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L’htlmeur muqueufe du nez étoit d’une néceflité
ablolue ; elle arrête dans l’infpiration les matières
groflicres dont l’air eft chargé, & qui pourroient incommoder
les poumons ; elle défend les nerfs olfactifs
des matières trop âcres ; elle les empêche de fe
deflecher en les humefrant : par-là ces nerfs qui font
nuds, 8i expOfés aux injures de l’à ir , confervent à
tout âge un fentiment v if dans la membrane pituitaire.
On Voit donc que l ’intention dé la nature, en ver-
riifiant les narines de ce Uniment gras , que nous appelions
mucôjité, eft d’émouffer les âcretés, d’en empêcher
la prife fur les nerfs ; enfin de diminuer les
fïottemens & l’ufement qui s’enfuit. C ’eft pour toutes
ces raifons & pour plufieurs autres, qu’il ne s’agit
pas de détailler ic i, que les paflages de l’air , des
alimens , des urines, la velîie , l’urethre, le vagin ,
l’utérus, les parties génitales externes, &c. abondent
en ces fortes de cryptes muqueufes. Pourquoi ce matelot
fe frote-t-il les mains de matière graffes & tenaces
? c’eft pour faire fa manoeuvre avec plus de
facilité & de fureté ; fans cet intermede onftueux,
les mains feroient brûlées par la vivacité des frotte-
mens ; tant il eft Vrai que le bon art n’eft qu’une imitation
de la nature. Quels rongemens ! quelle inflammation
! quel defféchement ! fans ces fucs onftueux
que fourniflent les glandes fur lefquelles Schneider
a compofé un gros ouvrage. C ’eft ce qu’on éprouve
dans la diffenterie à la fuite de purgatifs trop âcres,
& qui emportent cette glu naturelle que les médecins
mal-habiles confondent avec la vilcofité morbifeu
«. (/>■ •'•) .
MUCOSITÉ, ( Chimie. ) mucus ou gelee animale.
Fôye{ Muqueux , (Chimit.), & Substances animales
, ('Chimie').
MUDDE, f. f. (Commerce.) mefure ufitée pour
les graihs dans les PayS-bas ; cependant elle n’eft
point par-tout la même. Dans le Brabant un mudde
fait quatorze boifleàux , & chaque boiffeau eft compofé
de quatre hoecls, ou de quatre fois autant de
grain qu’il en tient dans la forme d’un ‘chapeau ordinaire.
MUDE, f. m. (Commerce.) étoffes faites d’écorces
d’arbres , qu’on fabrique à la Chine. Il y en a de plus
fines les unes que les autres. Les plus fines fe vendent
un tail trois mas ; les plus communes un tail.
Elles portent cinquante fix côbres chinoifes de long,
fur treize pouces de large. Elles font propres pour le
commerce de Tunquin, où l’on a quatre mas de gain
für les unes, & cinq fur les autres.
MUDERIS, f. m. (Hifl. mod.) nom que les Turcs
donnent aux do&eurs ou profeffeurs chargés d’en-
feigner à la jeuneffe les dogmes de l’alcoran & les
les lois du pays,dans les écoles ou académies jointes
aux jariiis ou mofquées royales. Quelques-uns
de ces muderis ont de tort gros appointemens, comme
de 300 afpres par jour, ce qui revient à 7 liv.
io f. de notre monnoie ; d’autres en ont de plus modiques,
par exemple de 70 afpres, ou 36 f. par
jour : félon les fonds plus ou moins confidérables
que les fultans ont laiffes pour l’entretien de ces écoles
publiques. Voye^ Mosquée.
MUE., f. f. (1Ornitholog.) état maladif des oifeaux,
qui confifte dans leur changement de plumes.
Tous les oifeaux muent une fois chaque année ,
c’eft pour eux lin tems critique, Sc qui leur eft fou-
vent mortel. Cêtte mue fe fait quand les tuyaux
des plumes ceffëht de prendre de la nourriture
& fe deffechënt; alors les fucs nourriciers qu’elles
ne s’approprient plus, font portés au germe de
plumé qui eft fous chacune de cè'lles-ci ; il croît, &
force l’ancienne plume au bout de laquelle il eft, de
lui laifler la place, & de tomber. Jamais les oifeaux
ne pondent daoscet état maladif.
M U E
On a remarqué que dans nos poules les approches
, la durée & la fuite de la mue, fufoend leur
ponte. En effet * jufqu’à ce que les plumes perdues
aient été remplacées par d’autres qui n’aient plus à
croître, la conlommation du fuc nourricier deftiné
poiir le développement & l’accroiffement des nouvelles
plumes, doit être confidérable ; & il n’eft pas
étonnant qu’il n’en refte pas alors dans l’intérieur de
là poule pour faire croître les oeufs.
