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Cette vafte étendue de terres paroît une plaine
affez unie, mais elle eft prefque toujours inondée
faute d’iffue pour faire écouler les eaux : outre
cette incommodité, ils ont encore celle du climat
dont la chaleur eft exceflive.
Les ardeurs d’un foleil brûlant jointes à l’humidité
prefque: continuelle de la terre, produifent une
grande quantité de ferpens, de vipères, de fourmis,
de tnofquites, de punaifes volantes, & d’autres
infeftes, qui défolent les habitans. Cette même
humidité, rend le terroir fi ftérile, qu’il ne porte
ni blé ni vignes, ni aucun des arbres fruitiers
qu’on cultive en Europe : c’eft ce qui fait auffi
que les bêtes à laine ne peuvent y fubfifter, mais
les taureaux & les vaches y multiplient comme
dans le Pérou.
Il n’y a parmi les Moxss aucune efpece de gouvernement
; on n’y voit perfonne qui commande
ou qui obéiffe. S’il furvient quelque querelle, chaque
particulier fe fait juftice par les mains.
Quoiqu’ils foient fujets à des infirmités prefque
continuelles, ils n’y favent d’autres remedes que
d’appelier certains enchanteurs, qu*ils s’imaginent
avoir reçu un pouvoir particulier de les guérir.
L’unique occupation des Moxes eft d’aller à la
chaffe & à la pêche ; celle des femmes eft de préparer
la nourriture, & de prendre foin des enfans.
S’il arrive qu’elles mettent au monde deux jumeaux,
on enterre l’un d’eux, par la raifon que deux en-
fans ne peuvent pas bien fe nourrir à-la-fois.
Toutes ces différentes nations font fouvent en
guerre les unes contre les autres. Leur maniéré de
combattre eft toute tumultuaire. Ils n’ont point de
chef, & ne gardent aucune difcipline. On recon-
noît les vaincus à la fuite. Ils font efclaves ceux
qu’ils prennent dans le combat, & ils les vendent
pour peu de chofe aux peuples voifins.
Les enterremens fe pratiquent fans aucune cérémonie.
Les parens du défunt creufent une foffe,
accompagnent le corps en filence, le mettent en
terre, 6c partagent fa dépouille.
Les Moxes n’apportent pas plus de façons à leurs
mariages; tout confifte dans le confentement mutuel
des parens de ceux qui s’époufent, & dans
quelques préfens que fait le mari au pere ou au
plus proche parent de celle qu’il veut époufer. Mais
c ’eft une coutume établie chez eux, que le mari
fuit fa femme par-tout ou elle veut aller.
Ces nations font diftinguées les unes des autres
par les diverfes langues qu’elles parlent, & qui
Semblent n’avoir point de rapport entr’elles. (D.J .)
MOYE, (Maçonnerie) c’eft dans une pierre dure
lin tendre qui fe trouve au milieu de fa hauteur, qui
fuit fon lit de carrière, qui la fait déliter, & fe con-
noît quand la pierre , ayant été quelque-tems hors
de la carrière, elle n’a pu réfifter aux injures de l’air.
MOYEN , adj. (Gram.) qui tient le milieu entre
deux objets de comparaifon , & fe dit des chofes ôz
des perfonnes.
MOYEN, adj. terme fort en ufage dans l'Agronomie.
On dit le mouvement moyen d’une planete,
pour dire un certain mouvement uniforme qu’on
lui fuppofe -, & qui eft moyen entre fon mouvement
le plus rapide & fon mouvement le plus
lent ; c’eft à ce mouvement qu’on ajoute différentes
équations pour avoir le mouvement vrai. Par
exemple , le mouvement moyen du foleil, c’eft iin^
mouvement uniforme par lequel on fuppofè que le
foleil parcoure l’édiptique dans le même tems qu’il
le parcourt par fon mouvement vrai. On dit auffi
le tems moyen , pour le diftinguer du tems vrai.
Voyel les articles ÉQUATION DU TEMS, & ÉQUATION
DU CENTRE. (O)
Moyenne proportionnelle a r ith m é t ique
, (Géorti.) eft une quantité qui eft moyenne entre
deux autres , de maniéré qu’elle excede la plus
petite d’autant qu’elle eft furpaffée par la plus
grande.
