
Les minutes des lettres de grande & petite chancellerie
reftent au dépôt de la chancellerie, où ellës
ibnt été délivrées, Celles des jugemens reftent au
greffe ; celles des procès-verbaux de'vente faite par
des huiffiérs, celles des arpentages & autres fembla-
hles, reftent entre les mains des officiers dont ces
nftes font émanés.
Pour ce qui eft des minutes des Notaires, voyez ce
•qui en eft dit au mot No t a ir e . ( ^ )
Minute , ( Ecrivain. ) on emploie auffi ce terme
dans l’écriture pour exprimer la coulée ordinaire ;
la. minute eft plus en ufage dans le barreau que dans
Tufage ordinaire.
MINUTIE , f. f. MINUTIEUX, adj. ( Gramm. )
■ minutie eft une petite chofe. Il y a des minuties en
tout*, & des hommes minutieux dans tous les états.
Un bon efprit néglige communément les minuties ;
mais il ne s’y trompe pas. Il y a plus encore d’inconvénient
à prendre une chofe importante pour une
minutie , qu’une minutie pour une chofe importante.
Les cara&eres minutieux font fans reflource. Ils font
nés pour fe tourmenter eux-mêmes, & pour tourmenter
les autres à propos de rien. •< .
MINU r iU S , f. m. ( Mytk. ) dieu qu’on imploroit
dans toutes les petites chofes qu’on appelle minuties ;
il fe voit à Rome un temple près d’une porte qui
«n étoit appellée minutia.
MINYA , ( Géogr. ànc. ) nom d’une ville de Thef-
falie & d’une ville de Phrygie, félon Etienne le géographe.
MINYÆ, ( Géogr. anc.') nom de peuples du Pé-
loponnèfe dans l’Elide , & de peuples de la Béotie
près de la ville d’Orchomene. (D . J. )
MIOLANS, ( Géogr. ) fortereffe de Savoie dans
la vallee de Barcelonette ; elle eft fur un roc efear-
pé , vis-à-vis du confluent de l’Arche & de l’Isère.
■ L °” g' 33- *S. Int. 4 5. J J. ( D. J .)
MI-PARTI, adj. ( Gramm. ) qui eft en deux couleurs
, moitié par moitié, ou de deux matières ,- & il
fe dit en général de la divilion d’un tout en deux parties
égales de nature différente.
Ml-Pa rt i , terme de Blafon : il fe dit de deux écus
coupés par la moitié, & joints enfembleparim feul
•«eu ; de forte qu’on ne voit que la moitié de chacun.
■ Ceux qui veulent joindre les armoiries de leurs femmes
à celles de leurs maifons, en ufent ainfi. L’écu
-coupé Ht parti feulement eii une de fes parties , s’appelle
auffi écu mi-parti.
Salignon en Dauphiné , que bien des gens appelr
lent mal à propos , faligdon , d’azur au chevron mi-
parti d’or & d’argent.
Mi -p a r t ie , chambre ( JurifprudVoyeç C hambre
mi-par tie.
MIPLEZETH, f. m. ou f. idole que l’ayeule d’Afa
lit conftruire, & qu’Afa fit briller. C ’eft félon les
uns Priape ou Mithras, félon d’autres Hecate.
MIQUELETS , f. m. pl. J^Hfi. mod.j efpece de
Tantaffins ou de brigands qui habitent les Pyrénées.
Ils font armés de piftolets de ceinture , d’une carabine
à rouet, & d’une dague au côté. Les miquelets '
-font fort à craindre pour les voyageurs.
- Les Espagnols s’en fervent-comme d’une très-
bonne milice pour la guerre de montagnes, parce
-qu’ils font accoutumés dès l’enfance à grimper fur
-les rochers- .Mais hors de là , ce font de •très-mau-
rvaifes troupes.
MIQUENÈS, ou MÉQÜINEZ, (Géog.) ancienne |
, & grande ville d’Afrique au royaume de Fez, fur
-laquelle voye^Olon ÿrtlat. .de.P empire de Maroc.
