ceux qui s’en approchoient. Quelques-unes de ces
vapeurs ou mouffettes font d’une chaleur très -fcnfi-
ble , d’autres n’ont point de chaleur. Il y a des mouffettes
qui ont un goût doucereux , d’autres font
âcres 6c corrofives, les unes engourdiffent 6c endorment
, pour ainfi dire, ceux qui y ont été expofés ;
celles qui font arfénicales faififfent à la gorge 6c font
éprouver une fenfation femblable à celui d’une corde
qui ferreroit étroitement le cou.
M. Seip, médecin allemand, a décrit dans les
Tranfaélions philofophiques, les phénomènes fingu-
liers que préfente une mouffette qui fe fait fentir dans
une carrière qui eft tout auprès des eaux minérales
dePyrmont en Weftphalie ; cette vapeur tue les oi-
feaux, les infedes, 6c tous les animaux qui en font atteints
, les oifeaux meurent dans des convulfions fem-
blables à celles qu’ils éprouvent dans le récipient de
la machine pneumatique après qu’on en a pompé
l’air. Cette vapeur eft femblable aux brouillards qui
s'élèvent quelquefois à la furface des prairies en
é té , elle ne s’élève communément que jufqu’à un
ou deux pies de terre, excepté aux approches d’un
orage. Lorfqu’on fe tient debout dans cette carrière
ou grotte on ne s’apperçoit d’aucune odeur, on
fent feulement que les piés s’échauffent, la chaleur
gagne les parties inférieures du corps, & peu-à-peu
on éprouve une tranfpiration très - abondante. En
baiffant la tête vers le fol de la caverne on s’apperçoit
d’une odeur très-pénétrante & fi âcre, qu’elle
picote les yeux & les fait pleurer. Cette vapeur
reçue dans la bouche eft d’un goût fulfureux. Si
l’on continue quelque tems à y refter expofé , on
fent un engourdiffement, alors il faut promptement
fortir & prendre l’air, ou boire de l’eau, fans quoi
l ’on rifqueroit de périr : cette vapeur éteint le feu
& les lumières. Quoiqu’elle faffe éprouver une fenfation
de chaleur aux piés, M. Seip a trouvé que
les thermomètres ne fouffrent aucune variation lorf-
qu’ils font plongés dans cette vapeur. Voye{ les
Tranfactions philofophiques, n°. 448.
En Angleterre, dans l*île de "Wight, des ouvriers
qui çreufoient un puits, rencontrèrent une couche
d’où il fortit une vapeur fulfureufe d’une chaleur
fuffocante 6c femblable à celle qui fort d’un four
bien échauffé; plufieurs ouvriers en périrent, 6c
l’on fut obligé d’abandonner le travail, lorfqu’on
vit que.cette vapeur ne ceffoit point de fe montrer
; elle étoit fort baffe dans un tems ferein , 6c
montoit plus haut dans les tems pluvieux. Voyc^ les
Tranf actions philofophiques , n°. 450.
En Hongrie, à Ribar, près des monts Crapacks,
çft une foqrce d’eau minérale que l’on peut boire
impunément, mais qui, fans répandre d’émanation
fenfible, ne laiffe pas de tuer fur-le-champ les oifeaux
6c les autres animaux qui en approchent.
Voy&{ les Tranfact. philoj. n°. 452. Voye^ EXHALAISONS
minérales & Mines. (—)
MOU F F L E , f. f.: ( Méch. ) eft une machine qui
confifte en un affemblage de plufieurs poulies , dont
on fe fert pour élever des poids énormes en peu de
tems.
La multiplication des poulies dans la moufle eft
fort bien imaginée, car Fon démontre en Méchani-
que, que la force ijéceffaire pour foutenir un poids
par le moyen d’une moufle eft au poids lui - même
comme l’unité eft au nombre des poulies ; en fup-
pofant que les cordes foient parallèles entre elles.
Voye\ Poulie.
D ’où il fuit que le nombre des poulies 8c la puif-
fance étant donnés, on trouve aifément le poids
qu’elles pourront foutenir en multipliant la puiffance
par le nombre des poulies. Par exemple , fup-
“pofons que la puiffance = 50-livres, 6c le nombre
des poulies = 5 , elles pourront être en équilibre
avec un poids de 250 livres.
