
Pour monter uneperruque, l’ouvrier commence par
'affujettir fur une tête de bois un ruban qui doit faire
le bord de la perruque , enfuite il ajufte fur cette
tête un rézeau qu’il coud fur le ruban, après quoi il
applique un autre ruban par-deflus la coëffe ou rézeau
depuis le front jufqu’à la nuque du cou ; cela
fa it, il commence à coudre les treffes de cheveux
fur la coëffe, en commençant par les bords, & continuant
ainfi tout-au-rour à placer les autres rangs les
uns après les autres, jufqu’à ce que la coëffe foit entièrement
couverte de treffes. Voyez 1'article Perru
quier.
Monter , en terme de Planeur, fe prend pour l’action
de recommencer à planer une piece enfoncée ;
les coups de marteau font moins fenfxbles dans cette
fécondé opération, & la piece par - là plus facile à
finir.
Monter le m é t ie r , ( Rubanier. ) c’eft le garnir
généralement de tout ce qui lui eft néceffaire ,
mais plus particulièrement y paffer le patron ; ainfi
on dit monter ou démonter le métier, lorfquel’on paffe
ou dépaffe le patron. '
Monter , en terme de Raffinerie, n’eft afltre chofe
que deporterde main en main par les tracas de l’empli
dans les greniers les formes que l ’on a emplies.
On ne monte ordinairement que le foir du même jour
de l’empli, ou le lendemain matin. Voyez Empli &
T ra ca s.
MONTEREAU-FAUT-YONNE , (Géogr.) petite
ville de France en Champagne, entre Sens & Melun,
au confluent de l’Yonne avec la Seine ; fon
nom latin eft Monajleriolum fenonum : cette ville a
eu long-tems fes feigneurs propriétaires. Philippe-
le-Bel l’acquit du Seigneur d’Auquoi. C ’eft fur le
pont de cette ville que fut tué d’un coup de hache,
par Tanneguy-du-Chatel, le io Septembre 1419 ,
Jean duc de Bourgogne, conformément aux ordres
du Dauphin de France, depuis roi fous le nom de
Charles VII. Un jour qu’on montroit encore à Dijon
le crâne de ce duc de Bourgogne à François I,& qu’il
témoigna fa furprife du grand trou qui y étoit marqué,
un chartreux lui dit: Sire, ceffie^ de vous étonner,
c'eß le trou par ou les Anglois ont paffié en France.
Voyez Baugier , Mém. de Champagne , pag. 374.
Montereau-Faut-Yonne eft à 14 S. E. de Paris. Long.
20.32. lat. 4$. 20. (D . J. )
MONTE - RESSORT , outil d'Arquebußer, c’eft
un morceau de fer dont la tête eft pliée quarrément
de la. longueur d’un | pouce , & qui eft percée fur le
bout d’un oeil en écrou , dans lequel paffe une vis
fort longue & viffée dans toute fa longueur. Le bas
de ce morceau de fer eft recourbé en rond de la longueur
d’un demi-pouce. Cet outil fert aux arque-
bufiers pour monter le grandreffortfur la noix, lorf-
qu’il eft attaché fur le corps de platine, en cette
forte : ils pofent la mâchoire recourbée en rond def-
fous le haut du grand reffort, & enfuite font tomber
la vis fur le rebord du corps de platine , & viffent
jufqu’à ce que le grand reffort foit monté à une hauteur
convenable. V sye\ les PL d'Arquebuf.
MONTEREY, ( Géogr. ^ petite ville d’Efpagne,
dans la Galice , aux frontières du Portugal, avec
titre de comté fur la riviere de Tamaga, Lone. 10.
11. lat. 41. 58.
MONTÉROH, ( Hifl. nat. Botan.) plante de l’île
de Madagafcar. Elle eft très-vifqueufe & émolliente,
comme la guimauve.
MONTÉS A , ( Géogr. ) forte ville d’Efpagne, au
royaume de Valence, à deux lieues de Xativa. C ’eft
le liege d’un ordre de chevalerie qui en porte le nom,
& qui fut établi en 1 3 1 7 , par Jacques I I , roi d’A ragon.
Long, i j . j i. lat. 39 . j .
MONTEUR , ou FAISEUR de boîtes, c’eft parmi
les Horlogers^ l’ouvrier qui fait les boîtes, des montrès.
