ment fur la plie, & le couvrant enfuite du tfouffeau
qu’il tenoit ferme de la main gauche, il donnoit
lur ce trouffeau plufieurs coups d’un maillet de fer
qu’il tenoit de la main droite , plus ou moins , fui-
vant que l’empreinte des Coins étoit plus ou moins
gravée profondément. Si le flanc, après ces premiers
coups, n’avoitpas été fuffifamment frappé,
on le rengrevoit, voye{ Rengrever , c’eft-à-dire
qu’on le remettoit entre la pile & le trouffeau, juf-
qu’à ce que les empreintes de l’un ou de l’autre fuf-
fent parfaitement marquées.
Ainfi s’achevoient les diverfes efpeces de monnoies
ait marteau, qui, non plus que celles que l’on
fait aujourd’hui au laminoir , n’a voient cours qu’a-
près que la délivrance en avoir été faite par les juges
gardes.
MONNOYAGE, ( Hôtel des monnoies.) lieu où l’on
frappe les monnoies. Il y a trente villes en France,
où l’on bat monnoie ( il en faut excepter Angers où
l’on n’a jamais fabriqué ) ; elles font citées à l’article
déférent, avec leurs lettres, chaque hôtel en
ayant une.
Il y a dans chaque hôtel de monnoie, pour la régie
, deux juges gardes , un direûeur, un contrôleur
, un graveur , des ajufteurs 6c monnoyeuts,
dont le nombre n’eft pas limité. Dans celle de Paris il
y a deplus undire&eur général, un tréforier général,
un contrôleur général, un graveur général , un ef-
fayeur général, qui le font de toutes les monnoies
de France ; de plus, un receveur 6c un contrôleur
au change.
Pour Ja jufiice dans quelques-unes, un général
provincial, qui a féance à la cour des monnoies ,
les deux juges - gardes , un procureur du ro i, des
huiffiers.
Il n’y a en France que deux cours des monnoies,
la v o ir , Paris 6c Lyon. Il y a de plus une chambre
des monnoies à Mets , une à D o le , & une autre à
Pau.
Mo nno yage , à la monnoie, lieu où eft placé le
balancier, & conféquemment où l’on marque les
flancs.
II y a dans l’hôtel des monnoies de Paris un inf-
pe&etir du monnoyage : ce font les juges-gardes qui
ont cette infpeûion dans les provin ces.
La chambre du monnoyage eft le lieu où les offi- j
ciers monnoyeurs s’affemblent, foit pour leurs délibérations
, ou autre chofe de cette nature.
MONNOYERIE, f. f. ancien terme de monnoie, lieu
ou attelier où Ion donnoit à la monnoie fon empreinte.
Foyei Mo n n o yag e.
MONNOYEUR, terme de monnoie, nom que l’on
donne aux bas ouvriers qui travaillent à la fabrication
des monnoies. Nul ne peut être reçu monnoyeuri
s’il n’eft d’eftoe & de ligne de monnoyeur. Les
monnoyeurs reçoivent du direfteur les efpeces, ou
au poids ou au compte ; leurs fondions font d’arranger
les quarrés- fous le balancier , & d’y placer les
flancs pour y être frappés ou monnoyés : leur droit
eft le même que celui des ajufteurs. Voye^ Ajusteur.
MONOBRICA,. ( Géog. anc.)v ille del’Efpagnebé-
tique , félon d’anciennes infcriptions. On la nomme
aujourd’hui Monbrigo ; mais ce n’eft plus qu’un village
de l’Andaloufie.
MONOCEROS , Voye^ Marwal.
MONOCHROMATON , {Peint, anc.) ^ x p ^ a -
*roç, ou piclura /j.ovoxp^/u.oL'roç, Plin. Hiß. efpece de-
peinture tracée 6c ombrée d’une feule couleur
dans laquelle on obferve la dégradation des teintes
pour les chofes éloignées , par le clair & l ’obfcur,
comme avec le crayon.
