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cheur ne pêche qu’une morue à-la-fois ; mais on en
prend depuis 3 50 jufqu’à 400 par jour. La pefanteur
du poiffon 6c le grand froid rendent ce travail fatiguant.
La morue verte fe fale à bord ; le décoleur lui
coupe la tête , le trancheur l’ouvre, le faleur l’arrange
à fond de calé tête contre queue & queue contre
tête. Quand il en a fait une couche d’une brafle
ou deux en quarré , il la couvre de fe l, 6c ainfi de
toute la pêche du jour. Il ne mêle point cnfemble
la pêche de différens jours ; il laiffe auffi la morue
trois à quatre jours égoutter fon eau , puis il la fait
placer dans un autre endroit, & la relaie. Alors on
n’y touche plus que le vaiffeau n’en ait fa charge.
Pour la pêche de la morue feche , on fe fert de
vaiffeaux de toute grandeur ; quand la pêche eft
faite, on laiffe le poiffon au foleil : ainfi il faut profiter
de l’été, 6c partir dans les mois de Mars ou d’A-
vril. La morue feche eft plus petite que la verte ;
pour préparer la première , on établit à terre une
tente avec des troncs de fapins de 12 , 15 à 20 piés
de longueur, 6c dans cette tente un échafaud de 40
à 60 piés de long, fur 15 à 20 de large. A mefure
que l’on pêche , on fale fur des établis volans ; mais
la grande falaifon fe fait fur l’échafaud. Lorfque la
morue a pris fel, on la lave , on la fait égoutter fur
des petits établis ; égouttée , on l’arrange fur des
claies particulières à une feule épaiffeur, queue contre
tête , 6c la peau en haut : on la retourne quatre
fois par jour ; retournée & à-peu-près féchée , on la
met en moutons ou dix à douze l’une fur l’autre,
pour qu’elles confervent leur chaleur. De jour en
jour on augmente le mouton , qu’on porte à vingt
ou vingt-cinq morues : cela fait, on la porte fur la
grève, où de deux moutons on n’en forme qu’un ,
qu’on retourne chaque jour. On la refale en commençant
par la plus vieille falée : on en fait des piles
hautes comme des tours de moulin à vent, & on la
laiffe ainfi jufqu’à ce qu’on l’embarque. Elle s’arrange
dans le vaiffeau fur des branches d’arbres que l’on
met à fond fur le lefte , avec des nattes autour. Les
Bafques & les Malouins font les plus habiles pêcheurs
de morue.
MORVE, f. f. ( Phyjiol. ) nom vulgaire de l’humeur
aqueufe 6c gluante qui fe'fiitre dans la membrane
pituitaire ; c’eft cette humeur que les Médecins
appellent mucofitédunez, mucus narium, Voye^ Muco
s ité du NEZ.
M o r v e , f. f, (Maréchal.') maladie particulière
aux chevaux.
Pour rendre plus intelligible ce que l’on va dire
fur la morve, 6c fur les différens écoulemens auxquels
on a donné ce nom, il eft A-propos de donner
une defeription courte 6c précife du nez de l’animal
6c de fes dépendances.
Le nez eft formé principalement par deux grandes
cavités nommées foffes nafales ; ces foffes font bornées
antérieurement par les os du nez 6c les os du
grand angle ; poftérieurement par la partie pofté-
rieure des os maxillaires , 6c par les os palatins ; latéralement
par les os maxillaires 6c les os zygomatiques
; fupérieurement par l’os ethmoïde, l’os fphé-
noïde, 6c le frontal. Ces deux foffes répondent inférieurement
à l’ouverture des nafeaux, 6c fupérieurement
à l’arriéré^-bouche avec laquelle elles ont
communication par le moyen du voile du palais.