Ainfi 9 eft moyen proportionnel arithmétique entre
6 & 12. On dit auffi, pour abréger , moyen ou
moyenne arithmétique. F?yeç Pro po rt ion.
Moyenne proportionnelle géométrique , ou Amplement
moyenne proportionnelle, eft encore une quantité
moyenne entre deux autres ; mais de façon que
le rapport qu’elle a avec l’une de ces deux y foit le
même que celui que l’autre a avec elle.
Ainfi 6 eft moyen proportionnel géométrique , ou
Amplement moyen proportionnel entre 4 & 9 , parce
que 4 eft les deux tiers de 6 , de même 6 eft les deux
tiers de 9. Foye[ Pro po r t io n . (O)
Moyen , VENTRE moyen ,■ en Anatomie , figni-
fie la poitrine ou le thorax. Foye^ T horax 6* Ventr
e.
Moyen fessier. Foye^ Fessier.
Moyen sel , (Chimie.) Foyeç Sel m o yen ou.
neutre fous le mot Sel.
Moyen , (Jurifprudence.) ce terme a dans cette
matière plufieurs lignifications différentes.
Moyen jufiicier, eft celui qui a la moyenne juftice.
Foye^ Justice.
Moyen fignifie quelquefois milieu ; on d it , par
exemple , d’une juftice pairie qui reffortit direéie-
au parlement , qu’elle reffortit nuement & fans
moyen en la cour. En matière criminelle on appelle
au parlement omijfo medio, c’eft-à-dire, fans moyen.
Dans les coutumes d’Anjou & du Maine on appelle
fucceder par moyen, lorfqu’on vient à la fuccef-
fion par l’interpofition d’une autre perfonne qui eft:
décedée, comme quand le petitrfils fuccede à fon
ayeul, le petit-neveu à fon grand-oncle.
Moyen fignifie toutes les raifons & preuves que l’on
emploie pour établir quelque chofe après l’expofi-
tion des faits, dans une piece d’écriture ou mémoire
, ou dans un plaidoyer : on explique les moyens :
on les diftingue quelquefois par premier , fécond ,
troifieme. Il y a des moyens de fait, d’autres de droit;
des moyens de forme , & des moyens de fonds ; des
moyens péremptoires, qui tranchent toute difficulté
, & des moyens furabondans.
Il y a auffi diverfes fortes de moyens propres à
chaque nature d’affaire, comme des moyens d’appel
; on entend quelquefois par-là des écritures intitulées
caufes & moyens d'appel : quelquefois ce
font les moyens proprement dits, qu’on emploie au
foutien de l’appel : il y a des moyens de faux , des
moyens de nullité, des moyens de reftitution. Foye{
Ap p e l , Fa u x , Nu l l it é s , Rest itu t io n . (A )
Moyenne ju s t ic e , (Jurifprud.) c’eft le fécond
degré des jurifdichons feigneuriales. Foye^ Justice
seigneuriale. (A)
Moyenne , (Fortification.) on donnoit autrefois
ce nom à une piece de canon, que nous connoiffons
préfentementfoüs le calibre de 4 livres, & qui pefe
environ 13 00 livres. Elle a 10 piés de longueur.
MOYENVIC , Medicanus vicus , (Géogr.) petit
ville de France au pays Meffin , à une lieue de Vie.
Elle fut cédée à la France par le traité de Munfter,
en 1648. Long. 24. rz.lat. 48. 4$. (D . J.)
MOYER, V. aéh (Maçonnerie.) c’eft couper eu
deux une pierre de taille avec la feie. On moye le
S. Leu & le liais pour faire des marthes.
MOYEU, terme de Charron, c’ eft un gros morceau
de bois d’orme tourné , & fait à-peu-près comme
une olive , au milieu duquel eft un trou pourpafi*
fer l’effieu, & au milieu de fa circonférence en dehors
font pratiqués plufieurs trous ou mortoifes pour
placer les rayes. Foye^ Usfig. PL. du Charron,
MOYOBAMBA, (Géog.) province de l’Âmériu
s e
que méridionale au Pérou, dans la partie fepîentrlô-
nale de la province de Lima, à Toccident de la rivière
de Moyobamba. Cette province a quantité de
rivières , de hautes montagnes, des forêts impénétrables
, & tres-peu d’habitans , qui vivent par bourgades.