Cette ville eft fort peuplée -, quoiqu'elle n’ait ni
bonne eau ni manufacture, mais la cour y fait là
déficience : à la réferve du palais & des mofquées , *
-il.n’y a point d’autres édifices publics. On y garde
ies efçlaves chrétiens , pour lefquels le roi d’Efpagne
y entretient un hôpital qui peut contenir cinquante
malades. Les Juifs y ont un quartier affez Côn-
fiderable, ou demeure le chef de leur nation. Dans
tout le royaume, c ’eft lui qui impofe & paye les garantîmes
auxquels la nation juive du pays eft taxée.
C eft par lui que ^empereur entretient un commerce
pécunieux & politique avec toutes les nations amies
& ennemies.
Miquénes eft à 17 lieues de Salé, à 20 de Mamore,'
& à 5 des montagnes du grand Atlas. Ptolomée la
place à ?\ 3o. de long. &c à 34. tâ. de lat. fous le
nom de Silda , qui a depuis été changé en celui de
Miquenés. ( D. J. )
MIRA , ( Pharmacie.) on fe fert quelquefois de ce
mot meme en françois, comme d’un fynonyme à gelée
de fruits. La gelée de coing eft principalement
connue fous ce nom dans les boutiques, Voye^
Coing , ( Pharm. ) Diete <5* Cotignàc , (Confit.}
\ ( O - '
MIRABELLE, f. î. ( Jardinag. ) efpece de petites
P^unes jaunâtres, dont la chair eft ferme , un peu
pateufe, de la nature de l’abricot, du reftè excel-
; lente & faine.
MIRACLE, fubft. mafe. ( Théologie. ) dans un
fens populaire ; prodige ou événement extraordi-
naire qui nous furprend par là nouveauté. Voyez
PrODIGÊy* 3-’-
Miracle dans un fehs plus exaCt & plus philofophi-
que lignifie un effet qui n’eft la fuite d’aucune des
lois connues de la nature, ou qui ne fauroit s’accorder
avec ces lois. Ainfi un miracle étant une fufpen-
fion de quelqu’une de ces lois , il ne fauroit venir
d’une caufe moins puilTante que celle qui a établi
elle-même ces lois.
Les Théologiens font partagés fur là notion du
vrai miracle : M. Clarke, dans Ion traité de Uexifiencc
de Dieu y.tome III. chap, xix, définit le miracle un
événement fingulier produit contre le cours ordinaire
régulier & uniforme des caufes naturelles,
par l’intervention de quelque être intelligent fupé-,
rieur à l’homme.
M. l’abbé Houteville, dans fon traité delà reli~
gion Chrétienne, prouvée par les faits, Liv. I. ch. v.
dit que le miracle eft up réfultat de l’ordre général
de la mechanique du monde, & du jeu de tous fes
refforts. C ’e ft, ajoute-t-il, une fuite de l’harmonie
des lois générales que Dieu a établies pour la conduite
de fon ouvrage ; mais c’eft un effet rare, fur-
prenant , qui n’a point pour principe les lois générales,
ordinaires, & connues, qui furpaffe l ’intelligence
des hommes, dont ils ignorent parfaitement
la caufe, & qu’ils ne peuvent produire par leur in-
duftrie. Il appuie cette idée fur ces deux paffages de
faint Auguftin, nec enimifia (miracula) cum fiunt,
contra naturam fiunt, niji nobis quibus aliter natures
curfus innotuit, non auttm Deo cui hoc ejl natura quod
fecerit. D e G enefi, ad litter, lib. V. cnp. xiij. & dans
le liv. XXI. de la cité de Dieu, chap. viij. quomodo
ejl contra naturam quod Dei fit voluntate, cum voluntas
tanti utique conditoris condita cujufque réi natura
f it ? P ortentum ergo fit non contra naturam, fed contra
quàm ejl nota natura.
L’idée commune qu’on a d’un vrai miracle, dit le
P. Calmet, dans fa differtatiohfur les vrais & les faux
miracles, eft que c’eft un effet qui furpaffe les regies
ordinaires de la nature : comme de marcher fur les
eaux, de reflufçiter un mort , de parler tout-à-coup
une langue inconnue , &c. Un faux miracle au con-,
traire eft un effet qui paroît, mais qui n’eft pas au-
■ defliis des lois ordinaires de la nature.
