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qu’ils ont de rafraîchir l’eau : mais ce n’eft pas le
feul endroit du monde où l’on fabrique de pareils
vaiffeaux ; on en fait au Mexique , & mieux-encore
à Pama dans les Indes orientales. Voy,e[ G a r g o u l
e t t e .,
A une hèure deMunia, en remontant.le Nil*;on
découvre au haut de la montagne , du côté deTo-
rient, les fameufes,-grottes qui commencent de Ja
,hafîe T h é b a ïd e& qui continuent le long.,de cette
montagne jufqu’à Momfallot. Le pere Vanfleb dit
qu’il compta ;trente-quatre de ces grottes de file j
mais que l’entrée de-la plupart étoit bouchée par la
terre qui;étoit tombée d’en-haut. Lo/zg. de Munia,
451. 33,., lat. %6. i3. ( D . J. ) t
MUNICH, ( Géog. ) Les Allemands écrivent
Mondial, mot;qui veut dire les moines , en latin,
Monadiium ; ville d’Allemagne en Bavière , dont
elle eft la capitale & la réfidence ordinaire des;élec-:
teurs.
Henri, duc de Saxe & de Bavière, fonda cette
ville en 9 6 1 , félon Aventin, qui a fait l’hiftoire dii
pays. Ce prince la bâtit fur le tçrrein des moines de
Schaffeiar. O thon IV. la fit ceindre de murailles en
H 57-* -, • ... ;
Le palais éleûoral eft un des plus grands, des
plus beaux, & des plus; commodes qu’il y ait en
Europe. L’éleâeur Maximilien Bêle va avec une dépenfe
incroyable* Il y en a des delcriptions comprîtes
en allemand , en italien &c en françois ;
mais çe fuperbe bâtiment eft irrégulier dans fon
tou t, défaut commun à toutes les grandes maifons
royales, qui n’ont pas été diftribuées fur le deflein
d’un même arçhiteûe , & dans les vues du premier
plan.
Patin qjarle avec admiration des tableaux, des
fiatues, & des. buftes de .jafpe, de porphyre , de
bronze & de marbre, qui font dans la galerie & dans
l’appartement.jde l’éleâeur. 11 y a., entr’autres , un
bufte d’Alexandre plus grand que nature, qui a ce
goût ravïflant, de l ’antiquité qu’(infpire le marbre.
On y voit la valeur, l’ambition, & , cette honnêteté
charmante du héros, qui a eu tant de part à fes
conquêtes de l’Afie.
Le roi de;Suede, maître de Munidi, admiroit dans
ce palais , entr’autres chofes, une cheminée de
ftuc, dont l’ouvrage , dit-il, le charmoit. Un Seigneur
qui l’accompagnoit, lui confeilla d’enlever
du château tout ce qui lui plaifoit, & de faire en-
fuite rafer le bâtiment. Ce confeil étoit digne d’un
goth ; Charles XII. en fut indigné.
L’églife & le college des jéfuites font un des principaux
ornemens de Munich ; ce college eft un magnifique
palais.
La ville n’eft pas grande & mal fortifiée , ce qui
fait qu’elle a été fouvent prife & reprife dans les
guerres d’Allemagne. Elle eft agréablement lïtuée
fur l’Ifer, à 5 milles de Freifingen , SS. O. d’Aus-
bourg ; 15 S. O. de Ratisbonne, zz S. E. de Nuremberg,
56 S. O. de Prague , 68 S. O. de Vienne.
Long, félon Caffini, .29. G. 3 o. lat. 48. 2. {D . J. )
MUNICKENDAM, ( Géog. ) voy«{MoNiCK.EN-
DAM .