Ge n’eft donc pas précifement le froid de l’hiver
qui empêche les poules de pondre, parce qujil y en
a qui donnent des oeufs dans le mois de Janvier &
de Février, beaucoup plus froids que les mois d’Oc-
tobre & de Novembre, pendant lefquels elles n’a-
voient pas pondu. Ainfi les poules qui dans ce cas pon-,
dent de bonne-heure, font celles qui ont mué plutôt,
& qui font plutôt rétablies de la mue.
Les oifeaux, comme on l’a dit, muent tous les ans;
tous les ans ils fe défont de leur viel habit, & en
prennent un neuf, ordinairement femblable à celui
qu’ils ont quitté , au moins après la fécondé mue &
les fuivantes ; la poule qui étoit toute noire avant la
mue, eft encore toute noire après avoir mue; la poule
entièrement blanche, ne reprend pour l’ordinaire
que des plumes blanches : cependant le contraire
n’eft pas fans exemple, comme nous le dirons tout-
à-l’heure.
Une des fingularkés de ces petits & charmans
moineaux, qui nous viennent de la côte de Bengale
, & qu’on nomme bengalis , c’eft qu’après avoir
mué, ils font fouvent d’une couleur fort différente
de celle dont ils étoient auparavant ; on voit un
ventre bleu à celui à qui on en avoit vu un rouge ;
au contraire, un autre à qui on en avoit vu un bleu,
en prendre un rouge ; celui de quelques autres devient
jaune, & celui de quelques autres gris. Nous
ignorons s’il y a un ordre dans lequel les couleurs
d’une année luecedent à celles d’une autre année;
mais lé fait de changement de couleur annuelle, ou
prefque annuelle de ces petits oifeaux, paffe pour
certain.
Il paroît aufli que parmi nos poules la couleur du
plumage fouffrçe quelquefois dans la mue, des chan-
gemens allez pareils à ceux qui font regardés comme
une Angularité dans le plumage des bengalis. M.
de Reaumur avoit une poule dont les couleurs changèrent
annuellement, en paffant par la couleur noire.
Il avoit un coq dont la mue produifit un plumage
fuccelîivement roux, enfuite noir, puis blanc, &
finalement le blanc devint d’un brun clair. (D . J.)
Mue , (Jurifprud.) vieux terme de pratique, qui
vient du verbe mouvoir. Mue de plaids , c’eft-à-dire
le commencement d’un procès, l’aûion d’en intenter
, ou ce qui y donne lieu. ( A )
Mue , en terme de Vannier-, c ’eft une grande cage,'
ronde & haute, fous laquelle on peut enfermer tou-,
tes fortes de volailles.
MUER, V. neuf. (Gram.) Voyt[ l'article Mue.
Muer , (Maréchallerie.) le dit des chevaux à qui
le poil tombe, ce qui leur arrive au printems & à
la fin de l’automne. Muer fe dit aufli de la corne ou
du pié, lorfqu’il leur pouffe une corne nouvelle.
Quand un cheval mue de p ié, il faut que le maréchal
lui donne une bonne forme par la ferrure, autrement
les piés deviennent plats & en écaille d’hui-,
tre.M
uer , (Géog.) riviere d’Allemagne dans le duché
de Stirie. Elle a fa fource dans la.partie orientale
de l’archevêché de Saltzbourg, & fe jette dans 1s
Drave. (D . J.)
MUERAW, (Géog.) Muroela, ville d’Allemagne
dans la Stirie, fur la Muer, aux confins de l ’archevêché
de Saltzbourg, à 45 lieues de Strasbourg.
Long. 3$. zS. lat. 5y.$Q. (D . J.)
MUET;
MU E
MUET, f. ni. (Grârh.) qui n’a point ëu l’tifagè dé
la parole , bu qui l’à perdu. Lès foüirds de naiflancé
font muets.
Ce h’éft poifit d’âüjbürd’hüi qü’oii Voit confirmer
par èxpériéncë là pbmbilité de l’ârt fi curieux d’apprendre
à jjàrïér aux rntiéts. Wallis éh Angleterre,
Àthrnan ën Hollande, l ’ont pratiqué avec un fuccès
admirable daris le fie'clè dêrriier. Les OlivragéS de
c‘és deüXfaVâns font connus de tblitle ihbhdé. Il pà-
rbît par léür fémoighâge qu’un certain religieux s’y
étoit eXércé biëri àvàriteüx. Emmanuel Ramiféz de
CôrtOHë, & Pièfrë de CàftrO efpàgilôl, àvoient
aufli traité cette matière long-tems auparavant, &
riôüs ne doutons point qüe d’autres auteurs n’aient
ëhcorè écrit & publié dés méthodes fur cet article.
