
toirt fans la permiflion du juge féculier dans le diftri&
duquel il eft établi.
Les monitoires ne peuvent être décernés que pour
des matières graves ; 6c quand on a de la peine à découvrir
par une autre voie les faits dont on cherche
■ à s’éclaircir.
Quand le juge féculier a permis d’obtenir monitoire
, l’official ell obligé de l’accorder à peine de faille
de fon temporel, fans qu’il lui foit permis d’entrer
dans l’examen des raifons qui ont déterminé le juge
-à donner cette permiflion.
Les officiaux font même tenus, en cas de duel, de
décerner des monitoires fur la Ample réquifltion des
procureurs-généraux ou de leurs fubftituts fur les
lieux, fans attendre l’ordonnance du juge.
Ceux qui forment oppofltion à la publication des
■ monitoires, doivent élire domicile dans le lieu de la
jurifdiélion du juge qui a permis d’obtenir le moni-
toire, afin qu’on puiffe les afligner à ce domicile.
Les moyens d’oppofition font ordinairement que
la caul'e eft trop légère, ou que celui qui a obtenu
monitoire n’étoit pas partie capable.
Les jugemens qui interviennent fur ces oppofi-
tions font exécutoires, nonobftant oppofltion ou appel
; & l’on ne donne point de defenfes que fur le vu
clés informations.
L’appel de ces jugemens va devant le juge fupé-
rieur, excepté quand l’appel eft qualifié comme d'abus
y auquel cas il eft porté au parlement.
Les monitoires ne doivent contenir d’autres faits
que ceux compris dans le jugement qui a permis de
les obtenir, à peine de nullité : on ne doit y défigner
perfonne, car ce feroit une diffamation.
Les curés & vicairesdoivent publier les monitoires
à la meffe paroifliale, fur la première réquifltion qui
leur en eft faite, à peine de faille de leur temporel ;
en cas de refus, le juge royal peut commettre un autre
prêtre pour faire cette publication.
Les révélations reçues par les curés ou vicaires,
doivent être envoyées par eux au greffe de la jurif-
diûion où le procès eft pendant.
Quand le monitoire a été publié, ceux qui ont con-
noiffance du fait doivent le révéler, autrement ils
font excommuniés par le feul fait. Il en faut néanmoins
excepter ceux qui ne peuvent pas rendre témoignage
, comme les parens jufqu’au quatrième
•degrç inelufivement ; ceux qui ont commis le crime;
le prêtre qui les a entendus en confefîîon; enfin l’avocat
ou le procureur auxquels l’accufé s’eft adreffé
pour prendre eonfeil.
Avant de prononcer l’excommunication contre
ceux que le monitoire regarde, on doit leur faire les
trois monitions canoniques.
Quand l’excommunication eft lancée, on publie
aufîi quelquefois d’autres monitoires pour l'aggrave &
le réaggrave', qui étendent les effets extérieurs de
l’excommunication.
Voye[ aux decréîales le titre de tefiibus cogendis
vel non, les Lois eccléfiafiiqucs, les Mémoires du clergé,
la Jurifdicl. ccclêf. de Ducaffe, & le Recueil de
Xofficialiié, de Décombes. (A )
MONITORIALES , ( Jurifprud. ) lettres monito-
les y ou lettres monitoires., Voye^ au mot L e t t r e s
l'article L e t t r e s m o n i t o i r e s . ( A )
MONMORILLON , ( Géog. ) en latin moderne
mons Morillio, ville de France , aux confins de la
Marche 6c du Berri, au bord de la Gartampe* qu’on
y paffe fur un pont de pierre, à neuf lieues de Poitiers.
Long. iS. 30. lat. 46Y28.
