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Le microfcope {impie eft formé d’une feule & uni- j
que lentille ou loupe très-convexe. Voye^Lentille
& Loupe.
On place cette lentille E D tout proche de l’oe il,
[fig. 2 /. opt. ) & l’objet A B qu’on fuppofe très-
petit, eft placé un peu en-deçà du foyer de la lentille
; de forte que les rayons qui viennent des extrémités
A , B, fortent de la lentille prefque parallèles
, & comme s’ils partoient de deux points K , I ,
beaucoup plus éloignés ; de forte que l’objet paroît
en i f /,eft beaucoup plus grand, & l’image K I eft
à A B comme F H ei\ à F C , c ’eft-à-dire à-peu-près
comme la diftance à laquelle on verroit l’objet dif-
tin&ement, eft à la longueur du foyer. VyyefDiOP-
tr iqu e & V isio n..
Les microfcopes Amples devroiént être probablement
aufli anciens que le tems où l’on a commencé
à s’appercevoir des effets des verres lenticulaires ;
ce qui remonteroit à plus de 400 ans, voye^ Lunette
; cependant les obfervations faites au microfcope
, même {impies , font beaucoup moins anciennes
que cette date, & ne remontent guere à
plus de 130 ans. On voit dans la fig. 22. la figure
d’un microfcope Ample'; A eft l’endroit au centre duquel
on place la lentille ; & H eft une vis ©ù cette
lentille eft enchâffée ; au moyen de quoi qn peut
placer en A des lentilles ou loupes de différens foyers»'
E G eft une pointe au bout de laquelle on fixe l’objet
qu’on veut v o ir , & qu’on approche pour cet effet
de la lentille. Les microfcopes Amples font quelquefois
formés d’une feule loupe fphérique de verre. La
fig. 2/. n°. 2. fait voir comment ces loupes augmentent
l’image de l’objet. Car l’oeil eft emplacé , par
exemple, en G , il voit le point A par le rayon rompu
G D L A & dans la direâion de G D ; de forte
que l’objet A B lui paroîtra plus grand que s’il étoit
vu fans loupe. Voye{ Apparent.
Les microfcopes compofés font formés d’un verre
objettif E L (/g. 24. ) d’un foyer très-court, &
d’un oculaire G H d’un foyer plus long. Ainft le microfcope
eftl’inverfe du télefcope./^oye^Télescope.
On place l ’objet A B à-peu-près au foyer du verre
E L y mais un peu au-delà ; les rayons fortent du
verre E L prefque parallèles ( voyez Lentille )
avec très-peu de convergence ; de-là ils tombent
fur le verre G H , & fe réunifient prefque à fon
foyer I. Ainfi le verre E L aggrandit d’abord l’objet
A B , à-peu-près comme feroit un microfcope Ample,
& l’image de l’objet déjà aggrandie l’eft encore par
le verre G H. Il eft encore facile de voir que dans ce
microfcope l’objet paroîtra renverfé.
Au lieu d’un oculaire on en met quelquefois plu-
Aeurs , & ce font même les microfcopes les plus en
ufage aujourd’hui. On peut voir dans h fig. 2 6. un
microfcope compofé, & tout monté fur fon pié pour
voir les objets ; on les place en I fur la plaque L I ,
& ces objets font éclairés par la lumière que réfléchit
le miroir O N.
A l’égard de la fig. 23 . elle repréfente un microfcope
Ample d’une autre efpeceque celui dela/g.22.
on place l’objet au haut de la vis B , qu’on éloigne
ou qu’on approche du miroir à volonté ; & le microfcope
eft évidé & à jour dans une de fes faces,
afin que l’objet puiffe recevoir la-lnmiere extérieure.
Dans d’autres microfcopes , le tuyau extérieur n’eft
point évidé, mais la vis l’eft en-dedans, & au-deflùs
de la vis on place un verre plan , qui tombe à-peu-
près au foyer de la lentille, l’objet reçoit alors la
lumière par-deffous ; la vis fert à éloigner ou rapprocher
l’objet du foyer, félon les différentes vues.
