
iS2 M Ë D
Aurelianus ftcctnjis ; or Sicca étoit iirte ville de Nü-
midie.
• Nous n’avons Tien de certain fur le tems auquel
il a vécu, mais jecroitoisque ce ne fut paslong-tems
:après Soranus, dont il'fe donne pour le traduâeur ;
■ cependant , ce qui prouveroit qu’il ne doit point
&re regardé comme un fimple copifte des oeuvres
d ’autrui, c’eft qu’il a lui-même compofé plufieurs
ouvrages , comme il le reconnoît ; favoir fur les
caufes des maladies, fur la compofition des médica-
•mens, fur les fievres, fur la Chirurgie, fur la confer-
yation de la fanté, &c.
Il ne noiis eft refté des écrits de cet auteur que
•ceux dont il fait honneur à Soranus ; mais heureusement
ce font les principaux; Ils font intitulés des
■ maladies aiguës & chroniques, & renferment la maniéré
de traiter félon les réglés des méthodiques,
■ toutes les maladies qui n’exigent point le fecours de
la chirurgie. Un autre avantage qu’on en retire ,
c ’eft qu’en réfutant les fentimens des plus fameux
'■ médecins de l’antiquité , cet auteur nous a conservé
des extraits de leur pratique, qui feroit entièrement
inconnue, fi l’on en excepte celle d’Hippocra
te , le premier dont il a parlé , 8c dont il rap-
-porte néanmoins quelques paffages, qui ne fe trouvent
point dans fes oeuvres tels que nous les avons.
Les deux premières éditions- qui aient paru de
Ccelius Aurelianus, font celles de Paris de l’année
1 519. ins-fol. qui ne 'Contient que les trois-livr-es des
maladies aiguës ; 8c celle de Bâle de la même forme
, oh l’on ne trouve que les cinq livres des maladies
croniquts. Jean Sicard qui a donné cette édition,
croyoit-que les livres des maladies aiguës ,
-avoient été perclus avec les autres ouvrages de Cae-
lius. La troifieme édition qui eft auffi infol. eft
celle d’AlduS'de 1 54^^-oii Ccelius eft joint à d’autres
auteurs , 8c oh il n’y a plus que les cinq livres dont
on vient de parler. Dalèphamp a fait imprimer ce
même auteur complet, à Lyon en 1567 , chez
Rouillé , i«-#0. avec des notes marginales-; mais il
ne s’eft pas nommé.Une des dernieres éditions de cet
auteur, eft celle d’Holiande, Amjterdam 1722.1/1-4°.
je crois meme que c’eft la meilleure. >
Callianax , feftateur- d’Hérophile , n’eft connu
dans l ’hiftoire de la médecine que par fon peu de
‘douceur pour les malades qui le confultoient : Galien
6c Palladius rapportent à ce fujet, qu’un certain
homme qui l’avoit appellé pour le traiter d’une
maladie dangereufe , lui demanda s’il penfoit qu’il
'«n mourût ; alors Callianax lui répondit durement
s par ce vers d’Homere :
Patroclus ejl bien mort, qui valoit plus que vous.
Celfe naquit à -R-ome, félon toute apparence, fous
le régné d’Augufte, 8c écrivit fes ouvrages fous celui
de Tibere. On lui donne dans la plupart des éditions
de fes oeuvres le furnom d'Aurelius, fur ce que
tous les mauvais écrits portent le titre fuivant, A.
Comelii Celji artium libre VI. Il n’y a qu’une édition
■ d’Aldus Manutius , qui change Aurelius en Aulus ,
•& peut-être avec raifon ; car le prénom Aurelius
étant tiré de la famille Aurélia, & celui de Cornélius
de la famille ■ Cornelia, ce feroit le feul exemp
le qu’on eût de la jonction des noms de deux famille
s différentes.
> Je m’embarraffe peu de la queftion fi Celji a pratiqué
la médecine ou non. G’eft affez de favoir qu’il
en parle en maître de l’a r t , 8c comme il juge fa-
vamment- de tout ce qui appartient tant à la pratique
qu?à la théorie de la medecine, cela nous doit
iuffire. Ce qui fert encore à augmenter notre bonne
opinion en faveur de cet homme célébré, c’eft qu’il
avoit traité lui feul de tous les arts libéraux,. c’eft-
à-dire, qu’il s’étoit chargé d’un ouvrage que plu-
<£eurs perfonnes auroient-eu beaucoup de peine à
ME D
exécuter. Cette entteprife parut- fi belle à Quînti-
lien , qu’il ne peut s’empêcher de déclarer que cet
auteur méritoit que l’on crût qu’il avoit fû tout ce
qu’il faut favoir fur chacune des chofés, dont il à
écrit. Dignus velipfô prbpofito , ut ilium feiffe omnia
ilia credamtts. Ce jugement de Quintilien eft d’autant
plus rernarquable , qu’il traite formellement
Celji d’homme médiocre, relativement aux grands
génies de la Grèce & de l’Italie.
