vraie mine de cuivre, dont on tire ce filetai avec
fuccès dans les fonderies du voifinage ; on a même
trouvé que ce cuivre contenoit une portion d’argent.
On remarque que prefque tous les poiffons dont
les empreintes font marquées fur ces pierres > font
recourbés, ce qui a fait croire à quelques auteurs
que non-feulement ils avoient été enfevelis par quelque
révolution de la terre, mais encore qu’ils avoient
foufFert une cuiffon de la part des feux fouter-
reins. (—)
MANOA & D O R A D O , (Géog.) ville imaginaire
, qu’on a fuppofé exifter dans l’Amérique,
fous l ’équateur, au bord du lac de Parime. On a
prétendu que les Péruviens échappés au fer de leurs
conquérans, fe réfugièrent fous l’équateur, y bâtirent
le Manoa, & y portèrent les richefles immen-
fès qu’ils avoient fauvées.
Les Efpagnols ont fait des efforts dès 1 570, & des
dépenfes incroyables, pour trouver une ville qui
avoit couvert les toits 8c fes murailles de lames &
de lingots d’or. Cette chimere fondée fur la foif
des richefles, a coûté la vie à je ne fais combien
de milliers d’hommes, en particulier àWalther Ra-
vdeigh, navigateur à jamais célébré, & l’un des
lus beaux efprits d’Angleterre, dont la tragique
iftoire n’eft ignorée de perfonne.
On peut lire dans les Mémoires de Vacadémie des
Sciences, année 174b, la conjecture de M. de la Con-
damine, fur l’origine du roman de la Manoa dorée.
Mais enfin cette ville fidive a difparu de toutes les
anciennes cartes, où des géographes trop crédules
l’avoient fait figurer autrefois , avec le lac qui rou-
loit fans oefl'e des fables de l’or le plus pur. (D . /.)
MANOBA, ou plutôt MCENOBA, 8c par Stra-
bon, en grec (Géog. anc.) ancienne ville
d’Efpagne, dans la Bétique, avec une riviere de
même nom. Cette riviere s’appelle préfentement
Rio-Frio, 6* la ville Torrls, au royaume de Grenade.
MANOBI, f. m. (Botan exot.) fruit des Indes occidentales
, improprement appellé pijlache par les ha-
bitans des îles françoifes de l’Amérique. Ces fruits
font tous fufpendus aux tiges de la plante nommée
arachidua, quadrifolia, villofa , flore Lu tco, Plum. 49.
arackidnoides amcricana , Mém. de l’académie des
Sciences , 1713.
La racine de cette plante eft blanche, droite &
longue de plus d’un pié, piquant en fond. Elle pouffe
plufieurs tiges de huit à dix pouces de long, tout-
à-fait couchées fur terre, rougeâtres, velues, quar-
rées, noueufes, 8c divifées en quelques branches
naturelles.
Les feuilles dont elles font garnies font larges
d’un pouce, longues d’un pouce 8c demi, de forme
prefque ovale, oppofées deux à deux, attachées
fans pédicule à des queues.
Les fleurs fortent des aifelles des queues ; elles
font légumineufes, d’un jaune rougeâtre, 8c fôute-
nues par un pédicule. L’étendard ou feuille fupé-
rieure a fept ou huit lignes de largeur ; mais fes ailes
ou feuilles latérales n’ont qu’une ligne de large ; il
y a entre deux une petite ouverture par où l’on découvre
la bafe de la fleur, appellée ordinairement
carina. Elle eft compofée de deux feuilles, entre
lefquelles eft placé le piftil qui fort du fond du calice
, lequel eft formé en une efpece de cornet
dentelé.
Ce piftil, lorfque les fleurs commencent à paffer,
fe fiche dans la terre, 8c y devient un fruit long 8c
oblong, blanc-fale, tirant quelquefois fur le rougeâtre.
