changent quelquefois de peau avant qu’ils aient tout
leur accroiffement.
On peut les conferver en vie plufieurs mois entre
deux verres concaves , 6c les appliquer au microf-
cope lorfqu’on le juge à propos : en les- obfervant
fouvent on y découvrira beaucoup de particularités
curieufes : Leuwenhock les a vu accouplés queue
à queue ; car quoique le pénis dnmâle fait au milieu
du ventre, il le tourne en arriéré comme le rhinocéros.
L’accouplement fe fait, à ce qu’il dit, avec
une viteffe incroyable. Leurs oeufs dans un tems
chaud viennent à éclore dans douze ou quatorze
jours ; mais en hiver, & lorsqu’il fait froid,. il leur
fautplufieurs femaines. II. n’eft pas rare de voir les
petits fe démener violemment pour fortir de leur coque.
Le diamètre de l’oeuf d’une mite paroît égal à celui
d’un cheveu de la tête d’un homme, dont lix
cent font environ la longueur d’un pouce. Suppo-
fant donc que l’oeuf d’un pigeon a les trois quarts
d’un pouce. de diamètre , quatre cent cinquante
diamètres de l’oeuf d’une mite feront le diamètre de
l’oeuf d’un pigeon, 6c par conféquent, fi leurs figures
font femblables , nous pouvons conclure que
quatre vingt-onze millions & cent vingt mille oeufs
d’une mite n’occtipent pas plus.d’efpace qu’un oeuf
de pigeon.
Les mites font des animaux très-voraces , car elles
mangent non-feulement le fromage, mais encore
toute, forte de poiffons, de chair crue , de fruits
fecs, des grains de toute efpece, & prelqüe tout ce
qui a un certain degré de moifilïùre , fans être
mouillé au-deffus : on les voit même fe dévorer les
unes les autres. En mangeant, elles portent en avant
une mâchoire, & l’autre en arriéré alternativement,
par ou elles paroiffent moudre leur nourriture ; 6c
après qu’elles l ’ont prife , il femble qu’elles la mâchent
6c la ruminent.
Il y a une efpece de mite qui s’infinue dans les cabinets
des curieux, 6c qui mange leurs plus jolis papillons
, 6c autres infeftes choifis, ne laiflânt à leur
place, que des ruines & de la. pouffiere : l’unique
moyen de les prévenir, eft de faire brûler de tems en
tems du foufredans les tiroirs ou dans les boîtes. Ses
écoulemens chauds & fecs pénètrent , rident, &
détruifent les Corps tendres de ces petits infeétes.
Les diverfes efpeces de mites font diftinguées par
quelques différences particulières, quoiqu’elles aient
en général la même figure 6c la même nature ; par
exemple, fuivant les obfervations de Power, les
mites qu’on trouve dans les pouffieres de dreche 6c
de gruau d’avoine, font plus vives que celles du fromage
, & ont des poils plus longs 6c plus nombreux.
Les mites de figues reffemblent à des efcargots ; elles
ont au mufeau deux inftrumens 6c deux cornes fort
longues au-deffus,avec trois jambes.de chaque côté.
Leuwenhock obferva qu’elles avoient les poils plus
longs que ceux qu’il avoit vus dans toutes les autres
efpeces ; & en les examinant de près, il trouva que
ces poils étoient en forme d’épis. M. Hook a décrit
une efpece de mites, qu’il appelle mites vagabondes,
parce qu’on les 'trouve dans tous les endroits où elles
peuvent fubfifter.
M. Baker ayant jetté les yeux fur un pot vuide de
fayence, le crut couvert de pouffiere ; mais en le
regardant de plus près, il apperçut que les. particules
de cette pouffiere étoient en mouvement ; il les examina
pour lors avec le microfcope , 6c vit que c’é-
toient des effains de ces mites vagabondes , qui
avoient été attirées par l’odeur de quelque drogue
mife dans ce pot peu de jours auparavant.
La mite eft exceffivement vivace ; on en a gardé
des mois entiers fans leur donner aucune nourriture
; & Leuwenhock allure qu’il en fixa une fur une.
épingle devant fon microfcope, qui vécut dans cette
fituation pendant onze femaines.