On ne fait pas exactement l’inventeur du microfcope
compofé. On attribue ordinairement cette invention
à Drebbel, mais M. Montucla , dans fon
Hifioire de Mut hématique , toute I I . p. 174 , apporte
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des r'âifons pour en douter. Fontana fe les attribue ;
ainfi que les télefcopes à oculaire convexe ; il eft
difficile,de prononcer là-deffùs.
Microscope solaire , n’eft autre chofe, à proprement
parler j qu’une lanterne •magique, éclairée
par la lumière du foleil, & dans laquelle le porte-
objet au lieu d’être peint, n’eft qu’un petit morceau
de verre blanc, fur lequel on met les objets qu’on
veut examiner. Il y a encore cette différence, qu’au
lieu des deux verres lenticulaires placés au-delà du
porte-objet dans la lanterne-magique , il n’y en a
qu’un dans le microfcope folaire. Voye%_ Lanterne-
MAGIQUE.
Cet infiniment qui nous eft venu de Londres en
1743 , a été inventé par feu M. Lieberkuhn, de
l’académie royale des Sciences de Pruffe. On trouvera
fur cet inftrüment un plus grand détail à C article
qui fuit fous la même dénomination de microf; fol;
On place le tuyau de microfcope folaire dans le'
trou d’un volet d’une chambre obfcure bien fermée,
& on fait tomber la luiniere du foleil fur les verres
du microfcope par le moyen djun mirbir placé au-
dehors de la fenêtre. Alors les objets placés fur le
porte-objet paroiffent prodigieufement.grofîls fur la
muraille de la chambre obfcure. (O)
Microscope des objets opaques, (Optiq.) ce microfcope
, dont on doit l ’invention au D . Lieberkuhn,
eft aufli curieux qu’avantageux. Il remédie à l’inconvénient
d’avoir le côté obfcur d’un objet tourné
du côté de l’oeil ; ce qui a été jufqu’ici un objftacle'
infurmontable, qui a empêché de faire fur les objets
opaques des obfervations exaCtes ; car dans toutes'
les autres inventions qui nous font connues , la
proximité de l’inftrument à l’objet (lorfqu’on emploie
les lentilles les plus fortes) produit inévitablement
une ombre fi grande , qu’on ne le voit"
que dans l’obfcurité & fans prefque rien diftin-*
guer ; & quoiqu’on ait effayé différens moyens de
diriger fur l’objet la lumière du foleil , ou d’une
chandelle par un verre convexe plaèé à côté , IeS
rayons qui tombent ainfi fur l’objet, forment avec
fafurfaceun angle fi aigu qu’ils ne fervent qu’à en
donner une idée confufe, & qu’ils font incapables
de le faire voir clairement.
Mais dans ce nouveau microfcope, par le moyen
d’un miroir concave d’argent extrêmement poli en
plaçant à fon centre la lentille , on réfléchit fur l’objet
une lumière fi direCte & fi forte, qu’on peut l’examiner
avec toute la facilité & tout le plaifir imaginable.
On emploie quatre miroirs concaves de cette ef-
pece & de différentes profondeurs, deftinés à quatre
lentilles de différentes forces, pour s’en fervir à ob-
ferver les différens objets : on çonnoît les plus fortes
lentilles , en ce qu’elles ont de moindres ouvertu?
res. ( D . J. )
Microscope folaire , (Optiq.) ce microfcope dé-'
pend des rayons du foleil, & comme on ne peut en
faire ufage que dans une chambre obfcure , on le
nomme quelquefois microfcope de la chambre obfcure.
Il eft compofé d’un tuyau , d’un miroir, d’une lentille
convexe & du microfcope {impie. Le mechanifme
de ce microfcope eft fi Ample, qu’il n’exige point de figures;
c’eft affez de dire ici que les rayons du foleil
étant dirigés parle miroir à-travers le tuyau fur l’objet
renfermé dans le microfcope cet objet vient fe peindre
diftinCtement & magnifiquement fur un écran
couvert de papier blanc ou de linge bien blanc» Cette
image eft tout autrement grande que ne peuvent
l’imaginer ceux qui n’ont pas vu ce microfcope ; car
plus on recule l’écran, plus l’objet s’aggrandit, en-
forte que l’image d’un poux eft quelquefois de cinq
à fix piés ; mais il faut avouer qu’elle eft plus dif-ï
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tinûe, lorfqu’on ne lui donne qu’une partie de cette '
longueur.
