co p e . Le do&eur Hook , auteur anglais, a fait un
livre qui a pour titre , Micrographie. f
Ce mot eft compofé de fxntpoç, petit, 6c yp*<pa >
j e décris. • . N
MICROMETRE , f. m. ( Aftronomie. ) machine
aftronomique qui par le moyen d’une vis fert à mesurer
dans les cieux avec une très-grande precifion,
de petites diftances ou de petites grandeurs, comme
les diamètres dit folcil., des planètes , &c. Voye{
D istance.
Ce mot vient du grec /xmpcç , petit, & fxirpov, mefure
, parce qu’avec cette machine on peut, comme
nous venons de le dire , mefurer de très- petites
grahdeùrs, un pouce, par exemple , s’y trouvant di-
vilé en un très-grand nombre de parties , comme en
2400, Sc dans quelques-uns même dans un plus grand
nombre encore. • . .
On ne lait point bien certainement à qui l on doit
attribuer la première invention de cette ingenieule
machine ; les Anglois en donnent la gloire à un M.
Gafcoigne , aftronome qui fut tué dans les guerres
civiles d’Angleterre, en combattant pour 1 infortune
Charles I. Dans le continent on en tait honneur à
M. Huyghens. On jugera de leurs titres refpeaifs
par ce que nous allons rapporter. M. de la Hire ,
dans fon mémoire de 1717 lur la date de plufieurs
inventions qui ont fervi à perfeftionner l’Àftrono-
mie* Üit que c’eft à M. Huyghens que nous devons
Celle du micromètre. 11 remarque que cet auteur dans
fon obfervation fur l ’anneau de Saturne , publiée
en râycj j donne la manière d’oblerver les diamètres
dès planètes en fe fervant de la lunette d approche,
6c en mettant, comme il le d it , au toyèr du verre
oculaire convexe, qui eft auffi le foyer de l’objeâif,
un objet qu’il appelle virgule, d’une grandeur propre
à comprendre l’objet qu’il vouloit melurer. Car il
avertit qu’en cet endroit de la lunette à deux verres
convexes on voit très diftin&ement les plus petits
objets. Ce fut par Ce moyen qu’il mefura les diamètres
des plànetes tels qu’il iés donne dans cet ouvrage.
D ’un autre côté, M. Tounley,fur ce que M. Au-
zout avoir écrit dans les Tranf.phil. n°. 21. fur cette
invention, la revendique en faveur de M. Gafcoi-
gne par un écrit inféré dans ces mêmes Tranf. n°. 26,
ajoutant qu’on le regarderoit comme coupable envers
fa nation , s’il ne faifoit valoir les droits de cet
aftronome fur cette découverte. Il remarque donc
qu’il paroît par plufieurs lettres & papiers volans de
fon compatriote qui lui ont été remis , qu’avant les
guerres civiles il avoir non - feulement imagine un
inftrument qui faifoit autant d’effet que celui de
M. Auzout, mais encore qu’il s’en étoit fervi pendant
quelques années pour prendre les diamètres des
planètes ; que même d’après la précilion il avoit
entrepris de faire d’autres obfervations délicates ,
telles que celles de déterminer la diftance de la lune
par deux obfervations faites , l’une à l’hôrifon , &
l’autre à fon partage par le méridien ; enfin, qu’il
avoit entre les mains le premier inftrument que
M. Gafcoigne avoit fa it, & deux autres qu’il avoit
perfectionnés. Après des témoignages auffi pofî-
tifs , il paroît difficile ( quoiqu’on connoiffe l’ardeur
avec laquelle les Anglois revendiquent leurs
découvertes 6c cherchent quelquefois même à s’attribuer
celles des autres nations) il paroît, dis-je,
difficile de ne pas donner à cet anglois l’invention
du tnicrometre ; mais on n’en doit pas moins regarder
M. Huyghens comme l’ayant inventé auffi de
fon côté, car il eft plus que vraiffemblable qu’il n’eut
aucune connoiffance de ce qui avoit été fait dans
ce genre au fond de l’Angleterre. Quant à la conf-
truétkm du micromètre donné par le marquis de
Malvafia trois ans après celle de M. Huyghens , on
ae peut la regarder comme une découverte ; il paroît
prefque certain qu’il en dut l’idée, au micromètre
de cet illnftre géomètre. Mais s’il fut imitateur, il fut
imité auffi à fon tour ; car il y a tout lieu tlè pehfer
que le micromètre de ce marquis donna à M. Auzout
l’idée du fien , qui étoit fi bien imaginé1, qu’on ne
fe fert pas d’autre aujourd’hui. En effet , celui que
nous décrirons plus bas n’eft que celui-là' perfectionné.
