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Masse, f. f. (P h f-) en Méchanique, eft la quantité
de matière d’un corps. Voye^ C orps & Matière.
La maße fe diftingue par-là du volume qui
eft l’étendue du corps en longueur, largeur & profondeur.
Foye{ D ensité & V olume.
On doit juger de la maße des corps par leur
poids ; car M. Newton a trouvé par des expériences
fort exaôes, que le poids des corps étoit proportionnel
à la quantité de matière qu’ils contiennent.
' . .
Ce grand géomètre ayant fufpendu à des fils ou
verges d’égale longueur, des poids égaux de différentes
matières, comme d’o r , de plomb, renfermés
dans des boîtes égales, &c de même matière ,
a trouvé que tous ces poids faifoient leurs ofcilla-
tions dans le même tems. Or la réfiftance étoit
égale pour tous, puifque cette réfiftance n’agifloit
que fur des boîtes égales qui les renfermoient.
Donc la caufe motrice de ces poids y produifoit
la même vîteffe ; donc cette caule étoit proportionnelle
à la maße de chaque poids; donc la pefanteur
qui étoit la caufe motrice, étoit dans chaque poids
ofcillant proportionnelle à la maße.
Ainfi les maßes de deux corps également pefans
font égales. Il n’en eft pas de même de la denfité
qu’il ne faut pas confondre avec la maße ; car un
corps a d’autant moins de denfité qu’il a moins de
maße fous'lin même volume; enforte que fi deux
corps font également pefans, leurs denfités font en
raifon réciproque de leurs volumes, c’eft-à-dire ,
que fi l’un a deux fois plus de volume que l’autre,
il eft deux fois moins denfe. Voye% Daniele D ens
i t é , où vous trouverez une formule pour comparer
les maßes} les volumes, & les denfités des dif-
férens corps.
Il s’en faut de beaucoup que la maße ou la quantité
de matière des corps n’occupe tout le volume de
ces mêmes corps. L’o r, par exemple, qui eft le plus
pefant de tous les corps, étant réduit en feuilles
minces, donne paffage à la lumière & à différent
fluides, ce qui prouve qu’il y a beaucoup de pores
& d’interftices entre fes parties. Or l’eau eft 19 fois
moins pefante que l’or; ainfi en fuppofant même
qu’un pié-cube d’or n’eût point du-tout de pores, il
faut convenir qu’un pié-cube d’eau contient 18 fois
au-moins plus de pores & de vuide que de matière
propre. (O)
Masse, (Hydraul.) On dit une maße de terre, de
fable, de glaile, de terre franche, quand on y pratique
quelque piece d’eau, ce qui épargne de faire
des corrois. (K)
Masse , ( Pharmacie.) c’eft ainfi qu’on appelle la
quantité totale & informe d’un remede compofé,
deftiné à êtredivifé en plufieurs dofes & à être appliqué
ou donné fous une forme particulière.
C ’eft ainfi qu’on dit une maße de pilules, une
maße d’emplâtres, de la matière toute préparée de
ces remedes, à laquelle il ne manque pour la première
, que d’être formée en pilules ; & pour la
fécondé,*que d’être étendue fur des morceaux de
linge d’une certaine figure, ou bien formée en
magdaleons. (b)
Masse , ( Marine.) piece de bois, longue d’environ
4z pies, qui fert à tourner le gouvernail
d’un bateau foncet.
Ma s se , (Com.) amas, affemblage de plufieurs
chofes, foit qu’elles foient de différente nature,
foit qu’elles loient de même efpece. Ce terme a
différentes acceptions dans le commerce, dont nous
allons donner les plus générales.
Maße fe dit d’une certaine quantité de marchan-
difes femblables, que l ’ufage a fixées à un certain
poids ou à un certain nombre, pour en faciliter
le débit. Ainfi l’on dit des foies en maße} des plu-
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mes d’autruche en maßes, des pelleteries en maßes.
Voye^ So ie , Plum e s , Pelleteries.
