broyer de pierre dure : celles à aiguifer de pierre qui
ne foit ni dure ni tendre. Pour tailler les premières,
on fe fert d’un moyen bien fimple : on va à la carrière,
on coupe en rond la meule de l’épailTeur & du
diamètre qu’on veut lui donner, en forte qu’elle
foit toute formée , excepté qu’elle tient à la maffe
de pierre de la carrière par toute fa furface inférieure
, qu’il s’agit de détacher , travail qui feroit infini
fi l’on n’eût trouvé le moyen de l’abréger , en formant
tout-au-tour une petite exxavation prife entre
la meule même 8c le banc de la carrière, & en enfonçant
à coups de mafle dans cette excavation des
petits coins de bois blanc ; quand ces coins font
placés, on jette quelques féaux d’eau : l ’eau va imbiber
ces coins de bois ; ils fe renflent, 8c telle eft
la violence de leur renflement, que le feul effort
fuffit pour féparer la meule du banc auquel elle tient,
malgré fa pefanteur, & malgré l’étendue & la force
de fon adhéfion au banc. Les meules à aiguifer des
Taillandiers 8c des Fourbiffeurs font les plus grandes
qui s’emploient : plus un inftrument à émoudre
efl large & doit être plat, plus la meule doit être
.grande ; car plus elle efl grande, plus le petit arc de
la circonférence fur lequel l’inftrument efl appliqué
tandis qu’on l’aiguife , approche de la ligne droite. Il
y a des meules à aiguifer de toutes grandeurs : elles
font de grès ni trop tendre ni trop dure; trop tendre,
il prendroit trop facilement l’eau dans laquelle la
meule trempe en tournant : la meule s’imbiberoit
jufqu’à l’arbre fur lequel elle efl montée, 8c la force
centrifuge fuffiroit pour la féparer en deux, accident
où la perte de la meule efl le moins à craindre : l’ouvrier
peut en être tué. Si elle ne fe fend pas, elle
s’ufe fort vite. Trop dure , 8c par conféquent d’un
grain trop petit 8c trop ferré, elle ne prend pas fur
le corps dur & ne l’ufe point. Il efl important que
la meule fur laquelle on émout trempe dans l’eau par
fa partie inférieure : fans cela le Frottement de la
piece fur elle échaufferoit la piece au point qu’elle
hleuiroit& feroit détrempée. Les meules des Diamantaires
font de fer, &c.
MEULE de moulin, ( Antiq.) Les meules de moulin
de l’antiquité que l’injure des tems à confervées,
font toutes petites 8c fort différentes de nos meules
modernes. Thoresby rapporte qu’on en a trouvé
deux ou trois en Angleterre parmi d’autres antiquités
romaines, qui n’avoient que vingt pouces de long
8c autant de large. Il efl très vraiffemblable que les
Egyptiens , les Juifs & les Romains ne fe fervoient
point de chevaux, de vent ou d’eau, comme nous
faifons , pour tourner leurs meules , mais qu’ils em-
ployoient à cet ouvrage pénible leurs efclaves 8c
leurs prifonniers de guerre ; car Samfon étant prisonnier
des Philiftins , fut condamné dans fa prifon
à tourner la meule. Il efl expreffément défendu dans
l ’Ecriture de les mettre en gage. Les Juifs défignoient
le grand poids de l’affliôion d’un homme, par l’ex-
preflion proverbiale d’une meule qu’il portoit à fon
col ; ce qui ne peut guere convenir qu’à l’efpece de
petite meule que le hafard a fait découvrir dans ces
derniers tems. (D . J.)
Meule , outil de Charron. Cette meule efl à-peu-
près femblableà celle des Taillandiers , efl montée
lur un chaffis, & efl mue par une barre de fer faite
en manivelle. Elle fert aux Charrons pour donner
le fil 8c le tranchant à leurs outils.
Me u l e , en terme de Cloutier d'épingle, efl une
5roue d’acier trempé montée fur deux tampons, voyeç
T ampons , 8c mife en mouvement par une autre
grande roue de bois tournée par toute la force d’un
homme , & placée vis-à-vis la meule à quelque distance.
