‘elle eh fuit les traces dans une antiquité fouvent fi
reculée , qu’aucun monument hiftorique ne nous en
-a corifervé le fouveriir ; elle examine quels ont pu
^tre ces événemëns furprenans par lefquels tant dé
corps appartenant Originairement à la mer, ont été
tranfportés dans les entrailles de la terre ; elle pefè
les caufes qui ont déplacé tant de corps du règne animal
& du regiie végétal, pour les donner au régné
minéral y elle fournit des raifons sures & non halar-
•dées de ces embrafemens fonterreins, de ces trem-
blemens fenfibléS , qui' femblent ébranler la terre
jufque dansfes fondemens ; de ces éruptions des volcans
allumés dans prefque toutes les parties du monade
, dont les effets excitent la terreur 8c la furprife
des hommes : elle médite fur la formation des montagnes
y 8c fur leurs différences ; fur la maniéré dont
Te font produites les couches qui femblent fervir
d’enveloppe à la terre ; fur la génération des roches,
des pierres précieufes, des métaux , des fels , &c.
Voyt{ Fossiles , T remblement de terre , Révo
lu t io n s de la terre , Montagnes , Pierres
, & c . . ,
Les eaux qui fe trouvent à la furface de la terre
& dans fon intérieur , font aufli du reffort de la Minéralogie
, en tant qu’elles contribuent à la formation
des pierres , par les particules qu’elles ont ou
diffoutes , ou détrempées, par les couches qu’elles
forment fur la terre, par les altérations continuelles
qu elles opèrent, 8c par lestranfpofitions qu’elles
font des corps qu’elles ont entraînées ; en un mot,
la Minéralogie s’occupe des eaux , en tant qu’elles
font les agens les plus univerfels dont la nature fe
ferve pour la" production dès fubftances minérales ,
Voye{ Pierres , Pétr if ic at ion , Limon , T uf ,
ô c.Q
uelque vaftes que foient ces objets , quelque
grands que foient les phénomènes de la nature qu’elle
confidere f la Minéralogie ne dédaigné point les details
les plus minutieux en apparence , tous les faits
deviennent précieux pour elle ; elle les recueille
avec foin , parce qu’elle fait que les plus petits détails
peuvent quelquefois la mener à l’intelligence
des plus grands myfteres de la nature ; c’eft toujours
le flambeau de l’expérience qui la guide , 8c elle ne
fe permet des fyftemes que îorfqu’ils font appuyés
fur des obfervations confiantes 8c réitérées, 8c alors
ce font des enchaînemens de vérités.
Par la grandeur 8c la multiplicité des objets qu’em-
braffe la Minéralogie, on fent qu’elle ne peut être
que très-difficile à acquérir. Les fpéculations tranquilles
du cabinet, les connoiflances acquifes dans
les livres ne peuvent point former un minéralogifie ;
c’eft dans le grand livre de la nature qu’il doit lire ;
c ’eft en defeendant dans les profondeurs de la terre
pour épier fes travaux myftérieux ; c’eft en gravif-
fant contre le fommet des montagnes efearpées ;
c ’eft en parcourant différentes contrées, qu’il parviendra
à arracher à la nature quelques-uns des fe-
•crets qu’elle dérobe à nos regards. Mais pour atteindre
à ces connoiflances, il faut des yeux habitués 8c
faits pour voir avec précifion ; il faut des notions
préliminaires ; il faut être dégagé des idées fyfté-
matiques qui ne permettent d’appercevoir que ce
qui favorite les préjugés qu’on s’eft formés.