La peinture antique', en s’acheminant à la repré-
fentation fidelle de la nature * ne cônfiftoit cependant
encore que dans l’emploi d’une feule couleur
pour chaque tableau, Jingulis coloribus ; & quoique
cette efpece de peinture ne fût pas entièrement dans
les réglés de la parfaite imitation , elle ne fut pas
moins goûtée ; elle a même pa'ffé à la poftérité. Pline
remarque qu’on la pratiquent de fon teins ; elle
etoit connue fous le nom de /nonochrotnaton , qui la
défigne. Aujourd’hui elle eft encore en ufagë jV è ft
cette peinture que nous nommons camayeu.
Il ne faut pas la confondre avec l’efpeee de travail
que les anciens appelloient monogramma, ainfi
que l’ont fait quelques commentateurs de Pline^
Voye^ Monogramme.
MONOCLE , f.î m. ( Optique. ) on appelle ainfi
quelquefois les petites lunettes ou lorgnettes qui
ne fervent que pour, un feul oe i l , de povoç, feul, &
oculus , oeil. Voyt{ Lunette , L o r g n e t te Bi n
o cle.
MONOCORDE, f. m. {Luth. ) eft un infiniment
qui a été imaginé pour eonnoître par fon moyen la
variété 6c la proportion des fons de mufique. Voye^
Le monocorde, félon Boëce , eft un inftrumënt qui
a été inventé par Pithagore pour mefurer géométriquement
ou par lignes les proportions des fons.
Le monocorde ancien étoit compofé d’une réglé di-
vifée & fubdivifée en plufieurs parties, fur laquelle
il y avoir une corde de boyau ou de métal médiocrement
tendue fur deux chevalets par fes extrémités
; au milieu de ces deux chevalets il y en avoit
un autre mobile par le moyen duquel, en l’appliquant
aux différentes divifions de la ligne, on trou-
voit en quels rapports les fons étoient avec les longueurs
des cordes qui les rendoient.
On appelle auffi le monocorde réglé harmonique oit
canonique, parce qu’elle fert à mefurer le grave 6c
l’aigu des fons.
Ptolomée examinoit ces intervalles harmoniques
avec le monocorde. Voye^ Ré g l é , Gra vit
é , &c.
Il y a auffi des monocordes qui ont diverfes cordes
& plufieurs chevalets immobiles, mais qui peuvent
être tous fuppléés par le feul chevalet mobile, en
le promenant fous une nouvelle corde qu’on met au
milieu, qui repréfente toujours le fon entier ou ouv
ert, correfpondant à toutes les divifionsqui font
fur les autres chevalets.
Lorfque la corde eft divifée en deux parties égales
, de façon que fes parties foient comme i à i , on
les appelle unijfort; fi elles font comme z à i , on les
nomme octave ou diapafon ; comme i à 3 , quinte ou
diapente ; comme 4 3 3 , quarté ou diatefferon i
comme 5 à 4 , diton ou tierce majeure ; comme 6 à
5 , demi-diton ou tierce mineure ; enfin comme 24
à 2^ , demi-diton ou diele. Voye^ Un is so n , O ct
a v e , D iapason , D iapente , D iatesseron ,
&c. Le monocorde , ainfi divifé , étoit ce qu’on ap-
pelloit proprement un fyftème , & il y en avoit de
plufieurs efpeces, fuivant les divifions du monocorde^
Voyc^ Syst èm e .
Le do&eur Wallis a donné dans les Tran factions
philofophiques, la divifion du monocorde ; mais cet
inftrumënt n’eft plus en ufage, parce que la mufique
moderne ne demande pas de pareille divifion.
| Monocorde eft auffi un inftrumënt de mufique qui
n’a qu’une feule corde, telle qu’eft la trompette marine.
Voye{ C orde & T rom p e t t e . Le mot ell
grec, povoxopS'ûç de /xovoç ,feul> & corde,
MONOCROME, f. m. {Peinture. ) d’une feule
couleur. Voye^ C aMAYEVX, C la ir obsçvr, Ç*
mot eft compofé du grec /xovtç, feu l, & de xp^p* ,
couleur.