Cette meule efl couverte d’un chaffis de planche
des deux côtés 8c au-deffus, d’oii pend un carreau
de yerre pour garantir l'ouvrier des parcelles
de fer enflammées que la meule détache des clous
qu’on y affine. Foye^ Affiner. Foye{ les fig. & les
PI. du Cloutier d'épingle.
Me u l e à l’ufage des Couteliers. Voyei Yarticle
Coutelier.
Meule , en terme cTEpinglier, efl une roue de fer
en plein tailladée fur les furfaces en dents plus ou
moins v iv e s , félon l’ufage auquel ©n l’emploie. L’é-
bauchage exige qu’elles foient plus tranchantes , 8c
l’affinage en demande de plus douces. Ces meules
font d’un fer bien trempé ; quand elles font trop
ufées , on les remet au feu ; on lime ce qui refte de
dents jufqu’à ce que la place foit bien égale, 8c on
les refait enfuite avec un cifeau d’acier fort aigu, fur
des traits qu’on marque au compas & à la réglé. Les
meules font montées dans un billot percé à jour 8c en
quarré fur des pivots où leur arbre joue ; elles tournent
à l’aide d’une efpece de roue de rouet, dont la
corde vient fe rendre fur une noix de l’arbre de la meule.
Le billot n’eft point ouvert par en haut; il y a vis-
à-vis du côté de la meule un établi ou maniéré de fel-
lette , plus haute derrière l’ouvrier que vers le billot
: l’ouvrier y efl affis les jambes croifées en-def-
fous à la maniéré des Tailleurs. Fjyeç les figures & les
PI. de VEpinglier, & la fig. de la meule en particulier,
repréf entée parmi les PI. du Cloutier d?épingles.
Meule , terme de Fondeur de cloches , efl un maflif
de maçonnerie dans lequel ou affujettit un piquet de
bois fur lequel tourne comme fur un pivot une des
branches du compas de conftruttion qui fert à conf-
tfuire le moule d’une cloche. Foye^ les figures, PL
de la fonderie des cloches , & l'article Fonte des
CLOCHES.
Meule foin, ( Jardinage. ) efl une grande élévation
d’herbes que l’on arrange 8c que l’on tripe ou
foule pour former une pyramide fur laquelle l’eau
roule , & l’on dit que le foin efl fanné quand il efl
ammeulé.
Meule. Les Miroitiers-Lunetiers ont des meules de
grès qu’ils tirent de Lorraine, fur lefquëlles ils ar-
rondiffent la circonférence des verres des lunettes ,
8c autres ouvrages d’optique. Foye{ Grés.
Meules', f .'E (Ferrerie. ) morceaux de verre qui
s’attachent aux cannes pendant qu’on s’en fert, 8c
qui s’en détachent quand elles fe refroidiffent.
Meules , ( Fénerie. ) c’eft le bas de la tête d’un
c e r f, d’un daim & d’un chevreuil, ce qui efl le plus
proche du maffacre ; c ’eft la fraife 8c les pierrures
qui fe forment. Les vieux cerfs ont le tour de la
meule large 8c gros, bien pierré & près de la tête.
MEULIERE, moilon de ( Architett. ) fe dit de
tout moilon de roche mal fa it, plein de trous, & fort
dur. Ce moilon efl fort recherché pour conftruire
des murs en fondation & dans l’eau.
MEULIERE, pierre de ( Hifi. nat. Minéral.') nom
générique que l’on donne à des pierres fort durès ,
mais remplies de trous 8c d’inégalités, dont on fe
fert pour faire des meules de moulins. On fent que
l’on peut employer des pierres de différentes efpeces
pour cet ufage, cependant il faut toujours qu’elles
aient de la dureté 8c de la rudeffe pour pouvoir
mordre fur les grains. Dans quelques pays on fait
des meules avec du granité ; dans d’autres on prend
une efpece de grais compafte & à gros grains. Wal-
lerius donne le nom de pierres à meules à un quartz
rempli de trous comme s’il étoit rongé des vers.
