Balle, & de Bocara. Long. Si. lut, $ j . 40.
C ’eft dans cette ville que mourut en 1072 AIp-
Arflan , fécond fultan de là dynaftiedes Sëlgincides,
& l’un des plus puiffans monarques de l’Alie. On y
lit çette épitaphe fur fon tombeau : « Vous tous qui
h avez vû la grandeur d’Alp-Arflan élevée jufqu’aux
» cieux , venez la voir à Mérou enfevelie dans la
» poufliere », (D . J. )
MÉROVINGIEN, fubft. & ad). mafc.(J£/2. Ôf
France. ) nom que l’hiftoire donne aux princes de la
première race des rois de France , parce qu’ils def-
cendoient de Mérovée. Cette race a régné environ
333 ans, depuis Pharamond jufqu’à Charles Martel,
& a donné 36 fouverainsà ce royaume.
M. Gibert f Mém. de l'acad, des B elles-Lettres ) tire
le mot de Mérovingien, de Marobodicus , roi des
Germains, d’où les Francs ont tiré leur origine, Sc
ont formé le nom de Mérovée par l’analogie de la langue
germanique rendue en latin. M.Freret, au contraire
, après avoir effayé d’établir que le nom de
Mérovingien ne fut connu que fous les commence-
mens de la deuxieme race ( ce que nie M. Gibert ) ,
dans un tems où il étoit devenu néceffaire de diftin-
guerla famille régnante de celle à qui ellefuccédoit,
rend à Mérovée , l’ayeul de Clovis, l’honneur d’avoir
donné fon nom à la première race de nos rois ;
& fa raifon, pour n’avoir commencé cette race qu’à
Mérovée, eft que, fuivant Grégoire de Tours,
quelques-uns doutoient que Mérovée fût fils de Clo-
dion, & le croyoient feulement fôn parent, de (lirpe
ejus, au lieu que depuis Mérovée la filiation de cette
race n’eft plus interrompue. C ’eft un procès entre
ces deux fa vans, & je crois que M. Freret le gagne-
roit. ( D . J. )
MERS , le , ( Géog. ) quelques François difent,
Sc mal-à-propos , la Marche ; province maritime
de l’Ecoffe feptentrionale, avec titre de comté. Elle
abonde en blé & en pâturages. Elle eft lituée à l’orient
de la province deTwedale, & au midi de celle
de Lothian, fur la mer d’Allemagne. La riviere de
Lauder donne le nom de Lauderdalekla. vallée qu’elle
arrofe dans cette province. La famille de Douglas
jouit aujourd’hui du comté de Mers. (D . J. )
MERSBOURG, ( Géog. ) en latin moderne Mar-
iinopolis ; ancienne ville d’Allemagne , dans le cercle
de haute-Saxe en Mifnie , avec un évêché fuf-
fragant de Magdebourg, aujourd’hui fécularifé. Elle
appartient à l’éle&eur de Saxe. Henri I. gagna près
de cette ville, en 933 , une fameufe bataille fur les
Hongrois. Le comte de Tilly la prit en 16 31, les
Suédois enfuite , & depuis les Impériaux Sc les Saxons.
Son évêché a été fondé par l’empereur
Othon I. Mersbourg eft fur la Sala, à 4 milles S. O.
de Hall ; 8 N. O. deLeipfick ; 23 N. O. de Dref-
■ de. Long, j o. 2. lat. S i. 28. ( D . J. )
MERSEY, ( Géog. ) riviere d’Angleterre. Elle a
fa-fource dans la province d’Y orck, prend fon cours
“entre les comtés de Lancaftre au nord, & de Chef-
ïe r au midi, Sc finit par fe rendre dans la mer d’Ir-
dande, où elle forme le port de Leverpole. ( D . J. )
MERTOLA, ( Géog. ) autrefois Myrtilis ; ancienne
petite ville de Portugal dans l ’Alentéjo. Elle
eft forte par fa fituation, & de voit être opulente du
tems des Romains, fi l’on en juge par des monumens
d’antiquités > comme colonnes & ftatues qu’on y a
déterrees. Cette ville fut prife fur les Maures par
dom Sanche en 1239. Elle eft auprès de la Guadia-
na, dans l’endroit où cette riviere commence à porter
bateau, à 24 lieues S. d’Evora, 40 de Lisbonne.
