îité très - confidérable ( cet auteur dit que les lotions
de la malle provenue de douze onces de régule
d’antimoine, & de deux livres de nitre détonnés
enfemble, lui ont fourni cinq onces de cette matie-
rc ) , croit que cette matière eft beaucoup moins fournie
par la fubftance réguline, que par le nitre qui a
a été changé en, terre par la force de la calcination,
& parla mixtion de l’acide vitriolique. Hoffman,
obf phyf. chim. liv. III. obf. iv.
Lemery q u i, auffi-bien que Mender, a retiré ce
précipité des lotions du régule d’antimoine préparé
avec l’antimoine entier, dit au contraire qu’on n’obtient
qu’un peu de poudre blanche , qu’il regarde
comme la partie d’antimoine diaphorétique la plus
détachée, c’eft-à-dire apparemment divifée.
M. Baron penfe que « ce n’eft autre chofepour la
» plus grande partie , que la terre que le nitre four-
» nit en fe décompofant, & fe changeant en alkali
» par la violence de la calcination ; o u , ce qui eft la
» même chofe, qu’elle provient en très-grande par-
» tie des débris de l’alkali fixe du nitre ; & qu’on ex-
» plique aifément par- là pourquoi cette matière fe
» réduit difficilement en régule par l’addition des mort
tieres inflammables, c ’en: que la quantité de terre
¥ réguline qui lui refte unie, n’eft prefque rien, com-
» paraifon faite à ce qu’elle contient de la terre du
*> nitre fixé ». Notes fur la chim. de Lemery , art.
antim. diaphorét.
Nous obferverons fur toutes ces opinions ; i° .
qu’il eft vraiffemblable que la mat'ure perlée eft com-
pofée en partie des débris terreux du nitre alkalifé ,
& qu’ainfi M. Mender dit trop généralement que Ce
n’eft autre chofe qu’une chaux finederégule. 2°.Que
cette terre nitreufe ne peut point cependant en conf-
tituer la plus grande partie ; car ces débris terreux
du nitre de vroient fe trouver en beaucoup plus grande
quantité dans l’antimoine diaphorétique lavé, que
dans fes lotions : or l’antimoine diaphorétique n’en
contient point ; car il ne fait aucune effervefcence
avec les acides ; ce qui feroit, s’il étoit mêlé de terre
nitreufe, que les acides diffolvent avec effervefeen-
ce. 30. Que les cinq onces de matière perlée que Hoffman
a retirée de fa leffive (qui ne contenoit que de
l’alkali fixe & du nitre entier, puifqu’il avoit préparé
fon antimoine diaphorétique avec le régule d’antimoine)
, paroiffent avoir été principalement du tartre
vitriolé , ce qui n’eft certainement point la mé-
prife d’un chimifte bien expérimenté ; mais enfin ce
ne peut avoir abfolument été que cela ; & l’on eft
d’autant plus fondé à s’arrêter à cette idée, que la
lotion ou leffive qu’a employée Hoffman, doit avoir
été très-rapprochée, s’il eft vrai, comme il le d it ,
que l’acide vitriolique en ait détaché des vapeurs
d’acide nitreux, & qu’il a employé d’ailleurs un acide
vitriolique concentré. 40. Si la matière perlée eft
véritablement compofée en très-grande partie de
terre alkaline nitreufe, cette terre n’y eft point nue,
mais elle eft combinée avec l’acide vitriolique fous
forme de felénite; ce que Hoffman paroît avoir connu
lorfqu’il a dit que le nitre étoit changé en terre
par la calcination & la mixtion avec l’acide vitrioli-
.que ; & par Confequent il n’eft point indifférent à la
nature de la matière perlée qu’on emploie à fa pré-
parationl’acide vitriolique, ou un autre acide ; car
s’il refulte delà combinaifonde l’acide employé avec
la terre nitreufe un fel neutre très-foluble, toute
cette terre refterafufpendue dans la leffive, à la faveur
de cette nouvelle combinaifon, comme elle s’y
foutënoit auparavant par le moyen de l’alkali fixe
ou des fels neutres auxquels elle étoit attachée. Nous
concluons de toutes ces obfervations , qui ne font
que des conjectures, -i°. que nous avons été fondés
à avancer que la nature de la matière perlée étoit en-
$çre ignorée d.ef Chinjiftes j 20. qu’elle pouvoit être
déterminée cependant par un petit nombre d’expériences
fimples ; 30. enfin que fa vertu médicinale
étoit parfaitement ignorée à priori. Or , comme la
connoiffance à pofleriori, ou l’obfervation médici-
nalè manque auffi prefqu’abfolument, &c que le peu
qu’on fait fur cette matière porte à croire que c’eft-là
un remede fort innocent, ou même fort inutile, nous
perdons qu’on peut fans fcrupule en négliger l’ufage.