On voit dans les d'ifiérensperfectionnement de Cette
machine, ce que l’on a foitvent occafion d’obferver
dans ce Dictionnaire au fujet de nos découvertes
dans les Arts & dans lès Sciences ; je véux dire
marche lente de nos idées ; 6c la petiteffe des efpa-
ces que franchit chaque inventeur. M. Huyghens invente
£1 virgule : celle-ci donne au marquis de Mal-
vafia l’idée de fon chaffis.1 Enfin M. Auzout imagine
d’én détacher quelques fils qui pouvant fe mouvoir
parallèlement en s’éloignant ou s’approchant des
premiers , qui reftent immobiles, donhenf par-là la
facilité de prendre avec beaucoup de1 précifion le
diamètre d’un aftre ou une très-petite' diftance.
Cpmme il ferôit inutile de rapporter la conftruc-
tion des différentes efpeces-.de rnicronïetrè que l’on a
imaginées, nous nous attacherons fimplprtient à dé-
CriVé celle qui eft la plus parfaite 6c la plus en ufage.
Défcription du. micromètre. Au milieu d’une plaque
de cuivre A B ,fig. première, de forme oblongue ,
eft coupé un grand trou oblong a b ed e ƒ , qui doit
être placé au foyer du télefeope ; ce trou eft traverfé
au milieu dans fa longueur par un fil très-délié b c9
qui eft perpendiculaire à deux très-petites lames ou
pinnùles de cuivre g h , i k , placées en-travérs du
trou. L ’uhe de ces lames g h eft attachée fur la plaque
A B par des vis en g 6c en h ; mais l’aùtre i k eft
mobile parallèlement à g h , ou lui communique le
mouvement en faifant tourner la poignée C fixée
fur la'bout d’une longue vis d’acier D E , qui roule
par fon extrémité D formée en pointe, fur la vis T ,
& qui tourne par l’autre dans un trou en E au centre
du cadran E F , fitué à angle droits avec la platine.
La pièce es JYX, qui pofefur la grande plaque
& qui porte le fil ou la petite‘lame mobile i k , cette
piece , dis-je, a deux efpeces de talons JYXqui font
percés & taraudés pour recevoir la grande vis D E ,
de façon qu’en la tournant d’un fens ou de l’autre
on fait avancer ou reculer toute la piece t s AT. Afin
que l’extrémitép de cette piece ne leve pas, elle eft
accrochée fur la grande plaque par une petite q r
qui y tient avec des vis , & fous laquelle elle gliflè.
Pour que la lame mobile i k foit placée bien parallèlement
à l’autre g h , elle eft percée de deux
trous t fl s qui font oblongs & plus grands que les
tiges des vis qui doivent les preffer contre la piece
t s W X : car par-là on ne ferre ces vis quelorfquc
ayant approché cette lame i k de l’autreg/z, on voit
qu’elle rouche cette derniere également par tout. En
effet, fi l’on fuppofe que les talons W&cX, au-tra-
vers defquels paffe la grande vis D E , foient fuffi-
famment éloignés l’un de l’autre, qu’elle s’ÿ meuve
fans jeu, enfin que cette vis foit bien droite , on
fera affuré alors que la petite lame i k fe mouvera
parallèlement à l’autre g h. Suppofant donc que la
vis foit bien droite , voici les précautions que l’on
prend pour que , fe mouvant avec liberté dans les
talons W X , ce foit toujours d’un mouvement doux
& fans jeu.