De même le nombre des poulies étant donné avec
le poids qu’elles doivent foutenir, on trouve la puiffance
en divifant le poids par le nombre des poulies
: par conféquent, fi le poids = 900 livres, 8c le
nombre des poulies = 6, la puiffance fera 150 livres.
De Châles obferve que l’on trouve par expérience
, qu’un homme ordinaire peut élever avec fa
feule force 150 livres ; c’eft pourquoi le même homme
, avec une mouffle à 6 poulies pourra foutenir
un poids de 900 livres.
En joignant enfemble plufieurs moufles on augmentera
la puiffance des poulies.
Pour trouver le nombre des poulies que doit avoir
une moufle, afin d’élever un poids donné avec une
puiffance donnée, divifez le poids par la puiffance,
le quotient eft le nombre cherché.
Suppofez, par exemple, que le poids =z 600 livres
& la puiffance 150 , il doit y avoir 4 poulies à la
moufle. Vyyeç lafig. 5o. machine qui repréfente une
moufle à 4 poulies. Voye^ aufi Carticle POULIE.
Remarquez que nous faifons ici abftraftion de la
réfiftance 8c du poids des cordes qui doit augmenter
la puiffance 6c la rendre plus grande que nous
ne l’avons faite dans les calculs précédens. Voyeç_
C orde & Fro t t em en t . Il peut même arriver
que les poulies foient fi fort multipliées, que la
moufle au-lieu d’être utile foit embarraffante, à
caul'e de la quantité confidérable des frottemens &
de l’embarras que produit la multiplicité des cordes.
Au refte, la maniéré la plus avantageufe dont
les cordes puiffent être difpofées, c’eft d’être toujours
dans une fituation parallèle, car alors la puiffance
eft la plus petite qu’il eft poflible par rapport
au poids ; ainfi il faut que la moufle foit faite de façon
que les cordes y puiffent conferver toujours à-
peu-près cette fituation. (O)
Mouffle, ( Chimie. ) partie effentielle du fourneau
d’effai ou de coupelle, voye^ à T article Fourneau
, dont on ne peut donner une meilleure idée
que celle d’un petit four mobile, dont le fol & la
voûte font en tout d’une feule p iece, ou chacun d’une
feule piece, dont la forme eft ordinairement celle
d’un demi-cylindre creux, fermé par l’un de fes
bouts, & ouvert par l’autre, qui eft formé par une
table très-mince de terre cuite, 6c qui eft deftiné à
être chauffé par le dehors, c’eft-à-dire à concevoir la
chaleur qu’on veut exciter dans fon fein, par l’application
d’une foible chaleur extérieure. La porte
de ce petit four, qui eft très-confidérable, par rapport
à fa capacité, 6c qui n’eft autre chofe que le
bout entièrement ouvert du demi-cylindre, s’ajufte
exactement à une porte de pareille grandeur ou à-
peu-près, pratiquée à ce deffein dans la face antérieure
du fourneau d’effai. Voye^ les planches de Chimie.
On trouve dans la première partie du Schulter
de M. Hellot, les confidérations fuivantes fur la
qualité, la conftruftion 6c l’emploi des moufles.
« Les moufles doivent être de la meilleure terre
» qu’on puiffe trouver, 6c qui réfifte le mieux au
» feu. Au Hartz, on fe fert de celles qui fe font dans
» le pays de Heffe ; elles font excellentes 6c durent
>> très-long-tems : on les fait de la même terre que le
» creufet qu’on emploie aux effais des mines de
» plomb, de cuivre, même de fer.
»Les fournaliftes de Paris en font aufli de très-
» bonnes; ils les forment dé trois parties de terre
» glaife des environs d’Arcueil 6c d’Ifli, dont ils ont
» ôté exactement les pyrites, 6c qu’ils ont mêlée
» avec deux parties de pot-à-beurre de Normandie
» réduit en poudre modérément fine.