Maße fe dit auffi dans la jurifprudence du commerce,
d’un capital que l’on fait de tous les effets
mobiliers d’un marchand ou de plufieurs marchands
affociés qui ont mal fait leurs affaires, pour être
partagés à leurs créanciers, au fol la livre.
Maße fe dit aufîi en fait de gabelles, d’une quantité
de fel provenant d’une même voiture, qu’on
met en un feul tas dans les greniers à fel ou les
dépôts, pour y être vendue & diftribuée au public.
On fait auffi des maßes de fels confifqués.
Diclionn. de commerce.
Masse, ou C h a is e , (Monnoy.) monnoie d’or.
Philippe-le-Bel fit faire des chaifes ou cadieres, comme
on parloit alors, qu’on appelloit auffi royaux
durs. Cette monnoie n’étoit qu’à zz karats, & pe-
foit 5 deniers i z grains trébuchans. Elle fut appellée
maße, à caufe que le roi y tenoit une maße de la
main droite. On la nomma chaife, parce que le roi
y étoit affis dans une chaife. Enfin on donna à
cette efpece le nom de royal dur, parce que n’étant
qu’à z z karats, elle étoit moins pliable que les
monnoies d’or fin.
Les fucceffeurs de Philippe-le-Bel firent auffi des
maßes ou chaifes d’or. Celles de Philippe de Valois
étoient d’o r, & pefoient 3 deniers 16 grains. Les
premières que Charles VL fit faire, pefoient 4 deniers
18 grains, & étoient pareillement d’or fin;
mais il en fit auffi frapper d’autres qui n’étoient
qu’à zz karats Sous Charles VI. elles furent
d’un moindre poids & d’un moindre titre, puif-
qu’elles n’étoient qu’à iê karats, & du poids de z
deniers Z9 grains \. (D . J.)
Masse, (Architecl.) terme dont on fe fert en Ar-
chite&ure, pour exprimer l’enfemble des parties
principales auffi-bien que la grandeur des édifices.
On dit : les avant-corps du palais du Luxembourg
font de belles maßes ; toute la façade de Verfailles,
du côté du jardin, fait une belle maße,
On fe fert auffi de cette expreffion, par rapport
à la Sculpture : cette figure, ce grouppe, ce trophée
eft bien maße.
Maße de carrière, fe dit d’un tas de plufieurs
lits de pierre, les uns fur les autres dans une carrière,
tels que la nature les a placés. En latin moles
Masse , outil de Bourrelier, c’eft une efpece de
gros marteau de fer,fort pefant & quarré, à manche
court, dont ces ouvriers fe fervent pour battre
& applatir les cuirs qu’ils emploient aux différens
ufages de leur métier.
Masse de fer , (\Charpent.) elle fert aux Charpentiers
pour emmancher à force, certains affem-
blages qu’il faut juftes èc ferrés.
Masse , outil de Charron, c’eft un morceau de
fe r , long de fix pouces, quarré, plat fur fes deux
pans, au milieu duquel eft un oeil où fe place un
manche affez gros, & long de deux piés & demi.
Les Charrons s’en fervent pour chaffer les raies
dans les mortaifes des moyeux.
Masse de- FER, (Cordonnier.') elle fert à battre
les femelles des fouliers. C ’eft une maße ordinaire
qui pefe trois ou quatre livres.
Masse, en terme de Graveur en pierres fines, fe
dit d’un morceau de pierre qu’on leve d’un endroit
pour y graver en creux toutes les parties dans le
détail. Lever la maße d’un oeil, c’eft proprement
ébaucher l’oeil ou marquer fa place, fans entrer
dans aucun détail dès parties.
Masse , terme de billard, c’eft un infiniment dont
les joueurs fe fervent pour pouffer une bille contré
une autre. La maße eft un morceau dé bois ou d’i-
yo ire , d’un doigt d’épaiffeur, de trois bons doigts
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de largeur, & d’autant de longueur ; elle eft courbe
, & n’eft pas fi large par en haut que par en
bas. Au bout de la mäße eft une mortail'e dans laquelle
on fait entrer un manche de bois tourné,
long de trois piés, & d’un-doigt de diamètre. La
maße a dans fon milieu en de fi us, une raie marquée
qui fert au joueur à prendre fa vifée.