Il èft cependant vraiffemblâblè qiié c’eft le P. Ponce
ëfpàghol, mort ën 1^84, qui â ihVeriié le prémier
Part de donner la parole aux ntuètt; mais il n’a pas
enféighë fa métho'dë, comme ont fait Amman ôc
Wallis. M. Perrëire, hé éii Efpàgne, doit aufli la
fiénnè à fort génie : oh peut voir fes fuccès dans l’hif-
toiredë l’àcadémie dë$ fciëncés. ( ï) . J.)
Muet , adj. (Gra’riï.) céttè qualification à été
dôhhée aux lettrés par lés Grammairiens, en deux
fëns différeiis ; daiis lé premier feris $ elle n’éft attribuée
qu’à certaines cdnföiines, dônt orl a prétéiidii
câraûerifér la liatüré ; dans le fècorid féris , elle dé-
fighé toitte lettré, voyelle Ou confonde, qui èft employée
danS l’orthographe , fans être rendue én aucune
manière daris la prononciation.
I. Des coüfôhàès appellées muettes. « Lés Gtüm-
màirieris ont accoutumé dahs toutes les Iangiîês
>f dé faire pltifiéürs diVifions 6c fubdiviflons dés con-
»fohhës ; & là divifiort là plits COmmüné à l’égard
» des langues modernes, eft qu’ils en diftiriguênt lés
>>cOHfonnes en muettes & ert demi-Voyelles, appèl-
>> lànt nluettès toutes célles dont le nom commencé
par une cöhföHiie, côfnmé b , c , d , p , q ,
t , 7, oc démi-voyelles toutes lés âùtieS , cornfhe
» / , «, /, ifi, ri, r , f 9 x ». Regniér, gfümm. fr.
in-12. pàg. j).
Cet académicien abàndoiirië cè'tte divifion, parce
qü’elle n’eft établie, dit-il, fur aucune différence
fondée dans la nature dès conformes.
En effet, s’il hé s’agit que de commencer le nom
d’une confonde pâr cetté Conforîné mêiriè pour la
refldfé fnuetiè, il n’y éii â pas une qui ne lé fôit dans
le fyftèmé de Port-Royal, que j’àdôpté dans cét Ouvrage
: & d’ailleurs il eft démontré qu’atietthe confonde
n’a de Valeur qù’âvèc la VOyélle, ou fi l’on
Vëut, que toüté articulation doit précéder un fort;
(voyei tf.) âidfi toutes lès Confondes font muettes
parleur nature, puifqu’ëilësrie' rendent aucun fori,
mais qu’ellés modifient feulement les fons; Platon
(in Cràtyio.) lès appelle toutes a<pma> ; c’eft le même
fëns quë fi oh les nomnioit muettes, & il y à plus
de vérité que dans le nom dé cônfohnes. Au refte,
telle Confonde dont l’âppéllatiori commence' Chez
n'Ous par une voyelle, cônïmënçôit chez les Grées
pât la confonde fhêmè : nous diforis clé,- efhme, enhé,
erré, & ils difôiëdt lambda, nii1, nu, rô ; les mêmes
lettres qui étoient muettes en Grecè font donc démi-
vôyellés en France , quoiqu’elles foierit lés lignes
dés mêmes moyens d’explofiori, cê qui eft abfurdè.
Lés Véritables' diftinftiôris dés cOhfonnes font détaillées
âu niât Le ït r e ; M. l’abbé de Dangeau n’en
avoit pas encore donné l’idëé, lorfque la granimaire
dé M. l’abbé Régnier fut publiée.
II. Des lettres muettes dànS Vorthographe. Je ne
crois pas qu’on puiffe remarquer riéri de plus précis,
de’plus v r a i, ni de plus êflentiel fur cét article, que
ce qu’en a écrit M. Harduin , fêcrétairé perpétuel de
l’ aCadémie d’ArraS , dans fés Rem. div. fur là pro~
nóticiatióii & fur VOrthographe ,pàg. J J . Je vais fîm-
Tome X.
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plemenf le franferire ici , én y inférant qiielqueà
ObferVatiOhs entre deux crôchcfs.