Matières , tranfport des, ( Finances. ) on entend
par ce mot de matures , la fortie des efpeces ou lingots
d’or ou d’argent hors d’un pays qu’on porte dans
un autre, pour acquitter la balance de ce qu’on doit
dans le commerce. Prouvons que la liberté de ce
tranfport ne peut ni ne doit être empêché dans un
état commerçant.
La défenle de tranfporter les efpeces ou matières y
ne les empêche point d’être tranfportées. Les Efpa-
gnols ont fait des lois très-rigoureufes contre le tranfport
des efpeces & matières ; mais comme les denrées
manufactures étrangères confommées en EP
pagne, montaient à une plus grande fomme que les
denrées &Ies manufactures étrangères confommées
en pays étrangers , & qu’une grande partie des effets
envoyés en Amérique , appartenoit aux étrangers
, la valeur de ces effets, & la balance dûe par
l’Efpagne , ont été tranlportées en efpeces ou matières
, & de tout ce qui a été apporté des Indes, très-
peu eft refté aux Efpagnols, malgré les défenfes qu’on
a pu faire.
Il eft inutile de défendre le tranfport des efpeces
ou matières ; quand il n’y a point de balance dûe ,
alors ce tranfport ceffe quand une balance eft dûe,
cette défenfe n’eft pas le remede propre à ce mal.
Le meilleur eft d ’être plus induftrieux ou plus ménager
, de faire travailler davantage le peuple , ou
l’empêcher de tant dépenfer.
Prétendre empêcher le tranfport des efpeces &
matières , tant qu’une balance eft dûe , c’eft vouloir
faire ceffer l’effet , quoique la caufe dure. Rendre
le peuple plus induftrieux, diminuer la dépenfe, &c.
fait ceffer le m al, en levant la caufe ; par ce moyen
le commerce étranger peut être rendu avantageux,
& les efpeces ou matieresdes étrangers feront apportées
dans le pays ; mais tant qu’une balance eft dûe
aux étrangers, il n’eft guere praticable ni jufte d’empêcher
le tranfport des efpeces ou matières.
De plus , la défenfe de tranfporter les efpeces ou
matières eft préjudiciable à l’état ; elle fait monter le
change ; le change affeCte le commerce étranger &
augmente la balance , qui eft caufe que les efpeces
font tranfportées ; ainfi en augmentant la caufe, elle
augmente le tranfport.
L’Angleterre même, quoique plus éclairée que la
France lur le fait de la monnoie, eft mal confeillée
au fujet du tranfport des efpeces & matières ; l’Angleterre
défend ce tranfport, & fon commerce en
louffre par ce moyen ; car pendant la guerre, le change
alors continue d’être confidérablement à fon dé-
l'avantage. Voyeç Especes , Or , Argent , Monn
o ie , C om m e r c e , C h a n g e , Manufacture;
(-»./.) Wk
Matière. (Monnoyage.) A la Monnoie, on appelle
ainfi une malle de métal, foit d’o r , d’argent,'
de billon, ou de cuivre, foit à fabriquer, ou mon-
n o yé, de quel titre & de quel poids que ce foit.
