Macer a obtenu une place entre les auteurs de me- i
décine. Ses ouvrages ont été perdus. Ceux qui por- I
tent Ton nom p a ien t, parmi les favans , pour fup-
pofés ; ils ont été écrits à ce qu’on dit, par un cex tain
Obodotms.
‘Æfckrion , médecin grec de la fefte empirique,
dont nous favons feulement qu’il étoit très-verfé
dans la conaoiflance de la matière médicale, &
qu’il eut part à l’inftrudion de Galien , qui nous a
laiffé la defcription d’un rcmede contre la morfure
d’un cfiien enragé, qu’il tenoit de lui 6c qu’il elime
trcs-efficace ; ce remede fe fait tous les jours, 6c
p a le pour une découverte moderne : c’eft une préparation
de cendres d’écreviffes, de gentiane &
d’encens infufés dans de l’eau. Son emplâtre de poix,
d’opopanax & de vinaigre, appliqué fur la plaie,
étoit phis fenfée.
Ætius. Il paroît qu’il y a eu trois médecins de ce
nom, & qu’ils ont tous trois mérité que nous en dirons
quelque chofe.
Le premier e l Ætius Sicanius, C ’eft de fes écrits
qu’on dit que Galien a tiré le livre de atrâ bût, qu’on
lui attribue. *
Le fécond eft Ætius d’Antioche, fameux par les
différera états qu’il embraffa fucceffivement : il cefla
d’être vigneron pour devenir orfevre ; il quitta le
tablier d’orfevre pour étudier la médecine ; abandonna
cette fcience pour prendre les ordres facrés,
& devint évêque vers l’an 361. Il embraffa & fou*
tint l’Arianifme avec beaucoup de zele 6c d’habileté.
Le troifieme Ætius, fut Ætius d’Amida, dont
nous poffédons les ouvrages. On croit qu’il vécût
fur la fin du iv. fiecle, ou au commencement du v.
Tout ce que nous favons de fa vie , c ’eft qu’il étudia
la médecine en Egypte 6c en Cælefyrie.U paroît
par deux endroits de fes ouvrages (Tetrab. II. ferm.
IV. cap. Jp, & Tetrab. IV. ferm.I. cap. //.) qu’il
étoit chrétien ; mais d’une telle crédulité, que fa foi
faifoit peu d’honneur à fa rèligion. Cependant cet
auteur mérite la confidération des médecins, en ce
qu’il leur a confërvé dans fes collections quelques ■
pratiques importantes, qui fans lui auroient ete immanquablement
perdues. Il ne s’eft pas feulement
enrichi d’Oribafe, mais de tout ce qui lui convenoit
dans la Thérapeutique de Galien, dansArchigene,
Rufus;, Diofçoridë, SoYanüs , 'Philagrius, Pofido-
ni-us & quelques autfeS, dont les noms fe trouvent
avec éloge dans l’hiftoire dé la medécine.
Il ne nous refte des ouvrages d’Ætius imprimés en
grec , que les deux premiers tetrabibles, ou les huit
premiers livres , qui ont paru.cHez Aide à Venife en
15 14 , in-fol. On dit que le refte eft en manuferit
dans quelques bibliothèques. Janus Cornarius tra-
duifit 6c publia l’ouvrage entier à Bâle en 1542. On
le trouve dans la collection des artis medica principes
de Henry Etienne.
Agatarchides furnommé Gnidien , vivoit fousPto-
lomée Philométor qui regnoit environ cent trente
ans avant Alexandre le grand. Il n’étoit pas médecin
de profeffion, mais il avoit compofé entre autres
ouvrages qui font tous perdus, une hiftoire des pays
voifins de la mer rouge, dans laquelle il parle d’une
maladie endémique dé ces peuples, qui confiftoit
dans de petits animaux ('dractmculos) qui s’engèn-
droient dans les parties mufculeufes des bras & dés
jambes, 6c y caufoient des ulcérés.
Agathinus, médecin dont il eft parlé dans Galien ,
dans Cælius Aurélianus & dans Ætius. Il a compofé
différera traités fur l’ellébore, le pouls 6c divers
autres fujets. Il étoit de la fe£te pneumatique, 6c
par conféquent partifan d’Athénée. Suidas nous apprend
qu’il avoit été maître d’Archigene, qui exerça
la medécine à Rome, fous l’empire de Trajan,
Ses ouyragesTont perdus.
