i,
mais absolument impraticable aux ghoûntes. Au reste, il n’y a pas de chevaux
dans cette vallée; car par la raison qu’ils n’en sauraient sortir d aucun côté , ils
n’ont pu y entrer.
On monte d’abord assez rapidement sur les pentes des montagnes au penchant
desquelles est situé le village. Elles sont couvertes de bois de Chênes et
de Cèdres ( Quercus protea, Larix deodar) . Bientôt le Chêne disparait, et c est
le Sapin ( Abies circulons) qui prend sa place. Le Pinus attenuata se montre
en même temps. — A 3 milles ( 1. ) environ de distance, on traverse un torrent
médiocre, limpide et glacé, celui-là même qui coule sous le village de Bouroune.
Le Rhododendron pulverulentum et une quantité de plantes alpines
paraissent sur ses bords. On s’élève rapidement au-dessus, et l’on traverse la
crête des montagnes qui le séparent d’un autre torrent qui descend du col
même et dans le vallon duquel on passe en franchissant cette crête. Elle est
magnifiquement boisée. Les espèces d’Erables que j ’ai recueillies dans la vallée
de la Jumna, abondent dans les forêts de la région supérieure : leur feuillage
jaunit déjà. Une Viorne est teinte du pourpre le plus brillant. Cependant les
Sapins et les Dëodars conservent leur teinte sombre et monotone. Il y a presque
trop d’opposition de couleur dans le paysage. — La végétation herbacée est gigantesque
sous les ombrages. Les Composées y dominent, et leur taille moyenne
est de plus de 2 mètres. Les Ombellifères sont également hautes et nombreuses,
ainsi que lès espèces de Poljcgonum.
Je remarque deux Groseilliers, évidemment ceux que les voyageurs anglais
ont appelés Black and red currant. Ils n’ont de commun avec le Ribes nignirn
et le Ribes rubrurn que la couleur de leurs baies, qui sont insipides. La plante
du prétendu Cassis est en outre inodore. — J’avais observé sur le penchant méridional
de l’Himalaya la plupart de ces arbres et arbrisseaux ; mais l’un d’eux,
extrêmement élégant, m’est nouveau cependant, c est un Sorbier : ses fruits
sont couleur de chair. Point de Buis, peu d’ifs , point de Marronniers, de T illeuls
ni de Noyers dans les bois. Le Houx est commun, et plus haut le Bouleau
mêlé à d’autres arbres, notamment au Prunus padoïdes (Voir mon Catalogue
botanique Mji;
Le vallon qui descend du col est semé de prairies et de bois. Ses herbes,
composées de Bromus maximus, de Delphinium stnctum , de Scabieuse, et de
plusieurs Composées, excèdent 2 mètres. C’est dans un de ces taillis que mes
gens ont tendu mes tentes. Le torrent coule auprès , qui semble sortir de
quelques immenses. amas de neige tombée des montagnes environnantes ; les
forêts s’élèvent encore à plus de xoo" au-dessus.
J’arrivai à une heure après midi. Le soléil, réverbéré par les montagnes
d’alentour, était incommode. A 4 heures il s’abaissa au-dèssous de leurs sommets,
et la température parut s’abaisser tout à coup d’une manière excessive.
Quoiqu’il ne gèle pas à cette heure, 9 heures du soir, et quoique 1 atmosphère
soit calme, le froid est si v if dans ma tente que je me hâte dé terminer ces lignes.