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parle fort au long de ces ménologues dans fon dîfcours
fur i'hifïoin de la vie des Saints. Dicl. de Trévoux.
MENONjf. m. (.Hill.nat.) animal terreftreâ quatre
pies, qui reffemble à-peu-près au bouc ou à la
chèvre. On le trouve affez communément dans le
Levant ; &: on fabrique le marroquin avec fa peau»
Voye^ Marroquin.
MENOSCA, (Géog. anc.') ville d’Epagne chez les
Vardules. On croit alfez généralement que c’eft aujourd’hui
la ville à’Orea ou Orio dans le Guipufcoa.
(D . J.)
MENOTTE, f. m. ( Gram.) lien de corde ou de
fer que l’on met aux mains des malfaiteurs, pour
leur en ôter l’ufage.
ME NO F IA , (Géog. anc.) ancienne ville d’Angleterre
avec évêché fuffragant de Cantorbery,
dans la partie méridionale du pays de Galles, au
comté de Pembroch ; elle a été ruinée par les Danois
, 6c n’eft plus aujourd’hui qu’un village : cependant
ïè juge épifcopal fubfifte toujours fous le nom de
Saint David. (D . J.)
MENOYE, (Géog.) petite riviere de Savoie. Elle
vient des montagnes de Boege, 6c fe jette dans l’Ar-
v e , au-deffous du pont d’Ertrambieres. (D . J.)
MENS, (Mythol.) c’eft-à-dire l’efprit, la penfée,
l ’intelligence. Les Romains en avoient fait une divinité
qui fuggéroit les bonnes penfées , 6c détour-
noit celles qui ne fervent qu’à féduire. Le préteur
T. Ottacilius voua un temple à cette divinité, qn’il
fit bâtir fur le Capitole , lorfqu’il fut nommé duurn-
vir. Plutarque lui en donne un feednd dans la huitième
région de Rome. Cè dernier étoit celui qui fut
voué par les Romains , lors de la conflernation où
la perte de la bataille d’Allias & la mort du conful C.
Flaminus , jetterent la république. On confulta, dit
Tite-Live, les livres des Sibylles, 6c en conféquen-
c e , on promit de grands jeux à Jupiter, & deux
temples; fa voir, l’un à Vénus Erycine, 6c l’autre au
bon Efprit, Menti. (JD. J.)
MENSAIRES , f. m. pi. (Hifi. anc.)i.-officiers
qu’on créa à Rome, au nombre de cinq;, l’an de cette
ville 402, pour la première fois. Ils tenoient leurs
féanccs dans les marchés. Les créanciers & les
débiteurs comparoiffoient là ; on examinoit leurs
affaires ; on prenôit des précautions pour quede débiteur
s’acquittât, 6c que fon bien ne fût plus engagé
aux particuliers, mais feulement au public qui
avoir pourvu à la fureté de la créance. Il ne faut
donc pas confondre les menfarii avec les argentarii
& les nummularii : ces derniers étoient des elpeces
d’ufuriers qui faifoient commerce d’argent. Les menfarii
y au contraire, étoient des hommes publics qui
devenoient ou quinquivirs ou triumvirs ; mais fe
faifoit argentarius 6c nummularius qui vouloit. L’an
de Rome 3 56, on créa à la requête du tribun du
peuple M. Minucius , des triumvirs & des menjai-
rts. Cette création fut occafionnée par le défaut
d’argent. En 538 , on confiera à de pareils officiers
les fonds des mineurs & des veuves ; & en 542, ce
fut chez des hommes qui avoient la fondion des
mtnfaires, que chacun alloit dépôfer fa vaifl'elie d’or
& d’argent & fon argent monnoyé. H ne fut permis
à un fénateur de fe réferver que l’anneau, une once
d’or , une livre d’argent les bijoux des femmes,
les parures des.enfans & cinq mille affes, le tout
pafToït chez les triumvirs & les menfaires. Ce prêt,,
qui fe fit par efprit de patriotiline, fut rembourlé
fcrupuleuîemcni dans la fuite. Il y avbit des men-
faires dans quelques villes d’Afie; les revenus publics
y étoient perçus & adminiftrés par, cinq préteurs,
trois quefteurs & quatre mtnf aires, ou trape-
%etes\ car on leur donnoit encore ce dernier nom.