Albucafis, médecin arabe de la fin du xj . fie clé.
Suivant Fabricius il eft connu fous le nom de Alfd
haravitis ; il a compofé un ouvrage appelléaltafrif,
ou méthode de pratique, qui eft effectivement un
livre fort méthodique, mais qui ne contient rien
qu’on ne trouve dans les ouvrages de Rhazès. Quoiqu’on
fuppofe communément qu’il vivoit vers l’an
1085 , on a tout lieu de croire qu’il n’eft pas fi ancien
; car en traitant des bléffures, il décrit les fléchés
dont fe fervent les Turcs , 6c l’on fait qu’on
ne leseonnoiffoit point avant le milieu du douzième
fiecle. Après tout Albucafis eft le feul des anciens
qui ait décrit 6c enfeigné l’ufage des inftrumcns qui
conviennent à chaque opération chirurgicale; il a
même foin d’avertir lë'leCleur de tous les dangers
de l ’opération, 6c des moyens qu’on peut employer
pour les écarter, ou les diminuer. On a imprimé les
ouvrages d’Albucafis en latin à Venife, en 1500 ,
in-folio ; à Strasbourg, en 1 5 3 1 , in-folio , & à
Bâle avec d’autres auteurs, en 1541 in fol.
Alèxandre Trallian, c’eft-à-dire de Tralles ville
de Lydie , oîi il naquit dans le fixieme fiecle , d’un
pere qui étoit médecin de profeffion. Après la mort
de ce pere, il continua d’étudier fous un autre médecin
, 6c compila fon ouvrage qui lui procura tous
les avantages d’une grande réputation ; en entrant
dans la pratique de la medécine, il mérita cette réputation
par l’étendue de fes connoiffances. C ’eft
en effet le feul auteur des derniers fiecles des lettres
, qu’on piaffe appeller un auteür original. Sa
méthode eft claire & exa&e, 6c fon exaâitude fe
remarque fur-tout dans fes détails des lignes dia-
gnoftiques. Quant à fa maniéré de traiter les maladies
, elle eft ordinairement affez bien raifonnée ,
accompagnée du détail de la fucceffion des fympto-
mes 6c de l’application des remedes. II s’eft écarté
fréquemment de la pratique reçue de fon tems , 6c
paroît le premier qui ait introduit l’ufage du fer en
iubftance dans la Médecine : mais malgré fes connoiffances
6c fon jugement, il n’a pas été exemt de
certaines foibleffes dont on avoit tout lieu d’efpé-
rer que fa raifon & fon expérience l’auroient garanti.
U pouffa la crédulité fort loin, & donna dans
les amulettes 6c les enchantemens ; tant les caufes
de l’erreur peuvent être étranges chez les hommes
qui ne Tarent pas* fe garantir des dangers de la
fuperftition. Peut-être que fans ce fanatifme,
Trallian ne le céderoit guere qu’à Hippocrate & à
Arétée.;
Nous avons une tradu&ion de fes ouvrages par
Albanus Taurinus, imprimée à Bâle apud Henricuni
Pétri 1532 & 15.41 in-fol. Guinterius Andernacus
en a donné une autre à Strasbourg , en 1549 in-8°.
& Lugduni 1575 ; cum Joannis. MoLinoei annotatio-
nibus. Ori trouve cette traduftion entre les Artis
medicoe principes, donné par Etienne. Nous avons
auffi une édition de Trallian en grec, Parfis apud
Robtrtum Stephanum, 1548 fol. cum cajligationibus
Jacobi Goupilii. Enfin la meilleure édition de toutes
les oeuvres d’Alexandre, a paru à Londres groecè &
latinè 1 7 3 2 ,2 vol. in-fol.