MUNICIPAL, adj. ( Jurifprud. ) fe dit de ce qui
appartient à une ville. Chez les Romains, les villes,
appellées municipia , étoient dans l’origine les villes
libres qui, par leurs capitulations, s’étoient rendues
& adjointes volontairement à la république romaine
quant à la fouveraineté feulement; gardant
du-refte leur liberté, leurs magiftrats & leurs lois ,
d’où ces magiftrats furent appelles magfirats municipaux
, & le droit particulier de ces villes, droit
municipal. Les villes qui. tiroient leur origine de
colonies romaines étoient un peu plus privilégiées.,
Dans la fuite on appelle inpniàpia, toutes villes
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ayant un corps d’officiers pour les gouverner', r
Parmi nous, on appelle droit municipal^ le: droit'
particulier .dkine ville ou même d ’une province.' ‘
Les officiers-municipaux , que l’on diftingne des
officiers royaux & de ceux des,feigneurs!, font ce«*
qui font éju§ pour défendre les intérêts d’une ville'y
qomme les maires ,.échevins, les;eapitouls ; jurats j
confuls, & autres 'magiftrats populaires.:VoyeçAu*-
lugelle , liv. XV I. ch. xiij. &, au digejle , 1e . tit. ad-
municip. Loyfeau, des Seigneuries,'. ( A )
MUNICIPE, f. ty. ( Geog. & HÎfi.jojn. ) en latin,1
municipium ; lieu habité doit par des citoyens; io 4
tpains,. foit par des citoyens étrangers qui gardoient
leurs lois, leur ju rifprudencequipouvoientparvenir
avec le peuple romain à dès offices, honorables
, fans avoir aucune fujétion aux.lois.':romain
nés , à moins que ce peuple ne fe fût lui-même-fournis
6c doriné.en propriété aux Romains, v
. Le lieu ou la communauté , qu’on appelloit muni?
cipium , différpit de la colonie en ce que la colonie,
erant compofée de romains que.l’pn ehvoyoit pour
peupler une ville, ou pour récompenfer des troupes-
quiavoient mérité par leurs fervices un établiffe-
ment tranquille, ces romains, pprtoient avec eux
les lois romaines, & étoient gouvernés félon ces lois
par des magiftrats que Rome leur envoyoit.
Le muniçipe., au contraire , étoit compofé de citoyens
étrangers au peuple romain, & qui, en vûé
de quelques fervices rendus, ou par quelque motif
de faveur, confervoient la,liberté de vivre félon;
leurs coutumes ou leurs propres lois j Si de choifir;
eux-mêmes entre eux leurs magiftrats. Malgré cette
différence, ils ne laiflbient pas de jouir de la qualité
de citoyens romains ; mais les prérogatives, attachées
à cette qualité, étoient plus reflferrées à leur
égard qu’à l’égard des vrais citoyens romains.
, Servius, cité par Feftus, dit qu’anciennement ü
y avoit dqs municipes, compofés de gens qui étoient
citoyens romains , à condition de faire toûjours un
état à part ; que tels étoient ceux de Cumes, d’A-
cerra , d’A tella, qui étoient également citoyens
romains , & qui fèrvoient dans une légion, mais qui
ne poffédoient point les dignités.
Les Romains appelaient municipalia facra , le
culte religieux que chaque lieu municipal avoit eu ,
avant que d’avoir reçu le droit de bourgeoifie romaine
; il le confervoit encore comme auparavant.
A l’exemple des Romains, nous appelions en
France droit municipal, les coutumes particulières
dont les provinces jouiffent', & dont la plûpart
jouifloient avant que d’être réunies à la couronne ,
comme les provinces de Normandie , de Bretagne ,
d’Anjou, &c.
Paulus diftingue trois fortes de municipes : i° . les
hommes qui venoient demeurer à Rome, & qui,
fans être citoyens romains, pouvoient pourtant
exercer de certains offices conjointement avec les citoyens
romains ; mais ils n’avoient ni le droit de
donner leurs fuffrages, ni les qualités requifes pour
être revêtus des charges de la magiftrature. Tels
étoient d’abord les peuples de Fondi, de Formies ,
de Cumes, d’Acerra, de Lanuvium, de.TufcuIum,
qui quelques années après devinrent citoyens romains.
z°. Ceux dont toute la nation avoit été unie au
peuple romain , comme les habitans d’A ricie, les
Cérites, ceux d’Agnani.
30. Ceux qui étoient parvenus à la bourgeoifie
romaine, à condition qu’ils conferveroient le droit
propre & particulier de leur 'ville , comme étoient
les citoyens de Tibur , de Prénefte , de Pife, d’Ar-
pinum, de Noie , de Bologne, de Plaifance, de
Sutrium &: de Luques.