La plupart font horlogers , mais quelquefois
aufîi ils font orfèvres. Les outils dont ils fe 1ervent
n’ont rien de bien particulier ; ce font des tours à
tourner, des marteaux , des enclumes , des réfin-
gues, des mandrins, &c. enfin ils emploient la plupart
de ceux dont les orfèvres font ufage pour faire
des charnières , des petites cuvettes , &c.
MONT-FAUCON , ( Topographie. ) gibet autrefois
fameux en France, au nord & près de Paris >
aujourd’hui ruiné. Enguerrand de Marigny , furin-
tendant des finances fous Philippe-le-Bel, le fit bâtir
pour expofer le corps des criminels après leur fup-
plice , & il y fut pendu lui-même par une des plus
criantes injuftices. Les cheveux dreffent à la tête de
voir l’innocence fubir la peine du crime ; cependant
une femblable cataftrophe également inique arriva
dans la fuite à deux autres furintendans , à Jean de
Montaigu feigneur de Marcouflis, fous Charles V I ,
& à Jacques de Beaune feigneur de Semblançay,
fous François I. On connoît l’épigramme héroïque,
pleine d’aifance &c de naïvete que Marot fit à la
gloire de ce dçrnier furintendant.
Lorfque Maillard, juge d'enfer , menoit
A Mont-faucon Semblançay l'ame rendre ,
A votre avis , lequel des deux tenoit
Meilleur maintien ? Pour vous le faire entendre J
Maillard fembloit homme que mort va prendre f
E t Semblançay fu tji ferme vieillard,
Que l'on cuidoit pour vrai qu'il menât pendre
A Mont-faucon le lieutenant Maillard.
MONTFORT, ( Géogr. ) forte ville des Provin-
ces-Unies, dans la province d’Utrecht, fur l’Iffel, à
trois lieues d’Utrecht & à deux d’Oudewater. Long.
22.3 o. lat. 62. y.
C ’eft la patrie de Lambert Hortenfius, qui fe fit
connoître avec honneur au commencement duxvj.
fiecle, par une traduélion du Plutus d’Ariftophane*
Il faut le mettre à la tête des gens de lettres mal-,
heureux. Dans l’horrible fac de Naerden, en 1 5 7 1 ,
par Frédéric de Tolede , digne fils du duc d’A lbe*
on pilla la maifon d’Hortenfius , fes meubles, fes
biens, fes manuferits ; on tua fon fils unique fou s fes
yeux , & il alloit être égorgé lui-même , non obf-
tant fa robe , fi un de fes écoliers, au’fervice des
Espagnols, ne fût arrivé dans ce moment pour lui
fauver la vie ; mais il ne furvécut guere à tant de
défolations ; car il mourut au commencement de
l’année fuivante.
Monfort , ( Géogr. ) petite ville de France
dans la haute-Bretagne , fur le Men , à cinq lieues
de Rennes. Long. i5. iÇ. lat. 48. 5. .
Montfort-l’Amaulri , en latin , Monsfortis
Almerici, ( Géogr. ) petite ville de l’île de France ,
à dix lieues de Paris, fur une petite colline, où eft
encore un vieux château ruiné. Cette ville a été
furnommée VAmaulri , d’un de fes feigneurs , tige
d’une célébré maifon. La juftice fe rend dans cet
endroit, fuivant une coutume particulière qui fut
rédigée en 1556.
MONTFORTE DE LEMOS, (Géog.) ancienne
petite ville d’Efpagne, dans la Galice, avec un palais
où les comtes Domarça de Lémos font leur réfi-
dence. Elle eft fur un coteau qui s’élève au milieu
d’une grande plaine, à 8 lieues N. E. d’Orenza, 20
S. E. de Compoftelle. Long. 10. ‘30. lat. 42. 43.
MONTGOMERY , ( Géog. ) ville d’Angleterre
capitale du comté de même nom , qui eft une des
provinces méridionales du pays de Galles ; province
fertile, contenant environ 56 mille arpens , 4 7 pa-
roiffes , & 6 bourgs à marché. C’eft dans Mont-'
goméryshire que la Saverne prend fa fource. La capitale
envoie deux députés au parlement, & eft $
too milles N. O. de Londres. Long. 14.22. lat.5z .
3< J .(D .J .)