Alexïon fut un médecin qui vivoit du tems de Cicéron
6c d’Atticus. Ces deux illuftres perfonnages
paroiffent l’avoir honoré d’une grande amitié. U
mourut avant Cicéron, & il en fut extrêmement
regretté, comme on voit par ce que Cicéron même
en écrit à Atficus. » Nous venons de perdre Ale-
» xion; quelle perte! Je ne peux vous exprimer la
» peine que j’en reffens. Mais fi jeru’en afflige, ce
» n’eft point par la raifon qu’on croit communé-
» ment que j’ai de m’en affliger ; la difficulté de lui
» trouver un digne fucceffeur. A qui maintenant
» aurez vous recours, me dit-on? qui appelierez-
» vous dans la maladie ? comme I j ’avois gran4
M E D
» befoin de médecin, ou comme s’il étoit fi difficile
» d’en trouver ! Ce que je regrette, c’eft fon amb
» tié pour moi, fa bonté, fa douceur ; ce qui m’af-
» flige, c’eft que toute la fcience qu’il poflédoit,
» toute fa fobriété ne l’aient point empêché d’être
» emporté fubitement par la maladie. S’il eft poffi-
» ble de fe confoler dans des événemens pareils,
>> c’eft par la feule réflexion que nous n’avons reçu
» la naiffance, qu’à condition que nous nous fou-
» mettrions à tout ce qui peut arriver de malheu-
» reux à un homme vivant. «. Epijl. à Attic. Lib.
XV. epijl. j . Sur cet éloge que Cicéron fait d’Ale-
xion,on ne peut qu’en concevoir une haute eftime,
6c regretter les particularités de fa vie qui nous
manquent.
Alexippe fut un des médecins d’Alexandre le grand,
qui lui écrivit, au rapport de Plutarque, une lettre
pleine d’affeôion, pour le remercier de ce qu’il avoit
tiré Peuceftas d’une maladie fort dangereufe.
Andréas, ancien médecin dont parle Celfe dans la
préface de fon cinquième livre. Andréas, dit-il, Zenon
& Apollonius furnommé Mus, ont laiffé un
grand, nombre de volumes fur les propriétés des
purgatifs. Afclépiade bannit delà pratique la plupart
de ces remedes,. & ce ne fut pas fans raifon,
ajoute Celfe, car toutes ces compofitions purgatives
étant mauvaifes au goût, 6c dangereufes pour
l ’eftomac > ce médecin fit bien de les rejetter- , & de
fe tourner entièrement du côté de la partie delà médecine
qui traite les maladies par le régime.
Andromachus , naquit en Crete, & vécut fous le
régné de Néron ; comme on en peut juger par fon
pôëme de la thériaque dédié à cet empereur. La
feule chofe qui nous refte de ce médecin, c’efl: un
grand nombre de deferiptions de médicamens com-
pofés qui étoient en partiede fon invention. Il nous
refte encore aujourd’hui le poëme grec en vers élé-
giaques qu’il dédia à Néron, où il enfeigne la maniéré
dé préparer cet antidote, & où il défigne les
maladies;'auxquelles il eft propre. Ce remede eut
tant de faveur à Rome, que quelques empereurs le
firent, çompofer dans leur palais , 6c prirent un foin
particulier de faire venir toutes les drogues nécef-
fairés, 6c de les avoir bien, conditionnées. On fuit
encore aujourd’hui affez fcrupuleufement par-tout
la defcription de la thériaque du médecin de Néron,
«jüoiqu’elje.foit pleine de défauts 6c de fuperfluités.
D e làvans médecins ont été curieux d’examiner
quand , comment, on én.vint à ces fortes de compofitions
, & combien infenfiblement on en augmenta
les ingrédiens. Je renvoie là-deflus le leâeur
à l’excellente.hiftoire de la Medecine deM. le Clerc.
Apollonides, médecin de C o s , vivoit dans la 7 5e
Olympiadei II n’eft connu que par une av.anture
qui le fit périr malheureufement, 6c qui ne fait .honneur
ni à;fa mémoire, ni à fa profeffion. Amithys
yeuve de Mégabife, & foeur d’Artaxerxès Longue-
main, eut une maladie pour laquelle elle crut devoir
confulter Apollonides. Celui-ci abufant delà
confiance de la princeffe, .obtint fes faveurs > en lui
perfuadant que la gnérifon de fon mal en dépendoit ;
cependant Amithys voyant .tous les jours fa fanté
dépérir, fe.repentit de fa faute, & en fit confidence
à la reine fa mere. Elle mourut peu de tems après,
6ç le jour de fa mort, le médecin Apollonides fut
.condamné à être enterré vif.