Quoique l’expofition de cet ancien auteur ne foit
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pas fort claire en quelques points, nous ne laiffons
pas d’y voirque les munie,pu ne fe faifoient pas par-
tout aux memes conditions, ni avec les mêmes cir-
conftances. Dc-là nous devons inférer que ce nom de
muniçipe a eu des fignifications différentes félon les
tems & les lieux ; or, c’eft à ce fujer qu’Auiugellé
nous a confervé quelques remarques qui répandent
un grand jour fur cette matière. Infenfiblement tous
les municipes devinrent égaux pour le droit de fuf-
ffage. Enfin cet ulage meme changea de nouveau.
Les municipes, amoureux de leur liberté aimèrent
mieux fe gouverner par leurs propres lois que par celles
des Romains.
Il y avoit un grand nombre de fieux municipaux ,
municipia, dans l’empire romain ; mais nous con-
noiffons fur-tout ceux d’Italie , parce que plufieurs
auteurs en ont dreffé des liftes. Chaque muniçipe-
avoit fon nom propre &c particulier. ( D .J .)
; ^^NIFICES, f. m. pl. ( Hijl. rom. ) foldats qui
etoient aflujettis à tous les devoirs de la guerre
comme de faire la garde, d’aller au bois, à l’eau
au fourrage ; tandis que d’autres en étoient exemptés.
MUNIFICENCE, f. f. ( Gram- ) libéralité royale.
Il faut qu’on remarque dans les dons le cara&ere de
la perfonne qui donne. Les fouverains montrent leur
bienveillance par des avions particulières , mais
c’eft leur munificence qui doit éclater dans leurs bienfaits
publics. Ils ont de la bonté, quand ils confèrent
un pofte , une dignité; de la bienfaifance, quand
ils foulagent; mais ils veulent qu’on admire leur munificence
dans les gratifications qu’ils accordent à de
grands & utiles établiffemens. Ces établiffemens qui
ont ete d’abord l’objet de leur amour pour le bien de
leurs, fujets , deviennent enfuite-celui de leur munificence.
Y/a munificence n’eft & ne doit être que le fard
de l’utilité ; c’eft le figne de l’attachement qu’ils ont
à la chofe, & de l’importance de leur perfonne.
MUNIR, v. a£h { Gram. ) S ’il fe dit d’une place ,
il -eft fynonyjue à fortifier ou par des conAruftions,
ou par l’aprovifionnement; des vaiffeaux, c’eft les
pourvoir de tout ce qui eft néceffaire à leur deftina-
tion ; on fe munit d’argent & de recommandations,
quand on voyage; de patience & de courage, quand
on entreprend une chofe difficile. D ’où l’on voit que
ce mot fe prend au fimple & au figuré.
MUNITIONS, {Art milit. ) fe dit en général de
toutes les provifions de guerre qui concernent les armes
& les vivres. Les premières font appellées munitions
de guerre ; & les autres, munitions de bouche.
Lorfqu’on a deflein de faire la guerre , les munitions
de toute efpece forment un objet qui mérite la
plus grande attention. Il faut en faire des amas de
longue main, & , comme on ne le peut fans argent
on peut établir que l’abondance de ce métal eft d’une
néceffité abfolue pour fe préparer à la guerre’. On
a déjà obiervé , article G uerre , que lorfque Henri
IV. eut deflein de porter la guerre en Allemagne ,
M-s de Sulli l’engagea à fufpendre fes opérations jufqu’à
ce qu’il eut dans fes coffres dequoi la faire plu-
iieurs années , fans mettre de nou.velles impofitions
fur fes peuples. Lorfque Perlée fe préparoit à la
guerre contre les Romains , il avoit en réferve, outre
les fournies néceffaires pour la folde & la dépend
de fon armée, dequoi ftipendier dix mille hommes
de troupes étrangères pendant dix ans. Il avoit amaf-
fé des vivres pour un pareil nombre d’années ; fes
arfenaux étoient remplis d’armes pour équiper trois
armées auffi nombreufes que celle qu’il avoit fur pié :
les hommes ne dévoient point lui manquer; au défaut
des Macédoniens, la Thrace lui en offroit une
fource inepuifable. Si ce prince avoit porté la même
conduite & la même prudence dans le reftedes opérations
de la guerre à laquelle il fe préparoit, on peut
douter s’il n’auroit pas trouvé lç moyen d’arrêter la
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puiflance des Romains. Mais tant de chofes differentes
concourent aux fuccès des opérations militaires *
que ce n eft pas allez d’en bien adminiftrer quelques
parties, il faut qu’elles le foient toutes également*
Nous réduirions volontiers l’effentiel des préparatifs
neceliaires pour commencer la guerre à deux objets
principaux, qui,font l’argent & de bons généraux*
Avec de 1 argent, on ne manque ni d’hommes ni de
munitions , 6c avec des généraux habiles on a loû-
jours de bons foldats & de bons officiers ; on fait la
guerre avec fuccès, quel que foit le nombre d’ennemis
que 1 on ait à combattre ; au lieu que, fous des
genéraùx médiocres, les préparatifs formés avec le
plus de foins & de dépenfe , ne font fouvent qu’une
charge pourl état qui n’en tire aucun avantage. Les
Romains n’avoiènt jamais eu d’armée plusnombreu-
: fe que celle qui combattit à Cannes contre Annibal ;
ils n’avoient jamais fait plus de dépenfe.& pris plus
de précautions pour vaincre ce redoutable ennemi ,
mais la mauvaife conduite de Varronleur en fît perdre
tout le fruit.