Enfin Cüfz a été fort eftimé dans le fiecle oh il à
v é cu , 8c dans les âges fuivans pour fes écrits de Médecine
; Columellè fon contemporain le met au
rang des illuftres auteurs du fiecle.
On ne peut en particulier faire trop dé cas de la
beauté de fon ftyle; c’eft fur quoi nous avons une
ancienne épigramrhe oh l’on introduit Celfe parlant
ainfi de lui-même.
Dictantes medici quandàque & Apollinis drtes
Mufas romano jufjimus ore loqui.
Nec minus tfl nobis perpauca volumina fam<z ,
Quam quos nulla fatis bibliàtheca capit.
« J’ai contraint les mtifes à difter en latin l’art du
» dieu de la Médecine, 8c je n’ai pas moins acquis
» de réputation par le petit nombre de volumes que
»:j’ài compofés , que ceux dont les bibliothèques
» contiennent à peine les ouvrages. ««
Une des premières éditions de Celfe > fi ce n’eft
pas la première , fe fit à V enife, apud J oh. Rubcunt
1493. in fo l. enfuite ibid. apud Phil. Pinfi, en 1497*
troifiemement apudAldum 1524. in fo l. depuis lors,
à Paris. Parmi les medici principes d’H. Etienne,
1567. in fo l. Lugd. Bata’v. cureî an t. Vander Linden,
apud -Joh Elfevir 1659* in-12. & 1665. in- 12. Ce
font là deux jolies éditions, qui ont été fuivies par
.celles de Th. J. ab Almeloveen, Amft. 1687. in-12.
enfuite par celle de V ede lius , avec une grande tablé
des matières-, jence 1713. in-8°. Il eft inutile
de citer-les autres éditions, qui ont facilité par-tout
la leélure de cet excellent auteur.
Chrijippe de Cnide vivoit fous le régné de Philippe
, pere d’Alexandre le grand, & fut un des premiers
qui fe déclarèrent contre la Médecine expérimentale.
Pline l’accufe d’avoir bouleverfé par fon
babil les fages maximes de ceux qui l’avoient précédé
dans fa profefïion. 11'défapprouvoit la faignée,
ufoit rarement des purgatifs , 8c leur fubftituoit les
clyfteres & les vomitifs. Ses écrits déjà fort rares du
tems de Galien , ne font pas venus jufqu’à nous.
Criton, contemporain de Martial, & dont il parle
dans une de fes épigrammes , lib. 11. épig. Ci. eft
apparemment le même qui .eft fouvent cité par Galien
, comme ayant très-bien écrit de la compofition
des médicamens. Il avoit en particulier épuifé
la matière des cofmétiques , c’eft-à-dire , des com-
pofitions pour l’embelliffement, pour teindre les ché-,
veu x, la barbe, & toutes les diverfes efpeces de
fards. Héraclide de Tarente en avoit déjà dit quelque
chofe ; mais les femmes ne s’étoient pas encore
portées à l’excès oh elles étoient parvenues de ce
côté-là dans le fiecle de Criton, qui d’ailleurs étoit
médecin de cour, 8c qui defiroit de s’y maintenir.
Démocedt, fameux médecin'de Crotone, vivoit
en même tems que Pythagore. Ce médecin, à ce que
dit Hérodote, ayant été chaffé par la févérité de
fon pere, qui s’appelloit Calliphon, vint premièrement
à Egine, 8c enfuite à Athènes, oh il fut en
grande eftime. De-là il paffa à Samos, oh il eut oc-
cafion de guérir Polÿcrate, roi de cette île , 8c cette
guérifon lui valut deux talens d’o r , c’eft-à-dire environ
fix mille livres fterling. Quelque tems après
ayant été fait prifonnier par les Perfes ,■ il cachoit fa
profeffion ; mais on le découvrit, 8c on l’engagea à
-donner-fon mini Itéré au foulagement du roi Darius.
