myclon, à quoi elle reffemble beaucoup. On l’emploie
de la même façon pour empefer le linge. Les
fauvages en écrafent fur les de (feins bifarres qu’ils
gravent fur leurs ouvrages en bois , de façon que
les hachures paroiffent blanches fur un fond noir ou
brun, félon la couleur du bois qu’ils ont mis en oeuvre.
On fait encore avec la mouchache d’excellens
gâteaux ou efpeces de craquelins j plus légers, plus
croquans 6c d’un bien meilleur goût que les échaudés
; mais il faut beaucoup d’art pour ne pas les
manquer.
Prefque toutes les îles prodüifent une autre forte
de manioc, qüe les habitans du pays nomment cama-
hioc; le fuc n’en eft point dangereux comme celui
du manioc ordinaire : on peut même fans aucun danger
en manger les racines cuités fous la cendre. Mais
quoique cette efpece foit beaucoup plus belle & plus
forte que les autres ', on en fait peu d’ufage , étant
trop long-tems à croître 6c produifant peu de caffave
ou de farine. M. le R om a in .
M ANIOLÆ, ( Géog'. anc. ) îles de l’Océan oriental.
Ptolomée qui les nomme ainfi, n’en parle que
fur une tradition obfcure 6c pleine d’erreurs ; cependant
il rencontre affezbien en mettant leur longitude
à 142 degrés. Ge font les îles Manilles ou Philippines
dés modernes* ( D. J. )
MANIOLLE omL anet rond ,f . {.terme de Pêche.
Get infiniment eft formé d’un petit cercle d’environ
18 pouces de diamètre, emmanché avec perche ;
l’ufage de ce filet ne peut faire aucun tort au frai du
poiflon j parce que la maniolle ne peut agir que
comme une écumoire, & ne trame point fur les
fonds comme font les bouteux & bouts-de-quievres
des pêcheurs des côtes de la Manche. Les mailles
des maniolle s d’Anglet, dans le reffort de l’amirauté
de Bayonne, font de quatre lignes au plus en quarré.
MANIPULATION, MANIPULER, {Gramm. )
ces mots font d’ufage dans les laboratoires du diftil-
làteur, du chimifte, du pharmacien, & de quelques
autres artiftes. Ils s’oppofent à théorie ; il y a la théorie
de l’art 6c la manipulation. Tel homme fait a
merveille les principes , 6c ne fauroit manipuler; tel
autre au contraire fait manipuler à merveille , 6c ne
fauroit parler : un excellent maître réunit ces deux
qualités. La manipulation eft une faculté acquife par
une longue habitude , 6c préparée par une adreffe
naturelle d’exécuter les différentes opérations manuelles
de l’art.
MANIPULE, f. m. ( Hiß. eeelef. ) ornement d’é-
glife que les officians, prêtres, diacres 6c foudiacres
portent au bras gauche. Il confifte en une petite
bande large de trois à quatre pouces, 6c configurée
en petite étole , voye^ Varticle Éto l e . Le manipule
eft de la même étoffe, de la même couleur que la
chafuble & la tunique. On prétend qu’il repréfente
le mouchoir dont les prêtres dans la première églife
effuyoient les larmes qu’ils verfoient pour les péchés
du peuple. En effet, ceux qui s’en revêtent difent :
mereor , domine, portare manipulum fletus & doloris.
On l’appelle en beaucoup d’endroits fanon. Les
Grecs 6c les Maronites ont un manipule à chaque
bras ; les Evêques de l’églife latine ne prennent le
manipule qu’au bas de l’autel , après la confefîion
dés péchés : le foudiacre leur paffe au bras. Manipule
fe dit en latin fudarium, manuale , mappula ,
mouchoir.