( D. J. )
MOYS, (Hifl. môâ. Géog. ) c’eft le nom d’uné
tribu d’indiens qui habitent les montagnes du royaume
de Champa ou de Siampa, dans les Indes orientales
, & qui font employés par les habitans aux travaux
les plus vils & les plus forts. Ils n’ont qu’un
morceau d’étoffe pour couvrir leur nudité.
MOZAMBIQUE, (Géog.) ville des Indes, fur la
côte orientale d’Afrique dans la petite îie de Mozambique.
Les Portugais l’ont bâti avec une bonne
fortereffe dans laquelle ils tiennent une nombreufe
garnifon ôc provifion de vivres. Cette ville eft
pour eux la clé des Indes , de forte que s’ils la per-
doient, difficilement pourroient-ils commercer aux
Indes, fils s’y rafraîchiffent, & y font aiguade.
Elle affure leur trafic avec les peuples des environs,
comme de Sofala & de Monomopata, d’où ils tirent
beaucoup d’or;. Enfin , elle tient en bride les
princes de cette côte, qui leur font fujets ou alliés.
Mo zambique , le canal de (Géog.) détroit de la
mer des Indes , entre l’île de Madagafcar & le continent
d’A frique, au N. E. du golfe de Sophala.
(D . J.)
Mo zam bique , (Géog.) très-petite île affez peuplée
fur la côte orientale d’Afrique. On entendoit
autrefois par ce nom un promontoire de la mer des
Indes fur la même côte d’Afrique , vis a-vis l’île de
Madagafcar, nommée , à ce qu’on difoit, parPto-
lomée Prafum Promontorium.
On convient à préfent que c’eft une île où les vaff-
feaux font à l’abri de tous les vents. Elle eft chere
aux Portugais, qui la poffedent, quoique l’eau douce
y manque. Elle abonde en palmiers , orangers
citronniers, limonniers & figuiers des Indes. On
trouve dans le continent quantité d’éléphans de
boeufs, de brebis, de chevres & de pourceaux,
dont la chair eft excellente. Les naturels font noirs,
idolâtres , fauvages, & vont tous nuds, hommes
& femmes. Longit. jc>. 20. latit, méridionale i j .
MOZARABES , (Géog.) Foye1 Muzarabes,
M S
. MSCZISLAW, ( Géogr. ) Palatinat de Lithuanie
, qui confine au nord avec celui de ‘Witeps au
midi avec la Volnie , au levant avec les duchés* de
Smolensko & de Czernikow, au couchant avec le
palatinat de Minski. Il s’étend 60 lieues le long du
Niéper, qui le parcourt du nord au midi, & qui le
partage. Sa largeur eft d’environ quarante lieues.
MSCZISKAW , Mfciflavia, (Géog.) forte ville
de Pologne dans la Lithuanie , capitale du Palatinat
de même nom. Elle eft fur la riviere de Sofz , à 8
lieues S. E. de Smolenskow, 80 N. E. de Novogrod.
Long. 5o. 40. lat. 64. 30. ( D . J .)
MSRATA , (Géog.) pays d’Afrique au royaume
de Tripoli, qui donne fon nom à fa ville principale
, fituée fur la pointe du cap qui forme l’extrénfité
occidentale du golfe de la Sidre. (D . J .)
M U
MUABLE, adj. (Gram.) qui eft fujet au changement.
C’eft le corrélatif & l’oppofé d'immuable.
Foye[ Immuable.
MUAGE, f. m. (Jurifprudence.) mutation , changement.