Ces deux foffes font féparées par une cloifon en partie
offeufe, & en 'partie cartilagineufe. Aux parois
de chaque foffe font deux lames offeufes, très^min-
ces, roulées en forme de cornets, appellées, à caufe
de leur figure, cornets du ne[ ; l ’un eft antérieur &
l ’autre pôftérieur. L’antérieur eft adhérent au* qs
du nez & à la partie interne de l’os zygomatique ; il
ferme en partie l’ouverturedu finus zygomatique.L'e
pôftérieur eft attaché à la partie interne de l’os ma-
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miliaire \ & ferme en partie l’ouverture du finus
maxillaire. Ces deux os font des appendices de l’os
ethmoïde. La partie fupérieure eft fort large 6c éva-
fée. La partie inférieure eft roulée en forme de cor*
nets de papier, & fe termine en pointe. Au milieu
de chaque cornet il y a un feuillet offeux fitué hori-
fontalement, qui fépare la partie fupérieure de l’inférieure
.
Dans l’intérieur de la plupart des os qui forment
le nez, font ereufées plufieurs cavités à quion donne
le nom de finus ; les finus font les zygomatiques,
les maxillaires, les frontaux, les ethmoïdaux 6c les
fphénoïdaux.
Les finus zygomatiques font au nombre de deux,
un de chaque côté : ils font creufés dans l’épaiffeur
de l’os zygomatique : ce font les plus grands ; ils font
adoffés aux finus maxillaires, delquels ils ne font fé-
parés que par une cloifon offeufe.
Les finus frontaux font formés par l’écartement
des deux lames de l’os frontal ; ils font ordinairement
au nombre de deux : un de chaque côté, fépa-
rés par une lame offeufe.
Les finus ethmoïdaux font les intervalles qui fe
trouvent entre les cornets ou les volutes de cet os.
Les finus fphénoïdaux font quelquefois au nombre
de deux, quelquefois il n’y en a qu’un ; ils font
creufés dans le corps de l’os fphénoïde : tous ces finus
ont communication avec les foffes nafales. Tous
ces finus, de même que les foffes nafales, font ta-
piffés d’une membrane nommée pituitaire, à raifon
de l’humeur pituiteufe qu’elle filtre. Cette membrane
femble n?être que là continuation de la peâu à
l’entrée des nafeaux ; elle eft d’abord mince, en-
fuite elle devient plus épaiffe au milieu du nez fur
la cloifon 6c fur les cornets. En entrant dans les finus
frontaux , zygomatiqués & maxillaires, elle
s’amincit confidéràblcmer.t ; elle reffemble à une
toile d’araignée dans l’étendue de ces cavités ;
elle eft parfemée de vaiffeaux fanguins 6c lymphatiques
, 6c des glandes dans toute l’étendue des foffes
nafales ; mais elle femble n’avoir que des vaiffeaux
lymphatiques dans l’étendue des finus ; fa couleur
blanche & fon peu d’épaiffeur dans ces endroits le
dénotent.
La membrane pituitaire, après avoir revêtu les
cornets du nez, fe termine inférieurement par une
efpece de cordon qui va fe perdre à la peau à l’entrée
des nafeaux ; fupérieurement elle fe porte en
arriéré fur le voile du palais qu’elle recouvre.
Le voile du palais eft une efpece de valvule, fituée
entre la bouche 6c l’arriere-bouche, recouverte de
la membrane pituitaire du côté des foffes nafales, &
6c de la membrane du palais du côté de la bouche :
entre ces deux membranes font des fibres charnues,
qui compofent fur-tout fa fubftance. Ses principales
attaches font aux os du palais, d’où il s’étend ju£
que à la bafe de la langue ; il eft flottant du côté de
l’arriere-bouche, & arrêté du côté dte la bouche ; de
façon que les alimens l’élevent facilement dans le
tems delà déglutition,& l’appliquent contre les foffes
nafales ; mais lorfqu’ils font parvenus dans l’arriere
bouche , le voile du palais s’affaiffe de lui-même
, & s’applique fur la baie de la langue, il ne peut
être porté d’arriere en avant , il intercepte ainfi
toute communication de l’arriere - bouche avec la
bouche, 6c forme une efpece de pont, par-deffus
lequel paffent toutes les matières qui viennent du
corps, tant par l’éfophage que par la trachée-arte-
re ; c’eft par cette raifon que le cheval vomit & ref-
pire parles nafeaux ; c’eft par la même raifon qu’il
jette par les nafeaux le pus qui vient du poumon,
l’épiglote étant renverfée dans l’état naturel fur le
Yoile palatin. Par çette théorie il eft facile d’expliquer
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quer tout ce qui arrive dans les différens écoulemens
qui fe font par les nafeaux.