Manipu le, {Art militaire des Romains.) corps
d ’infanterie romaine qui du tems deRomulus formoit
la dixième partie d’une légion ; mais fous Marius la
légion fut compofée de trente manipules, & chaque
manipule contenoit plus ou moins d’hommes , félon
que la légion étoit plus ou moins forte. Dans une
légion compofée de fix mille hommes, le manipule
étok de deux cens hommes ou de deux centuries,
parce que le manipule avoit deux centurions qui le
commandoient, 6c dont l’un étoit comme lieutenant
de l’autre. Les Romains donnoient le nom de manipule
à cette troupe, de l’enfeigne qui étoit à la tête
de ces corps. Cet enfeigne , manipulas, confiftoit
dans les commencemehs en une botté d’herbe attachée
au bout d’une perche, ufage qui fubfifta jufqu’à
ce que les Romains euffent fubftitué les aigles à leur
botte de foin. {D .J . )
Manipule, {Medecine.) c ’eft une poignée. Cette
quantité fe defigne dans les ordonnances par une
M y fuivie du chiffre qui indique le nombre des poi-,
gnées*
Man ipu le s , {Artific.) Les Artificiers appellent
ainfi une certaine quantité de pétards de fer ou de
cuivre joints enfembleparun fil-d’archal,& chargés
de poudre grainée 6c de balles de moufquets , qu’on
jette où l’on veut qu’ils faffent lèurs effets par le
moyen d’un mortier, comme les bombes 6c les car-,
caftes. Voye{ Bombe , C arcasse.
MANIQUE ou MANICLE, ( Chapelier. ) chezdif-
férens artilans eft un morceau de cuir attaché à quelques
uns de leurs outils, dans lequel ils paffent la
main pour les tenir plus fermes.
L’arçon des chapeliers a une manicle au milieu de
fa perche, dans laquelle l’Ouvrier, appellé arçon-
neur, paffe fa main gauche quand il fait voguer l’étoffe.
Voy€{ C hapeau , & les PI. du Chapelier.
Ma n iq u e , {Cordonnerie.) morceau de cuir qui
enveloppe la main pour empêcher le fil de la couper.
Voye^ la fig. PI. du Cordonnier-Bottier. On fait
entrer le pouce de la main gauche dans le trou A 9
on couvre enfuite le dos de la main avec la bouclé
de cuir que l’on ramene par le dedans pour faire entrer
le pouce dans le trou B.
MANIS , terme d'Agriculture. Les manis font des
fumiers compofés en partie de gouémon. L’ufagé
du gouémon de coupe ou de récolte pour la culture
des terres, eft bien un moindre objet pour les labou-;
reurs riverains de ce reffort, que le long des autres
côtes de la Bretagne feptentrionale. Les terres commencent
à devenir plus chaudes à la côte de Bénit
fur Saint-Brieux , cependant on ne laiffe pas de s’en
fervir , mais il s’en faut de beaucoup que le goué-,
mon y foit un objet confidérable , tel que fur le reffort
des amirautés de Saint-Brieux, de Morlaix 6c
de Breft. Autrefois les feigneurs propriétaires des
fiefs voifins de la mer prétendoient une exclufion
dont ils ont été déboutés ; lorfque les procès ont
été portés au fiége de l ’amirauté, les riverains des
paroiffes qui s’en fervent ont été avertis de la liberté
de cette récolte dans le tems permis, & de tout
ce qui regarde l’ufage du gouémon de coupe.
On doit ici obferver la finguliere différence de la
maniéré dont les laboureurs fe fervent de ces herbes
marines pour la culture de leurs terres ; les uns aiment
mieux le gouémon de flo t, de plein, ou de
rapport que la marée rejette journellement à la côte
, le préfèrent à celui de coupe ou de récolte ; les
autres méprifent le premier, 6c n’eftiment , pour
fendre leurs terres fécondes, que le gouémon noir
ou v if qu’ils nomment gouémon d'attache ou de pié9
ils font de même différemment ufage de ces herbes
marines. Plufieurs laboureurs dans différentes pro?
vinces répandent fur les terres les gouémon ou varechs
fraîchement coupés , ou nouvellement ra-
maffés à la côte , quelques-uns lé font fécher avant
de le jetter fur leurs terres , d’autres enfin l’amafi-
fent en meulons qu’ils nomment manis ou mains9
le laiffent iôuvent plufieurs années pourrir avant
de s’en fervir , & le mettent enfuite fur leurs terres.,1
Ceux qui ramaffent de ces manis ou fumiers ont foin
de lés placer toujours dans un lieu humide, à l’ombre
, 6c dans un fond où l’eau fe trouve naturelle-;
ment ,
tnent, ou par la chute des pluies;, ils font ces fu"
miers ou manis quarrés , longs & larges., à proportion
de la place où. ils les amaffent, 6c hauts de
quatre à cinq pies au plus ; ils ont foin de les, couper
net pour empêcher qu’ils ne s’éboulent ; ils joignent
au gouémon les fumiers ordinaires qu’ils font pourrir
auparavant, 6c des croûtes, ou de lafuperficie
des landes.