Long. 10. 20. tat-37-3°-
MERVEILLE, f .f. ([LHJl. a ne. Philol. ) voye^Varticle
Miracle. Ce que l’on appelle vulgairement
les fept merveilles du monde , font les pyramides d’Egypte
, le maufol'ée bâti par Artemife, le temple de
Diane à Èphefe, les murailles‘de Babylone couvertes
de jardins, le coloffe de Rhodes, la ftatue de Jupiter
Olympien , le phare de Ptolemée Philadelphe.
Pyramide , Mausolée , Colosse , b c .
Merveilles du Monde, ( Hifi. anc.') On en
compte ordinairement fept; fa voir, les pyramides
d’Egypte, les jardins & les murs de Babylone, le
tombeau qu’Arthemife .reine de Carie éleva au roi
Maufole fon époux, à Halycarnafle ;• le temple de
Diane à Ephefe; la ftatue de Jupiter Olympien,
par Phidias ; le coloffe de Rhodes ; le phare d’Alexandrie
. Merveilles du Dauphiné, (Hifi. nat.) On
-a donné ce nom à quelques objets remarquables que
l’on trouve en France, dans la province de Dauphiné.
L’ignorance de l’Hiftoire naturelle Sc la crédulité
ont fait trouver du merveilleux dans une in-,
finité de chofes qui, vues avec des yeux non pré-
venus > fe trouvent ou fauffes ou dans l’ordre de
la nature. Les merveilles du Dauphiné en fourniffent
une preuve. On en a compté fept à l’exemple des
fept merveilles du monde.
i°. La première de ces merveilles eft la fontaine
ardente ; elle fe trouve au haut d’une montagne qui
eft à trois lieues de Grenoble, & à une demi-lieue
de Vif. S. Auguftin dit qu’on attribuoit à cette fontaine
la propriété finguliere d'éteindre un flambeau
allumé, o* d'allumer un flambeau éteint; ubï faces ardentes
extinguuntur, 6* accenduntur extincla. De ci-
vitate D e i, l. X X L t. vij. Si cette fontaine a eu autrefois
cette propriété, elle l’a entièrement perdue
actuellement ; l’on n’y voit quant à-préfent qu’un
petit ruifleau d’eau froide ; il eft vrai que l’on affure
que ce ruifleau a changé de cours, Sc qu’il pafloit
autrefois pour un endroit d’où quelquefois on voyoit
fortir des flammes & de la fumée occafionnées fuivant
les apparences par quelque petit volcan ou feu
fouterrein qui échauffoit les eaux de ce ruifleau, &
qui par le changement qu’il a pu caufer dans le ter-
rein , lui a fait changer de place.
20. La tour fans venin. On a prétendu que les animaux
venimeux ne pouyoient point y v ivre, ce qui
eft contredit par l’expérience, vû qu’on y a porté
des ferpens Sc des araignées qui ne s’en font point
trouvés plus mal. Cette tour eft à une lieue de
Grenoble, au-deffus de Seyflins, fur le bord du Drac.
Elle s’appelle pprifet. Autrefois il y avoit auprès
une chapelle dédiée à S. Verain, dont par corruption
on a fait fans venin.
30. La montagne inaccefjible. C’eft un rocher fort
efearpé, qui eft au fommet d’une montagne très-
élevée , dans le petit diftriâ de T riéves, à environ
deux lieues de la ville de Die. On l’appelle le mont
de Vaiguille. Aujourd’hui cette montagne n’eft rien
moins qu’inacceflible.
40. Les cuves de Saffenage. Ce font' deux roches
creufées qui fe voyent dans une grotte fituée au-
deffus du village de Saffenage, à une lieue de Grenoble.
Les habitans du pays prétendent que ces deux
cuves fe rempliffent d’eau tous les ans au 6 de Janvier
; & c’eft d’après la quantité d’eau qui s’y amaffe,
que l ’on juge fi l’année fera abondante. On dit que
cette fable a été entretenue par des habitans du pays
qui avoient foin d’y mettre de l’eau au tems marqué.
On trouve au même endroit les pierres connues
fous le nom de pierres ePhirondelle ou de pierres
de Saflenage. Voye{ Hirondelle, ( pierre d’ ).
50. La manne de Briançon, que l’on détache des
mélefes qui fe trouvent fur les montagnes du voifi-
nage , ce qui n’eft rien moins qu’une merveille.