Quand on veut fe fervir du microfcope folaire, On
doit rendre la chambre aufli obfcure qu’il eft pofli-
ble, car c’eft de l’obfcurité de la chambre & de la
vivacité des rayons du foleil que dépendent la clarté
& la perfection de l’image. Les lentilles lès plus
utiles à ce microfcope font èn géhéral la quatrième,
la cinquième ou la fixieme.
L’écran propre à recevoir l’image des objets eft
ordinairement d’une feuille d’un très-grand papier
étendue fur iVn cîïàflïs qui gliffé en-haut ou en-bas,
ou qui tourne, comme on veut, à droite ou à gauche
fur un pié de bois arrondi, à-peu-près comme, certains
écrans qu’on met devant le feu : on fait aufli
quelquefois des écrans plus grands avec plufieurs
feuilles du même papier collées enfemblè, que l’on
roule & déroule comme une grande carte.
Ce microfcope eft le plus amufant de toits ceux
qu’on a imaginés , & peut-être le plus capable de
conduire à des découvertes dans les objets qui ne
font pas trop opaques, parce qu’ils les repréfentent
beaucoup plus grands qu’on ne peut les repréfenter
par aucune autre voie. Il a aufli plufiéurs autres
avantages qu’aucun microfcope ne faurOit avoir ; les
yeux les plus foibles peuvent;s’en fervir fans la
moindre fatigue ; un nombre de' përforines peuvent
obferver en même tems lë même objet, eii examiner
toutes les parties , & s’entretenir de ce qü’élles
ont fous les yeux , ce qui les met en état dé fe bien
entendre & de trouver la vérité ; au lieu que dans
les autres microfcopes on eft obligé de regarder par
un trou l’un après l ’autre, & fouvent de voir un objet
qui n’eft pas dans le même jour, ni dans la même
pofitiôn. Ceux qui ne fa vent pas defliner, peuvent
par cette invention prendre la figure exaCte d’un
objet qu’ils veulent avoir ; car ils n’ont qu’à attacher
un papier fur l’écran, & tracer fur ce papier la
figure qui y eft repréfentée, en fe fervant d’une plume
ou d’un pinceau.
Il eft bon .de faire remarquer à ceux qui veulent
prendre beaucoup de figures par ce moyen , qu’ils
doivent avoir un chaflis où l’on puiffe attacher une
feuille de papier , & l’en retirer aifément ; car fi le
papier eft fimple, on verra l’image de l’objet pref-
qu’aufli clairement derrière qüe devant ; & en la copiant
derrière l’écran , l’ombre de la main n’interceptera
pas la lumière, comme il arrive en partie
lorfqu’on la copie par-devant.
Le microfcope folaire eft encore une invention qui
eft due au génie du doCteur Lieberkuhn pruflîen,
membre de Ta fociété royale, à laquelle il a communiqué
en 1748 où environ, les deux beaux microf-
çopes qu’il avoit inventés & travaillés lui-même , je
veux dire le microfcope folaire & le microfcope pour
les objets opaques ; enfuite MrS Cuff & Adam, an-
glois, ont perfectionné ces ouvrages. Le microfcope
folaire du D . Lieberkuhn n’a voit point de miroir,
6c par conféquent ne pouvoit fervir que pendant
quelques heures du jour lorfqu’on pouvoit placer
le tube directement contre le foleil ; mais l’application
du miroir fournit le moyen de faire réfléchir les
rayons du foleil dans le tube, quelque foit fa hauteur
ou fa fituation, pourvu qu’il donne fur la fenêtre.
Phil. tranf. n°. 458,fecl. c). de Baker , microfcop.
objecl. ( D . J. )
MICROSCOPIQUE, objet , ( Optiq. ) Les objets
microfcopiques font ceux qui font propres à être
examinés per les microfcopes ; tels font tous les
corps , tous les pores, ou tous les mouvemens extrêmement
petits.