Masse de LUMIERE, fe dit en Peinture, de la
réunion de plufieurs lumières particulières qui n’en
font qu’une. Maße d’ombres eft de même la réunion
de plufieurs petites ombres. Voye^ Clair-
obscur, Large, Peindre-large.
On dit, de belles maßes, de grandes maßes ;
jamais les objets ne font de beaux, de grands effets
dans un tablèau, s’ils ne font compris fous
de grandes maßes de lumière & d’ombres.
Masse de plumes , (Plumaffier.) on appelle
ainfi en terme de Plumaffier un paquet de cinquante
plumes d’autruches blanches & fines, car il n’y a que
celles-là qui fe vendent en maße , les autres moins
précieufes fe vendent au cent.
Masse , (Sculpt.) c’eft un gros marteau avec lequel
les Sculpteurs dégroffiffent leurs ouvrages en
frappant fur les cifeaux. Voye{ les Plane.
MASSE DE trame , terme de marchand de foie. La
maße de trame eft compofée de fix , huit, à dix matteaux
, lefquels font enfilés à un petit écheveau de
foie, & cnlùite arrêtés ôc fixés au moyen d’une boucle
que l’on fait à l’écheveau. Cette façon de plier
les foies n’eft en ufage que dans les foies d’Avignon,
du Vivarais 6c du Dauphiné. Voye^ Matteaux.
Masse, f. f. (Tailland.)efpeccs de marteaux qui
fqnt fabriqués par les Taillandiers, & à l’ufage des
Charrons & des Carriers. Ceux-ci s’en fervent pour
fendre les blocs de pierre.
MASSEL terre bolaire de , (Hift. nat.y terre -
d’un beau rouge, graflé & douce au toucher, adhérente
à la langue ; elle eft très-pure ; elle fe trouve
à Maßei en Siléfie.
,Le plomb natif de Maßei a fort embaraffé les Mi-
néralogiftes. Ce font des grains de plomb pur , fem-
blable à de la dragée, qui ont été trouvés dans une
butte de fable en Siléfie , dans le voifinage de cette
yille. On ne fait quelle eft leur origine, -& fi on
doit regarder ces grains de plomb comme produits
par la nature ou par l ’art : ces grains font blancs’à
l ’extérieur comme de la cérufe ; & M. de Jufti croit
que c’eft accidentellement qu’ils ont été enfouis
dans cet endroit, qui ne paroît point de nature à
les avoir produits. (—)
MASSELOTTE > f. f. en terme de Fonderie , eft
une fuperfluité de métal qui fe trouve aux moules
des pièces de canon & des mortiers, après qu’ils ont
été. coulés ; car il faut toujours mettre plus de métal
qu’il n’en eft befoin pour ce que l’on a à fondre.
Quand on coule la piece, la volée en bas, la maße-
lotte fe trouve à la culafiè : c’eft le métal le dernier
fondu.; on le feie lorfqu’on repare la piece. Voye£
V o l é e , Culasse, & c.
MASSE MORE, f. f. (Marine.') c’eft du bifeuit
pilé dont on nourrit les beftiaux Sur un vaiffeau,
quand on n’a rien autre chofe à leur donner.
M ASSEPAIN, f. m. en terme de Confifeur, ce font
des efpeces de pains d’une pâte d’amande & de fùcre,
à peu-près comme celle des bifemts ; on en fait avec
la marmelade de prefque tous les fruits, dans chaque
faifon.
MASSERANO, (Géogr.) petite place d’Italie enclavée
dans le Piémont, entre le Verccillois , & le
Biellois ; c’eft la capitale d’un petit état de même
nom, avec titre de principauté. Elle eft fur une montagne
, à huit lieues N. O. de Verceil, dix-huit N. E.
de Turin. Long. 2.5. 40. latit. 46. 32. (D. J.)
MASSETER , f. m, terme d'Anatomie, eft un muf-
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cle triangulaire à deux têtes, & qui fert à tirer la
mâchoire inférieure en en-haut lorfqu’on mange*
Voyeç Mâchoire.