MENSE ,f. f. (Jurifprud.) du latin rnenfa qui figni-
fie table. En matière eccléfiaftique ,fe prend pour la
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part que quelqu’un a dans les revenus d’une églife»
On ne parloit point de menfes tant que les évêques
& les abbés vivoient en commun avec leur clergé;
mais depuis que les fupérieurs ont voulu avoir leur
part diftinde & féparée de celle de leur clergé, on
a diftingué dans les cathédrales la menfe épifcopale
Sc celle du chapitre, dans les abbayes on a diftin-
gué la menfe abbatiale & la menfe conventuelle, qui
eft la part de la communauté.
Outre les deux menfes de l’abbé 6c du couvent, il
y a le tiers lot deflir.é pour les réparations de l?é-
glife & des lieux réguliers.
La diftindion des menfes n’eft que pour l’admi-
niftration des revenus ; elle n’ôte pas à l’abbé l’autorité
naturelle qu’il a fur fes-religieux ; 6c l’aliénation
des biens qui font de l’une ou l’autre menfe,
ne peut être faite fans le confentement réciproque
des uns & des autres.
Dans quelques monafteres il y a des menfes particulières
, attachées aux offices claiiftraux ; dan$
d’autres on a éteint tous ces offices , 6c leurs mtnfes
ont été réunies à la menfe conventuelle.
On entend par menfes monachales, les places dé
chaque religieux ; ou plutôt la penfiondeftinée pouf
l’entretien 6c la nourriture de chaque religieux.
Cette portion alimentaire n’eft due que par la mai-
fon de la profeflïon ; 6c pour la pofféder, il faut être
religieux profés de l’ordre. Le nombre de ces menfes
eft ordinairement reglépar les partages & tranfadions
faites entre l’abbé & les religieux ; de maniéré qué
l’abbé n’eft tenu de fournir aux religieux que
le nombre de menfes qui a été convenu , autrement
il dépendroit des religieux de multiplier les menfes
monachales ; un officier clauftral, retenant fa men-
f e , réfigneroit fon office à un nouveau religieux;
celui-ci à un autre, & c’eft au réfignataire à attendre
qu’il y ait une menfe vacante pouf la requérir.
Anciennement les menfes monachales étoient fixées
à une certaine quantité de v in , de bled, d’avoine.
Les chapitres généraux de Cluny, de 1676
& 1678, ordonnent que la menfe de chaque r e ligieux
demeurera fixée à la Comme de trois cent 1 W
en argent, 6c que les prieurs auront une doUh.e
menfe.
Dans les abbayes qui ne font impofées aux décimes
que par une feule cotte , c’eft à l’abbé feulà
l’acquitter; on préfume que la menfe conventuelle
n’a point été impofée.
Dans celles où l’abbé & les religieux ont leurs
menfes féparées, la menfe conventuelle doit être impofée
féparement de celle de l’abbé ; & les religieux
doivent acquitter leur cotte fans pouvoir la répéter
fur leur abbé, quoiqu’il, jouiffe du tiers lot.
Lorfque les revenus d’un monaftere fournis à la
jurifdidion de l’évêque, ne font pas fuffifans pour
entretenir le nombre de religieux,fuffifans pour fou-
tenir les exercices de la régularité, les faints decrets
6c les ordonnances autorifent l’évêque à éteindre
& fupprimer la menfe conventuelle, & en appliquer
les revenus,.en oeuvfes pies plus convenables
aux lieux , aux circonftances , 6c fùr-tout à
la dotation de féminaires. Foyé[ la bibliot. can. torit*
I. pag. ix . Bouchel, verbo Menfe.. Carondas, liv*
X I I I . rep. ij. Les mémoires■ du clergé 6c le dieliônriè
des arrêts au mot Menfe., . „
MENSONGE, f. ni. (Morale.) fauffeté déshonnête
ou illicite. Le me/rfbnge confifte à s’exprimer,
de propos délibéré , en paroles ou e a lignes, d’unô
maniéré fauffe; en vue de faire du mal, on dé cau-
fer du dommage, tandis que celui à qui on parle a
droit de connoîtrè nos penfées , 6c qu’on eft obli-r
gé de lui en fournir les moyens , autant qu’il dépend
de nous. Il paroîf de-là que l’on’ ne nient pas toute*
MEN
les fois qu’on parle d’une maniéré qui n*eft pas conforme
, ou aux chofes, ou à nos propres penfées ;
& qu’ainfi la vérité logique, qui confifte dans une
fimple conformité de paroles avec les chofes, ne
•répond pas toujours à la vérité morale. Il s’enfuit
encore que ceux-là fe trompent beaucoup , qui ne
mettent aucune différence entre mentir & dire une
fauffeté. Mentir eft une adion deshonnête 6c condamnable,
mais on peut dire une fauffeté indifférente
; on en peut dire une qui foit permife, louable
& même néceffaire : par conféquent une fauffeté
que les circonftances rendent telle, ne doit pas être
confondue avec le menfonge, qui décele une ame
foible, ou un caradere vicieux.
