qui eft fondée fur leur aCtion méchanique ; c’eft-à-
dire dépendante du poids , de la maffe, de l’effort,
de l’impulfion , &c. & de leur aCtion appellée phyfi-
que, c’eft-à-dire occulte, & qui fera chimique fi jamais
elle devient manifefte. L’aCtion méchanique
eft fenfible: par exemple, dans le mercure coulant
<lonné dans le volvulus, pour forcer le paffage intercepté
du canal inteftinal, comme dans la flagellation
, les ligatures, lesfriâions l'eches, la fuccion
des ventoufes, &c. l’aCtion occulte efl celle d’un
purgatif, d’un diurétique, d’un narcotique quelconque
, &c. c ’eft celle d’une certaine liqueur, d’une
telle poudre , d’un tel extrait, &c. qui produit dans
le corps animal des effets particuliers & propres,
que telle autre liqueur,telle autre poudre, tel autre
extrait méchaniquement, c’eft-à-dire fenfiblement
identique, ne fauroient produire. Cette aCtion occulte
efl la vertu médicamenteufe proprement dite:
les corps qui agiffent méchaniquement fur l’animal,
, portent à peine, ne portent point même pour la plupart
le nom de médicament, mais font & doivent
être confondus dans l’ordre plus général des fecours
médicinaux ou remedes, en prenant ce dernier mot
dans fon fens le plus étendu. Voyeç Remede.
En attendant que la Chimie foit affez perfedion-
née pour qu’elle' püiffe déterminer, fpécifîer , démontrer
le vrai principé d’aCtion dans les médica-
mens, les médecins n’ont abfolument d’autre fource
de connoiffance fur leur aCtion , ou pour mieux dire
fur leurs effets, que l’obfervation empirique.
Quant à l’affeétion, à la réaCtion du fujet, du corps
animal, aux mouvemens excités dans la machine
par les divers médicamens, à la férié , la fucceflîon
des changemens qui amènent le rétabliffement de
l’intégrité & de l’ordre des fondions animales, c’eft-
à-dire de la fanté ; la faine théorie médicinale efl,
ou du moins devroit être tout aufli muette & aufli
modefte que la chimie raifonnable l’eft fur la caufe
de ces changemens, confiderée dans les médicamens',
mais les médecins ont beaucoup difeouru, raifon-
n é , beaucoup théorifé fur cet objet, parce qu’ils
difeourent fur tout. Le fuccès conftamment malheureux
de toutes ces tentatives théoriques efl très-
remarquable , même fur le plus prochain, le plus
limple, le plus fenfible de ces objets, favoir leur
effet immédiat, le vomiffement, la purgation, la
fueur, &c. ou plus prochainement encore l’irritation.
Quedoit-ce être fur l’aftion élective des médicamens
, fur leur pente particulière vers certains
organes., la tête, les reins, la peau , les glandes fa-
livaires , &c ; ou fi l’on veut leur affinité avec certaines
humeurs , comme la bile, l’urine, &c ; car
quoiqu’on ait outré le dogme de la détermination
confiante des divers remedes vers certains organes,
& qu’il foit très-vrai que plufieurs remedes lie portent
vers plufieurs couloirs en même tems , ou
vers différens couloirs dans différentes circonf-
tances ; que le même médicament foit communément
diurétique, diaphorétique & emménagogue, & que
le kermès minéral, par exemple, produife félon les
diverles difpofitions du corps, ou par la variété des
do fes, le vomiffement, la purgation, la fueur ou
les crachats ; il eft très-évident cependant que quelques
remedes affeCtent conftamment certaines par-
ties ; que les cantharides & le nitre fe portent fur
les voies des urines, le mercure fur les glandes fali-
vaires, l’aloës fur la matrice & les vaiffeaux hé-
morrhoïdaux, &c : encore un coup , tout ce que la
théorie médicinale a établi fur cette matière eft ab-
fo lument nul, n’eft qu’un pur jargon ; mais nous le
répétons aufli, l’art y perd peu , l’obfervation empirique
bien entendue fuflit pour l’éclairer à cet
égard, w
Relativement aux effets immédiats dont nous venons