Il y a des états, où l’or & l’argent monnoyé,'
comme non monnoyé, fert au dehors comme à
l’intérieur à commercer; on le trafique comme,
marchandife, comme des étoffes, des toiles, &c.
Les fentimens fur le trafic de l’or & de l’argent,’
font bien oppofés. Voici là-deffus ce que penfe un
auteur étranger. « Ce commerce eft d’un fi grand
» avantage pour pas que états qui l.ç«
» défendent, ne peuvent jamais être regardés corn-
» me confîderables; car il eft plus avantageux de
» tranfporter, d’envoyer chez l’étranger d e. l’or &
» de 1 argent monnoyés que non monnoyés, puifque
» dans le premier cas on gagne l’avantage de la fa-
» brication «.
Cette réflexion tombe d’elle-même ; car l’étranger
acheté le métal au titre, ainfi ce gain eft une
chimere. En France, loin de regarder ce commerce
des efpeces monnoyées comme avantageux pour
1 état, il eft expreffement défendu fous peine capitale.
Ce crime fe nomme billonnage. Voye? Bil-
LONNAGE.
Les Orfèvres ne peuvent non plus fondre des
matières monnoyées, de quelque nature qu’elles
foient, ou de quelque pays qu’elles viennent, à
1 exception des piaftres qui ont un cours libre dans
le commerce.
Matières., rem« de-rjvitre, pièces de bois entravers
, pofées fur les plats-bords d’un bateau
foncet.
MATILICATES, (Géog. ane.y peuples d’Italie,
que Phne , liv. I I I . chap. xiv. place dans l’Umbrie.
C eft aujourd’hui Matelica bourg dans la marche
d’Ancone fur le Sano, entre fan-Severino à l’orient,,
& Nibbiano à l’occident. (D . J \
MATILALCUIA; {Hiß. mod.fuperß.) c’eft le nom
que les Mexiquains donnoient à la déeffe des eaux.
MATIN, f. m. {Aflron.y eft le commencement
du jour, ou le tems du lever du foleil. Voyer Jour.
Les Aftronomes comptent le matin, man'e, de minuit
à midi. Ainfi on dit qu’une éclipfe a commencé à
onze heures du matin, &c.
Les différens peuples font commencer le maün
à differentes heures. Cela dépend de leurs différentes
maniérés ,de compter les heures. Mais la façon
la plus commune eft de le commencer à minuit.
Ainfi on peut diftinguer, pour ainfi dire, deux fortes
de matins; l’un qu’on peut appeller réel, commence
avec la lumière du jourj.l’autre qu’on peut nommer
cm/ou àfffO/iomique, commence à minuit, ou à une '
autre heure, fixe, félon l’ufage du pays où l’on eft.
Voye{ Heure.
L’étoile du matin eftla planete de Vénus , quand
elle eft occidentale au foleil, c ’eft-à-dire, lorfqu’elle
i H H y l P«“ avant lui. Dans cette filiation, les
Crées 1[ appellent phofphorus , & les Latins lucifer.
Voye^ V enus.
Crépufcule du matin. Voye£ CRÉPUSCULE. Chamb.
Ma t in ,/«, ( Mèdec. )
Des nuits l'inégale couriere
S'éloigne & polit à nos yeux,
Chaque aßre au-bout de fa carrier4
Semble fe perdre dans les deux.
Des bords habités par le Maure
Déjà les heures de retour,
Ouvrent lentement à l'Aurore
Les portes du palais du jour.
Quelle fraîcheur! L'air qu'on refpire
Dfi le foufle délicieux
De la Vyluptè qui foupire
Au fein du plus jeune des Dieux,
Déjà la colombe amoureufe
Vole du chêne fur l'ormeau ;
L'amour cent fois la rend heureufe ,
Sans quitter le même rameau.
. Triton fur la mer applanie
Promene fa conque d'azur y
E t la nature rajeunie
Exhale l'ambre le plus pur.
A u bruit des Faunes qui fe jouent
Sur les bords tranquilles des eauxt
Les chaßes Naïades dénouent
Leurs cheveux treffés de rofeaux.