Pour reconnoître les différens objets dont s’occupe
la Minéralogie, il eft effentiel de s’être familiarifé
avec les fubftances du régné minéral, il faut avoir
accoutumé fes yeux à lesdiftinguer& à reconnoître
les Agnes extérieurs qui les caraûérifent ; cette con-
aioiflance devient difficile par la variété infinie des
productions de la nature ; elle fe plaît fur-tout dans
le régné minéral à éluder les réglés qu’elle s’étoit im-
pofée ; il faut de plus avoir des idées générales de
la maniéré dont ces fubftaoce.s font arrangées dans
le fein de la terre ; il faut connoître les Agnès qui
annoncent la préfence des mines, les pierres qui les
accompagnent le plus communément ; il eft à propos
d’examiner les bords des rivières, 8c les fables qu’elles
charrient ; on ne doit point négliger les chemins
creux, les ouvertures & les excavations de la terre,
les carrières d’oîi l’on tire des pierres. Toutes ces
chofes fourniront à un obfervateur attentif des connoiflances
affez sures pour juger avec quelque certitude
de ce qu’un terrein renferme. En effet, quoique
la nature femble quelquefois déroger aux lois
qu’elle s’eft preferitès, elle ne laifle pas pour l’ordinaire
de fuivre une marche uniforme dans fes opérations
; les obfervations qui auront été faites dans un
pays, pourront être appliquées à d’aiitres pays oii
le terrein fera analogue ; à force de faire des obfervations
dans ce goût, on pourra à la fin ramaflèrles
matériaux néceflaires pour élever un fyftème general
de Minéralogie , fondé fur des faits certains 8c
fur des remarques confiantes.
Mais ce feroit en vain qu’on fe flatteroit que le
coup d’oeil extérieur pût donner des connoiflances
fuffifantes en Minéralogie ; l’on n’auroit que des notions
très-imparfaites des corps , fi on n’en jugeoit
que par leur afpeét 8c par leurs furfaces : aufli la
Minéralogie ne fe contente-t-elle point de ces notions
fuperficielles, que Beccher a comparées à celles
que prennent les animaux, Jicut afini & boves ;
on ne peut donc point s’en rapporter à la fimple vu e ,
& c’eft très - légèrement que quelques auteurs ont
avancé que les carafteres extérieurs des foffiles fuf-
firoient pour nous les faire connoître : ce font les
analyfes 8c les expériences de la Chimie qui feules
peuvent guider dans ce labyrinthe ; c’eft faute de l’avoir
appellée à leur fecours , que les premiers na-
turaliftes ont confondu à tout moment des fubftances
très-différentes , leur ont donné des dénominations
impropres , 8c leur ont fouvent afligné des caractères
qui leur font entièrement étrangers. Com-
ment fe fera-t-on une idée de la formation des cryf-
! taux , fi la Chimie n’a point appris comment fe fait
la cryftallifation des fels , qui nous fait connoître par
analogie les cryftallifationsquela nature opéré dans
fon grand laboratoire ? Comment concevoir clairement
ce qu’on entend par fucs lapidifiques, fi l’on n’a
point des idées nettes de la diffolution des corps, 8c
fi on ne la diftingue point de leur divifion mécha-
nique, ou de leurdétrempement dans les eaux? Eft-
il poffible fans la Chimie, de fe faire des notions
diftinétes de la minéralifation, c’eft-à-dire de l’opération
par laquelle la nature mafque les métaux fous
tant de formes différentes dans les mines ? L’analyfe
& la récompofition ne nous donnent-elles pas fur ce
point des lumières auxquelles il eft impoffible de fe
refufer? Fôyq Varticle Minéralisation. Comment
s’aflurer de la nature des pierres , fi l’on n’a
éprouvé leurs effets dans différens degrés du feu , &
fi l’on ne les a effayées à l’aide des diflolvans que
fournit la Chimie ? Sans ces précautions , on rif-
quera toujours de confondre des fubftances, entre
lefquelles la Chimie fait trouver les différences les
plus frappantes, quoique le coup d’oeil féduit les eût
décidées de la même nature. Voyei Minéraux.
C’eft fur-tout dans les travaux des mines que la
Minéralogie a le plus grand befoin des lumières de la
Chimie ; dans les autres objets dont elle s’occupe,
elle peut errer plus impunément ; mais dans cette
partie l’on eft expofé à donner inconfidérement dans
des entreprifes ruineufes, fi l’on s’en tient à des connoiflances
fuperficielles, 8c fi une étude profonde
de la Chimie métallurgique ne met en état de s’af-
furer de ce qu’on peut attendre de fes travaux.