de parler , les médicamens font divifés en alté*
rans, c’eft-à-dire produifant fur les folides ou fur
les humeurs des changemens cachés, ou qui ne fe
manifeftent que par des effets éloignés, & dont les
médecins ont évalué l’aétion immédiate par des
' conjectures déduites dé ces effets, & en évacuant*
Varticle Altérant ayant été omis, nous expofe-
rons ici les fubdivifions dans lefquelles on a diftri-
bué les médicamens de cette claffe, & nous renverrons
abfolument aux articles particuliers, parce
que les généralités ne nous paroiffent pas propres à
inftruire fur cette matière. Les différens altérans ont
été appellés émolliens ; délayans, relâchans, in-
craffans , apéritifs , incififs, fondans, déterfifs , af-
tringens, abforbans, vulnéraires, échauffans, r?-
fraîchiffans, fortifians, cordiaux, ftomachiques, toniques
, nervins, antifpafmodiques, hyftériques ,
céphaliques, narcotiques, tempérans ou fédatifs ,
reperéuflifs, ftyptiquès, mondificatifs , réfolutifs ,
fuppuratifs , farcotiques ou cicatrifans , deflicatifs,
efearrotiques , corrofifs. {Voyt{ ces articles.)
La fubdivifion des évacuans eft expofée au mot
: Évacuant. {Voyé^cet article.')
Les médicamens font encore diftingués en doux ou
bénins, & en actifs ou forts ; ces termes s’expliquent
d’eux-mêmes. Nousobferverons feulement que
les derniers ne différent réellement des poifons que
par la dofe ; & qu’il eft même de leur effence d’être
dangereux à une trop haute dofe. Car l’aftion vraiment
efficace des médicamens réels doit porter dans
i la machine un trouble v if & foudain , & dont par
conféquent un certain excès pourroit devenir fu-
nefte. Aufli les anciens défignoient-ils par un même
nom, les médicamens & les poifons ; ils les appelaient
indiftin&ement pharmaca. Les médicamens bénins
, innocens, exercent à peine une aCtion direCte
& véritablement curative. Souvent ils ne font rien;
& quand ils font vraiment utiles, ç’eft en difpo-
fant de loin & à la longue, les organes ou les humeurs
à des changemens qui font principalement
opérés par l’a&ion fpontanée , naturelle de la v ie ,
& auxquels ces remedes doux n’ont par conféquent
contribué que comme des moyens fubfidiaires très-
fubordonnés ; au lieu qu’encore un coup, les médicamens
forts bouleverfent toute la machine, & la
déterminent à un changement violent, forcé * foudain.
Il y a encore des médicamens appellés alinnnteux.
On a donné ce nom & celui d’aliment médicamenteux
, à certaines matières qu’on a cru propres à
nourrir & à guérir en même tems , par exemple à
tous les prétendus incraffans, au lait, &c. Voye£
Incrassans , Lait & Nourrissans.
Les médicamens font diftingués enfin, eu égard à
certaines circonftances de leur préparation, en Amples
& compofés , officinaux, magiftraux & fecrets
(voye{ ces articles.) ; en chimiques & galéniques.
Voye[ l ’article PhaÉMACIE.
La partie de la Medécine qui traite de la nature &
de la préparation des médicamens, eft appellée Pharmacologie,
& elle eft une branche de laThérapeuti-
que (voyeç Pharmacologie & T hérapeutique.};
& la provifion, le tréfor de toutes les matières
premières ou Amples, dont on tire les médicamens
, s’appelle matière médicale. Les trois régnés
delà nature (ycye^ Ré g n é , Chimie.) fourniment
abondamment les divers fujets de cette collection ,
que les pharmacologiftes ont coutume de divifer félon
ces trois grandes fources ; ce qui eft un point de
vue plus propre cependant à l’hiftoire naturelle de
ces divers fujets, qu’à leur hiftoire médicinale,
quoiqu’on doive convenir que chacun de ces régnés
impâme à ces produits refpeâifs, un cara&ere fpéciai
q«i n*eft pâs abfôiument étranger à leur vertu
irtédicamenteufe. ( b)
MÉDICAMENTEUSE , Pierre. Voyei fous le
viot Pierre , pierre médicamenteufe.