Un théologien moderne diftingue le miracle pris
flans un fens populaire, le miracle pris dans un lens
general, & le miracle pris dans un fens plus propre
& plus étroit. U définit le premier avec faint Auguftin
:
»uftin : nuraculum voco quidquid arduunf. aut i'nfoti-
tum fuprà fpem vel facultatem mirantis apparet, lib.
de utilit. credend. cap. xyj. Le fécond, avec faint
Thomas : dicitur tarnen, quandoque miraculum large
quod excedit humanam facultatem & confiderationem
dy fie deemones poffunt facert miracula ,• & letroifieme,
il le définit avec le même faint dofteur : miraculum
proprie dicitur quod fit prêter ordinem totius natures
créât æ , fub quo ordinefiontinetur. omnis virtus créât a ,
I. part, quæft. 114. art. 40. Ainfi il adopte pour le
miracle proprement dit cette définition de Salmeron,
tome VI. trad. I. page 1. miraculum proprie diclutn
ejl res infolita fupra natura potentiam ejfecla. Muffon,
ledion. theolog. derelig. part. II.
On pourroit encore définir le miracle proprement
dit, un effet extraordinaire & merveilleux, qui eft
au-clefliis des forces de la nature, & que p ie u opéré
pour manifefter fa puiflànce & fa gloire, ou po,ur
autorifer la million de quelqu’un qu’il envoyé. C ’eft
ainfi que Moïfe a prouvé la fienne, & que Jefus-
Chrift a confirmé la vérité de fa doftrine.
Spinofa qui définiffoit le miracle un événement
rare qui arrive en conféquence de quelques lois qui
nous font inconnues , a nié qu’il pût rien arriver
au-deffus des forces de la nature, rien qui pût troubler
l’ordre des chofes : & la raifon qu’il apporte
pour contefter la poffibilité des miracles, eft que les
lois de la nature ne font autre chofe que les decrets
de Dieu ; o r , ajoute-t-il, les decrets de Dieu ne
peuvent changer, les lois de la nature ne peuvent
donc changer. Donc les miracles font impoffibles ,
puifqu’un vrai miracle eft contraire aux lois connues
& ordinaires de la nature-
Dans le fyftème de l’abbé Houteville, ce raifon-
nement ne conclut rien ; puifque les miracles y font
une fuite des lois générales de la nature. Mais dans
celui de M. C larke, & des autres théologiens, il fup-
pofe faux ; car Spinofa s’eft formé une idée trop
bornée de la volonté de Dieu , s’il prétend qu’elle
foit tellement immuable, qu’elle ne foit plus libre.
Les miracles entrent dans l’économie de fes deffeins ;
il les a arrêtés de toute éternité pour le moment qui
les voit naître, opera mutât, confilia non mutât, dit
faint Auguftin. Ou bien Spinofa joue fur l’équivoque
de ces termes, lois de la nature ; comme fi ces
lois de la nature étoient différentes de la volonté
de Dieu , ou fi un miracle détruifoit ces lois
de la nature. Un miracle eft un effet de la volonté de
D ie u , mais d’une volonté libre & particuliere, qui
produit un effet différent de ceux qu’elle produit en
fuivant le cours ordinaire & connu de la nature,
Cette interruption ou cette fufpenfion ne marque
dans Dieu ni caprice ni imperfeftion, mais une toute-
puiffance & une fouveraineté conformes à l’idée
que nous avons de fa nature.
L’exiftence des miracles eft atteftée non-feulement
dans l’ancien & dans le nouveau Teftament, mais
encore depuis Jefus-Chrift jufqu’à nous, par des témoignages
précis des auteurs eccléfiaftiques? Saint
Auguftin fur-tout en raconte un grand nombre opérés
de fon tems , dont il parle ou comme témoin
oculaire, ou comme inftruit par ceux qui en avoient
été témoins. Il affure que dans la feule ville d’Hip-
pone, il s’étoit fait 70 miracles depuis deux ans qu-’on
y avoit bâti une chapelle en l’honneur de faint
Etienne, premier martyr.