MONMOUTH, ( Géog. )• ville d’Angleterre, capitale
du Montmoutshire. Elle eft dans une fituation
agréable , entre la Vye & le Monnov , à 100 milles
de Londres , 6c à fix S, d’Héréford. Long. 14. 55.
lut.. 3 j , 55,
C’eft la patrie d’Henri V. roi d’Angleterre, qui
conquit la France, 6c força les François dans la trifte
défunion qui les déchiroit, de le reconnoître pour
régent, & pour héritier de leur royaume. Leshifto-
riens anglois le dépeignent comme un héros accompli
, 6c les hiftoriens françois mettent dans fon portrait
toutes les ombres qui peuvent en ternir l’éclar.
Il eft néceffaire pour fe faire une jufte idée de ce
prince, de confidérer fes allions dans toutes leurs
cireonftances, indépendamment de l’admiration des
,uns, 6c de l’envie des autres. Mais on peut louer
en lui, fans crainte d’être trompé , le génie, la tempérance
, dès le moment qu’il fut monté fur le trône,
un courage, Sc une valeur perfonnelle peu commune.
Il eut encore la fageffe de ne point toucher aux libertés
& aux privilèges de fon peuple. Il mourut à
Vincennes en 1412, à 36 ans.
MONMOUTHSHIRE, ( Géog.) province d’Angleterre
, au diocèfe de Landafft. Elle eft fituée au
couchant fur les frontières du pays de Galles, 6t
arrofée au midi par la Saverne, qui fe .jette dans la
mer. "'Cette province a environ 34 mille arpens :
quoique boifée & montagneufe, elle n’en eft pas
moins fertile ; à quoi contribuent les rivières l’Usk ,
la Wye , le Monnow, & le Rumney, dont le génie
des habitans fait tirer partie. Montmouth eft la capitale
; fes autres bourgs principaux où l’on tient
-marché, font Albergavenny , Usk, & Newport.
w B È H H MONNOIE. f. f. Polit. Finances y Compté) la monnaie
eft un ligne qui repréfenre la valeur, la mefure
de tous les effets d’ufage, & eft donnée comme le
prix de toutes chofes. On prend quelque métal pour
que le ligne, la mefure , le prix foit durable ; qu’il
fe confomme peu par l’ufage, & que fans fe détruire,
il foit capable de beaucoup de divifion.
On recherche avec empreffement i°. d’où la mon•
noie reçoit fa valeur ; 20. fl cette valeur eft incertaine
& imaginaire ; 3 °. fl le fouverain doit faire des
changemens à la monnoie, & fixer la proportion des
métaux. Nous nous propofons de réfoudre dans ce
difcours toutes ces queftions intéreffantes, en empruntant
les lumières de l’auteur des Conjîdérations
fur les finances.
Ppur éviter toute difpute de mots, nous diftin-
guons ici très-nettement la dénomination ou valeur
numéraire de la monnoie, qui eft arbitraire ; fa valeur.
intrinfeque qui dépend du poids 6c du degré de
fineffe ; 6c la valeur accidentelle, qui dépend des
cireonftances du commerce dans l’échange qu’on
fait des denrées avec la monnoie. Ainfi la.monnoie'
peut être définie une portion de ce métal, à laquelle
le prince donne une forme, un nom, <k une empreinte,
pour certifier du, poids 6c du titre dans l’échange
qui s’eft pu faire avec toutes les chofes que
les hommes veulent mettre dans le commerce.
M. Boizard nous donne une idée différente de la
monnoie ; car il la définit une portion de matière à
laquelle l’autorité publique a donné un poids 6c une
valeur certaine, pour feryir de prix à toutes chofes
dans,le commerce.
La monnoie ne reçoit point,fa valeur de l’autorité
publique, comme M. Boizard prétend : l’empreinte"
marque fon poids & fon titre ; elle fait connoître que
la piece eft compofée de telle quantité de matière,
de telle fineffe, mais elle ne donne pas la valeur,
c’eft la matière qui en fait la valeur.