MÉDICAMENTEUX, ( Régule d'antimoine.)
Voyei Régule médicinal, / fins le mot Antimoine.
MÉDICINAL,adj. {Gram.) qui a quelque propriété
relative à l’objet de la Médecine. C’eft en ce
fens qu’on dit une plante médicinale, des eaux médicinales.
Médicinales , Heures f Malad.)©n nomme ainfi
les tems du jour que l’on eftime propres à prendre
les médicamens ordonnés par les Médecins. On
en reconnoît ordinairement quatre ; favoir , le matin
à jeun, une heure environ avant le dîner, quatre
heures environ après dîner , & enfin le tems de
fe coucher: voilà à-peu-près comme on réglé les
momens de prendre des médicamens dans les maladies
qui ne demandent pas une diette auftere, telles
que les fievres intermittentes, les maladies chroniques
; mais dans les maladies aiguës, les tems doivent
être réglés par les fymptômes & l’augmentation
de la maladie , fans aucun égard aux heures médicinales.
Outre cela , lorfqu’un malade dort & re-
pofe d’un fommeil tranquille, il ne faut pas le tirer
de fon fommeil pour lui faire prendre une potion
ou un bol.
Les heures médicinales dépendent encore de l’action
& de la qualité des remedes , comme aufli du
tempérament des malades & de leur appétit, de leur
façon de digérer , & de la liberté ou de la pareffe
que les différens organes ont chez eux à exercer
leurs fondions.
MÉDICINIER, f. m. ( R i c in o id e s B o t a n . ) genre
de plante à fleur en rofe qui a plufieurs pétales dif-
pofés en rond , & fôutenus par un calice compofé
de plufieurs feuilles, ôc ftérile. L’embryon naît fur
d’autres parties de la plante, il eft enveloppé d’un
calice , & devient dans la fuite un fruit partagé en
trois capfules , remplies d’une femence oblongue.
Tournefort, in j l . r e i a p p e n d ix herb. V o y e { Plante.
Medicinier, {Botan.) Pignon , en latin van-
rheedia foliofub rotundo > fruclu luteo. Arbufte de l ’Amérique
dont le bois eft fibreux , coriace, mol &
léger ; fes branches s’entrelacent facilement les unes
dans les autres, elles font garnies de feuilles larges,
prefque rondes, un peu anguleufes à leur extrémité
& fur les côtes ; ces feuilles font attachées à de
longues queues , qui étant féparées des branches ,
répandent quelques gouttes d’un fuc blanchâtre ,
vifqueux, caufant de l’âpreté étant mis fur la langue
, & formant fur le linge de très-vilaines taches
rouffes qui ne s’en vont point à la leflive; cet arbre
s’emploie à faire deshayes & des clôtures de jardin.
Les fleurs du medicinier viennent par bouquets; elles
font compofces de plufieurs pétales d’une couleur
blanchâtre , tirant fur le verd , difpofées en efpece
de rofe & couvrant un piftil qui fe change en un
fruit rond „ de la groffeur d’un oeuf de pigeon, couvert
d’une peau épaiffe, verte, liffe, & qui jaunit
en mûriffant : ce fruit renferme deux & quelquefois
trois pignons oblongs, couverts d’une petite écorce
noire un peu chagrinée , feche , caffante , tenfer-
mant une amande très-blanche, très-délicate, ayant
un goût approchant de celui de la noifette , mais
dont il faut fe méfier ; c’eft un des plus violens purgatifs
de la nature, agiffant par haut & par bas.
^Quelques habitans des îles s’en fervent pour leurs
negres & même pour eux ; quatre ou cinq de ces
pignons mangés à jeun & précipités dans l’eftomac
par un verre d’eau y produifent l’effet de trois ou
quatre grains d’émétique. On peut en tirer une huile
par exprefîion & fans feu , dont deux ou trois
Tome X . 9
gôüttés mifes dans une taffe de chocolat ne lui communiquent
aucun goût , & purgent aufli-bien que
les pignons ; mais cette épreuve ne doit être tentée
que par un habile & très prudent médecin. M . l e
R o m a i n .