« Qu’On ait autrefois prononcé des lettres qui né
H fe prononcent plus aujourd’hui, cela ferhb.'e prou-
>> vé par les ufages qui le font ^perpétues dans plu$
» d’une province, & parlacomparailbri de quelques
» mots analogues entre eux, dans l’uri defquelson
>> fait fonnér une lettre qui demeure oifeüfé dahâ
A l’autre. C’éft ainfi que s & p ont gardé leur pro-
>> nbhCiation dans vejte , efpion, bajlonnade, hojpU
A talier, baptifmal, feptimbré , fiptuâgtnaire , quoi*
»qu’ilS l’aient perdue daris vejlir, efpitr, bajlôn ,
>\ h o fp itd l, baptéfrhe, f e p t , fep iie r» . [On lupprime
riiême ces lettres dans l’orthographe riiodérrie dé
plufietirSde ceS mots# & l’on écrit v ê tir , épier, bâ-.
to n , hopitdl.]
A Mon intention n’eft cèpéridàht pas dé fourenir
»que toutes les Corifonnes muettes qu’on emploie,
>i qu qü’on employoit il n’y à pas lahgitëriiS àu rifi-
» liéti dé' nos mots ,• fe prononçafient originairc-
» ment. Il eft au contraire fort vraifférhblable qùé
A les favaris 'fe font plu à introduire des lettrèS
» muettes darts un grand nombre dé mors ,■ afin qu’orf
>i feritît mieux la relation de ces mots avëc la lanVdé
» latine »; [ou même par un motif moins Ioùâble,
mais plus naturel ; parce que comme le remarqué
l’abbé Girard, on mëtto'it fa gloire à montrer dar.i
l’écriturè françoife , qu’on lavoit lé latiri.l DU
» ihoins eft-il conftànf cjûé les manuferits antérieur^
» à l’Imptimérie , offrent beaucoup de mots écrirl
>f avec une fimplicité qui monttè qu’on lés ptondh*
» çOit àlOts comme à préfént, quoiqu’ils fé trouvent
» écrits moins fimplémerit dans dès livres bien plus
» modernes. J’ai eu lâ Cùfiofité de parcoürir quél-
» quès ouvrages du quatorzième fiéclè, où j’ai Vii
»les riiots fuivaris avèc l’orthographe que je lent1
» dütitie ici : d ro it, f a i n t , t ia itê , dette, devoir, do'û-
» te , dVènir, autre , m o û t, recevoir , votre ; cCqui n’â
»pas empêché, d’écrire long-tems après, d ro ic l,
» f ainfi, traiclé , debté, debvàir, double, advenir , auU
» ire, moult i récepvoir, vàjlre, pour marquer le rap-
» port de céà mots avec les noms latins direclus,
» fahclus , t racla eus, debitum, deberè, diibitdtio, dd~'
» vinire, altér, mûltiithy ricipere, Ve fer. On rémar-
» due même , ed plufieurs endroits des manuferiti
» dont je parle, une orthogtaphe encore plus fim-
»’ pie; & plus conformé à là prononciation afruellé,
» que l’orthOgraphe dont nous nous fervons aujour-
» d hüi. Au lieu d’écrire fc iénc e , fÇav ôir ; cordé,
» temps, compte, moeurs, on ccrivoit dans ce fieclé
» éloigné yjiencêy fdvoit, cors , tans} conte, trieurs.d
[Je crois qu’on a bien fait de ramener feiertet ,• à calife
de l’étymologie ; côrps & temps, tant à caufé dé
rétymologie, qu’à Caufe de l’analogie qu’il eft utile
dé coriferver fehfîblement entre ces mots & leati
dérivés , corporel, corporifier , corpulence, temporel,
temporalité, iemporiftr, temporifatton, que pour les
diftinguer par l’orthographe des mots homogenéÿ
cors de Cerf ou tors des piés, tant adverbe, tan poüf '
les Tanneurs, tend verbe : pareillement compte, ert
confervant les traces de fori origine, cdmpütum, fé
trouve différencié par-là de comte, feigneur d’udé
Comté, mot dérivé dé comitis, & de conte, narration
fabüleufe, mot tiré du grec barbare xej-rcV, qu?
parmi les derniers GrecS lignifie abrégé. J
« Outre la raifon des étymologies latineS ou grée-"
»f.ques, nos ayeux inférèrent & Conferverent des
» lettres muettes, pour rendre plus fenfible l’analo-'
» gie de certains ihotS avec d’autres mots françois,
»Ainfi, corhme tôurnoycment, rhaniementy éternue-
>» ment, dévouement 9 je lierai, j 'employerai , je tuerai,
» f avouerai, font formés de tournoyer, manier, éteru
» nuer3 dévoiler, lier, employer, tuer, avouer, oh crut
» devoir mettre ou laifler à la pénultième lyliabe
O
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