6°. Le pré qui tremble ; c’eft une île placée au milieu
d’un étang, ou lac du territoire de Gap , appellé
le lac Pelhotier. Il eft à préfumer que ce pré eft formé
par un amas de rofeaux & de plantes mélés de terre,
qui
qui n’orit point urië cOnfiftenee folidé. ô r t trÔtiV'è des
prairies treiriblàntes au-deffus de tous les endroits
qui renferment dé là tourbe; Voyt^Vart. TOURBE;
70. La grotte de Notre-Dame de la B aime ; elle ref-
feihble à toutes les autres grottes $ étant remplie de
ftala&itës & de congélations > ou concrétions picr-
feufes. On dit que du tems de François I. il y avoit
un abîme au fond de cette grotte, dans lequel l’eau
d’une riviefe fe perdoit avec un bfuit effrayant; aujourd’hui
ces phénomènes ont difparu.
Aux merveilles qui viennent d’être décrites , quelques
auteurs en ajoutent encore d’autres ; telles lbnt
la fontaine vinêufe , qui eft une fource d’une eau minérale
qui fe trouve à Saint-Pierre d’Argenfon ; elle
a , dit-on, un goût vineux , Sc eft un temede affuré
contre la fievre ; ce goût aigrelet eft commun à un
grand nombre d’eaux minérales acidulés. Le ruifleau
de Barberon eft. encore regardé comme une merveille
du Dauphiné ; par la quantité de fes eaux on juge de
la fertilité dé l’année. Enfin on peut mettre encore
au même rang les eaux thermales de la Motte, qui font
dans le Graifivaiidan, à cinq lieues de Grenoble fur
le bord du Drac ; elles fon t, dit-on, très-efficaces
contre les paralyfies &Jes rhumatifmes. (—)
Merveille du Perd u , voyeçBelle-de-n u it .
Merveille , Pomme de ( Botan. exot. ) c’eft ainfi
qu’on nomme en françois le fruit du genre de plante
étrangère que les Botaniftes appellent momordica.
Foyei Mom o rd ic a .
. MERVEILLEUX, adj. (Littéral.) ternie confa-
cré à la poéfie épique, par lequel on entend certaines
fi&ions hardies , mais cependant vraiffemblables y
qui étant hors du cercle des idées communes, étonnent
l’efpriti Telle eft l’intervention des divinités du
Paganifme dans les poëmes d’Homere & de Virgile;
Tels font les êtres métaphyfiqués perfonnifiés dans
les écrits des modernes, comme la Difcorde, l’Amour
, le Fanatifme * bc-, G’eft ce qu’on appelle autrement
machines. Voyé£ MACHINES;
Nous avons dit fous ce mot que même dans le
merveilleux , le vraiffemblable a fes bornes , & que
le merveilleux des anciens ne conviendroit peut-
être pas dans un poëme moderne. Nous n’examinerons
ni l’un ni l’autfe de ces points.
i®. Il y a dans le merveilleux une certaine difeté-
tion à garder, &t des convenances à obferver ; car
ce merveilleux varie félon les tems, ce qui paroiffoit
tel aux Grecs & aux Romains ne l’eft plus pour nous;
Minerve & Junon, Mars & Venus, qui jouent de fi
grands rôles dans l’Iliade & dans l’Enéide, ne fe-
toient aujourd’hui dans un poëme épique que des
tioms faUs réalité, auxquels le leâeur n’attacheroit
aucune idée diftinfte , parce qu’il eft né dans une religion
toute contraire , ou élevé dans des principes
tout différens; « L’Iliade eft pleine de dieux & de
v combats , dit M. de Voltaire dans fon eflai fur la
»> poéfie épique;- ces fujets plaifent naturellement aux
» hommes : ils aiment ce qui leur paroît terrible, ils
» font comme les enfans qui écoutent avidement ces
» contes de forciers qui les effraient; Il y a des fables
» pour tout âge ; il n’y a point de nation qui n’ait eu
» les fiennes »; Voilà fans doute une des caufe.s.du
plaifir que Caufe le merveilleux ; mais pour le fajre
adopter, tout dépend du choix, de l’ufage & deT%g-
plication que le poëte fera des idées reçues dans fon
fiecle & dans fa nation, pour imaginer ces fiélions
qui frappent, qui étonnent & qui plaifent ; ce qui
fuppofe également que ce merveilleux ne doit point
choquer la vraiffemblance. Des exemples vont éclaircir
ceci : qu’Homere dans l’Iliade faflV parler des
chevaux , qu’il attribue à des trépiés & à des ftatues
d’or la vertu de fe mouvoir, & de fe rendre
toutes feules à l’affemblée des dieux ; que dans Virgile
des monftres hideux & dégoutaes viennent çor-
Tome X .