Il y a fur cette matière deux excès très-fréquens
à éviter : l’un eft l’aveugle crédulité qui voit dans
tout du prodige, & qui veut faire fervir l’autorité
des vrais miracles y de preuve de la vérité de tous les
miracles indiftinâement, fans penfer que par cette
voie l’on n’établit point \a réalité de ceux-ci, &
qu’on énerve la force des autres. Une difpofition
encore plus dangereufe, eft celle des perfonnes qui
Tome X . >
cherchent à renverfer toute l ’autorité des miracles ,
& qui penfent qu’il n’eft point convenable à la fa-
geffe de Dieu d’établir des lois qu’il feroit fi fouvenc
obligé de fufpendre. En vain ils allèguent les faux
miracles en preuve contre les véritables. Il faut ou
s’aveugler & tomber dans le pyrrhonifme hiftorique
le plus outré, ou convenir qu’il y en a eu de cette
derniere efpece, & même en affez grand nombre ,
pour prouver que dans des occafions extraordinaires
, Dieu a jugé cette voix nécelfaire pour annoncer
aux hommes fes volontés, & manifefter fa puif-
fance. L’églife même en exigeant notre foumiffion
fur les faits bien avérés, nous donne par fa propre
conduite l’exemple de ne pas admettre fans examen
tous les faits qui tiennent du prodige ; & nous pou^
vons croire comme elle que Dieu ne les opéré pas
fans néceffité ou fans utilité.
On a vivement agité dans ces derniers tems la
queftion de favpir fi les démons pouveient opérer
des miracles, & jufqu’où s’étendoit leur pouvoir en
ce genre.
M. Clark e, dans le traité dont nous avons déjà
parlé, décide que Dieu peut communiquer aux mauvais
anges & à des impofteurs le pouvoir de faire
des miracles. M. Serces, flans un traité fur les miracles
, imprimé à Amfterflam en 1729, foutient l ’opinion
contraire.
Les prodiges opérés par les magiciens de Pharaon
, & rapportés dans l’Exode, ont également fli-
vifé les Peres & les Théologiens : les uns comme
Origene , faint Auguftin, & faint Thomas, ont reconnu
que ces prodiges étoient réels, & non pas
feulement apparens Ôc phantaftiques. Saint Auguftin
fur-tout s’étant propofé cette queftion, favoir
fi les verges des magiciens étoient appellées dragons
dans le texte façré , à caufe Amplement qu’elles
avoient la figure de cet animal, fans en avoir la réalité
, le changement qui y étoit arrivé n’ayant été
que phantaftique ; il répond qu’il femble que les manières
de parler de l’Écriture étant les mêmes , on
doit reconnoître dans les verges des magiciens un
changement pareil à celui qu’on remarque dans celles
de Moïfe. Mais s’étant enfuite objeélé qu’il fau-
droit flpnç que les démons euffent crflé ces l'erpens ,
un changement fi prompt & fi fubit d’une verge en
un ferpent ne paroiffant ni poffible ni naturel : il
dit qu’il y a dans la nature un principe univerfel
répandu dans tous les élémens, qui contient la fe-
mence de toutes les chofes corporelles, lefquelles
paroiflent au-dehors lorfque leurs principes font mis
en aûion à tems, & par des agens convenables ;
mais ces agens ne peuvent ni ne doivent être nommés
créateurs , puisqu'ils ne tirent rien du néant, &
qu’ils déterminent feulement les caufes naturelles à
produire leurs effets au-dehors. Ainfi, félon ce pere ,
les démons ont pu produire dans un inftant des fer-
pens avec la matière des verges des magiciens, en
appliquant par une vertu fubtile & furprenante des
caufes qui paroiffoient fort éloignées à produire un
effet fubit & extraordinaire : faint Thomas faiionne
fur les mêmes principes, & en tire les mêmes çon-
féquençes. S. Auguft. quafi. 2/. inExod. S. Thom.'
I. part, quafi. 1 o 4. art. 4.
La grande difficulté dans ce fyftème eft que la
nature & la force des démons & des âmes féparées
de la matière nous étant affez inconnues, il n’eft
pas aifé de marquer pofitivement jpfqu’où va leur
pouvoir fur les corps, ni d’expliquer comment urie
fubftance purement fpirituelle peut agir d’une maniéré
phyfique fur qn porps. il faut pour cel-a recon?
noître en Dieu des vpîontés particulières, par lef-
quelles il a décidé qu’à rpepafion de la vojpnté fl’un
efprit, un corps fût mis en mouvement de la maniéré
que cet efprit le youdroit, ou plutôt que Dieu
^ B B b b " '