Un petit reffort w x que l’oh voit au-deffus de la
figure , porte en fon milieu v une portion d’écrou à-
peu-près le tiers de la circonférence ; & ce petit
reflbrt étant vifé vers w' 6c x , fon aétion eft telle 9
qu’il tend toujours à élever la portion d’écrou v , &
par conféquent à preffer la vis D E , & lui ôter le
jeu infenfible qu’elle pourroit avoir. Pour empêcher
de même qu’elleme le meuve félon fa longueur, le
petit trou où eft reçu fon extrémité conique eft fait
dans une vis Y , de façon qu’en la tournant on peut
ôter à la vis D E toute elpece de jeu en ce fens.
On voit fur le cadran une aiguille 6c un index :
celle-là marque les parties de révolutions de la v is ,
6c celui-ci ou l’index marque fur le petit cadran (qui
paroît à-travers l’entaille circulaire ) le nombre de
c es révolutions. Pour cet effet il y a dans l’intérieur
deux roues 6c un pignon qui mènent ce petit cadran,
de façon qu’à chaque tour deTaiguille il avance
d’une divifion. Airifi on voit par-là que fachant une
fois à quel efpace équivaut l’intervalle d’un pas de
la vis D E , on faura par l’aiguille & par l’index à
quelle diftance les deux lames ou les deux.fils ( car
on peut y en lubftituer ) g h 6c i k font l’un de l’autre
.C
e micromètre tel que nous venons de le décrire ,
étant placé dans un télefeope , a cet inconvénient
qu’il faut tourner cet inftrument graduellement juf-
qu’à ce que l’aftre que vous obfervez paroifle le mouvoir
parallèlement au fil b e , ce qui fou vent eft allez
difficile. Or -pour y remédier , on voit qu’il faut
trouver le moyen de monter le micromètre dans le télefeope
de maniéré qu’il puifle avoir un mouvement
circulaire autour de l’axe du télefeope indépendant
de la piece qui le fait tenir avec cet inftrument. G’eft
à quoi le favant M. Bradley a parfaitement bien
reuffi par là conftru&ion fui vante.
Sur le derrière de la grande plaque.qui eft tournée
en-deflus ,& repréfentée ici par le parallélogramme
G H I K , fig. 2 , il y a une autre plaque L M N O
dé la même largeur 6c de la même épaiffeur , mais
plus courte , qui eft percée au milieu d’un trou oblong
& un peu plus grand que celui qui eft dans la
grande plaque , comme on le voit dans la figure ; ce
i.rou , ou plutôt cette ouverture , eft terminée par
deux lignes droites t « 6, 6c à les deux bouts par
deux arcs concaves ô a ,.£* », dont le centre commun
eft le point «T, interfeéhon commune des fils b e
6c g h. La partie concave e 1 d glirtic en tournant autour
de ce centre <T le long d’un arc convexe X/x v,
décrit du même centre , un peu plus long que l’arc
concave, de même épaiffeur que la plaque L M N O ,
6c fortement vilée fur la grande. L’arc concave Çx. »
glifle auffi Je long d’un autre arc convexe ont plus
court, décritjauffi du centre S', & formé d’une.piece
de la même épaiffeur que la plaque fuperieure , &
fortement viléc à celle de deffous. On conçoit parla
que tout ceciétant bien exécuté, la plaque L M
N O doit tourner autour des deux portions de cercle
0 & h-i*v, comme fi elle tournoit autour du
centre : les deux arcs o«s 6c X/xv font recouverts
de deux plaques vifî'ées deflus, 6c qui les débordant
preffent toujours par ce moyen la plaque LM N O
contre la grande. Pour la faire mouvoir graduellement
autour du point <T , il y a à l’extrémité de la
plaque L M N O une petite portion de roue v que
l’on fait tourner par le moyen de lavis fans fin s T.
D ’après tout ceci on voit clairement que la plaque
L M N O étant fixement arrêtée au foyer du télefeope
, en faifant mouvoir la vis fans fin s r,on donnera
à la grande plaque G H / f f la pofition requife,
ou , en d’autres termes , qu’on dopnera au fil b c
qu’elle porte la pofition qu’il doit avoir pour que
l’aftre fe meuve parallèlement à lui.