MONTICHICOURT , f. m. ( Comm.) étoffe de
foie & coton, longue de 5 aunes & large de y , ou
longue de 8 & large de y , plus \ , ou de cinq fixie-
mes. Elle fe fabrique aux Indes orientales.
MONTIEL, ( Géog.) petite ville d’Efpagne, dans
la nouvelle Caftille, à 6 lieues O. d’Alcala. C ’ëft le
Laminium des anciens , & le chef lieu de la partie
orientale de la Manche, qu’on nommoit autrefois
Lamimitanus ager. Long. 14. 3 G. lat. 40. 28. (D .J .)
MONT JOYE SAINT-DENIS, (Hift. mod.) mot
fameux dans l’hiftoire de France , qui a été long-
tems le cri de guerre de la nation , & qui eft encore
aujourd’hui le nom du roi d’armes. '
Divers auteurs ont débité bien des fables & des
conjeélures puériles fur l’origine & l’étymologie de
ce nom. Ce qu’on a de plus fenfé fur cette matière,
fe réduit à remarquer qu’on appeiloit autrefois mont
joye , un monceau de pierres entaffées, pour marquer
les chemins. Sur quoi le cardinal Huguet de S.
Cher rapporte la coutume des pèlerins, qui faifoient
des mont joyes de monceaux de pierres fur lefquels
ils plantoient dçs croix aufîi-tôt qu’ils découvroient
le lieu de dévotion cù ils alloient en pèlerinage :
conjlituunt, dit-il, acervum lapidum , & ponunt crûtes
, & dicitur mon s G a u D li. Del-Rio attefte la ■
même chofe des pèlerins de S. Jacques en Galice :
lapidum congeries. . . Galli mont joyes vocant. Les
croix que l’on voit fur le chemin de Paris à Saint-Denis
étoient de ces mont joyes. Or , comme ces mont
joyes étoient deftinés à marquer les chemins, de même
quand nos rois eurent pris S. Denis pour protecteur
du royaume, & fa bannière ou l’oriflamme pour
bannière de dévotion dans les armées, cette bannière
devint le mont joye qui régloit la marche de l’armée ;
& crier mont joye Jàint-Denis, c’étoit crier yfuive{,
ou marcher , ou ralliez-vous à la bannière de S. Denis.
De même que les ducs de Bourgogne avoient pour
cri mont joye S . André ; & quand le duc fe trouvoit
en perfonnéà la guerre, montjoye au noble duc : ceux
de Bourbon çrioient, mont joye Notre-Dame , pour
raffembler leurs troupes au-tour d’eux , ou de leurs
bannières qui portoient l’image de la Vierge. Quoique
dans la fuite on ne portât plus dans les armées
la bannière de S.-Denis , le cri de guerre auquel
on étoit accoutumé, comme à un cri de joie & de victoire
, ne laiffa pas que de fubfifter jufqu’au tems où
l ’introduftion de l ’artillerie exigea des fignaux d’une
autre efpece dans les combats.
Cette opinion paroît plus probable que celle qu’a
avancé M. Beneton dans fes commentaires furies
enfeignes militaires, où il remarque qu’on élevoit
fur les tombeaux des perfonnes confidérables , des
faints, des martyrs, de ces fortes de monceaux , &
qu’on les nommoit mont joyes\que montjoyefaint-Denis
fignifioit le tombeau de S. Denis, dont nos monarques
fe glorifioient d’être poffeffeurs ; comme s’ils
eufl'ent voulu dire, nous avons la garde du tombeau de
S. Denis, mont joye faint-Denis ejl un témoignage de
la joie que nous reffentons de cet avantage ; nous efpérons
que ces paroles ferviront à ranimer la piété & la valeur
de nos foldats. Mais les ducs de Bourgogne poffé-
doient-ils dans leurs états le corps de S. André ? &
ceux de Bourbonétoient-ilsproteûeurs du fépulchre
de la Vierge ? Que fignifioit donc mont joye dans
leur bouche , finon à la bannière de S. André, & à
celle de Notre-Dame ; ainfi mont joyefaint-Denis n’a
non plus fignifié autre chofe qu’à la bannière de S.
Denis, parce que cette bannière fervoit, fous les rois.
de la troifieme race, à régler les marches & les cam-
pemens de l’armée.