Le gouémon le plus eftimé & de la meilleure
qualité, eft celui que l’on nomme chêne de mer foit
de la première efpece, ou le petit chêne a poix ou à,
bfiutons ; les autres ne font pas li recherchés dans
de certains lieux, fur-tout le long des côtes où ces,
deux premières efpeces fe trouvent en abondance :
d’autres riverains, fans aucune diftin&ion, fe fer- •
vent de toutes les, efpeces d’herbes marines. Ces.
fortes de fumiers font excellens pour les terres froides
que le fel dont ces herbes font remplies échauffe,
6c rend de cette maniéré plus fertiles.
Prefque tous les riverains laboureurs qui fe fervent
du gouémon pour l’engrais de leurs terres, en
font la coupe dans des tems différens. Cependant en
la fixant comme on l’a marqué cirdeffus, celui qu’ils,
choififfent le plus, ordinairement y fera, compris.
MANITOUS , f. f. {Hiß. mod.fupcrßition.) c’eft le
nom que les Algonquins, peuple fauvage de l’Amérique
feptentrionale, donnent à des génies ou efprits
fubordonnés au Dieu de l’univers. Suivant eu x, il y
en a de bons & de mauvais ; chaque homme a un
de ces bons génies qui veille à fa défenfe 6c à fa sûreté
; c’eft à lui qu’il a recours dans les entreprifes
difficiles & dans les périls preffans. On n’acquiert
en naiffant aucun droit à fes faveurs, il faut pour
cela favoir manier l’arc & la fléché; & il faut que
chaque fauvage paffe par une efpece d’initiation ,
avant que de pouvoir mériter les foins de l’un des
manitous.On commence par noircir la tête du jeune
fauvage, enfuite on le fait jeûner rigoureufement
pendant huit jours, afin que le génie qui doit le prendre
fous fa proteûion fe montre à lui par des fon-
ges, ce qui peut aifément arriver à un jeune homme
fain dont l’eftomac demeure vuide ; mais on fe
contente des fymboles, qui font ou une pierre, ou
un morceau de bois , ou un animal, &c. parce
qu e, félon les fauvages, il n’eft rien dans la nature
qui n’ait un génie particulier. Quand le jeune fauvage
a connu ce qu’il doit regarder comme fon génie
tutélaire, on lui apprend l’hommage qu’il doit-
lui rendre. La cérémonie fe termine par un feftin,
6c il fe pique fur quelque partie du corps la figure
du manitou qu’il a choifi. Les femmes ont auffi leurs
manitous. On leur fait des offrandes & des facrifices,
qui confiftent à jetter dans les rivières des oifeaux
égorgés, du tabac $ &c. on brûle les offrandes defti-
nées au foleil ; quelquefois on fait des libations accompagnées
de paroles myftérieufes. On trouve
auffi des colliers de verre, du tabac , du maïz, des
peaux, des animaux & fur-tout des chiens , attachés
à des arbres & à des rochers efearpés, pour fervir
d’offrandes aux manitous qui préfident à ces lieux.
Quant aux efprits malfaifans, on leur rend les mêmes
hommages , dans la vûe de détourner les maux
qu’ils pourroient faire. Les Hurons défignent ces génies
fous le nom d'okkifik.
MANIVELLE, f. f. ( Hydr. ) eft la pieçe la plus
effentielle d’une machine. Elle eft de fer coudé’, &
donne le mouvement au balancier d’pne pompe ; il
y en a de fimples , d’autres fe replient deux fois à
angles droits , 6c la manivelle à tiers points fe replie
trois fois. (Ä )
. Manivelle d« gouvernail ou Manuelle , {Marine.
) c’eft la piece de bois que le timonniçr tient ^
la main | qui fait jouer le gouvernail, Il y a une |>ou-
Tomc JC,
cle de fer qui la joint à la barre du gouvernail, ce
qui fait jouer le gouvernail.