MUANCES , f. m. ou MUTATIONS ,
hxti, dans la muftque ancienne, étoient en général
M U C 84*
tout palfage d’un ordre ou d’un fujet de thdlU à uft
autre» Ariftdxcne définit la muance urié efpece de
paffion dans l’ordre de la mélodie ; Bacchius * uri
changement de fujet, ou la rranfpofition du fembla^
ble dans un lieu diffemblable ; Ariftide Quintilien *
■ ime variation dans le fyftème propofé, Ôc dans le
caraftere de la voix.
Toutes ces définitions obfcures & trop générales
ont befoin d’être éclaircies par les divifions. Mais
les auteurs ne s’accordent pas mieux fur ces divifions
que fur la définition môme. Cependant on en
recueille affez évidemment que ces muances pou-
voient fe réduire à 5 efpeces principales. i°. Muance
dans le genre , lorfque le chant paffoit, paf
exemple, du diatonique au.chromatique , ou à l’enharmonique,&
réciproquement. 20. Dans le fy ftème*
lorfque la modulation uniffoit deux tetracordes dif-
joints, ou en féparoit deux conjoints, ce qui revient
au paffage du béquarre, au bémol, & réciproquement.
3°. Dans le mode , quand on paffoit*
par exemple, du dorien au phrygien, ou au lydien,
&c. 40. Dans, le rythme, quand on paffoit du vîte
au lent, ou d’un mouvement à un autre. 50. Enfin
dans la melopee, lorfqu’on interrompoit un chant
grave, férieux, magnifique , &c. par un chant gai,
enjoué, impétueux, &c.
Mu an ces, dans la mufique moderne, font les
diverfes maniérés d’appliquer aux notes les fyllabes
u t , r£ » mi) fa , &c. de la gamme , félon les diverfes
pofitions des deux femi-tons de l’o&ave, & les
différentes maniérés d’y arriver.
Comme l’Aretin n’inventa que fix de ces fyllabes,
& qu’il y a fept notes à nommer dans une oâave ; il
falloit néceffairement répéter le nom de quelque
note. Cela fit qu’on nomma toujours mi, fa , ou la%
fa t les deux notes entre lefquelles fe trou voit uri
des femx-tons. Ces noms déterminoient en même
tems ceux des notes les plus voifines, foit en montant,
foit en defeendant. Or , comme les deux femi
tons font fujets à changer de place dans la modulation
, & qu’il y a dans la mufique une multitude
prefque infinie de différentes pofitions de notes ;
il y avoit auffi une multitude de maniérés différentes
de leur appliquer les fix mêmes fyllabes, Sz ces
maniérés s’appelloient muances , parce que les mêmes
notes y changeoient fans cefl'e de nom.
Dans le fiecle dernier, on ajouta en France la
fyllabe Ji aux fix premières de la gamme, de l’Aretin.
Par ce moyen la fepti,eme note de l’échelle fe
trouvant nommée, ces muances devinrent .inutiles,
& furent proferites de la mufique françoife : mais
chez toutes les autres nations où , félon l’efprit du
métier, les Muficiens prennent toujours leur vieille
routine pour la perfeûion de Part ; on n’a point
adopté le f i , & il y a apparence qu’en Italie, en
Efpagne , en Allemagne & Angleterre, les muances
ferviront encore long-tems à la défolation des
commençans. ( 51)
MU B AD ou MUGHBAD, (Htfi. anc, ) nom que
l’on donnoit autrefois chez les anciens Perles au fou-
verain pontife, ou chef des mages, feâateurs de la
religion de Zerdusht ou Zoroaftre. Foye{ M âgisme..
*
MUCAMUDINS, (Géog.) peuples d’Afrique*
qui font l’une des cinq colonies des Sabéens, qui
vinrent s’établir dans cette partie du monde avec
Melek-Ifiriqui, roi .de l’Arabie-heureufe. Ils font
une tribu des Béréberes , occupent la partie la plus
occidentale de l’ancienne Mauritanie Tangitane, &C
habitent les montagnes du grand Atlas dans l’étendue
des provinces de Héa , de Suz , de Gézula &c
de Maroc ; la ville d’Agmet eft leur capitale. m 1 wêêêê
MUCHLI, ( Géographie. ) bourg de la Morée