Le majjeter eft gros & côurt ; il vient de Parcade
zygomatique & de 1 os de la pommette, Sis’infere
dans le bord intérieur de la mâchoire inférieure, depuis
fon angle externe jufqu’à fon milieu. Ses fibres
s etendent en trois direéhorts différentes ; celles qui
viennent du zygoma s’avancent obliquement juf-
qu’au milieu de la branche de la mâchoire ; celles
qui partent de l’os de la pommette croifent celle-là:&
les fibres qui font au milieu vont perpendiculairement
depuis leur origine jufqu’à leur infertion. Voy*
Plane, anat. (Myolog.)
MASSETERIQUE, adj. en Anatomie, nom d’une
artere qui fe diftribue au mafleter, & qui eft produite
par la carotide externe. Voye^ Carotide;
MASSIA, (Hifi. mod. Culte.) c’eft le nom que les
Japonnois donnent à des petits oratoires ou chapelles
bâtis en l’honneur des dieux fubalternes ; elles
font deftèrvies par un homme appetlé canufi, qui
s’y tient pour recevoir les dons & les offrandes des
voyageurs dévots qui vont invoquer le dieu. Ces
. canufi font des féculiers à qui les kuges ou prêtres
de la religion du Sintos, par un defintéreffemént
affez rare dans les hommes de leur profeffion , ont
abandonné le foin & le profit des chapelles &même
des mi a ou temples. *
MASSIAC, (Géogr.) petite ville de France dans
la haute Auvergne, lur la riviere d’Alagnon, entre
Brioude & Murat. Long, z ifm , lat. 4$. iz.
MAS.SICOT, i. m. (Chimie & Peinture.) c’eft ainfi
qu’on nomme une chaux de plomb d’une couleur
jaune dont les peintres fe fervent pour peindre en
jaune.
Lorfqû’on fait fondre du plomb , il fe forme à fa
fiirface une poudre grife qui eft une véritable chaux
de ce métal ; fi après avoir enlevé cette poudre
grife on l’expofe à un feu plus violent, elle devient
jaune ; & c’cft-là ce qu’on appelle mafficot. On peut
encore le faire d’une autre façon. On n’aura qu’à
prendre de la cérufe , c’eft-à-dire du plomb diffôus
par le vinaigre ; on en remplira des vieux canons de
piftolets ; on bouchera ces canons avec de la terre
glaife, & on les mettra dans le feu où on lès tiendra
rouges pendant quatre ou cinq heures, au bout clef-
quellesde niafficot fera fait.
Quelques auteurs; diftinguent trois efpeces de
mafficot; le'Ldanc , le jaune & le'doré. Ces trois efpeces
font trois chaux de plomb, qui ont éprouvé
des degrés de feu.différens. Voyeç Plomb.
On donne auffi que'quefois le nom de mafficot ou
de mafichot à une compofition qui fert de bafe à la.
couverte ou aux vernis dont on couvre la fayepee
& la poterie de terre. C ’eft une efpece de verre fait
avec du fable fin, de la fonde ou de là potaffe. On
y mêle enfnite foit de la chaux d’étain, foit de la
litharge, foit du plomb, fuivant différentes proportions.
On applique ce mélange en poudre fur les
poteries que l’on veut verniffer, & on les expofe
dans un fourneau, pour que cette compofition eu
fe fondant s’applique fur le va'iffeaw. Voye^ Pote-
RIE- & , , MASSIER, f. m. ( Gramm. Hifi. mod. ) celui qui
porte une malle , voye^ Masse. Le refteur de l’uni-
verfité à fes maffiers ; le chancelier a les fiens ; le roi
eft précédé de maffiers aux proceffions de l’ordre ;
les cardinaux ont des maffiers à cheval devant eux en
leurs entrées ; deux maffiers tiennent la bride du
cheval du pape , & le conduifent lorfqu’il fort en
cérémonie.
MASSIF, adj.ee qui eft gros & folide ; ce terme
eft oppofé à menu & délicat. Voye? Solidité.
C’eft ainfi que nous difons qu’un bâtiment eft troa i H