Il eft bon aufîi d’obferver que ce cri de guerre n’a
^té introduit dans nos. armées.que vers le régné de
Louis le Gros , qui ayant réuni en fa pérfonne le
comté de Vexin à la couronne, devint advoué de l’é«
glife de S. Denis, en prit la bannière , de laquelle
eft venu le cri d’armes. Ainfi, ceux qui l’ont attribué
à Clovis , ont débité une pure fiéfion, puifque
la bannière de faint-Martin-de-Tours fut portée dans
les armées , depuis le regne de ce prince , comme
l’étendard de la nation, ainfi que nous l’avons expliqué
au long au mot Enseignes mil itaire s.
Mo n t j o y e , ( Hiß. mod.) nom d’un ordre de chevalerie
établi à Jérufalem parle pape Alexandre III,
qui le confirma en 1180 , & lui preferivit la regle
de S. Bafile. Ces chevaliers portoient une croix
rouge & dévoient combattre contre les infidelles.
Le roi Alphonfe le fage les introduifit en Efpagne,
s’en fervit utilement contre les Maures ; & leur ayan,t
donné des revenus , il leur fit prendre le nom de ehe•.
valiers de Mofrat ; mais fous le regne de Ferdinand ils
furent unis à l’ordre de Calatrava.
MONTIVILLIERS, ou MONTIERSVILLIERS,
en latin Monaßerium veßus, (Géog.) petite ville de
France en Normandie , au gouvernement du Havre-
de-Grace. Elle eft fituée fur la Lézarde , à une petite
lieue d’Harfleur, deux du Havre-de-Grace , fix
de Fécamp & de Liflebonne, feize de Rouen, trente-
fix N. O. de Paris. Il y a une riche , ancienne & célébré
abbaye de bénédiôins, fondée par le duc Wa-
rathon , maire du palais, &C établie vers l’an 674.
Long. i j . 58. lat. 4g. 35. (D . J.)
MONT-JULE, ou ALPES-JULLENNRS, (Géog.)
en latin Julia , en allemand Juliers-Bergs ; on donne
ce nom à toute cette étendue de montagnes qui
eft au pays des Grifons, dans la bafte-Engadine, aux
environs de la fource de l’Inn. On appella ces montagnes
Juliennes, Julia, parce que Jules-Céfar y
fit commencer un chemin qui fut achevé par Augufi
te , du tems des guerres d’Illyrie, félon Rufus Fef-
tus. Ammien Marcellin , liv. X X X I . dit, qu’on les
nommoit anciennement^//»« Veneta. Tacite (hiß.
liv. I I . ) les appelle Pannonica. Le froid eft très-vif
fur ces montagnes, même au fort de l’été, pour peu
que le vent du nord fouffle. (D . J.)
MONT K R A P A C K , Carpathus. (Géog. & P hyf )
chaîne de montagnes qui bornoit chez fes anciens la
Sarmatie européenne du côté du midi. Elle fépare
aujourd’hui la Pologne d’avec la Hongrie, la Tran-
fylvanie , & la Moldavie.
Les obfervations faites par David Frælichius fur
cette montagne, font très-utiles en Phyfique, pour
former un jugement fur la hauteur de l’air, & celle
de fes diverfes régions ; ainfi je crois devoir les donner
ici toutes entières.
Le Carpathus, dit cet auteur, eft la principale
montagne de Hongrie ; ce nom lui eft commun avec
toutes la fuite des montagnes deSarmatie,quiféparent
celles de Hongrie de celles de Ruffie, de Pologne,
de Moravie, de Siléfie, & de celles de la partie
d’Autriche au-dela du Danube. Leurs fommets élevés
& effrayans, qui font au-deflus des nuages,
s’apperçoivent à Céfaréopolis. On leur donne quelquefois
un nom qui défigne qu’ils font prefque toujours
couverts de neiges; & un autre nom, qui lignifie
qu’ils font nuds & chauves ; en effet, les rochers
de ces montagnes l’emportent fur ceux des Alpes
, d’Italie, de Suiffe, & du Tirol, pour être efear-
pés & pleins de précipices. Ils font prefque impraticables
, & perfonne n’en approche, à l’exception de
ceux qui font curieux d’admirer les merveilles de la
nature.
M. Frælichius qu’il faut mettre au nombre de ces
curieux, ayant formé le deffein de mefurer la hauteur
de ces montagnes, y monta au mois de Juin
1615. Quand il fut arrivé au faîte du premier rocher
, il en apperçut un fecçnd fprt efearpé & beau