Pour que tout ceci puifle 1e placer commodément
dans le télefeope , il y a fur les bords de la plaque
L M N O deux petites plaques, comme on le voit
dans la figure , qui font recourbées à chaque extrémité
en équerre, mais de façon qu’un bout foit en
fens contraire de l’autre : par là, d’un côté , ce rebord
1ère à les viffer fur la plaque ; de l’autre, il fert
à entrer dans une rainure pratiquée dans un tuyau
quarré que l’on met dans le télefeope de façon qu’ils
Tome X ,
faffent corps enfemble. On voit en <px 4 « la coupe
de ce tuyau , & les entailles ? x > faites pour recevoir
les rebords des petites plaques dont nous venons
de parler.
Voici les principales mefures de ce micromètre.
La longueur de la plaque A B , . . . 8 ,0
Sa largeur M N , ...................................
Son épaiffeur ......................................... . -
Longueur de l’ouverture b e , . . . 3 y ç
Sa largeur g e ................................. ...... 1
Longueur de la vis D E , . . . . y , 5
Son d iam è t r e ,........................................ ° , 3
L’intervalle w x .........................................3 > °
Longueur des rebords .............................4 > Ç
Leur • largeur ..............................................0 , 8
Largeur des rebords ............................. o , z
Diamètre du cadran ............................. 3 , 1
Son épaiffeur ( étant double avec deux
roues en-dèdâns ) , ......................., . . 0 , 3
La plus grande ouverture des fils ou
pinnules g k , i k=cS‘ t , . , . . . . z , z
Un pouce contient 40 pas de la vis D E.
Enfin le pouce eft divile par le cadran en 40 fois
40 ou 1600 parties égales-. On peut, comme nous l’avons
d it , au lieu dé petites lames ou barrelettes de
cuivre g h , i k , leur lubftituer des fils parallèles.
Lorlque les pinnùles ou les fils fe touchent, il
faut que l’ aiguille 6c l’index fortent au commencement
des divifions : alors à mefure que les fils s’éloignent
, il eft évident, comme nous l’avons dit, que
le nombre des révolutions fera comme les diftances
entre ces fils ; & conféquemment comme les angles
dont ces ouvertures font la bafe, & qui ont leur
fommet au centre de l’objeélif, ces diftances différent
infenfiblement des arcs qui mefurent ces petits
angles. C ’eft pourquoi, lorfqu’on a une fois déterminé
par l’expérience un angle correfpondant à un
nombre de révolutions donné , on peut facilement
trouver par une réglé de trois l’angle correfpondant
à un autre nombre de révolutions : on pourra en
coniéquence former des tables qui montreront tout
d’un coup le nombre de minutes & de fécondés d’un
angle répondant à un certain nombre & à une certaine
partie de révolutions. .
Afin de dérerminer un angle quelconque, le plus
grand fera le mieux, parce que les erreurs feront
en raifon inverfe de la grandeur des angles: on fixera
le télefeope à une étoile connue dans l’équateur ou
très-près , 6c on écartera les fils à leur plus grande
diftance ; enfuite on comptera avec une pendule à
fécondé le tems écoulé entre le paffage de cette
étoile par l’intervalle de ces fils ; & l’ayant converti
en minutes & fécondés de degré, on aura la mefure
de l’angle cherché.
Au refte , nous avons donné ici le nom de micromètre
à l ’inftrument que nous venons de décrire;
mais on donne encore ce nom dans l'Aftronomie à
toute efpece de vis qui fait parcourir un très-petit
arc à un inftrument : de forte que d’après la première
idée on appelle micromètre toute machine qui par le
moyen d’une vis fert à -melurer de très-petits intervalles.
MICROPHONE, f. m. ( Phyfiq. ) on a donné
ce nom aux inftrumens propres a augmenter les petits
fons , comme les microfcopes augmentent les
petits objet. Telles font les porte-voix, les trompettes
, &c. Ce mot qui eft peu en ufage , vient de
fxiKpôç, petit , 6c de tpaivii , fon OU voix.
MICROSCOPE , f. ni. ( Diopt. ) inftrument qui
fert à groffir de petits objets. Ce mot vient des mots
grecs , /xinpoç, petit, 6c erKt'srofxa.i , je confédéré. Il y a
deux elpeces de microfcopes , le fimple 6c le com-
pofé.
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