Une des' principales munitions de bouche eft le
pain; celui qii’on diftribue à l’armée & qu’on appelle
par cetteraifon pain de munition, Contientdeux
rations. Voye{ Ra t io n . Il fert pour la nourriture de
deux jours au foldat. Ce pain devoit pefer fuivant
les anciens réglemens; militaires trois livrés ou quarante
huit onces. Mais l’ordonnance du premier Ma?
I75^ ayant augmente la ration de quatre onces, it
péfe aôuellement cinquante-fix onces ou trois livres
oc demie. Il doit etre compofé de deux tiers de froment
& d un tiers de feigle. On emploie ces grains
fans en ôter la paille ou le gros fon. Il doit être cuit
& raffis , & entre bis & blanc.
Comme le poids du pain qu’on donne ordinairement
pour quatre jours aux foldats, & quelquefois
pour fix, eft fort incommode dans les marches , que
d ailleurs il exige une grande quantité de chariots ou
de caiffons pour le voiturer à la fuite de l’armée >
M. le maréchal de Saxe penfoit qu’il feroit fort important
d’accoutumer les troupes à fe nourrir de bif-
cuit. Les pourvoyeurs des vivres , dit cet illuftre gé*
néral, font accroire tant qu’ils peuvent que le pain-
vaut mieux pour le foldat ; mais cela eft faux : & ce
n’eft , dit-il, que pour avoir occafion de friponner
qu’ils cherchent à le perfuader. En effet, Montecu-
culi & plufieurs autres célébrés auteurs militaires:
admettent I ufagedu bifeuit. II fe conferve très-long-
tems ; il faut moins cTe voitures pour le tranfporter à
la fuite de l’armée, & le foldat peut en porter pour,
huit ou dix jours , & même pour quinze , fans être
charge d un poids confidérable. Ces avantages méritent
fans doute la plus grande attention. Mais fi l ’on
veut s’en tenir à l’ufage à cet égard, on doit au-
moins, comme le propofe M. le maréchal de Puyfe-
gur, avoir des magafins de bifeuit en réferve dans
le voifinage des armées : on s’en fért dans les cas oi*
fes mouyemens en-avant l’éloignent trop des lieux
où elle tire le pain pour en avoir commodément.
Outre le pain, on fournit auffi en campagne une
demi-livre de viande à chaque foldat ou cavalier ;
il y a pour cet effet de nombreux troupeaux de boeufs
& de moutons à la fuite des.armées.
Les munitions de fourrage font auffi de la plus
grande importance pour les armées. Lorfqu’on entre
de bonne heure en campagne , la terre ne produit
rien pour la nourriture des chevaux. Il faut par con-
iéquent y fuppléer par de nombreux magafins à portée
des lieux où l’armée doit agir ; il en faut auffi pour
la fubfiftance des chevaux pendant l ’hiver, lorfque
le pays que l’on occupe ne peut fournir la quantité
dont on a befoin.
Comme la formation des magafins peut donner
des ùicüçes à l’ennemi des endroits où l ’on veut por