La pierre dont on fe fert pour faire des meules aux
environs de Paris fe tire lur-tout de la Ferté-fur-
Jouare ; c’eft une pierre de la nature du caillou ou
du quartz ; elle efl opaque, très-dure, & remplie de
petits trous ; on la trouve par de grands blocs dans
la terre. Quand on veut en faire des meules on commence
par arrondir un bloc, & on lui donne le diamètre
convenable ; on lui donne auffi telle épaiflèur
qu’on juge à propos, en enlevant la terre qui efl au
tour : pour lors à coups de cifeaux on forme une entaille
qui régné tout-au-tour de la mafle de pierre
arrondie, & l’on y fait entrer des coins de b o isen -
fuite on remplit le creux avec de l’eau, qui en fai-
fant gonfler les coins de bois qu’on a fait entrer dans
l ’entaille, font que la meule fe fend & fe fépare ho-
rifontalement. On continue de même à creuferpour
ôter la terre , & à arrondir le bloc de pierre de meulière
, & l’on ne fait la même opération que pour la
première meule.
On donne encore affez improprement le nom de
pierre de meulière à une pierre dure remplie de trous
& comme rongée, qui fe trouve en morceaux détachés
dans quelques endroits des environs de Paris ,
à peu de profondeur en terre : cette pierre efl très-
bonne pour bâtir, parce que les inégalités dont elle
efl remplie font qu’elle prend très-bien le mortier.
MEUM, f. m. ( Botan. ) M. de Tournefort place
cette plante parmi les fenouilles, & l’a'uroitappellée
volontiers fceniculum alpinum , perenne , capillaceo folio
, odore medicato , fi le nom de meum n’étoit approuvé
par le long ufage. Les Anglois la nomment
fpigneL
Les racines du meum font longues d’environ neuf
pouces, partagées en plufieurs branches , plongées
dans la terre obliquement 8c profondément ; de leur
fommet naiffent des feuilles, dont les queues font
longues d’une coudée, 8c cannelées. Ces feuilles
font découpées jufqu’à la côte*, en lanières très-
étroites comme dans le fenouil, plus nombreufes^
plus molles 8c plus courtes.
Du milieu de ces feuilles s’élèvent des tiges fem-
blables à celles du fenouil , cependant beaucoup
plus petites, triées, creufes, branchues, 8c terminées
par des bouquets de fleurs blanches, difpofées
en maniéré de parafol. Elles font compofées de plufieurs
pétales en rofe, portés fur un calice qui fe
enange en un fruit à deux graines, oblongues, arrondies
fur le dos, cannelées 8c applaties de l’autre côté
: elles font odorantes , ameres, 8c un peu âcres.
Comme la racine du meum efl de celles qui fubfiftent
pendant l’hiver, elle refte garnie de fibres chevelues
vers l’origine des tiges , 8c ces fibres font les
queues des feuilles defféchées.
Pline dit que le meum étoit de fon tems étranger
en Italie, & qu’il n’y a voit que des médecins en petit
nombre qui le cultivoient; préfentement il vient
de lui-même en abondance, non-feulement en Italie
, mais encore en Efpagne, en France, en Allemagne
& en Angleterre.
On ne fe fert que de la racine dans les maladies,
quoiqu’il foit vraiffemblable que la graine ne man-
queroit pas de vertus pour atténuer 8c divifer les humeurs
vifqueufes 8c ténaces. On nous apporte cette
racine féchée des montagnes d’Auvergne, des Alpes
& des Pyrénées. Elle efl oblongue, de la groffeur
du petit doigt, branchue, couverte d’une écorce de
couleur de rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans ,
& un peu gommeule. La moelle qu’elle renferme
eft blanchâtre, d’une odeur affez fuave, approchante
de celle du panais, mais plus aromatique ; & d’un
goût qui n’eft pas defagréable , quoiqu’un peu âcre
& amer.
Cette racine de meum n’étoit pas inconnue aux anciens
G recs; ils l’appelloient athaniantique, peut-être
parce qu’ils eftimoient le plus celle qu’on îrouvojt
fur la montagne de Theffalie, qui fe nommoit atha-
mante. Elle entre encore d’après l’exemple des anciens
, dans le mithridate & la thériaque de nos jours.
On multiplie la plante qui fournit le meum, foit de
graine, foit de racine, 8c cette derniere méthode eft
la plus prompte. ( D. J .)