La morve eft un écoulement de mucofité par le
nez, avec inflammation ou ulcération de la membrane
pituitaire.
Cet écoulement eft tantôt de couleur tranfparen-
î e , comme le blanc-d’oe u f, tantôt jaunâtre, tantôt
verdâtre , tantôt purulent, tantôt fanieux , mais
toujours accompagné du gonflement des glandes
lymphatiques de deffous la ganache ; quelquefois il
n’y a qu’une de ces glandes qui foit engorgée, quelquefois
elles le font toutes deux en même tems.
Tantôt l’écoulement ne fe fait que par un nafeau,
& alors il n’y a que la glande du côté de l’écoulement
qui foit engorgée ; tantôt l’écoulement fe fait
par les deux nafeaux, 6c alors les deux glandes font
engorgées en même-tems : tantôt l’écoulement vient
du nez feulement, tantôt il vient du nez, delà ira-
chée-artere, 6c du poumon en même-tems.
Ces vérités ont donné lieu aux différences fuivan-
tes.
i ° . On diftingue la morve en morve proprement-
dite , 6c en morve improprement dite.
La morve proprement dite eft celle qui a fon fiege
dans la membrane pituitaire ; à proprement parler
il n’y a pas d’autre morve que celle-là.
Il faut appeller morve improprement dite , tout
écoulement par les nafeaux, qui vient d’un autre
partie que de la membrane pituitaire ; ce n’eft pas la
morve , c ’eft à tort qu’on lui donne ce nom : on ne
lui conferve ce nom que pour fe conformer au langage
ordinaire.
11 faut divifer la morve proprement dite à raifon
de fa nature , i°. en morve fimple , & en morve com-
pofée ; en morve primitive, & en morve confécutive.
20. A raifon de fon degré , en morve commençante,
en morve confirmée , 6c en morve invétérée.
La morve fimple eft celle qui vient uniquement de
la membrane pituitaire.
La morve cornpofée n’eft autre chofe que la morve
fimple combinée avec quelqu’autre maladie.
La morve primitive eft celle qui eft indépendante
de toute autre maladie.
La morve confécutive eft celle qui vient à la fuije
de quelqu’autre maladie, comme à la fuite de la pul-
monie, du farcin, &c.
La morve commençante eft celle où il n’y a qu’une
fimple inflammation & un fimple écoulement de mucofité
par le nez.
La morve confirmée eft celle où il y a exulcérâtion
dans la membrane pituitaire.
La morve invétérée eft celle où l’écoulement eft
purulent 6c fanieux , où les os & les cartilages font
affe&és.
2°. Il faut diftinguer la morve improprement dite
en morve de morfondure, 3c en morve de pulmonie
.L
a morve de morfondure eft un fimple écoulement
de mucofité par les nafeaux, avec toux, trifteffe 6c
dégoût, qui dure peu de terris.
On appelle du nom de pulmonie toute fuppura-
tion faite dans le poumon, qui prend écoulement par
les nafeaux , de quelque caufe que vienne cette fup-
puration.
La morve de pulmonie fe divife, à raifon des caü-
fes qui la produifent, en morve de fauffe gourme,
en morve de farcin , & en morve de courbature.
La morve de fauffe gourme eft la fuppuratiôn du
poumon, caufée par une fauffe gourme, ou une
gourme maligne qui s’eft jettée fur les poumons.
La morve de farcin eft la fuppuratiôn du poumon,
caufée par un levain farcineux.
La morve de courbature n’eft autre chofe que la
fuppuratiôn du poumon après l’inflammation , qui
Tome X .