» Schulter choifit pour les faire, une bonne
» terre glaife : il la mêle avec du fable 6c du verre
» pilé, parce que cette terre fe fendroit fi on l’em-
» ployoit feule. Il prend deux tiers de cette terre
» bien triée 6c nettoyée : il y ajoûte un fixieme de
» verre pilé 6c un fixieme de bon fable pur ; il fait
» paîtrir le tout pendant plufieurs heures, afin que
» le mélange foit par-tout le plus égal qu’il eft pof-
» fible. U préféré cependant les creufets de Heflè
» réduits en poudre, au verre 6c au fable. La capa-
» cité d’une moufle fe réglé fur la grandeur du four-
» neau : elle doit avoir de long huit de fes parties
» fur cinq de large, 8c trois 6c demie de hauteur.
» Borrichius & plufieurs effayeurs d’Allemagne les
» demandent de deux pièces; l’une eft une efpece
» de voûte repréfentant à-peu-près la coupe d’un
» demi-cylindre creux, fermé à fon fond : les côtés
» & le fond font percés de plufieurs trous pour don-
» ner paflage à quelques jets de flamme : le bas de
» ces côtés doit être un peu recourbé pour rece-
» voir une planchette de terre bien cuite, compo-
» fée comme celle de la voûte. Cette planchette
» mobile eft le fol ou tablette fur laquelle on place
» les coupelles,
» Que ces moufles foient d’une feule ou de deux
» pièces, il faut que les trous des côtés & du fond
» foient percés très-près de la tablette, 6c fort petits,
» fans quoi le charbon qui pétillé, fait aller jiifque
» fur les coupelles de petits éclats qui retardent les
» effais, en reffufcitant le plomb, à mefure qu’il fe
» convertit en litharge. Cependant, dans quelques
» endroits de l’Allemagne, on eft dans l’ufage de
» faire ces trous des côtés 6c du fond de la moufle
» beaucoup plus grands 6c en arc : mais alors on eft
» obligé de gouverner le feu, ou la chaleur du de-
» dans de la moufle, par de petites pièces de terre
» cuite que l’on nomme in f rumens, ce qui devient
» une difficulté pour ceux qui ne font pas dans l’ha-
» bitude de s’en fervir. Ainfi j’eftime mieux une
» moufle percée de petits trous d’une ligne ou d’une
»ligne 8c demie de diamètre; les effais y paffent
» aifément ; 6c au cas que la chaleur n’y foit pas
» affez forte pour quelques épreuves, comme pour
» rafiner un bouton de cuivre noir en cuivre rofet-
» t e , on y remédie en mettant du charbon allumé
» dans i’intérieur de cette moufle ». Voye{ Instru-
mens Docim. ( f )
M o u f f l e , terme de Gantier, efpece de gant
fourré dont les doigts ne font point féparés, 6c qu’on
appelle aufli des mitaines. Voytç Mit ain e.
Mo u f le, f. f . (Serrurerie.")barres de fer à l’extrémité
defquelles on a pratiqué des yeux. On contient
ces barres par des clavettes qui paffent dans
les yeux- Les pièces auxquelles on applique des
moufles font contenues dans l’état qu’on leur veut.
C ’eft par cette, raifon qu’on moufle les cuves, &
les murs, lorfqu’ils tendent à s’écarter. Il faut diftin-
guer trois parties dans la moufle double, deux yeux
l’un au-deffus de l’autre, entre lefquels il y a un
efpace fuffifant pour recevoir l’autre extrémité de
la moufle, qui eft par cette raifon. en foqrçhe; la
partie qui n’a qu’un oeil & qui fe place dans la fourche,
6c la clavette qui lie le tout 6c forme la moufle
complette. Pour faire une moufle on prend une
barre de fer plat que l’on coupe de la longueur
convenable ; on la fend où l’ouvrier pratique l’oeil;
on plie la partie fendue en deux, 6c l’on fbude le
.bout plié avec le refte de la barreg obferyant de
donner à l’oeil autant d’efpace: qu’en exige Ja clav
ette, 6c d’ouvrir, la fourche affez, pour recevoir
l ’autre partie de la moufle- Cela fait., on prend une
autre barre, on l’étrécit par le bout ; on lui donne,
en rétréciffant, la figure qui convient ;à l’ouverr
ture .'de la motifle ; on place cette partie comme la
première ; on la foude .avec la première barre :
cela fait on forge la clavette, 6c la moufle eft
finie.