qui ffavott aucitn repos d’une diflôcatîori de rlira des
piés. Il traita auffi la reine A tofla, femme du même
Darius, d’un cancer qu’elle avoit au fein. Hérodote
ajoute, que Démocede ayant réuffi dans ces deux
cures, reçut de très-riches préfens, & s’acquit un fi
grand, crédit auprès du ro i, qu’il le faifoit manger à
fa table. Cependant il eut la liberté de retourner en
Grecé, fous la promeffe de fervir d’efpion ; mais il
s’y fixa tou t-à-fa it, fe garda bien de jouer ce rôle
infâme, & époufa une fille du fameux Milon fon
compatriote. On ne fait aucune autre particularité
de la médecine de Démocede, ni de celle des autres
médecins de Crotone.
jyémocritt d’Abdere voyagea beaucoup, & fe
plut à faire des expériences ; mais il y a long-tems
que nous avons perdu fes ouvrages, & ce que l’hiftoire
nous apprend de fa vie & de fes fentimens ,
eft plein d’incertitude. On fait feulement, à n’ert
pouvoir douter , qu’il étoit d’Abdere en Thrace,
qu’il defeendoit d’une famille illtiftre, & que ce fut
"dans de longs & pénibles voyages, oh le porta l’ardeur
infâtiable de s’inftruire, qu’il employa fa jeu-
neffe, & diffipa fon riche patrimoine. Revenu dans
fa patrie, âgé, fort favant & très-pauvre, il rafiem-
bla toutes fes obfervations, & écrivit fes livres,
dans lefquels on a prétendu qu’il avoit traité de
l’anatomie & de la chimie. Ce qu’il y a de certain,
c ’eft qu’il eft l’auteur, ou du-moins le reftaurateut
de la philofophie corpufculaire, que les méthodiques
appliquèrent enfuite à la médecine. Hippocrate
vint un jour le voir à Abdere ; 6c charmé de fes lumières,
il conferva toute fa vie pour lui la plus
grande eftime. Voye^ ci-après Hippocrate.
Dioclès, de Carifte, fuivit de près Hippocrate
quant au tems, &: fe fit une réputation des plus célébrés.
Il paffe pour auteur d’une lettre que nous
avons, & qui eft adrefîée à Antigonus, roi d’A fie,
ce qui marqueroit qu’il vivoit fous le régné de ce
fuccefleur d’Alexandre. Ses ouvrages cités pas Athénée
fe font perdus, ainfi que celui intitulé, des maladies,
dont Galien rapporte un fragment. Il poffe-
doit, ajôute-t-il, autant que perfonne l’art de guérir,
& exerça la Médecine par principe d’humanité,
èc non comme la plupart des autres médecins, par
intérêt ou par vaine gloire : il a écrit le premier de
la maniéré de difféquer les corps.
Empédocle, difciple de Pythagore, & philofophe
d’un grand génie, étoit d’Agrigente en Sicile, & flo-
rifîoit aux environs de la 84e olympiade, ou 430
ans avant la naiflance de Jefus-Chritt. Il faifoit un
tel cas de la Médecine, qu’il élevoit prefque au rang
des immortels ceux qui excellaient dans cet art. Il
étoit en cela bien éloigné des idées du fameux Héra-
ç lite, qui difoit que les Grammairiens pourroient fe
vanter d’être les plus grands fous, s’il n’y avoit
point de Médecins au monde.
Erajîjirate, difciple de Crifippe de Gnide, étoit
de Julis dans l’île de Céa , & fut inhumé fur le mont
Myeale, vis-à-vis de Samos. II tient un rang diftin-
gué entre les anciens médecins, par fon efprit, par
lès fyftèmes, fes talens & fes ouvrages, dont nous
devons regretter la perte : il fleuriffoit fous le régné
de Séieucus Nicanèr; l’hiftoire fuivante en eft la
preuve.
Antiochus devint éperdument amoureux de Stra-
tonice, fécondé femme de Séieucus fon pere. Les
efforts qu’il fit pour dérober cette paffion à. la con-
noiflance de ceux qui l ’environnoient, le lerterent
dans une langueur mortelle, La-deffus Séieucus
appella les médecins les plus experts, entre lefquels4
fut Erafiftrate, qui feul découvrit la vraie caufe du
niai d’Antiochus. Il annonça à Séieucus, que l’amour
etoit la maladie du prince, maladie, a jou ta -t -il,
d autant plus dangereufe, qu’il eft épris d’une per-
Tome
M E D a8j
fùrfhe dont il ht doit tien e/péter. Séleltèits furpris
de cette nouvelle, de plus encore de ce qu’il n’étoit
point au-pouvoir de fon fils de fe fatisfaire, demanda
qui étoit donc cette perfonne qu’Antiochus de-
voit aimer fans efpoir. Ce ft ma femme, répondis
Erafiftrate. Me quoi, reprit Séieucus ! cou ferez-von s
la mort d’un fils qui m’eft cher, en lui refufant votre
femme?'Seigneur, reprit le médecin, fi le prince
étoit amoureux de Stratonice, la lui céderiez-‘vousl
Sans doute, reprit Séieucus avec ferment. Eh bien
lui dit Erafiftrate, c ’eft d’elle-même dont Antiochus
eft épris, t e roi,tint fa parole, quoiqu’il eût déjà1 de
Stratonice un enfant.