MONOCROTON,f. m.{Hijt. anc.) vaiffeau à un
banc de rames de chaque côté. On l’appelloit auffi
moneris : ce n’étoit donc pas, comme on le pourroit
croire , une barque qu’un feul homme pût gouverner.
MONOCULE, f. m. terme de Chirurgie, bandage
pour la fiftule lacrymale 6c autres maladies qui af-
feûent un oeil. Il fe fait avec une bande longue de
trois aunes, large de deux doigts, roulée à un globe
qu’on tient de la main oppofée à la partie malade ;
c ’eft-à-dire, que pour appliquer cette bande fur l’oeil
droit, le globe eft dans la main droite, 6c l’on tient
le bout avec la main gauche, 6c vice versa. On applique
le bout de la bande à la nuque , 6c l’on fait un
circulaire qui paffe fur le front, 6c vient engager le
bout de la bande ; on defcend enfuite fous l’oreille
du côté malade , & on paffe obliquement fur la joue
au-deffous de l’oe il, fur la racine du nez , fur le
pariétal oppofé, 6c à la nuque ; le troifieme tour de
bande forme un doloire avec le fécond ; le quatrième
en fait un fur le troifieme , & on finit par quelques
circulaires au tour de la tête. Ce bandage eft
contentif, & fuppofe l’application de l’appareil convenable.
Son nom lui vient du grec ,ixovoiyfolus, uni-
eus , feul, unique , 6c du latin, oculus , oeil. Voye^
fig. 4. PI. X X V I I .
Un mouchoir en triangle eft auffi-bon 6c eft moins
embarraffant que ce bandage. (T )
MONOCULES , ( Géogr. ) peuples qui n’avoient
qu’un oe il, au rapport d’Hérodote, de Ctéfîas 6c de
quelques autres auteurs. Ces Monocules fabuleux
étoient les Scythes , qui tirant continuellement de
l’a rc , tenoient toujours un oeil fermé pour vifer plus
jufte. Il n’y a jamais eu de peuples qui n’euffent en
réalité qu’un oeil. Les Cynocéphales qu’on a pris
pour des hommes , font des linges d’Afrique à longue
queue ; & ces peuples, quipaffoient pour avoir
des piés fi larges, font les habitans de la zone glaciale
, qui marchent fur des raquettes pour franchir les
neiges dont leur pays eft prefque toujours couvert ;
mais l’ignorance 6c la barbarie peuvent faire renaître
les Monocules. { D . J. )
MONODIE , f.f. ( Littér. ) p.ovoS'ta. , dans l’ancienne
fbéfie grecque , forte de lamentation ou de chan-
fon lugubre qu’on chantoit à voix feule, comme l’indique
affez ce mot formé du grec y.ovoç, feul 6c oS'n ,
chant.
MONOÉMUGI, ( àeog, ) royaume d’Afrique,
dans la baffe Ethiopie. Luy ts le divife en cinq portions
, qui font l’empire de Monoémugi, celui de
Monomotapa, laCafrerie, le royaume de Congo 6c
celui de Biafara. Il a au nord le royaume d’Alaba,
à l’orient le Zanguebar, au midi le royaume des Bo-
rores, 6c à l’occident celui de Macoco.
Ce pays comprend en partie les montagnes de la
lune. Il a des riches mines d’o r , d’argent dont les habitans
ne tirent aucun parti. Ils font noirs, idolâtres,
fauvages, 6c obéiffent en général à un chef que nous
appelions roi. { D . J . )
MONOGAME, f. m. ( Jurifpr. ) terme de droit,
qui lignifie celui qui na eu qu'une femme. Voye\_ ci-
deffous Mo nogamie.
MONOGAMIE, f. f. {Junfprud.) état de celui
ou de celle qui n’a qu’une femme ou qu’un mari,
ou qui n’a été marié qu’une fois Voye^ Ma r ia g e ,
B ig am ie , &c. ce mot eft compofé de /xlvoç, feu l,
uuique , & de yx/xk, mariage.
MONOGRAMME, f. m. {Monnoies. Infcriptions.
Médailles. ) caraûere compofé d’un chiffre, formé
de plufieurs lettres entrelacées. Ce caraûere ou
chiffre etoit autrefois une abréviation de nom, &
fer voit de figne, de fccau, ou d’armoiries,
Tome X .