Il ne faut donc point accufer de menfonge, ceux
qui emploient des fixions ou des fables ingénieufes
.pour 1 inftrudion , 6c pour mettre à couvert l’innocence
de quelqu’un, comme auffi pour appaifer une
perfonne furieufe, prête à nous bleffer : pour faire
prendre quelques remedes utiles à un malade; pour
cacher les fecrets de l’état, dont il importe de dérober
la connoiffance à l’ennemi, 6c autres cas fem-
blables, dans lefquels on peut fe procurer à foi-même
, ou procurer aux autres une utilité légitime 6c
entièrement innocente.
Mais toutes les fois qu’on eft dans une obligation
manifefte de découvrir fidèlement fes penfées à autrui,
& qu’il a droit de les connoîtrè, on ne fauroit
fans crime ni fupprimer une partie de la vérité, ni
ufer d’équivoques ou de reftridions mentales ; c ’eft
pourquoi Cicéron condamne ce romain qui, après
la bataille de Cannes, ayant eu d’Annibal la permif-
fion de fe rendre a Rome, à condition de retourner
dans fon camp, ne fut pas plutôt forti de ce camp,
qu’il y revint fous prétexte d’avoir oublié quelque
chofe, & fe crut quitte par ce ftratagème de fa pà-
rolé donnée.
Concluons que fi le menfonge, les équivoques 6c
les reftridions mentales font odieufes, il y a dans le
difeours des fauffetés innocentes , que la prudence
exige ou autorife ; carde ce que la parole eft l’inter-
prete de la penfee, il ne s’enfuit pas toujours qu’il
faille dire tout ce que l’on penfe. II eft au contraire
certain que I’ufagede cette faculté doit être fournis
aux lumières de la droite raifon , à qui il appartient
de décider quelles chofes il faut découvrir ou non.
Enfin pour être tenu de déclarer naïvement ce qu’on
a dans 1 efprit, il faut que ceux à qui l’on parle, aient
droit de connoîtrè nos penfées. (D . J.)
Mensonge officieux: un certain ro i, dit
Mufladin Sadi dans fon Rofarium politicum, condamna
à la mort un de fes efclaves qui, ne voyant
aucune efpérance de grâce, fe mit à le maudire. Ce
prince qui n’entendoit point ce qu’il difoit, en demanda
l explication à un de fes courtifans. Celui-ci
qui avoit le coeur bon & difpofé à fauver la vie au
coupable, répondit: »Seigneur, ce miférable dit
» que le paradis eft préparé pour ceux qui modèrent
» leur colere, 6c qui pardonnent les fautes ; & c’eft
» aihfi qu’il implore votre clémence «. Alors le roi
pardonna à 1 efclave, 6c lui accorda fa grâce» Sur
cela un autre courtifan d’un méchant caraélere, s’écria
qu il ne convenoit pas à un homme de fon rang
de mentir en préfence du ro i, 6c fe tournant vers ce |
prince: »Seigneur, dit-il, je veéx vous inftruire
» de la vérité ; ce malheureux a proféré contre vous
» les plus indignes malédiâions, 6c ce feigneur vous
» a dit un menfonge formel «. Le roi s’apercevant
du mauvais caradere de celui qui tenoit ce langage,
lui répondit : » Cela fe peut ; mais fon menfonge vaut
» mieux que votre vérité, puifqu’il a tâché par ce
» moyen de fauver un homme, au lieu que vous
» cherchez à le perdre. Ignorez-vous cette fage ma-
t> xime, que le menfonge qui procure du bien, vaut
Tome X .