La manivelle ou manuelle du gouvernail doit être
à-pjm-près de la longueur du tiers de. la largeur du
yameau, &; avoir un pouce d’épaiffeur au bout qui
joint la barre par chaque deux pies qu’elle a de longueur
; mais elle ne doit avoir quela moitié de ceîte
même épaiffeur par le bout d’en-haut. Voyt{ PlancheIV.
figure première, la manivelle ou manuelle ,
cotée 181.
?! Manivelle fimple, outil de charron, c’eft la moitié
d’un petit eflieu de bois rond , dont un bout eft
enchâffé dans une petite fléché, ce qui forme une.
efpece d’équerre qui fert aux Charrons pour conduire
une petite roue, en mettant la moitié dudit
eflieu dans le trou du moyeu , 6c la pouffant avec
la fléché par-tout où ils la veulent conduire. Voyeç
les Planches du C harron.
Manivelle double , outil de Charron, c’ eft un
petit eflieu entier au milieu duquel eft enchâffé un
petit timon ou fléché de bois, dont les Charbons £e
fervent pour conduire deux petites roues à la fois ,
en faifant entrer le petit eflieu dans les trous pratiqués
au milieu des moyeux. V. PL du charron.
Manivelles , ( Cordier. ) font des inftrumens de
fer dont les Cordiers fe fervent pour tordre de gros
cordages. Voyeçnos Planches de Corderie. G en eft la
poignée ; H , le coude; I , l’axe ; L * un bouton
qui appuie contre la traverfe E du chantier; M ,
une clavette qui retient les fils qu’on a paffés dans
l’axe J.
On tord les fils qui font attachés à l’axe I , en
tournant^ la poignée G-, ce qui produit le même
effet que les molettes, plus lentement à la vérité ;
mais puifqu’on a befoin de force, il faut perdre fur
la vîteffe, 6c y perdre d’autant plus qu’on a plus
befoin de force : c’eft pourquoi o’n eft plus ïông-
tems à commettre dje gros cordages, où on emploie
de grandes manivelles, qu’à en commettre de médiocres
, où il fuffit d’çn avoir de petites. Foye{ l'article
C orderie.
Manivelle, ( Imprimerie. ) Les Imprimeurs appellent
ainfi un manche de bois creufé, long de trois
pouces 6c demi fur cinq pouces de diamètre, dans lequel
paffe le bout de la broche du rouleau ; elle n’a
d’autre ufage que la plus grande commodité de la
main de l'ouvrier. Voye{ Br o ch e , & les PL d'imprimerie.
Manivelle , en terme defileur d'or, eft un morceau
de fer courbé par le milieu en zigzag , & percé
quarrémentparle bout qui entre dans l’arbre.
Manivelle , ( Rubannier, ) s’entend de tout ce
qui fert à faire tourner quelque chofe que ce foit
avec la main ; ce mot eft à préfent affez connu pour
fe paffer de toute autre explication.
Manivelle, ( Vitrier. ) Les Vitriers appellent
manivelle dans un tire plotnb ou rouet à filer ie
plomb, cèrtain manche qui, en faifant tourner l’arbre
de deffous, fait aufli tourner celui de deffuspar
le mpyen de fon pignon. Voye^ T ire-plomb.
MANLIANA, ( Géog. anc. ) ancienne ville de
Lufitanie, au pays des W ettons, félon Ptolomée ,
l. II. c. v. Mariana croit que ç’eft Malien ; 6c Orte-
Iius penfe que ç’eft Montèmayor : ilsn’pnt peut-être
raifon ni l’un ni l’autre. { D . J . )
MANNE, f. f. {Hifi. nat. des drog.) h manne ordinaire
des boutiques eft un fuc concret, blanc , ou
jaunâtre, tenant beaucoup de là nature du fucre 6c du
miçl, & fe fondant dans l’eau ; ce fuc eft gras, doue
d’pne vef tu laxative, d’un goût douceâtre, mielleux,
îant-foit-peu âcre, d’une odeur foibie 6c fade. II fort
fans inçifion ou par incifion, à la maniéré des gommes
, du tronc, des groffes branches, & des feuilles
de qqelques arbres, en particulier des frênes cuiti