Quoique les Naturaliftes ne parlent que de mites
ovipares * cependant M. Lyonnet, fur les obferva^?
tions duquel on-doit beau coup compter , déclare
avoir fouvent vû des mites de fromages,vivipares, 6c
qui mettent des petits tout vivans au monde.Ges petits
de- mitesy direz-vous peut-être, dévoient être bien petits
de taille ; foit.; mais enfin une mite fur un gros fromage
d’Hollande, eft auffi grande à proportion qu’un
homme fur la terre. Les petits infe&es qui fe nour-
riffent fur une feuille de pêcher repréfentent un
troupeau de boeufs broutans dans un gros pâturage;
les animalcules nagent dans une goutte d’eau de poivre
avec autant de liberté que les baleines dans l’Océan
; ils ont tous un efpace égal à proportion de
leur volume. Nos idées de matière , d’efpace , 6c de
durée, ne font que des idées de comparaifon ; mais
je crains bien que la petiteffe des animaux microf-*
copiques , 6c le petit efpace qu’ils occupent , comparés
à nous-mêmes, ne nous faffent imaginer que
nous jouons un grand rôle dans le fyftème du monde*.
: Pour confondre notre orgueil, comparons le
corps d’un homme avec la maffe d’une montagne ;
cette montagne avec la terre, la terre elle-même
avec le cercle qu’elle décrit au-tour du foleil , ce
cercle avec la. fphere des étoiles fixes, cette fphere
avec le circuit de toute la création, 6c ce circuit
même avec l’efpace infini qui eft tout au-tour, alors,
félon toute apparence, nous nous trouverons nous-
mêmes réduits à rien. ( D . J .)
MITELLA , (Botan.) genre de plante à fleur en
rofe compofée de plufieurs pétales difpofés en rond»
Le piftil fort du calice, & devient dans la fuite un
fruit arrondi & pointu. Ce fruit s’ouvre en deux
parties, & reffemble à une mitre ; il eft rempli de
femences qui font ordinairement arrondies. Tourne-
fort, Infi. rei herb. Voye^ PLANTE.
Mit e l l a , f. f. (Hiji. anc.') efpece de bonnet qui
s’attachoit fous le menton. C ’étoit une coëffure des
femmes que les hommes ne portoient qu’à ia campagne.
On appella auffi mitella des couronnes d’étoffe
de foie, bigarées de toutes couleurs, & parfumées
des odeurs les plus précieufes. Néron en exi-
geoit de ceux dont il étoit le convive. Il y en eut qui
coûtèrent jufqu’à 4,000,000, de fefterces.
MITERNES , f. f. ( Pêche.') on appelle ainfi de
groffes mottes de terre, des île s , îlots & autres at-
terriffemens qui font deskretraites pour les ennemis
des poiffons.
MIGANNIR, ( Géog. ) ville d’Egypte fur la rive-
orientale du Nil, entre Damiette&le Caire. (Z>. / .)
M ITH R A , fêtes de , ou FÊTES MlTRIA-
QUES, ( Antiq. rom.) nom d’une fête des Romains
en l’honneur de Mithra, ou du Soleil. Plutarque prétend
que ce furent les Pirates vaincus & diffipés par
Pompée, qui firent connoître aux Romains le culte
de Mithra ; mais comme ces pirates étoient des Pili-
diens , des Ciliciens, des Cypriens, nations chez
qui le culte de Mithra n’étoit point reçu, il en ré-
fulte que l’idée de Plutarque n’eft qu’une vaine conjecture
avancée au hafard.
Le plus ancien exemple de cette Mithra chez les.
Romains, fe trouve fur une infcription datée du troi-
fieme confulat de Trajan, ou de l’an to i de I’Ere
chrétienne. C ’eft la dédicace d’un autel au Soleil
fous le nom de Mithra, deo Soli Mithra.. Sur une autre
infcription fans date , Mithra eft l’affeffeur ou le
compagnon du Soleil : Dto Mithra, & Soli focio. Le
culte de Mithra y quoiqu’établi à Rome dès l’an 101,
n’étoit pas encore connu en Egypte 6c en Syrie au
tems d’Origene, mort l’an 263 de J. C. Cependant
le culte de cette divinité 6c de fes myfteres étoit.
commun à Rome depuis plus d’un fiecle. On voit
dans Ies.'Çplleâions de Grpter & de Reinefius plufieurs
dédicaces faites à Mithra y comme Solinvictus
Mithra, bu nomen inviclum Mitkray 6tc. Et Lampride
dans la vie de Commode* fait mention dés myfteres'
de Mithra, facrà Mithriacâ. Commode à régné depuis
l’an-. 180,.* jufqu’à l’an 192.