Ce fruit eft une efpece de gouffe membraneufe,
fülonnée en fa longueur, garnie entre les filions de
plufieurs petites lignes tantôt tranfyerfales, tantôt
obliques,, fufpendu dans la terrç- par line petite
queue de fept à huit lignes de long. La longueur de
ces gouffes varie fouvent ; il y en a d’un pouce 8c
demi de long, & d’autres de huit à neuf lignes. Leur
groffeur eft affez irrégulière, les deux extrémités
étant communément renflées, 8c le milieu comme
creufé en gouttière. Le bout par où elles font attachées
à la queue, eft ordinairement plus gros que
le bout oppofé, qui fe termine fouvent en une efpecç
de pointe émouffée 8c relevée en façon de bec
crochu.
Chaque goufle eft compofée de deux çoffes dont
les cavités qui font inégales & garnies en-dedans
d’une petite pellicule blanche, luifante & très-déliée
, renferment un ou deux noyaux ronds & ob-
lpngs, divifés en deux parties ,, 8c couverts d’une
petite peau rougeâtre, lemblable à-peu-près à celle
qui couvre les amandes ou avelines, qui noircit
quand le fruit vieillit ou devient fec.
Ces noyaux, lorfque la goufle. n’en renferme
qu’un feul, font aflez réguliers , & ne reffemblent
pas mal aux noyaux du gland; mais lorfqu’il y en a
deux, ils font échancrés obliquement, l’un à la tête,
l’autre à la queue , aux endroits par où ils fe touchent.
La fubftance de ces noyaux eft blanche &
oléagineufe, & le goût en eft fade 8c infipide, tirant
fur le fauvage, ayant quelque rapport avec le goût
des pois chiches verts.
J’ai donné la defcription <Ju manobi d’après M.
Niflole, parce que celle du P. Labat eft pleine d’erreurs
8c de contes. Voye{ les Mémoires de l'Académie
des Sciences y annee 172-3 , où vous trouverez
aufli la figure exaâede cette plante. (D . J.')
MANOEUVRE, f. m. ( Architecl. ) dans un bâtiment
, eft un homme qui fert au compagnon mâçon,
pour lui gâcher le plâtre, nettoyer les régies 8c calibres,
à apporter fur fon échaffaut les moellons & autres
chofes néceflaires pour bâtir.
Manoeuvre , terme dont on fe fert dans l’art de
bâtir pour lignifier le mouvement libre 8c aifé des
ouvriers, des machines , dans un endroit ferré ou
étroit pour y pouvoir travailler.
Manoeuvre, ( Peinture) fe dit d’un tableau qui
eft bien empâté, où les couleurs font bien fondues,
hardiment 8c facilement touché ; on dit la manoeuvre
de ce tableau cil belle.
Ma n oe u v r e fe dit encore, lorfqu’on reconnoît
dans un tableau que le peintre a préparé les chofes
dans fon tableau différemment de ce qu’elles font
reliées ; c’eft-à-dire, qu’il a mis du verd, dp, rouge ,
du bleu en certaines places , 8c qu’on n’apperçoit
plus qu’un relie de chacune de ces couleurs, au travers
de celles qu’il a mife ou frottée deffus. On dit,
le peintre a une flnguliere manoeuvre.
Manoeuvre & Manoeuvres , ( Marine) ces ter*
mes ont dans la marine des lignifications très-étendues
, 8c fort différentes.
i°. On entend par la manoeuvre, l’art de conduire
un vaiffeau , de régler fes mouveuiens , 8c de lui
faire faire toutes les évolutions néceflaires , foit
pour la route, foit pour le combat.
z°. On donne le nom général de manoeuvres à
tous les cordages qui fervent à gouverner & faire
agir les vergues 8c les voiles d’un vaiffeau , à tenir
les m âts, &c.
M a n oe u v r e ; art de foumettre le mouvement
des vaiffeaux à des lqis, pour les diriger le plus a van-;
tageufement qu’il eft poflible ; toute la théorie de
cet art, conlille dans la folution des lix problèmes
fuivans. i° . Trouver l’angle de la voile 8c de la
quille ; z°. déterminer la dérivé du vaiffeau, quelque
grand que foit l’angle de la voile avec la quille ;
30. mefurer avec facilité cet angle de la dérivé ;
4°. trouyer l’angle le plus avantageux de la vofte
aveç
avec Ië vent, l’angle de la voile & de la quille étant
donné ; 5 l’angle deia voile 8c delà quille donne,
trouver l’angle de la voile avec la quille, le plus
avantageux pour gagner au-vent ; 6°. déterminer
la viteffe du vaiffeau , félon les angles d’incidence
du vent fur les; voiles, félon les différentes viteffes
du vent , félon les. différentes voilures ; & enfin ,
fuivant les différentes dérives.