Le prince peut appeller une piece de vingt fols
unécu, & la faire recevoir pour quatre livres. C ’eft
une maniéré de taxer fes fujets qui font obligés de la
recevoir fur ce pié ; cependant il n’augmente pas la
piece de vingt fols, elle paffe pour quatre livres:
mais une livre alors ne vaudroit que ce que cinq
fols valoient avant ce rehauffçment,
Si le prince donnoit la valeur à la monnoie , il
pourroit donner à l’étain, au plomb , ou aux autres
métaux fabriqués en pièces d’une once , la valeur
d’unécu, & les faire fervir dans le commerce , comme
la monnoie d’argent fert préfentement. Mais quand
le prince auroit donné la fabrique , 6c le nom d’écu
à une once d’étain, le fujet ne donneroit pas des
marchandifes de la valeur d’un écu pour l’éeu d’étain
, parce que la matière de quoi il eft fait, ne le
vaut pas.
La monnoie n’eft pas une valeur certaine , comme
M. Boizard le dit encore ; car, quoique le prince n’y
faffe aucun changement, que les efpeces loient continuées
du même poids 6c titre, & expofées au
même prix, pourtant la monnoie eft incertaine en
valeur.
Pour prouver cela, je ferai voir d’où les effets
reçoivent leur valeur, de quelle maniéré cette valeur
eft appréciée , 6c comment elle change.
Les effets reçoivent leur valeur des nfages auxquels
ils font employés. S’ils étoient incapables d’aucun
ufage, ils ne-feroient d’aucune valeur.
La valeur des effets eft plus ou moins haute, félon
que leur quantité eft proportionnée à la demande.
L eau n’eft pas vendue, on la donne , parce que la
quantité eft bien plus grande que la demande. Les
vins font vendus, parce que la demande pour les
vins eft plus grande que la quantité.
La valeur des effets change , quand la quantité
ou la demande change. Si les vins font en grande
quantité, ou que la demande pour les vins diminue,
le prix baiffe. Si les vins font rares , ou que la demande
augmente, le prix hauffe.
La bonne ou la mauvaife qualité des effets, 6c la
plus grande ou la moindre des ufages auxquels ils
font employés, font-comprifes. Quand je dis que
leur valeur eft plus ou moins haute, félon que la
quantité eft proportionnée à la demande. La meilleure
ou plus mauvaife qualité n’augmente ni ne diminue
le prix, qu’à mefure que la différence dans la
qualité , augmente ou diminue la demande.
Exemple : les vins ne font pas de la bonté qu’ils
étoient l’année paffée ; la demande pour les vins ne
fera pas fi grande, & le prix diminuera ; mais fi les
vins font moins abondans, 6c que la diminution de
la quantité réponde à'la diminution de la demande -,
iis continueront d’être vendus au même prix/quoiqu’ils
ne foientpas de la même bonté. La diminution
de la quantité augmentera le prix, autant que la
différence dans la qualité i’auroit baillé, 6c la quantité
eft fuppofée alors dans la même proportion,
qu’elle étoit l’année paffée avec la demande.
L’eau eft plus utile 6c plus néceffaire que le vin :
donc les qualités des effets, ni les ufages auxquels
ils font employés, ne changent leur prix, qu’à mefure
que la proportion entre la qualité 6c la demande
eft changée ; par-là leur valeur eft plus ou moins
haute, félon que la quantité eft proportionnée à la
demande. Leur valeur change, quand la quantité
ou la demande change. De même, l’or 6c l’argent,
comme les autres effets , reçoivent leur valeur des
ufages auxquels ils font employés.
, Comme la monnoie reçoit la valeur des matières
defquelles elle eft faite » 6c que la valeur de ces matières
eft incertaine, la monnoie eft incertaine en valeur
, quoique continuée du même poids & titre, 6c
expofée au même prix ; fl la quantité des matières
foutre quelque changement de valeur,l’écu fera du
meme poids 6c titre, 6c aura cours pour le même
nombre de livres ou fols ; mais la quantité de la
matière dargent étant augmentée, ou la demande
étant diminuée , l’écu ne fera pas de la même valeur.