Aucun anatemifte n’ignore qu’Erafiftrate pouffa
cette fcience concurremment avec Hérophile, à un
haut degré de perfe&ion. Ils connurent les premiers
les principaux ufages du cerveau & des nerfs, du-
moins lçs ufages que les Anatomiftes ont .depuis
affignés à ces parties. Erafiftrate découvrit en particulier
dans les chevreaux les vaifléaux laftés dû
mefentere. Il fit auffi la découverte des valvules dit
coeur. Galien vous inftruira de fa pratique.; c’eft
affez de dire ici que feâateur de Crifippe fon maître,
il défapprouvoit la faignée'& les purgatifs, les
lavemens âcres, & les vomitifs violens. ïl n’em-
ployoit auffi que les temedesiimples, mépnûnt avec
raifon ces comportions royales&tous ces antidotes
que fes contemporains appe'Ioienr les mains des dieux.
Il étoit affez éloigné de la fefte des empirique^: ju-
geanrnéeelfai.' e la recherche des caufes dans l'es maladies
des,-parties organiques, ôèdans toute maladie
en général. Le livre qu’ii compo'fa fur cë fujet n’eft
pas parvenu jufqu’à nous, ainfi que fes autres écrits,
dont Galien & Coelius Auréiianus ne nous ont ,con-
fervé que les titres. Sa franebife mérite dès éloges ,
car il avouoit ingénuement au fujet de cette efpece
de faim qu’on ne peut raffaûer , & qu’il appelle bou-
limia ( terme qu’il employa le premier) , qu’il igno-
roit pourquoi cette maladie reghoit plutôt dans le
grand froid que dans les chaleurs. C ’eft Aulu-Gelle,
liv. X V I . chap. iij. qui rapporte ce trait de l à 1 vie
d’Erafiftrate.1 Petrus Caftellanus raconte, que cet
illuftre médecin, accablé dans la vieilleffe des douleurs
d’un ulcéré qu’il avoit au pié, & qu’il avoit
vainement tenté de guérir, s’empoifonna avec le
fuc de ciguë, & en mourut.
Efculape, eft ce grand médecin fur le compte duquel
on a débité tant de fables , qu’il eft maintenant
impoffible de les féparer de la vérité. Paufanias 6c
d’autres auteurs comptent jufqu’àfoixante-trois temples
qu’on lui avoit élevés dans la Grece & les -colonies
greques. Les peuples y accouroient de toutes
parts pour être guéris de leurs maladies, ce que Ton
faifoit apparemment par des moyens .fort naturels*
mais qu’on déguifoit adroitement par mille cérémonies
aux malades, qui ne manquoient pas d’attribuer
leur guérifon à la prote&ion miraculéufe
du dieu. Une vérité que l’on apperçoit au-travers
de toutes les fables que les Grecs ont débitées fur lé
compte d’Efculape, c’eft que ce fut un. des bienfaiteurs
du genre humain, 6c qu’il dut les autels qu’oii
lui éleva, aux efforts heureux qu’il fit pour donner
à la Médecine, imparfaite 8c groffiere avant lui, une
forme plus feientifique 8c plus régulière* Ces prlncï*
pes pafferent aux Afclépiades, fes defeendans, jufqu’à
Hippocrate, qui y mit le fcëau de l’immortalité*
Pour ne nous en rapporter ici qu’aux gens du métier,
je croirois que d’après le témoignage de Celfe
8c de Galien, on pourroit former quelques corijeéht»
res affez approchantes de la vérité lur le compte
d’Efculape. 11 paroît d’abord qu’il fut fils naturel
de quelque femme d’un rang diftingué, qui le fit
expofer fur une montagne fittiée dans le territoire
d’Épidaure, pour eaeher fa faute, 8c qu’il tomba,
N n i j