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»» mieux que la vérité qui caufe dû dômmage » ?
Cependant , auroit dû ajouter le prince * qu’on n<*
ine mente jamais.
MENSORES, (Antitj. rom.) c’étoièiit des fduf*
riers 6c marechaux-des-logis, qui avoient le foin
d’aller marquer les logis quand l’empereur vouloit
fe rendre dans quelque province ; 6c quand il fal-
loit camper, ils drefloient le plan du camp, & afîî«
gnoient à chaque régiment fon quartier.
Les menfores défignoient auffi les arpenteurs, le»
architedcs & les experts des bâtimens publics ; en*
fin ceux qui pourvoyoient l’armée de grain , fe nom*
moient menfores frumentarii. (D . J.)
MENSTRUES, catamenia, (Medécine.) Cé font
les évacuations qui arrivent chaque mois aux femmes
qui ne font ni enceintes ni nourrices. Voyez
Menstruel. On les appelle ainfi de menfis mois ,
parce qu’elles viennent chaque mois. On les nomme
aufliJleurSy réglés, ordinaires, 6cc. Foye{ REGLES*
Les menflrues des femmes font un des plus curieux
6c des plus embarraflans phénomènes du corps hu*
main. Quoiqu’on ait formé differentes hypothèfes
pour 1 expliquer, on n’a encore prelque rien de cer*
tain fur cette matière.
On convient univerfellement que la néceftîté d<î
fournir une nourriture fuffifante au foetus pendant
la groffefle , eft la raifon finale de la furabondance
de fang qui arrive aux femmes dans les autres tems*
Mais voilà la feule chofe dont on convienne. Quelques
uns non conten9 de c e la, prétendent que le
fang menftruel eft plûtôt nuiftble par fa qualité,que
par fa quantité ; ce qu’ils concluent des douleurs
que plufieurs femmes reffentent aux approches de»
réglés. Ils ajoutent, que fa malignité eft fi grande ,
qu’il gâte les parties Îles hommes par un fimple con-
tad ; que l’haleine d’une femme qui a fes réglés »
laifle une tache fur l’ivoire, ou fur un miroir ; qu’un
peu de fang menftruel brûle la plante fur laquelle
elle tombe 6c la rend ftérile ; que fi une femme grofle
touche de ce fang elle fe bleffe ; que fi un chien ert
goûte, il tombe dans l’épilepfie, 6c devient enragé*
Tout cela, ainfi que plufieurs autres fables de même
efpece, rapportées par de graves auteurs , eft
trop ridicule pour avoir befoin d’être réfuté.
D ’autres attribuent les menflrues à une prétendilO
influence delà lune fur les corps des femmes. C ’é-
toit autrefois l’opinion dominante; mais la moindre
réflexion en auroit pu faire voir la faufleté. En effet,
fi les menjlrues étoient caufées par l’influence de la
lune , toutes les femmes de même âge 6c de même
tempérament, auroient leurs réglés aux mêmes périodes
6c révolutions de la lune, 6c par conséquent
en même tems ; ce qui eft contraire à l’expérience.
Il y a deux autres opinions qui paroiflent fort
probables, 6c qui font foutenues avec beaucoup de
force 6c par quantité de raifons. On convient de
part 6c d’autre que le fang menftruel n’a aucune
mauvaife qualité ; mais on n’eft pas d’accord fur la
caufe de fon évacuation. La première de ce» deux
opinions eft celle du doâeur Bohn 6c du dofteuf
Freind, qui prétendent que l’évacuation menftruellô
eft uniquement l’effet de la pléthore. F . Pléthore*
Freind qui a fouteriu cette opinion avec beaucoup
de force & de netteté, croit que la pléthore eft produite
par une furabondance de nourriture, qui peu*
à-peü s’accumule dans les vaifleatix fanguins; quô
cette pléthore a lieu dans les femmes 6c non dan»
les hommes, parce que les femmes ont des corps
plus humides, des vaifleaux 6c fur-tout leurs extrémités
plus tendres, & une maniéré de vivre moins
aâive que les hommes; que le concours de ces chd»
fes fait que les femmes ne tranfpirent pas fuflîfam-
ment pouf diffiper le fupèrflu des parties nutritives,
lefquellcs s’accumulent au point de diften