Si la mefure de blé eft vendue le double de la
quantité de monnoie, qu’elle étoit vendue il y a çO
ans, on conclud que le blé eft plus cher. La diffé-
rencce du prix peut être caufée par des changemens
arrivés dans la quantité, ou dans la demande,
pour la monnoie : alors c ’eft la monnoie qui eft à meil-
Les efpeces étant continuées du même poids St
titre, & expofées au même prix, nous apperce-
vons peu les changemens dans la valeur de la monnoie
y 6c des matières d’or 6c d’argent; mais cela
n’empêche pas que leur valeur ne change. Unécu,
oii'une once d’argent, ne vaut pas tant qu’il y a un
fiecle. La valeur de toutes chofes change , 6c l’argent
a plus changé que les autres effets : l’augmentation
de fa quantité, depuis la découverte des Indes,
a tellement diminue la valeur, que dix onces
en matière & en efpeces, ne valent pas tant qu’une
once valoit.
Pour être fatisfait de ce que j’avance, on peut
s’informer du prix des terres, maifons , blés, vins*
& autres effets avant la découverte des Indes : alors
mille onces d’argent, ou en matière ou en efpeces,
achetoient plus de ces effets, que dix milles n’ache-
teroient préfentement. Les effets ne font pas plus
chers, ou different peu ; leur quantité étant à-peu-
près dans la même proportion qu’elle étoit alors avec
la demande, c’efî l’argent qui eft à meilleur marché.
Ceux quife fervent delà vaiffelled’argent,croyent
ne perdre que l’intérêt de la fommé employée, le
contrôle, & la façon ; mais ils perdent encore ce
que la matière diminue en valeur; 6c la valeur diminuera
, tant que la quantité augmentera, 6c que
la demande n’augmentera pas à proportion. Une
famille qui s’eft fervie de dix milles onces de vaiffelle
d’argent depuis deux cens ans , a perdu de la
valeur de fa vaiffelle plus de neuf milles onces, outre
la façon, le contrôle, 6c l’intérêt/car les dix milles
onces ne valent pas ce que mille onces valoient
alors.
Les compagnies des Indes d’Angleterre Sc d’Hollande
ont porté une grande quantité d’efpeces 6t
.de matières d’argent aux Indes orientales, & i l s’en
confomme dans l’Europe ; ce qui a un peu foutënu
fa valeur ; mais nonobftant le Iranfport & la con-
fommation, la groffe quantité qui a été apportée, a
diminué fa valeur de quatre-vingt-dix pour cent.
La quantité d’or-a augmenté plus que la demande
, Sc l’or a diminué en valeur : mais comme fa
quantité n’a pas augmenté dans la même proportion
que l’argent, fa valeur n’a pas tant diminué. Il y a
deux cens ans que l'once d’or valoit en France feize
livres cinq fols quatre deniers , & l’once d’argent une
livre douze fols. L’once d’or en matière ou en efpeces
, valoit alors dix onces d’argent; à préfent elle
en vaut plus de quinze : donc ces métaux ne font
pas de la valeur qu’ils étoient à l’égard des autres
effets, ni à l ’égard l’un de l’autre. L’or, quoique diminué
en valeur, vaut la moitié plus d’argent qu’il
n’a valu.
Par ce que je viens de dire , il eft évident que le
prince ne donne pas la valeur à la monnoie, comme
M. Boizard prétend : car fa valeur confifte dans la
matière dont elle eft compofée ; aufli eft-il évident
que fa valeur n’eft pas certaine , puifque l’expérience
a fait voir qu’elle a diminué depuis la découverte
des Indes de plus de quatre-vingt-dix pour;
cent..
Par ces diminutions arrivées à la monnoie, je n’entends,
pas parler des affoiidiffemens que les princes
ont faits dans les efpeces , je parle feulement de la
diminution des matières caufée par l’augmentation
de leur quantité.
Quand on examinera les affoibliffemens, on trouvera
que de cinquante parties, il n’en refte qu’une ,