Cela n’eft point encore fuffifant. Il faut outre
cela des connoiflances dans la Géométrie fouterreihè;
par fon moyen on juge de la dîréChori dès couches
& des veines métalliques, de leur inclinaifon ,
de leur marche, des endroits oîi l’on pourra les retrouver
lorfque quelque obftacle imprévu aura interrompu
leur cours, f^oye^ Filons & Géométrie
souterreine. La Minéralogie emprunte-auffi deS
fecours de la Méchanique 8c de l’Hydraulique y tant
pour le renouvellement de l’air au fond des fouter-
reins, que pour l’épuifement des eaux y 8c pour élever
des poids immenfes qu’on a tirés du fein de là
terre. Elle a befoin de l ’Archite&ure pour empêeher
les ébouleniens des terres, 8c les affaiflemens des roches
& des montagnes qui ont été excavées. Voye^
Mines. Toutes ces chofes demandent un grand
nombre de connoiflances , & fur-tout beaucoup
d’habitude 8c d’expérience., fans lefquelles on ril-
que de fe jetter dans des dépenfes ruineufes & inutiles^
.
C ’eft fur-tout en Allemagne & en Suede que là
Minéralogie a été cultivée avec le plus de foin. Ceux
qui fe font livrés à l’étude de cette fcience, ont bientôt
fenti qu’une Phyfique fyftématique n’étoit propre
qu’à retarder fes progrès ; dès-ldrs ils ont porté
leurs vues du côté de la Chimie, de qui feule ils
pouvoient attendre les lumières dont ils avoient befoin.
Ils ne furent point trompés dans leurs efpé-
rances , 8c ils ne tardèrent point à recueillir les
fruits de leurs travaux. Agricola fut un des premiers
qui défricha un champ fi vafte : le célébré Beccher,-
dans fa jPhyfique fouterreine , répandit encore plus
de jour fur cette matière. Henckel nous a donné ,
dans fa Pyritologie, 8c dans plufieurs autres ouvrages
, des idées claires & diftinCtesde la Minéralogie $
il a prouvé que cette fcience avoit befoin à chaque
pas des fecours de la Chimie* MM. Linnæus, Wal-
ierius , Woltersdorf, Cartheufer ont tâché de nos
jours de donner un ordre fyftématique aux fubftances
du regne minéral : leurs différentes méthodes
font expofées à 1 ‘a' rticle Minéraux. Enfin M. Pott
& Lehmann , l’un dans fa Lithogéognofie, 8c l’autre
dans fes OEuvres phyfiques & minéralogiques , nous
ont donné qn grand nombre d’expériences & d’ob-
férvations propres à répandre de lalumiere fur cette
fcience difficile. ( — )
MINÉRAUX , mineralia , ( Hiß. nat. ) onfe fert
ordinairement de ce mot pour défigner en général-
toutes les fubftances qui fe trouvent dans le fein de
la terre ; alors c’eft un fynonyme de foffiles, voye^
Fossiles. Dans cette lignification étendue des minéraux
, font renfermés tous les corps non vivans &
non organifés qui fe trouvent dans l’intérieur de la
terre & à fa furface ; tels font les terres, les pierres,
les métaux, les demi - métaux , les fubftances inflammables
, les fels & les pétrifications.
Les végétaux vivent & croiflent ; les animaux
croiflent, vivent 8c jouiffent outre cela de l’inf-
tintt ou du fentiment : mais les minéraux font fufeep-
tibles de croiflance 8c d’altération , fans jouir ni de
la vie ni du fentiment.
Quelques auteurs prennent le mot minéraux dans
un fens moins étendu, 8c ils ne donnent ce nom
qu’aux fels , aux fubftances inflammables , aux métaux
8c aux demi-métaux , c’eft-à-dire, aux feules
fubftances qui entrent dans la compofition des mines
ou glebes métalliques. •Voyeç Mines & Minéralisation.
Ils refufentle nom de minéraux aux terres,
aux pierres, &c. On ne voit point fur quoi cette dif-
tinétion peut être fondée ; elle ne femble venir que
de l’envie de multiplier les noms que l’on n’a déjà
que trop accumulés dans les différentes branches de
l’Hiftoire naturelle. On doit donc en général comprendre
fous les minéraux toutes les fubftances du
regne minéral , ou qui appartiennent à la terre.
V o y e^ MineralogiE.