La maniéré de réfo.üdre ces fix problèmes feroit
d’ un trop grand détail ; il fuffit d’indiquer où l’on
peut Les trouver , 8c d’ajouter un mot fur les difcuf-
fioris que la théorie de la manoeuvre a excitées entre les
fay.ans. Les anciens ne connoifloient point cet art.
André Doria génois , qui commandoit les galeres
de France fous François I , fixa 1a naiffance de la
manoeuvre par une pratique toute nouvelle : il connut
le premier qu’on pouvoit aller fur mer par un
vent prefque oppofé à la route. En dirigeant la
proue de fon vaiffeau vers un air de vent, voifin
de celui qui lui èXoit contraire, il dépaffoit plufieurs
navires , qui bien loin d’avancer ne pouvoient que
rétrograder , ce qui. étonna tellement les navigateurs
dé ce teros', qu’ils crurent qu'il y avait quelque
chofe de furnaturel. M15. les chevaliers de Tour-
ville , du Guaÿ-Trouin , Bart, du Quefne pouffèrent
la pratique de la manoeuvre à un point de per-
feftibri', dont.on-ne l’auroit pas cru fufceptible.
Leur capacité dans cette partie de l’art de naviger ,
n’étoit cependant fondée que fur beaucoup de pratique
& une grande connoiffance de la mer. A force
de tâtonnement, ces habiles marins s’étoient fait
une routine , une pratique de manoeuvrer d’autant
plus furprenante , qu’ils ne la dévoient qu’à leur,
génie. Nulle réglé* nul principe proprement dit
ne les dirigeoit, 8c la manoeuvre n’étoit rien moins
qti’im ’art.
. .Le pere Pardies, jèfuite , eft le premier" qui ait
eflayé de la foumettre à des lois : cet effai fut adopté
par le chevalier Renau , qui, aidé d’une longue
pratique à la mer , établit une théorie très-belle fur
çes-principes ; elle fut imprimée par ordre de Louis
XIV. 8c reçûe du .public avec un applaudiffement
générai. ' g .
M.-Huyghens attaqua ces principes 8c forma des
objeûions, qui furent repouffées avec force par le
chevalier Renau:; mais ce dernier s’étant trompe
dans les principes,, oareconnut l’erreur , 8c les marins
fa vans virent avec douleurtomber par ce moyen
une théorie qu’ils fe préparoient de réduire en pra-
tique.
M. Bernouilli prit part à la difpute, reconnut
quelques méprifes dans M. Huyghens, fçut les éviter
, 8c publia en 1714. un livre intitulé, effai d’une
nouvelle théorie de la manoeuvre des vaiffeaux. Les
favans accueillirent cet ouvrage., les marins le trouvèrent
trop profond, 8c les calculs analytiques dont
il étôit chargé le rendoit d’un accès trop difficile aux
pilotes.
M. Pitotde l’académie des fciences, travaillant
furies principes de M. Bernouilli, calcula, des .tables
d’une grande utilité pour, la pratique, y ajouta
plufieurs chofes neuves , & publia ion ouvrage
en 17 3 1, fous le titre de la théorie des vaiffeaux réduite
en pratique. Enfin, M. Saverien connu par plu-
fictirs ouvrages , a publié en 1745 une nouvelle
théorie à la portée des.pilotes. MM. Bouguer & de
Genfane l’ont critiquée, & il a répondu; c’eft dans
tous ces ouvrages qu’on peut puifer la théorie de la
manoeuvre y que1 les marins auront toujours beaucoup
de peine à allier avec la pratique.
Manoeuvres , ( Marine) On appelle ainfien général
toutes les cordes qui fervent à faire mouvoir
lës vei’guçs & les voiles, 8c à tenir les mâts.„ • :.
On diftingue lçs manoeuvres en manoeuvres coulanr
Tome X .
tts ou courantes, 8c manoeuvres dormantes.