Medicinier <TAmérique, {Botan. exot.) Voyc^
RlClN & RiCINOIDE d'Amérique. {Botan.)
Medi cinier cCEfpagne , {Botan. exot.) ; voye1 la
defeription de cette plante fous le mot Ricin. Voyez
Pignon d’Inde.
Medicinier , {Mat. méd.) Ricinoide, ricin d’Amérique
, pignon de Barbarie.
La graine de cette plante eft un purgatif émétique
des plus violens même à une très-foible dofe ; par
exemple, à celle de trois ou quatre de ces femences
avalees entières : enforte qu’on ne peut guères l ’employer
fans danger. V o y e^ Purgatif.
On retire de ces femences une huile par expref-
fion, que les auteurs aflurentêtre puiffamment réfo-
lutive & difcufîive. L’infufion des feuilles de midi-
cinier eft aufli un puiffant émétique , dont les nègres
font ufage en Amérique. {B)
Medicinier d ’E f p a g n e , { M a t . m éd . ) V o y e^ Pignon
d’Inde.
MÉDIE, {Géog. anc.) Media , grand pays d’Afie,
dont l’etendue a été fort différente, félon les divers
tems.
La Medie fut d’abord une province de l’empire
des Affyriens , à laquelle Cyaxares joignit les deux
Arménies, la Cappadoce, le Pont, la Golchide &
l’Ibérie : enfuite les Scythes s’emparèrent de la Mé-
die , & y régnèrent vingt-huit ans. Après cela les
Médes.fe délivrèrent de leur joug; enfin , la Médie
ayant été confondue de nouveau dans l’empire da
Cyrus, on, ce qui eft la même chofe,dans la monarchie
des Perfes , tomba fous la puiflance d’Alexandre.
Depuis les conquêtes de ce prince, on diftin-
gua deux Médies , la grande & la petite , autrement
dite la Médie Atropàtène.
La grande Médie, province de l’empire des Perfes
, étoit bornée au nord par des montagnes qui la
féparoient des Cadufiens & de l’Hyrcanie : elle répond
, félon M. de l ’lfle, à l’Arac Agémie, au Ta-
briftan & au Laureftan d’aujourd’hui.
La Médie Atropàtène, ainfi nommée d’Atropatos
qui la gouverna , avoit au ncird la mer Cafpienne ,
& au levant la grande Médie, dont elle étoit féparée
par une branche du mont Zagros. Cette petite Médie
répond préfentement à la province d’Adirbeit-
zan , & à une lifiere habitée par les Turcomans ,
entre les montagnes de Curdiftan & l’Irac-Agémie.
(-0- ■
Medie, {Pierrede) lapismedusou medinus, {Hifi4
nat.) pierre fabuleufe q u i, dit-on, fe trouvoit chez
les Médes ; il y en avoit de noires & de vertes ;
on lui attribuoit différentes vertus merveilleufes ,
comme de rendre la vûe aux aveugles , de guérir
la goutte en la faifant tremper dans du lait de brebis
, &c. Voyei Boéce de Boot.
MÉDIMNE, f. m. {Mefur.antiq.) /Mé'ip.voç; c’é-
toit une mefure de Sicile, qui félon Budée, contient
fix boiffeaux de blé, & qui revient à la mefure
de la mine de France ; mais j’aime mieux en tradui-
fant les auteurs grecs & latins , conferver le mot
medimne , que d’employer le terme de mine qui efl:
équivoque. M. l ’abbé Terraffon met toujours médi-
mne dans fa traduction de Diodore de Sicile. (Z). J.)
MÉDINA-CÉLI, {Géog.) en latin Methymna cce-
lejlis , ancienne ville d’Efpagne dans la vieille Caf-
tille , autrefois confidérable, & n’ayant aujourd’hui
que l’honneur de fe dire capitale d’un duché de même
nom, érigé en 1491. Elle eft fur le Xalon , à 4
lieues d’Efpagne N. E. de Siguença , ao S. O, de
Sarragofle. Long. /3. zS . lat. 41, iS. {D . J.)
p p