MOUFLETTES, ( Plomb. ) ce font deux morceaux
de bois creufés en dedans, dont les Plombiers,
&c. fe fervent pour prendre l’outil appeilé le fer à
fouder quand ils le retirent du feu pour appliquer 6ç
étendre leur foudure ; c’eft proprement la poignée
de l’outil coupée en deux dans fa longueur, & qu’on
réunit fur la queue du fer toutes les fois qu’on le
prend tout chaud pour s’en fervir. Toye^ Fer à.
SOUDER, & les fig. Pl, du Plombier.
MOUILLAGE ou An c r a g e , f. m. (Marine. )
ç ’eft un 'endroit de la mer propre à donner fond 6c
à jetter l’ancre. Tous les endroits où l’on peut mouiller
ne font pas également bons & fûrs. Il y a des
fonds remplis de roches qui coupent ou rognent les
cables ; d’autres où le fond eft fi dur que les ancres
n’y peuvent mordre ; 6c d’autres où le fond eft fi fin
6c fi mou, que les ancres au moindre vent ne tiennent
pas, dérapent ou labourent. Ces fortes de fonds
font de mauvais mouillages.
Mouillage , terme de Corroyeur, c’eft une façon
qu’on donne aux cuirs , les hume&ant avec de
l’eau, pour les mettre en état de recevoir d’autres
apprêts que le Corroyeur veut leur donner.
Il y a deux fortes de mouillages ; l’un fe fait en
les mettant tremper dans un tonneau plein d’eau ,
l’autre en les imbibant d’eau avec un balai ou un
gypon.
Ces deux mouillages fe font avec ou fans foulure ;
ainfi on les foule aux piés après les avoir mouillés ,
ou bien on ne les mouille qu’afin de les étendre plus
aifément fur la table où on a deffein de leur donner
différentes façons. Voye{ C orroyeur.
MOUILLE, ( Marine.') terme de commandement
que l’officier fait de laiffer tomber l’ancre à la mer.
MOUILLER, v . a£L ( Gram.) c’eft hume&er avec
de l’eau.
Mo uil l er , ( Marine. ) ç’eft jetter l’ancre pour
arrêter le vaiffeau. Cette manoeuvre mérite attention
, 6c l’on $’y prépare.
Quand on eft proche du lieu du mouillage, on
pare l’ancre 6c la bouée, 6c on élonge le cable jusqu’au
grand mât, après quoi on lui donne un tour
de bite ; on ferle en même tems la grande v o ile , on
cargue la mifaine, 6c on amené aufli les huniers à
mi-mât : enfin arrivé au lieu du mouillage, on borde
l’artimon pour venir au vent ; on met un des huniers
fur le mât, tandis qu’on ferle l’autre ; 6c lorf-
que l’aire du vaiffeau eft entièrement perdue, 6c
qu’il commence à s’abattre ,on lajffe tomber l’ancre,
en filant doucement du cable autant qu’il eft nécef-
faire.
Voilà la réglé générale , mais à laquelle différentes
circonftances apportent des changemens : par
exemple » lorfqu’il y a du mauvais tems on va au
mouillage avec la mifaine feulement, dont on fe fert
pour rompre Faire du vaiffeau. Voyelle traité de lu
manxuv. du P. Hôte.
Mouiller a la voile , ç’eft jetter l’ancre lprfque le
vaiffeau a encore les voiles au vent.
Mquiller en croupiere, c’eft fai/e paffer le cable de
l’ancre le long des précintes-, 6c le conduire de-là
à des anneaux de fer qui font à la fainte-barbe : on
le fait aufli quelquefois par lçs fabords.
Mouille? en patte d’oie » ç’eft mouiller fur, trois ancres
à l’avant du vaiffeau ; çnforte que les trois ancres
foient difpofées, en, .triangle.
Mouiller les voiles, ç’eft jetter de l’eau fur les voiles
pour les rendre plus épaiffes > çe qui leur fait mieux
. tenir le vent.
Mo uiller, en terme de Potier , ç ’eft Faéfcipn de
. tremper une piece dans une terre délayée fort claire.
. On ne mouille que quand l’ouvrage eft achevé, 6c