Mamoeuvres courantes, font celles qui paffent fitf
des poulies, comme les bras, les boulines, &c. 8c
qui fervent à manoeuvrer le vaiffeau à tout moment.
Manoeuvres dormantes , font les cordages fixes ,
comme l ’itaque , les haubans , les galoubans, les
étais, &c. qui ne paffent pas par des poulies, ou qui
ne fe manoeuvrent que rarement.
Manoeuvres à queue de,rat qui vont en diminuant,
8c qui par conféquent font moins garnies de cordon
vers le bout, qu,e dans toute leur longueur.
Manoeuvres en bande, manoeuvres qui n’étant ni
tenues, ni amarées , ne travaillent pas.
Manoeuvres majors, ce font les gros cordages, tels
que les cables, les hauffieres, les étais, les grelins.
Manoeuvres paflees à contre, manoeuvres qui font
paffées de i’arriere du vaiffeau à l’avant., commft
celle du mât d’artimon.
Manoeuvres paflees à tour , manoeuvres paffées dô
l’avant du vaiffeau à l’arriere , comme les cordages
du grand mât & ceux des mâts de beaupré 8c de
mifaine. Voye^ Fl. J. de la Marine, , le deffein d’un
vaiffeau du premier rang avec fes mâts, vergues Sc
cordages r &c.
Manoeuvre , (Marine.) c’eft le fervice des matelots,
8c l’ufage que l’on fait de tous les cordages
pour faire mouvoir le vaiffeau.
Manoeuvre bafle, manoeuvre :qu’on peut faire dô
deffus le pont.
Manoeuvrt haute, qui fe fait de deffus les hunes ,
les vergues 8c ley cordages.
Manoeuvre grofle, c’eft, le, travail qu’on fait pour
embarquer les cables 8c les 'canons, & pour mettre
les ancres à leur place.
Manoeuvre hardie , manoeuvre périlleufe & difficile
. Manoeitvre fine , c’eft une manoeuvre prompte 8c
déliçatp* c-;. m, i v f l . I . . j;/'
Manoeuvre tortue, c’eft une mauvaife manoeuvre.
MANOEUVRER, c’eft travailler aux manoeuvres,'
les.gouverner , & faire agir les vergues ,8c les voiles
d’un vaiffeau , pour faire une manoeuvre.
MANOEUVRIER ,. (Marine) c’eft un homme qui
fait la manoeuvre 1 on dit, cet officier eft un bon ma-
Manoeuvrier ou Manouvrier , f. m. ( Comm.)
çompagnon, ariifan , homme de peine 8c de jo u r née
, qui gagne 1a vie du. travail de fes mains. Le
manouvrier eft différent du crocheteur 8c gagne-de-
nier. ,|
MANOIR, f. m. (7 urifp.) dans les coutumes fi*
gnifie maifon. Le manoir féodal ou feigneurial , eft
la mailon du feigneur; le principal manoir eft la principale'
maifon tenue en fief, que l’aîné a droit de
prendre par préciput avec les accints 8c préclôtures
, 8c le vol du chapon ; quand il n’y a point de
maifon, il a droit de prendre un arpent de terre tenu
en fief pour lui tenir lieu du principal manoir.
Coût, de Paris, art. iz & 18. Voytç Fief , Préciput
, V ol du chapon- (a )
MANOMETRE, f. m. ( Phyfiq. ) infiniment qui
a été imaginé pour montrer ou pour méfiirerles altérations
qui furviennent de la rareté ou de la depfité
de.l’air, voye^ Air,
Ce mot eft formé des mots grecs /uam , rare , 8c
jxtTpov, mefure, 8cc.
Le manomètre différé du baromètre en ce que ce
dernier ne mefure que le poids de l’atmofphere ou de
la colonne d’air qui eft au-deffus, au lieu que le pre*
mi er mefure en même tems la denfité de l ’air dans
lequel il fe trouve ; denfité qui ne dépend pas feulement
du poids de l’atmofphere, mais ç-nepre de
l’aûioR du chaud &.du froid, &c. Quoi qu’il en loit,
G
MRI