fOihprë lès mets de la troupe d’Enéë i qüé dans Mil*
ton les anges rebelles s’amufentà bâtir un palais imaginaire
dans le moment qu’ils doivent être uniquement
occupés de leur vengeance ; que le Taffc imagine
un perroquet ehantattt des chanfons de fa pro-*
pre compofition : tous ces traits ne font pas affez
nobles pour l’épOpéè, ou forment du fublime extravagant;
Mais que Mars bleffé jette un cri pareil à celui
d?une armee ; qiie Jupiter par le mouvement dè
fes fourcils ébranle l’Olympe ; que Neptune .& les
Tritons dégagent ëiix-mêmes ies vaiffeaux d’Enéé ,
enfablés dàhs lés fyrtes ; ce merveilleux pafoit plus
fàge & tranfporte les leâetirs: De-là il s’enfuit qüé
pour juger de la convenance du merveilleux, il faut
fe tranfporter en efprit dans les tems où les Poètes
Ont écrit ,• époufer pour un moment les idées ; leà
moeurs, les fentimehs des peuples pour lefquels ils
Ont écrit; Le merveilleux d’Homere & de Virgile cOn-
fidéré de ce point de v iie , fera toujours admirable :
fi l’on s’en écarte il devient faux & abfurde; ce font
dés beautés qué l’on peut norfimer beautés locales. Il
en eft d’autres qui font de tous les pays & de tous
les tems; Ainfi dans la Lufiade ; Iorfque la flotte por-
tugaife commandée par Vafco de Gama, eft prête à
doubler le cap de Bonne- Efpéranee $ appel lé alors lé
Promontoire des Tempêtes, On apperçoit tout-à-coup
un perfonnage formidable qui s’élève du fond de là
mer ; fa tête touche aitx nues ; les tempêtes, les
vents, les tonnerres font autour de lui ; feS bras s’étendent
fur la fiirface des eaux; Ge monftre ou cé
dieu eft le gardien de cet océan, dont .aucun Vaif-
feaü n’avOit encore fendü les flots; Il inenàce la
flotte, il fe plaint de l’audace des Portugais qui viennent
lui difputer l’empire de ces mers ; il leur annonce
toutes les calamités qu’ils doivent effuyer.
dans leur entîeprife; Il étoit difficile d’en mieux allé-»
gOrier la difficulté, & cela eft grand en tout temsôC
en tout pays fans dolite. M. de Voltaire, de qui noua
empruntons cëtte remarque, nous fournira lui-mêmet
un exemple de ces fixions grandes & nobles qui doivent
plaire à toutes les natioris & dans tous les fie-;
clés. Dans le feptieme chant de Ton poëme, faint
Louis tranfporte Henri IV* eii efprit au ciel & aux
enfers ; enfin il l’introduit dans le palais des deftins*'
& lui fait voir fa poftérité & les grands hommes qué
la France doit produire. Il lui trace les caraéferes dé
ces héros d’une maniéré courte, vraie, & très-inté-,
reffante poui* notre nation. Virgile avoit fait la même
ehofe, & c’eft ce qui prouve qu’il y a une forte
de merveilleux capable de faire par-toüt & en tout
tems les mêmes impreflions. Or à cet égard il y a une
forte dé goût univerfel, que le poëte doit eonnoîtré
& confulter; Les fixions & les allégories , qui font
les parties du fyftème merveilleux, ne fauroient plairé
à des le&eurs éclairés, qu’autant qu’elles font prifes
dans la nature, foutenues avec vraiffemblance St
jufteffe, enfin conformes aux idées reçues ; car fi*
félon M. Defpréaux,il eft des occafiofis où
Le vrai peut quelquefois ri!être pas vraiffemblable ^
à combien plus forte raifo'n, une fiérion pourra-të
elle ne l’être pas, à moins qu’elle rie foit imaginée St
conduite avec tant d’a rt, que le leéfeur fans fe dé-*
fier de l’illufion qu’on lui fait, s’y livre au coriîrairé
avec plaifir & facilite l’impreflion qu’il en reçoit ï
Quoique Milton foit tombé à cet égard dansdes fautes
groffieres & inexcufables, il finit néanmoins fon poë-»
me par une fiftion admirable. L’ange qui vient par
l’ordre de Dieu pour chaffer Adam du Paradis ter-,
reftre, conduit cet infortuné fur une haute rnonta-s
gne : là l’avenir fe peint aux yeux d’Adam ; le premier
objet qui frappe fa vue , eft un homme d’uné
douceur qui le touche, fur lequel fond un autré
homme féroce quilemaffacre. Adam comprend alors;