La figriature avec des monogrammes étoit fort en
ufage au vij. 6c viij. fiée les. Charlemagne fe fervOit
du monogramme dans fes fignatures, comme une infinité
de titres de ces tems-là le juftifient, il le fit
même graver fur un calice dont Louis - le - Débonnaire
, ou plûtôt le foible, fit préfent à S. Médard ,
ainfi que l’affure l’auteur de la tranflation de faint
Sébaftien ; calicem cum paterâpatris fui magni Caroli
monogrammate injignitâ. L’on commença pour-
Iors, à l’imitation de l’empereur, à fe fervir en
France plus fréquemment du monogramme. Eginard
rapporte que Charlemagne ne fa voit pas écrire;
qu’il tenta fans fuccès de l’apprendre dans un âge
avancé, 6c que fon ignorance fut caufe qu’il fe fer-
vit pour fa fignature du monogramme, qui étoit facile
à former , ut imperitiam hanc, hotiefto ritu fupple-
ret, monogrammatis ufum, loco proprii Jtgni invexit.
Nombre d’évêques de ce tems-là étoient obligés de
fe fervir du monogramme par la même raifon.
On trouve auffi le monogramme de Charlemagne
fur les monnoies de ce prince, 6c c’eft une preuve
que Charles-le-Chauve n’a pas été le premier,
comme l’a cru le pere Sirmond, qui ait ordonné
qu’on mît fon monogramme fur les monnoies, il ne
fert de rien pour défendre l’opinion du favant jé-
fuite, de dire qu’il a feulement prétendu que Charles
le-Chauve étoit le premier, qui avoit ordonné
par un édit, qu’on marquât les monnoies avec fon
monogramme, puifqu’il eft certain que fans l’ordre
exprès du fouverain, on ne s’avife jamais de toucher
à la marque de la monnoie, qui eft une chofe
facrée. Sous la fécondé race de nos rois, on mit
prefque toujours le monogramme du prince fur la
monnoie, 6c cette coutume dura jufques fous le roi
Robert. Du Cange s’eft donné la peine de recueillir
les monogrammes des rois de France, des papes,
6c des empereurs.
Mais l’objet le plus intéreffant des monogrammes ,
eft relatif aux médailles. Le pere Hardouin prétend
qu’ils défignent les différens tributs qu’on
payoit à l’empereur, du dixième, du vingtième ,
du trentième, du quarantième, & du cinquantième.
Selon lui, I marque le dixième denier, K le vingtième,
M le quarantième. D e même le fimple X dénote
le dixième, X X le vingtième, X X X le trentième,
X X X X le quarantième ; mais ce fentiment eft
abandonné de tous les favans.
II feroit plus raifonnable de conjefturer que ces
lettres dénotent le prix de la monnoie, que l’I ou
l’Xmarquent, fi vousvoulez, des oboles, ou fembla-
bles petites monnoies du pays , le K ou les X X
vingt, &c. comme on voit fur les ochavo d’Efpagne,
où le VIII. marque maravedis.
Nous avons dans le bas-Empire des monogrammes
de villes, 6c de fleuves , comme de Ravenne,
du Rhône, & de quelques autres que M. du Cange a
recueillis : & dans les modernes nous avons des
monogrammes de noms, comme on le peut voir dans
Strada.
Il ne faut pas croire pour cela que les monogrammes
foient particuliers au bas-Empire; les médailles
antiques des rois & des villes font chargées quelquefois
de plufieurs monogrammes différens, fur le même
revers. Il y en a de fimples qu’on devine fans peine,
mais la plûpart font encore inconnues aux plus
éclairés.
Il eft donc fouvent fort difficile d’expliquer ces
fortes de lettres à plufieurs branches, renfermant
un mot entier qui eft ordinairement le mot de la
ville ou du prince, ou de la déité repréfentée fur la
médaille, quelquefois encore l’époque de la ville,
ou du régné du prince pour cjui elle a été frappée.
On en trouve grande quantité , principalement fur
les médailles greques.