dans le paradis, êc pour leur en donner des àfîu-
rances, ils les font circoncire d’une maniéré convenable
à leur fexe. Voye\ ce qu’en difent de la
Croix Ôc Labat. (D . J . )
MAN DO A , (Géog.)-v\lle de l’Indouftan, dans la
province de Maiva, au midi de Ratipor. lat. 22.
(D . J .)
M ANDORE, f. f. ( Mufiquc anc. & mod. ) infiniment
de mufique à cordes.
L$t mandort des modernes eft une efpece de luth,
compoié pour l’ordinaire de quatre cordes ; fa longueur
ordinaire eft d’un pié & demi : la première
corde efi la plus déliée, ÔC le nomme chanterelle ;
les autres qui la fuivent vont toujours en augmentant
de grofleur. Son accord eft de quinte en quarte,
e ’eft-à-dire que la quatrième corde eft à la quinte
de la troifieme , la troifieme à la quarte de la fécondé
; & la fécondé à la quinte de la chanterelle. On
abaifle quelquefois la chanterelle d’un ton , afin
qu’elle falle la quarte avec la troifieme corde, ce
qu’on appelle accorder à corde avalée ,• fouvent aulîï
Ton abaifle la chanterelle Ôc la troifieme corde d’une
tierce : enfin cet infiniment peut encore être monté
à i’unifion ; il étoit autrefois à la mode, ôc n’y eft
plus aujourd’hui.
La mandore n’eft pas de l’invention des modernes*
elle étoit fort d’ufage chez les anciens, qui l’appel-
loient •pravS'opov, TrcLvS'ovfjd. 1 Tra.vS'ûvpiç. Il en eft parle
dans Athénée, dans Polluxe, dans Hefychius, dans
Nicomaque, dans Lampride, Ôc quelques autres.
Suivant la defcription que nous donne de \zmandore
ancienne le lavant Perrault, elle étoit montée
de quatre cordes, dont la chanterelle fervant à
jouer le fujet, étoit pincée par le doigt index armé
d’une plume, faifant l ’effet du pleûrum. Pendant
qu’on la pinçoit ainfi, les trois autres cordes, qui
failoient l’oôave remplie de fa quinte, étoient frappées
l’une après l’autre fuccefiivement par le pouce.
On tâchoit de faire enforte que ces trois cordes, qui
tenoient lieu d’autant de bourdons, s’accordaflent
avec les tons du fujet, qui devoit être néanmoins
dans le mode, fur lequel étoit accordé le bourdon ;
c ’eft-à-dire que la chanterelle devoit être accordée,
de maniéré que les cadences principales Ôc les dominantes
tombalfent fur les bourdons que le pouce
frappoit, fuivant la cadence propre à î’air que l’on
jouoit. On voit par-là que les anciens formoient
une efpece de fymphonie, oh. entroient trois con-
fonnances; mais ils n’en demeurèrent pas là , ils allèrent
jufqu’à faire ufage de quelques diflonnances
dans le concert, & de ce nombre ont été certainement
la tierce & la fixte. (D . JA
M AND OU AV A T TE , f. m. (Hiß. nat.Botan.) ar-
brifleau de l’île de Madagafcar, qui porte un fruit
femblable à l’aveline.
MANDOUTSjf. m. (Hiß. nat.) C ’eftune efpece de
ferpent de l’île de Madagafcar, qui eft gros comme
le bras ou comme la jambe d’un homme. On dit
qu’il n’eft point venimeux, 6c qu’il fe nourrit de
éhauvefouris ôc de petits oifeaux.
MANDRAGORE, mandragora,f. {.(Bot. ) genre
dé planté à fleur monopétale en forme de cloche &
profondément découpée. Il fort du calice un piftil
qui pénétre jufqu’au-bas de la fleur ; ce piftil devient
dans la fuite un fruit mou, ordinairement rond , ôc
dans lequel on trouve des femences qui ont le plus
fouvent la figure d’un rein. Tournefort, lnß. rei herb.
Hoye^ Plan t é.
On pourroit prefque reconnoître les mandragores,
même avant qu’ellesfoient en fleurs , à la grofleur’
de leurs racines , ôc à la grandeur de leurs feuilles
rondes & puantes.