?om tX%
Dieux y qu'une pudeur ihgênut
Donne de luflre à la beauté /
L embarras de paraître nue
Fait l attrait de la nudité.
Le flambeau du jour fe rallume >
Le bruit renaît dans les hameaux y
E t fon entend gémit L'enclume
Sous les coups pefans des marteaux*
Le règne du travail commence ;
Monté fur le trône des airs ,
Soleil, annonce l'abondance
Et les plaijîrs à l'univers.
Vengent &c. &e. &c.
(Euvres mêlées de M. le cardinal DE BèRNiS.
Cette partie du jour qui offre à l’imagination *dü
poete ces images riantes, matière des defériptions
agréables, n eft point indifférente pour le médecin;
attentif à examiner & à recueillir les phénomènes
de la nature, il ne perd aucune occafion de
lire dans ce livre intereffant ; il n’examine tous ces
changemens , toutes ces aftions, que pour en reti-
rer des lurmeres dont il prévoit l’utilité ; il laiffe
au phyficien oifif fpéculateur le foin de remonter
aux caufes des phénomènes qu’il obferve , de les
combiner, d’en montrer l’enchaînement. Pour lui,
il met fes obfervations en pratique, & tourne tou-
jours fes réflexions vers l’intérêt public, le mobile
& le but le plus noble de fes travaux, en même
tems qu’il en eft la récompenfe la plus flatteufe.
Le médecin obferve que dans l’état de fanté le
corps eft plus léger, plus difpos le matin que le
loir, les idées en conféquence plus nettes, plus
viv es, plus animées. Le fommeil précédent n’eft
pas leul capable de produire cet effet ; puifqu’on l’é^
prouve bien moins, ou même pas du-tout, lorf-
qu’on pouffe le fommeil bien avant dans le jour.
Il eft vrai auffi que cet effet eft bien plus fenfi-
b le, lorfqn’on a paffé la nuit dans un fommeil
tranquille & non interrompu. Le retour du foleil
fur l’horifon , le vent léger d’orient qui excite
alors les vapeurs retombées, une douce humidité
qui couvre & imbibe la terre » tous ces change-
mens furvenus dans l’atmofphere doivent nécef-
fairement faire quelqu’impreffion fur nos corps,
voyei Influence des astres. Quoi qu’il en foit,
ces changemens font conftans de univerfels; les
plantes,.les animaux, l’homme, en un mot, tout
ce qui v it , tout ce qui fent, les éprouve. Ici fe
préfente naturellement la réponfe à une queftion
célébré; fa voir, s’il eft utile à la fanté de fe lever
matin. Le raifonnement & l’expérience s’appuient
mutuellement pour faire conclure à l’affirmative.
La nuit eft le tems deftiné au repos, & le matin le
tems le plus propre au travail ; la nature femble
avoir fixé les bornes & le tems du fommeil ; les
animaux qui ne fuivent que fes ordres, Sc qui font
dépourvus de cette raifon fuperbe que nous vantons
tant, & qui ne fert qu’à nous égarer en nous ren-
dant fourds a la voix de la nature; les animaux
-dis-je, fortent de leur retrajte dès que le foleil eft
prêt à paroître ; les oifeaux annoncent par leur
ramage le retour de la lumière ; les fauvages les
payfans, qu’une raifon moins cultivée & moins
gatee par l’art rapproche plus des animaux, fuivent
en cela une efpece d’inftinft; ils fe lèvent très-matin,
& ce genre de vie leur eft très-avantageux.
Voyez avec quelle agilité ils travaillent, combien
leurs forces s’augmentent, leur fanté fe fortifie, leur
tempérament devient robufte, athlétique ; ils fe
procurent une jeuneffe vigoureufe, & fe préparent
une longue & heureufe vieiileffe. Jettez enfuite les
yeux fur cette partie des habitans de la ville, qui
fait de la nuit le jour, qui ne fe conduit que>par
les modes, les préjugés, les ufages, la raifon ou