Les corps extrêmement petits font > ou les parties
jles plus grands çorps, ou des corps entiers Tort dé-
Tome X*
M I C 491
liés £ comme les petites feffiences, les infeCles, les
fables , les fels, &c. „
Les pores extrêmement petits font les interftices
entre les parties folides des corps ; comme dans les
o s , dans les minéraux , dans les écailles, &c. ou
comme les ouvertures des petits vaiffeaux ; tels que
les vaiffeaux qui reçoivent l’air dans les végétaux ,
les pores de la peau, des o s, &c. des animaux.
Les mouvemens extrêmement petits font ceux des
différentes parties ou membres des petits animaux >
ou ceux des fluides renfermés dans les corps des animaux
ou des végétaux. .
Sous l’un ou l’autre de ces trois chefs , tout ce
qui nous environne peut nous fournir un fujet d’examen
, d’amufement 6c d’inftrudion ; cependant plufieurs
perfonnes favent fi peu combien l’ufage des
microfcopes eft étendu, & font tellement embarraf-
fées à,trou ver des Objets à examiner, qù’après en
avoir confîdéré quelques-uns des plus, communs ,
foit feuls, foit avec des amis -, ils abandonnent leurs
microfcopes, comme n’étant pas d’un grand ufage.
Nous tâcherons de les détromper par quantité de
faits que nous mettrons, dans î’oecafion , fous les
yeux du leûeur ; & peut-être que par ce moyen
nous engagerons des curieux à employer agréablement
& utilement leurs heures de loifir dans la contemplation
des merveilles de la nature j au lieu de
les paffer dans une oifivèté. pleine d’ennui, ou dans
la pourfuite de quelque paflion ruineufe ; mais avant
que de difeuter l’examen des objets microfcopiques, il
faut parler de l’inftrument qui les groflit à nos yeux.
On fait que les microfcopes font de deux fortes ;
les uns Amples , les autres doubles : le microfcope
fimple n’a qu’une lentille ; le double en a au moins
deux combinées enfemblè. Chacune de ces efpeces
a fon utilité particulière ; car un verre fimple fait
voir l’objet de plus près & plus diftinft ; & la cora-
binaifon des verres préfente un plus grand champ ,
ou , pour .le. dire en d’autres termes, elle découvre
tout à-coup une plus grande partie de l’objet qu’elle
groflit également. Il eft difficile dè décider lequel
des deux microfcopes on. doit préférer, parce qu’ils
donnent chacun une différente forte de plaifir. On
peut alléguer de grandes autorités en faveur de l’un
& de l’autre ; Leeuwenhock ne s’eft jamais fervi
que du microfcope fimple ; & M. de Hook a fait
toutes fes obfervations avec le microfcope double;
Les fameux microfcopes du premier confiftoient
dans une fimple lentille placée entre déux plaques
d’argent, qui étoient percées d’un petit trou , àc il
y avoit au-devant une épingle mobile pour y mettre
l’objet, & l’appliquer à l’oeil du fpefiateur. C ’eft
avec ces microfcopes Amples qu’il a fait ces découvertes
merveilleiifes qui ont furpris l’univers.
Aujourd’hui le microfcope de poche de M.Wil-
fon , paffe pour le meilleur ; & le microfcope double
de réflexion le plus eftimé , eft un diminutif perfectionné
du grand microfcope double de MM. Cul-
péper, Scarlet & Marshal. Nous avons donné la
defeription relative à nos figures, de ces machines.
Mais il importe beaucoup , avant que de paffer
à la méthode d’examen des objets microfcopiques ,
de connoître la force des lentilles d’un microfcope,
& de découvrir la grandeur réelle des objets qu’on
y préfente.
De la fürface des verres d'un microfcope fimple. La
vue eft incapable de diftinguer un objet qu’on approche
trop des yeux ; mais fi on leconfidere au-tra-
vers d’une lentille convexe , quelque près que foit
le foyer de cette lentille , on y verra l’objet très-dif-
tinétement, & le foyer de la lentille fera d’autant
plus proche qu’elle fera plus petite ; de forte que la
force de cette lentille , pour groflir un objet, en
fera plus grande dans la même proportion.
<2 q q 1