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ne s’eft pâs terminée par réfolution. Enfin on donne
le nom de pulmonie à tous les écoulemens de pus
qui viennent du poumon, de quelque caufe qu’ils
procèdent ; c’eft ce qu’on appelle vulgairement
morvey mais qui n’eft pas plus morve qu’un abfcès au
foie, à la jambe, ou à la cuiffe.
Il y a encore une autre efpece de morve improprement
dite, c’eft la morve de pouffe : quelquefois
les chevaux pouffifs jettent de tems en tems , & par
floccons , une efpece de morve tenace & glaireuie ;
c’eft ce qu’il faut appeller morve de poujje.
Caufes. Examinons d’abord ce qui arrive dans la
morve. '
II eft certain que dans le commencement de la
morve proprement dite ( car on ne parle ici que de
celle-ci ) il y a inflammation dans les glandes de la
membrane pituitaire ; cette inflammation fait fépa*
rer une plus grande quantité de mucofité ; de-là l’é»
coulement abondant de la morve commençante.
L’inflammation fubfiftant, elle fait refferrer les
tuyaux excréteurs des glandes , la mucofité ne s’échappe
plus , elle féjourne dans la cavité des glandes
, elie s’y échauffe, y fermente, s’y putréfie, 6C
fe convertit en pus ; de-là l’écoulement purulent
dans la morve confirmée.
Le pus en croupiffant devient acre, corrode les
parties voifines, carie les o s , & rompt les vaiffeaux
fànguins ; le fang s’extravafe , & fe mêle avec le
pus ; de-là l’écoulement purulent, noirâtre & fa-
nieux dans la morve invétérée. La lymphe arrêtée
dans fes vaiffeaux , qui fe trouvent comprimés par
l’inflammation, s’épaifîit, enfuite fe durcit ; de-là les
callofités des ulcérés.
La caufe évidente de la morve eft donc l’inflâmma-
tion. L’inflammation reconnoît des caufes générales
& des caufes particulières. Les caufes générales
font la trop grande quantité, la rarefaélion & l’épaif-
fiffement du fang; ces caufes générales ne font qu’une
difpofition à l’inflammation, 6c ne peuvent pas la produire,
fi elles ne font aidées par des caufes particulières
6c déterminantes : ces caufes particulières font
i°. le défaut de reffort des vaiffeaux de la membrane
pituitaire, caufé par quelque coup fur le nez : le s
vaiffeaux ayant perdu leur reffort n’ont plus d’action
fur les liqueurs qu’ils contiennent, 6c favori-*
fent par-là le féjour de ces liqueurs ; de-là l’engorgement
6c l’inflammation. 20. Le déchirement des
vaiffeaux de la membrane pituitaire par quelque
corps pouffé de force dans le nez. Les vaiffeaux
étant déchirés , les extrémités fe ferment, & arrêtent
le cours des humeurs ; d e - là l’inflammation.
3°. Les injéâions acres, irritantes, corrofives&
cauftiques, faites dans le nez ; elles font crifper &
refferrer les extrémités des vaiffeaux de la membrane
pituaire ; de-là l’engorgement 6c l’inflammation.
40. Le froid. Lorfque le cheval eft échauffé , le
froid condenfe le fang 6c la lymphe ; il fait refferrer
les vaiffeaux ; il épaiflit la mucofité, & engorge les
glandes : de-là l’inflammation.
5°. Le farcin. L’humeur du farcin s’étend 6c af-
feôe fucceflivement les différentes parties du corps;
lorfqu’elle vient à gagner la membrane pituitaire ,
elle y forme des ulcérés, 6c caufe la morve proprement
dite.
Symptômes. Les principaux fymptoriieS font l’écoulement
qui fe fait par les nafeaux, les ulcères de
la membrane pituitaire, 6c l’engorgement des glandes
de deffôus la ganache.
i° . L’écoulement eft plus abondant que dans l’état
de fanté, parce que l’inflammation difténd les
fibres , les follicite à de fréquentes ofeilliations , 6c
fait par-là féparer une plus grande.quantité de mu*
A A a a a