Ces. myfte.res de voient même avoir déjà une certaine
célébrité dans l’Occident, au tems de S. Juf-
tin, qui, dans fa fécondé apologie , 6c dans fon dialogue
aye.cTryphon, parle de l’antre facré de Mithra
y dé fes myfteres, & d’iine efpece de communion
que récevoient les initiés. La fécondé apologié
de S. Juftin , fut préfentée à l’empereiir Antonin,
l’an 142 de J; C. Tertulien qui a fleuri peu après,
l ’an 200.de J. C. s’étend auffi, fur les myfteres de Mithra
, parle d’une efpece de baptême qui la voit les.
initiés de'toutes les TouillureS qtfe leur ame avoit
contractées jùfqù’alors. Il parle encore d’une marque
qu’on leur imprimoit, d’une offrande de pain ,
& d’un embleme de la réfurreCtiôn, qu’il n’explique
pas en détail. Dans cette offrande, qui étoit accompagnée
d’une certaine formule de prières , on offroit
un vafe d’eau avec le pain. Ailleurs Tertulien d it,
qu’on préfentoit aux initiés une couronne foutenue
fur une épée ; mais qu’on leur apprenoit à la refufer
en difant : c’ejl Mithra qui ejl ma couronne.
Oh lit fur une infcription trouvée en Carinthie,
dans les ruines de Solva, aujourd’hui Solfeld,près de
Glagenfurt, que le 8e des calendes de Juillet, fous le
confulat de Gordien 6c d’Aviola , l’an 239 de J. C.
on répara un ancien temple de Mithra, ruiné par le
temps , vetuflate colapfum. Une autre infcription ,
rapportée dans Gruter, fait mention d’une dédicace
au même dieu, ProfaluteCommodiAhtonini. Commode
ayant reçu de Marc-Aurele ie titre de Céfar,
dans l’année 166, l’infcription qui ne lui donne passée
titré doit être d’un tems antérieur.
Porphyre, qui vint à Rome en 263, nous apprend
d’autres particularités des myfteres de Mithra.
I). dit que dans ces myfteres, on donnoit aux hommes
le nom de lions, 6c aux femmes celui de hyènes,
efpece de loup ou de renard, commun dans l’O rient.
Les miniftres inférieurs portoient les* noms
d’aigles , d'éperviers, de corbeaux, &c. 6c ceux d’un
ordre fupérieur , avaient celui de per es.
Les initiés étoient obligés de fubir un grand nombre
d’épreuves pénibles & douloureufes , avant que
d’être mis au rang des adeptes. Nonus , Elias de
Crete, 6c l’évêque Nicetas, détaillent ces épreuves
dans les fcholies fur les difcours de S. Grégoire de
Nazianze. Ils parlent d’un jeûne très auftere de 50.
jours, d’une retraite de plul^eurs jours dans un lieu
obfcur, d’un tems considérable qu’il falloit paffer
dans la neige & dans l’eau froide, & de quinze ,fuf-
tigations , dont chacune duroit deux jours entiers,
6c qui étoient, fans douté, féparées par les intervalles
néceffaires aux initiés, pour reprendre de nouvelles
forces. Dès le tems de Commode, les my Hères
de Mithra étoient accompagnés d’épreuves, mais
dont il femble que l’objet étoit uniquement d’éprouver
le courage & la patience des initiés. Cet empereur
, qui aimoit le fang, changea en des meurtres
réels, ce qui n’étoit qu’un danger apparent : Jacra
Mithriaca homicidio vero polluit, cum illic aliquid ad
fpeciem timoris \>el dici velfingi foleat , dit Lampride.