Archagàthus 9 medécincélébré parmi les Romains,
qui,.félon quelques auteurs , fit le premier connoî-
tie là medecine à Rome ; c’eft Pline lui-même , livre
X X IX . çhap. j i qqî • jioys;.apprend qu’Archagathus
fils de Lyfanias du -Pélopponnefe, fut le premier
médecin qui vint à Rome fous le confu.laj. de. Lucius
Æmilius , & de Marçus Livius, ran.53 5.deia fonc
t io n de la yiîle, 11' ajoute qu’on lui açççrda la
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bourgeoifie, 6c que le public lui acheta gratuitement
une boutique pour y exercer fa profeffion ;
qu’au commencement on lui avoit donné le furnom
de guérijfeur de plaies, vulnerarius ; mais que peu de
tems après , la pratique de couper 6c de brûler dont
il fe fervoit, ayant paru cruelle, on changea fon
furnom en celui de bourreau ; & l’on prit dès-lors
une grande averfion pour la Medecine , & pour ceux
qui l’ëxerçoient.
Il paroîtra furprenant que les Romains fe foient
paffés filong-tems de médecins; 6c l’on oppofe à
l’autorité de Pline celle de Denys d’Halicarnaffe ,
qui dit, liv. %X '. que la pefte ravageant Rome l’an
301 de fa fondation, les Médecins ne fuffifoient pas
pour le nombre des malades. Il y avoit donc des
médecins à Rome plus de 200 ans avant l’époque
marquée par Pline, 6c comme il y en a eu de tout
tems chez les autres peuples. Ainfi pour concilier
ces deux auteurs, il faut entendre des médecins
étrangers, 6c particulièrement des grecs, tout ce
que Pline en dit. Les Romains jufqù’à la venue
d’Archagathus, uferent de la fimple medecine empirique.,
qui étoit fi fort du goût de Caton, & de laquelle
il étoit le premier des Romains qui en eût
écrit.
Il n’eft pas étrange que les Romains n’ayent point
eu de connoiffance de la medecine rationelle, jufqu’à
la venue d’Archagathus, puifqu’ils ont d’âiileurs
beaucoup tardé à cultiver les autres fci.ences 6c les
beaux arts. Cicéron nous apprend qu’ils avoient
dédaigné la Philofophie jufqu’à fon tems.
Archigenes, vivoit fous Trajan, pratiqua la Medecine
à Rome, & mourut à l’âge de 63 ans, après
avoir beaucoup écrit fur Ja Phyfique & fur la Medecine.
Suidas qui nous apprend ce détail, ajoute
qu’Archigenes. etoit d’Apamée en Syrie, & que fon
pere s?appelloit Philippe.
JuvenaJ parle beaucoup d’Archigenes, entre au-’
très yfatyre VI. vers .2.3 éT.
Tune corpore fano
Advocat Archigenem, onerofaque pallia jaclat*
Quot Themifum «.gros. '
Et dans la fatyre XIVi vers 52.
Ocyus Archigenem quatre, atque eme quod MithrU
dates
Compofuit.
Juvénal ayant vécu jufqu’à la douzième année
d’Adrien, a été contemporain d’Archigenes ; 6c la
maniéré dont il en parle, fait voir la grande pratique
qu’ayoit ce médecin.
Mais ce n’eft pas fur le feul témoignage de Juvénal,
que la réputation d’Archigenes eft établie ; il
a encore en fa faveur celui de G alien, témoignage
d’autant plus fort, que cet auteur eft du métier, 6c
qu’il n’eft point prodigue de louanges pour ceux
qui ne font pas de fon parti. « Archigenes,.dit-il, a
» appris, avec autant de foin que perfonne , tout ce
» qui concerne l’art de la Medecine; ce qui a rendu
». avec juftice recommendable tous les écrits qu’il
» a laiffés, 6c qui font en grand nombre ; mais il
».n’eft pas pour cela irrépréhenfible dan$ fes opi-
» nions, &c. » Archigenes avoit embraffé. la fe&e
des Pneumatiques 6c des.Méthodiques, c’e.ft-à-dire,
qu’il étoit proprement de la feaeécleâique.
Arétée , vivoit félon \Vigan , fous l e . régné
de Néron, & avant celui de Domitien ; comme
Aetius & Paul Eginete le citent , il eft certain qu’il
les a'précédés. C ’eftun auteur d’une, fi grande réputation,
que les.Médeçins ne faurçient trop l’étudier.
Il adopta les principes théoriques des Pneumatiques
& füivit généralement la pratique dés Méthodiques
: fes ouvrages fur les maladies ne permet: