366 MER
mans dont la mer eft toute couverte dans un grot
tems. Nous les appelions de même des moutons, &
nous difons que la mer moutonne, quand elle eft
tourmentée par la tempête. Plufieurs îles de la mer
Egét tiroient leur nom de la même caufe, comme
celle qu’on appelloit Ægea, aujourd hui Us Fournis,
entre Nicaria St Samos. ( D. J . )
Mer de France, ( Géog. ) On appelle proprement
ainli la partie de l’Océan qui lave les côtes de
France, depuis le cap de S. Mahe en Bretagne, juf-
qu’aux côtes d’Efpagne , où commence la mer de
Bifcaye ; mais quand on dit les mers de France, on
entend depuis Bayonne jufqu’à Dunkerque fur 1O-
céan, toutes les côtes de Provence & de Languedoc
fur la Méditerranée , dans le golfe de Lyon.
(Z ) ./ . )
Mer de Grece, (Géog.) partie de la Mediterranée,
le long des côtes de la Grece & de la
Morée , depuis les îles de Sainte Maure, deCepha-
lonie, & de Zante , jufqu’à l’île de Cerigo. La cote
orientale de la Grece eft de la mer quon nomme
Archipel. ( D . J .) .
Mer de Groenland, ( Géog.) partie de l’Océan,
fur la côte des terres araiques. La partie
orientale du Groenland, que cette mer baigne, eft
devenue inaccelîible par les glaces qui s’y font accumulées
avec le tems. Il y avoit autrefois fur cette
cô te , une colonie danoife qui a long-tems fubfifte ;
mais qu’on a été .obligé d’abandonner depuis deux
fiecles, faute d’avoir pu en approcher. ( D . J .)
Mer d’Iémen, (Géog.) partie de l’Océan, le
long des côtes de l’Arabie heureufe, entre la mer
Rouge St le golfe d’Ormus. (D . J.)
Mer des Indes.; ( Géog. ) partie de l’Océan, le
long des côtes méridionales de l’Afie, depuis la Perfe
jufqu’au golfe de Siam ; paffé lequel commence l’Océan
oriental qui coule le long de la Cochinchine,
duTonquin, & de la Chine. (Z?. J -)
Mer Ionienne, (Géog.) Ce devroit être la
mtr qui lave les côtes d’Ionie dans l’Afie mineure.
Mais le caprice de quelques géographes a voulu que
l ’on donnât très-improprement ce nom à la partie
de la mer Méditerranée qui eft entre la Grece, la
Sicile, & la Calabre. Cependant nos navigateurs
ont rejetté ce mot, St difent la mer de Grece, la mer
de Sicile y la mer de Calabre; Stc. (Z?. J .)
Mer de Marmora, ( Géog.) nom moderne de
la Propontide des anciens. Poye^ Propontide.
(D . J .)
Mer Méditerranée, (Géog.) grande mer entre
l’Europe, l’Afie & l’Afrique. Elle communique
à l’Océan;par le détroit de Gibraltar. Elle eft fépa-
• rée dé la mer rouge par l’ifthme de Suez, & de la
mer de Marmora par le détroit des Dardanelles. Elle
contient plufieurs grands golfes. Les principaux font
le golfe de Lyon , le golfe Adriatique , l’Archipel St
le golfe de Barbarie. Elle renferme trois grandes
prefqu’îles : favoir l’Italie, la Grece St la Natolie.
Ses principales îles font Sicile , Sardaigne, Corfe,
• Majorque, Minorque, Malthe, Corfou, Céphalo-
nie , Zante St Candie , outre cette multitude d’autres
îles qui font comprifes dans la partie de cette
mer qu’on appelle Archipel. .
La meilleure carte de la Méditerranée que nous
ayons:, a \été donnée par M. Guillaume de Lille.
Cette mer fi connue de tout tems par les nations lès
.plus favantes, toujours couverte de leurs vaiffeaux,
traverfée de tous les fens poffibles par une infinité
de navigateurs, s’eft trouvée n’avoir que,86o lieües
- d’occident en orient, au lieu de 1160. qu’on lui don-
noit ; ô t c’eft. ce que M. de Lille a rectifié par des
obfervations aftoqomiques. Cependant non content
de ces obfervations aftronomiques,dont on vouloit
• fe défier ,il entreprit, pour ne laiffer aucun doute,
ME R
dé mefurer toute cette mer en détail St par parties ï
fans employer ces obfervations, mais feulement
les portulans St les journaux des pilotes, tant des
routes faites de cap en cap, en faivant les terres ,
que de celles qui traverfoient d’un bout à l’autre ;
&t tout cela évalué avec toutes les précautions né-
ceffaires, réduit St mis enfemble, s’eft accordé à
donner à la Méditerranée la même étendue que. les
obfervations, aftronomiques dont on vouloit fe défier.
(D . J.)
Mer Morte , (Géog.) ou Mer de sel , ou mieux
encore, Lac Asphaltide , grand lac de la Palefti-
ne à l’embouchure du Jourdain. Sa longueur du N.
au S. eft d’environ 70 milles anglois, & fa largeur
d’environ 18 milles. Le Jourdain St PArnonfe jet-
toient dedans St s’y perdoient, On peut confulter
fur ce lac , le P. Nau jéfuite, dans fon voyage de la
Terrefainte. (D . J.)
Mer Noire , (Géog.) ou Mer Majeure ,, connue
des anciens fous le npm de Pont-Euxin. Voye^
Pont-Euxin.
Grande mer d’Afie , entre la Tartarie au nord, la
Mingrélie, l’Imirete, le Guriel & quelques provinces
de l’ancienne Colchide, que poffede aujourd’hui
le turc. Elle a à l’orient la Natolie,,au midi la Bulgarie
, St la Romanie au couchant.
Cette mer reçoit plufieurs grands fleuves ; favoir
le Danube, le Boryfthene, le D o n ,. le Phafe, le
Cafalmac , l’Aitocza St la Zagarie.
Elle communique à la Propontide, autrement mer
de Marmora, par le détroit de Conftantinople ,
nommé le canal de la .mer Noire , S t par cette mer,
avec l’Archipel. Elle communique encore par le détroit
de Caffa, avec le Palus Méotide , qui eft une
mer formée par le concours des eaux de la mer Noire
& du Don.
Les peuples qui habitent les bords de cette mer
font ou fujets, ou tributaires de l’empire ottoman.
Le canal de la mer Noire, ou le boîphore de Thra-
ce , comme difoient les anciens , a 16 milles St demi
de longueur; commence à la pointe du ferrail de
Conftantinople, St finit vers la colonne de Pompée.
Hérodote, Polybe St Strabon, lui donnent
120 ftades d’étendue, lefquelles reviennent à 15
milles. Ils fixent le commencement de ce canal, entre
Bizance St Chalcédoine , & le font terminer au
temple de Jupiter, où eft préfentement le nouveau
château d’Afie ; mais cette différente maniéré de
mefurer le canal eft arbitraire & revient au même
calcul.
Sa largeur, aux nouveaux châteaux où étoient
autrefois les temples de Jupiter St deSérapis, eft
depuis un mille jufqu’à deux. Son cours eft fi rapide
entre les deux châteaux, qu’avec un vent du
nord il.n’y a point de bâtimensqui s’y puiffent arrêter,
& qu’il faut unventoppofé aux courans, pour
les pouvoir remonter ; cependant la viteffe des eaux
diminue fi fenfiblement, que l’on monte St que l’on
defcend fans peine, lorfque les vents ne font pas
, violens,. . ,. . ; v
Indépendamment des vents, il y a des courans
fort finguljers dans le canal de la mer Noire ; le plus
fenfibie eft celui qui en parcourt la longueur , depuis
l’embouchure de la mer Noire, jufqu’à la mer de
Marmora, qui comme on fait, eft la Propontide des
anciens. M. le comte de Marfigli y a obfervé de petits
courans , qui permettent aux batteaux de mon-
. ter, tandis que d’autres batteaux defcendentà la faveur
du grand courant. Cependant cette diverfitc
de courans ne doit point paraître merveilleufe,
parce qu’on conçoit aifément qu’un cap trop avancé
doit faire reculer les eaux qui fe préfentent dans
une certaine direttion ; mais il eft difficile.de rendre
raifort d’un autre courant caché , que nous appel-
ME R
gérons courant inférieur, lequel dans un endroit du
grand canal, roule fes eaux dans une direôion contraire
au courant qui lui eft fupérieur, comme le
prouvent les filets des pêcheurs. Procope de Céfa-
ré e , M. Gilles, M. le comte de Marfigli St M. de
Tournefort, en ont fait l’obfcrvation.
Il n’eft pas plus aifé d’expliquer pourquoi le canal
vuide fi peu d’eau, fans que la mer Noire qui en
reçoit une fi prodigieufe quantité, en devienne plus
grande. Cette mer reçoit plus de rivières que là Méditerranée
; les plus grandes de l’Europe y tombent
par le moyen du Danube , dans lequel fe dégorgent
celles de Suabe, de Franconie, de Bavière , d’Autriche
, d’Hongrie , de Moravie , de Carinthie, de
Croatie, de Bofnie, de Servie, de Tranfylvanie, de
Valaquie ; celles de la Ruffie-noire & de la Podo-
lie , fe rendent dans la même mtr, par le moyen du
Niefter ; celles des parties méridionales & orientales
de la Pologne, de la Mofcovie feptentrionale,
S t du pays des Cofaques, y entrent par le Niepcr ou
Boryfthene; le Tanaïs St le Coper ne paffent-ils
pas dans la mer Noire, par le Bofphore Cimmérien?
les rivières de la Mingrelie, dont le Phafe eft la
principale, fe jettent auffi dans la mer Noire, de même
que le Cafalmac, le Sangaris St les autres fleuves
de l’Afie-mineure, qui ont leur cours vers le
nord : néanmoins le Bofphore de Thrace n’eft comparable
à aucune des rivières dont on vient de parler.
Il eft certain d’ailleurs que la mer Noire ne grof-
fit pas, quoiqu’en bonne phyfique, un réfervoir
augmente quand fa décharge ne répond pas à la
quantité d’eau qu’il reçoit. Il faut que la mer Noire,
indépendamment de fon évaporation par le foleil,
fe vuide & par des canaux fouterrains qui traverfent
peut-être l’Afie St l’Europe, St par la dépenfe continuelle
de fes eaux, lefquelles s’évaporent en partie,
en partie s’abreuvent dans la terre, St s’écoulent
Bien loin des côtes.
Quelque rapide que foit le cours des eaux dans le
canal de la mer Noire, elles n’ont pas laiffé de fe geler
dans les plus grands hivers. Zonare affure qu’il
en eut un fi rude fous Conftantin Copronime, que
on paffoit à pié fur la glace, de Conftantinople à
•Scutari ; la glace fôutenoit même les charrettes. Ce
fut bien autre chofe en 401, fous l’empire d’Arca-
<lius : la mer Noire fut gelée pendant 20 jours ; &
quand la glace fut rompue, on en voyoit paffer devant
Conftantinople des monceaux effroyables.
D ’un autre côté, quoi qu’en aient dit les anciens,
St quoi que penfent les Turcs de cette mtr, qu’ils
•ont nommée Noire, elle n’a rien de noir que le nom;
les vents n’y fouflent pas avec plus de furie, & les
orages n’y font guere plus fréquens que fur les au-
, très mers. Il faut cependant pardonner les exagérations
aux poètes anciens ,S t fur-tout aux chagrins
d’Ovide; mais le fable de la mer Noire eft de même
couleur que celui de la mer Blanche , &fes eaux font
auffi claires : en un mot, fi les côtes de cette mer,
qui paffent pour fort dangereufes, paroiffent fom-
bres de loin, ce font les bois qui les couvrent, ou le
grand éloignement qui leur donnent le coup d’oeil
noirâtre.
Valerius Flaccus, qui a décrit poétiquement le
voyage des Argonautes, affure que le ciel de la mer
'Noire eft toujours brouillé, St qu’on n’y voit jamais
de tems bien formé ; mais nos navigateurs qui ont
couru cette mer, démentent hautement ce fameux
poète latin.
On voyage tout auffi fùrement fur la mer Noire,
que dans les autres mers, fi les vaiffeaux font conduits
par de bons pilotes. Les Grecs & les Turcs ne
font guere plus habiles que Tiphys & Nauplius,
gui conduifirent Jafon, Hercule, Théfée St les au-
MER 367
très héros dé la Grèce, jùfques fur les côtes de la
Colchide, la Mingrelie de nos jours.
On voit par la route qu’ApoIionius. de-Rhodes
leur fit tenir,que toute leurfcience aboutiffoit, fui-
vant le confeil de Phinée * ce roi de Thrace qui étoit
aveugle, à éviter les écueils qui fe trouvent fur la
côte méridionale de la mer Noire, fans ofer pourtant
fe mettre au large ; c’eft-à-dire, qu’il falloir n’y
paffer que dans le tems calme. Les Grecs St les
Turcs ont prefque les mêmes maximes. Ils n’ont
pas l’ufage des cartes marines, St fachànt à peine
qu’une des pointes de la boufole fe tourne vers le
nord ; ils perdent la tête dès qu’ils perdent les terres
de vûe. Enfin, ceux qui ont le plus d’expérience
parmi eu x, au lieu de compter par les rhumbs de
vent, paffent pour fort habiles lorfqu’ils favent
que pour aller à Caffa, il faut prendre à main gauche
en fortant du canal de la mer Noire; que pour
aller à Trébizonde , il faut fe détourner à droite. A
l’égard de la manoeuvre, ils Pignorent tout-à-fait ,
leur feule fcience confifte à ramer.
On a beau dire que les vagues de la mer tfoire font
courtes , & par conféquent violentes, il eft certain
qu elles font plus étendues St moins coupées que
celles de la mer Blanche, laquelle eft partagée par
une infinité de canaux qui font entre les îles. Ce
qu’il y a de plus fâcheux pour ceux qui navigent
fur la mer Noire, c’eft qu’elle a peu de bons ports,
St que ,1a plupart de fes rades lont découvertes j
mais ces ports feroient inutiles à des pilotes qui ,
dans une tempête, n’auroient pas l’adreffe de s’y
retirer.
Pour affurer la navigation de cette mer, toute
autre nation que les Turcs formeroit de bons pilotes,
repareroit les ports, y bâtiroit des moles, y
établiroit des magafins ; mais leur efprit n’eft pas
tourné de ce cote-là. Les Génois n’avoient pas manqué
de prendre toutes ces- précautions, lors de la
décadence de l’empire des Grecs, St lorfqu’ils fai-
foient tout le commerce de la mer Noire, après en
avoir occupé les meilleures places. Mahomet les en
chaffa, St depuis ce tems-là les Turcs ayant tout
laiffé ruiner par leur négligence, n’ont jamais voulu
permettre aux Francs d’y naviger, quelques avantages
qu’on leur ait propofé pour en obtenir la per-
miffion.
Les côtes de la mer Noire fburniffent abondamment
tout ce qu’il faut pour remplir les arfenaux ,
les magafins & les ports du grand-feigneur. Comme
elles font couvertes de forêts St de villages, les ha-
bitans font obligés de couper des bois&de lesfeier.'
Quelques-uns travaillent aux clous, les autres aux
voiles, aux cordes St agrès néceffaires pour les fé-
louques, caïques St faïques de fa hauteffe. C ’eft
même de-là que les fultans ont tiré leurs plus puif*
fantes flottes, dans le tems de leurs conquêtes ; Sc
rien ne feroit plus aifé que de rétablir leur marine.'
Le pays eft fertile, il abonde en vivres, comme
blé, riz, viande, beurre , fromages, Sc les gens y,
vivent très-fobrement. (D . J.)
Mer du nord , (Géog.) on appelle ainfi la partie
de mer qui lave les côtes orientales de l’Amérique ,
I depuis la ligne équinoxiale au midi, jufqu’à la mer
glaciale au feptemrion. Le golfe du Mexique fait
partie de cette mer. Elle comprend un grand nombre
d’îles : Terre-Neuve, les Açores, les Lucayes*
Cuba , S. Domingue, la Jamaïque Sc les Antilles ,
font les principales.
On appelle auffi mer du nord, la partie de l’O-»
çéan qui eft entre l’Iflande & la Norvège. (D , /.)
Mer rouge , (Géog.) Oceanus ruber dans Horace
; golfe de l’Océan méridional, qui fépare l’Afrique
de l’Afie, St s’engage dans les terres entre la
côte d’Abeck, l ’Egypte Sc l’Arabie, depuis le d**