Le déguifement des miniftres de Mithra, fous la
forme de divers animaux féroces dont parle Porphyre
, n’étoit pas une pratique abfolument nouvelle
à Rome : il fe paffoit quelque chofe d’approchant
dans les myfteres d’Ilis. Valere Maxime &
Appien difent que lors de la profeription des triumvirs
, l’Edile Volufius fachant qu’il étoit fur la lifte
de ceux dont on avo*it mis la tête à prix, emprunta
d’un iliaque de fes amis, fa longue robe de lin , 6c
fon mafque à tête de chien : on fait que les mafqites
àntiqüés ènveloppoient la tête entieréi Dans cet
équipage Volufius fortit de Rome , & fe fendit, par
les chemins ordinaires, un filtre à la main , & demandant
l’aumône fur la roiite : per itinerà viafqui
publicas Jlipem petens , dit Valere Maxime. Si les
yeux n’avoient pas été accoutumés à voir des hom^
mes dans cét équipage, rien n’étoit pius propre à
fairé arrêter Volufius par les premiers qui l’euffent
rèneontlé. Ce fut peiit-être par le fecours d’un fem-
blable déguifement, que Mundus perfuada à Pauline
, qü’elle avoit paffé la nuit avec le dieu Séra-
pis. H femble que vers l’an 350 de J. C. c’eft-à-diréf
fous les enfans de Conftantin , le zele du paganifmé
expirant fe ranima pour la célébration des fêtes Mi-
thriaqàes , 6c de plufieurs autres inconnues dans
l’anciennë religion grecque 6c romaine. On trouvé
à là vérité avant cette époque , des confécrations
d’auîels à Mithra marquées fur les inscriptions ; mais
ce n’eft qu’après Conftantin qu’on commença à trouver
des inferiptions qui parlent des myflerès , &'des
fêtes Mithriaques. Le culte de Mithra fut proferit à
Rome l’an 378 , 6c fon antre facré fut détruit cetté
même année, par les ordres de Graechus, préfet dii
prétoire.
Nous avons, dans les colleélions de Gruter & dé
M. Muratori, ainfi que dans les monumenta veteris
Antii y & dans l’ouvrage de Thomas Hyde, plufieurs
bas-reliefs, où l’antre facré de Mithra eft repréfen-
té.'O n le voit auffi fur quelques pierres gravées*1
Mithra en eft toujours la principale figure : il eft re-
préfehté fous la forme d’un jeune homme domptant
un taureau, 6c fouvent prêt à l’égorger : il eft coëffé
d’une tiarre perfienne recourbée en-devant, comme
celle des rois : il tient à la t^ain une efpece de
bayonnette, que Porhyre nomme le glaive facré d? A -
fàs y 6c qui doit être l’arme perfane nommée acina-
cis : il eft vêtu d’une tunique courte avec l’anaxy-
ride, ou la culote perfane : quelquefois il porte un
petit manteau. A fes deux côtés font deux autres
figures humaines, coëffées d’une tiare femblable ,
niais fans manteau : ordinairement l’un tient un flambeau
élevé , 6c l’autre un flambeau baiffé. Quelquefois
ces figures font dans une attitude, que l ’honnêteté
ne permet pas de décrire , 6c par laquelle attitude
il femble qu’on a voulu défigner le principe da
la fécondité des êtres.
On croit communément que le culte de Mithra
étoit chez les Romains, le même que celui du Mikf
Pu Mihir des Perfes; mais quand on examine de près
les circonftances du culte de Mithra chez les Romains
, on n’y trouve nulle reffemblance avec là
do&rine 6c les pratiques de la religion perfane.
Foye[ Mihir.
Il eft plus vraiffemblable que les fêtes de Mithra
venoient de Chaldée , & qu’elles avoient été infti-
tuées pour célébrer l’exaltation dufoleildans le ligne
du taureau. C ’eft l’opinion de M. Freret,qui a donné
d’excellentes obfervations à ce fujet dans les mém.
de littérature , tom. X IF . Ces fortes de matières font
très-curieufes ; çar il eft certain que les recherches
favantes concernant les divers cultes du paganifmé ,
répandent non-feulement un grand jour lur les antiquités
eccléfiaftiques, mais même fur la filiation dé
plufieurs autres cultes qui fubfiftertt encore dans lé
monde. (D . J .)
MlTRHAX, f. m. (Hifi. ridt.) nom qüe Flirte donné
à une pierre prétiôufequi fe trPuvoit ën Perfe ,qui*
préferttée au foleil, mPntrôit une grande variété dé
couleurs ; il nomme cette même pierre gemma fôlist
ou pierre' du foleil dans urt autre endroit. Solin ai
donné par corruption le" nom de mithridax à cetfé
pierre* qui, fuivant fa defçription, paroît être uné