Plufieurs nâtùraliftes modernes ont therèhé â i âti-
ger les minéraux dans un ordre fyftématiqué j où
fuivant une méthode femblable à celle que leS Bôta1
niftesont adoptée pour le régné végétal. Le célébré
M. Linnæus, dans fon Siflemà natures, divife leô
fubftances du régné minéral en trois claffei ; favôir;
i° . les pierreS, z°. les mines , 30. les foffiles: Il
fous-divife les pierres en vitrifiables, en calcaires 8t
en apyres : il fdus-divife les mines en fels , en feu1
fres ou fubftances inflammables , & en fubftances
mercurielles , ce qui comprend les métaux 8c leS
demi-métaüx : enfin il fous-divife les foffiles en concrétions
, cofiçreta, eri pétrifications 8c en terres.
M. Jean Gotfchalk Wallerius, de l’académie roya-4
le de Suede j & profefleur de Chimie à Upfàl, publia
en langue fuédoife en 174^7 , une Minéralogie oii
Dijlribùtion méthodique des fubjlânces du régné minéral
y accompagnée d’obfervatiOns 8c de notes très-
inftruétives ; c’eft l’ouvrage le plus complet que noué
ayons eri ce genre. L’auteür ne s’ëft point contenté
de donner une fimple énumération des minéraux , il
y a joint des deferiptions très-exa£tes, des analyfeS
chimiques d’après les riieilleurs auteurs. Si l’on a‘
quelque chofe à reprocher à M. Wallerius , c’efl:
d’avoir peut-être trop multiplié les fous-divifions *
8c d’avoir fouvent fait des genres dé ce qui n’auroir
dû être regardé que comme efpece ÿ 8c d’avoir fait
des efpecesde ce qui ri’étoit que des variétés d’unef
même efpece. Ce lavant minéralogifie divife les f o f
files ou minéraux en quatre clafles ; favoir, les terres
, les pierres , les mines 8c les pétrifications : il
fous-divile ces quatre clafles en quinze ordres ; favoir,
i°. les terres, en terres détachées , en terres
argilieufes, en terres minérales & en fables.
2°. Les pierres fontfous-divifées’en pierres calcaires
, en pierres vitrifiables ÿ en pierres âpyrés 8c en
pierres de roches.
30. Les mines font fous-divifées enfels, enfoufres
en demi-métaux, 8c en métaux.
40. Les concrétions fe fous-divifent eri pbres, en
corps pétrifiés, en pierres figurées-, 8c en calculs.
Chacun de ces ordres eft encore fous-divifé en urt
grand nombre de genres, d’efpeces, 8c de variétés.’
Au refte, quoique l’on ait beaucoup d’objeétions £
faire contre la diftribiitidn générale que M. Walle*
rius fait des minéraux, & quoique fouvent il ait
placé des fubftances dans des clafles auxquelles elles
n’appartiennent point, fon travail mérite toute?
la*reconnoiffance des Naturaliftes, qui feritiront là
difficulté qu’il y avoit à mettre dans Un ordre mé-1
thodique des corps aufli variés 8c aufli difficiles à
connoître que les fubftances du régné minéral. La
traduction françoife de la Minéralogie de Walleriuÿ
a été publiée à Paris en 1753.
M. Wolterfdorff, dans fon fyflema minérale, di-'
vife les minéraux en fix clafles : lavoir ,•
iG. Les terres-, il les fous-divife en terres, en pouf«
fiere, en terres alkalines ÿ en terres gypfeufes , en
terres vitrifiables.
20. Les pierres y qu’il fous-divife en cinq of dres dd
même que les terres.
3°. Les fels y qu’il fous-divife en acides, en al-'
kalis, 8c en fels neutres & moyens.
40. Les bitumes, qui font ou fluides ou folides*
50. Les demi-métaux, qu’il divife aufli en fluides
comme le mercure , & en folides.
6°< Les métaux y qui font fous-divifés en parfaits
& en imparfaits.
M. Frideric-Augufte Cartheufer, dans fes elemett■*
ta Mineralogia , divife tous les minéraux en fepC
clafles : favoir, i°. eft terres, dont les unes font fo-
lubies dans l’eau , & les autres ne s’y diffolvenf
point. 2°. En pierres, qu’il fous-divife d’après leuT
tiflù en feuilletées i en nlamenteufes ou ftriées, en