Meum , (Mat. méd.) méum athamantique eft chez
les Droguiftes une racine oblongue de la groffeur du
petit doigt, branchue, dont l’écorce eft de couleur
de rouille de fer en-dehors, pâle en-dedans, un peu
gommeufe, renfermant une moelle blanchâtre d’une
odeur affez agréable, prefque comme celle du panais
, mais cependant plus aromatique ; d’un goût
qui n’eft pas defagréable , quoiqu’il foit un peu âcre
& amer. On nous l’apporte féchée des montagnes
d’Auvergne, des Alpes & des Pyrénées.
Le meum n etoit pas inconnu aux anciens Grecs ;
ils l’appellent athamantique , ou parce qu’il a été inventé
par Athamas, fils d’Eole 8c roi de Thebes ou
parce qu’on regardoit comme le plus excellent celui
qui naiffoit fur une montagne de Theffalie appelléé
atkamante. Geoffroi, matière médicale. Le meum eft
compté avec raifon parmi les atténuans les plus actifs
, les expe&orans , les ftomachiques, carmina-
tifs, emmenagogues & diurétiques. On s’en fert fort
peu cependant dans les preferiptions magiftrales ; il
entre dans plufieurs compofirions officinales, & fur-
tout dans les anciennes , telles que le mithridate 8c
la thériaque. On en retire une eau diftillée fimple ,
qui étant aromatique, doit être comptée parmi les
eaux diftillées utiles. F o y e^ Eau distillée. Cette
racine eft auffi un ingrédient utile de l ’eau générale
de la pharmacopée de Paris, (b )
MEUNIER,TÊTARD, VILAIN, CHEVESNE,
CHOUAN , f. m. capito, (Hifi. nat. ) poiffon de rivière
que Ion trouve communément près des moulins;
il fe plait auffi dans les endroits fangeux 8c remplis
d’ordures. Il a deux nageoires au-deffous des
ouies, deux autres au bas du ventre, à peu près fur le
milieu de fa longueur, une derrière l’anus, & une fur
le dos. La tête eft groffe ; la bouche dénuée de dents,
& le palais charnu. La chair de ce poiffon a un goût
fade,‘elle eft blanche 8c remplie d’arrêtés. Rondelet,
hifi. des poiff. de riviere , chap. xij. Foye£ POISSON.
Meunier, voye{ Martin-pêcheur.
Meunier , ou Blanc , f. m. ( Jardinage. ) eft une
maladie commune aux arbres, principalement aux
pechers , aux fleurs 8c aux herbes potagères , telles
que le melon 8c le concombre ; c’eft une efpece de
lepre qui gagne peu après les feuilles, lés bourgeons
ou rameaux, les fruits ’, 8c les rend tout blancs 8c
couverts d’une forte de matière cotoneufe, qui bouchant
les pores, empêché leur tranfpiration, & par
conféquent leur caufe un grand préjudice. Quelques
expériences que l’on ait faites, on n’a point encore
pu y trouver du remede.
Meunier, (Pêche.) eft un poiffon de riviere ÿ
efpece de barbeau, qui a une groffe tête, lés écailles
luifantes, la chair blanche & molle, & qui eft tout
blanc, mais moins deffus le dos que fous le ventre :
on lui donne plufieurs noms ; les uns l’appellent têtard
aw têtu, parce qu’il a une groffe tête ; les autres
meunier , parce qu’on le trouve le plus ordinairement
autour des moulins, ou parce qu’il a la chair
blanche ; enfin on lui donne auffi les noms de mulet
, majon , ou menge, du mot latin mugil; il a dans
la tête un os entouré de pointes comme une châtaigne
: il fe nourrit de bourbe, d’eau 8c d’infeftes,
qui nagent fur la fuperfieie ; on le prend à la ligne,
8c on appâte l’hameçon avec des grillots qu’on trouve
par les champs , ou des grains de raifin, ou avec
une efpece de mouche qu’on trouve cachée en hiver
le long de.s rivières. Il y en a qui fe fervent d.e
cervelle de boeuf: ce poiffon ne va jamais feul, qe
qui fait qu’on en prend beaucoup, foit à la ligne ,
foit aux filets. '
Tl y en a encore une-autre efpece, dont les écailles
font plus tranfparentés , un peu plus larges 8c plus
déliées ; elles approchent de la couleur de l’argent;
ce poiffon eft long, épais & charnu : il eft rufé 8i dif