Les deux principales efpeces de ce genre de plante
font la mandragore blanche ou mâle, 6c la mandragore
noire ou femelle * car il plaît aux Botaniftes de par«
1er ainfi.
La mandragore mâle, nommée pat Bauhin , Tour-
nefort , R a y , mandragora fruclu rotundo-, G. B. P.
169. J. R. H. 76. R a y,/«y/. 668. n’a point de tige.
Sa racine eft épaiffe, longue, quelquefois fimple 6c
unique, fouvent partagée en deux, trois ou quatre
parties. Elle eft blanchâtre en-dehors , ou d’une
couleur cendrée , ferrugineufe, pâle en-dedans. 11
fort du fommet de fa racine , des feuilles longues
d’environ une coudée, prefque larges d’une palme
6c demie, pointues des deux côtés, d’un verdfoncé,
fétides. On voit naître d’entre les feuilles plufieurs
pédicules longs de deux , trois ou quatre pouces.
Ces pédicules portent chacun une fleur d’une feule
piece, en cloche , divifée en cinq parties , légèrement
velue, blanchâtre, un peu purpurine 6c fétide.
Le calice eft v élu , verd, partagé en cinq lanières.
Le piftil perce la partie inférieure de la fleur, fe
change en un fruit de la figure 6c de la grofleur d’une
petite pomme, verd d’abord, enfuite jaunâtre, charnu
, mol, d’une odeur forte 6c puante. Sa pulpe
contient des graines blanches, arrondiesf applaties,
6c prefque de la figure d’un rein.
La mandragore femelle, parTournefort, J. R. H. 76.
mandragora flore Jub cceruleo , purpurafcente , a les
feuilles femblables à celles de la mandragore mâle ,
mais plus étroites 6c plus noires. Ses fleurs font de
couleur purpurine, tirant fur le bleu: fes fruits font
plus pâles , plus petites , de la figure de ceux du
forbier ou du poirier , mais d’une odeur aufli forte
que ceux de la mandragore mâle. Ses graines font
plus petites 6c plus noires : fa racine eft longue, plus
noirâtre en-dehors, blanchâtre en-dedans. L’une 6c
l’autre mandragore viennent naturellement dans les
pays chauds , en Italie, en Efpagne, dans les forêts,
à l’ombre 6c fur le bord des fleuves.
On les trouve dans les jardins de médecine, oit
on les feme de graine, 6c leurs racines fe confervent
faines , fortes 6c vigoureufes pendant plus de cinquante
ans : les feuilles 6c l’écorce des racines de
cette plante font de quelque ufage rare. (D . J. )
Mandragore , ( Pharmac. & Mat. médic. ) les
feuilles 6c les racines de mandragore répandent une
odeur puante , nauféabonde , 6c qui porte à la tête.
On ne doit point les prefcrire intérieurement, quoique
les auteurs de matière médicale ne foient pas
abfolument d’accord fur leur qualité vénéneufe ; car
le foupçon feul qu’on peut en avoir fuffit pour les
faire rejetter de l’ordre des remedes intérieurs, puif-
que d’un autre côté la vertu narcotique fébrifuge
6c utérine qu’on lui a attribuée n’eft pas évidente,
& que nous ne manquons pas de remedes éprouvés
qui pofledent ces diverfes vertus. La propriété de
purger par haut 6c par bas avec violence , quoique
plus conftatée, fur-tout dans les racines , n’eft pas
un meilleur titre, puifque rien n’eft fi commun que
les remedes qui ont ces qualités.
Les feuilles 6c l’écorce de la racine de mandragore
appliquées extérieurement paflent pour émollientes,
difeuflives 6c éminemment ftupéfiantes, elles font
recommandées par divers auteurs , pour réfoudre
les tumeurs dures & skirrheufes, 6c pour appaifer la
douleur des tumeurs inflammatoires , fur-tout de
l’éréfipele : dans ce dernier cas , on les fait ordinairement
bouillir avec du lait ; mais les Médecins
prudens craignent l’application des remedes qui calment
trop efficacement 8t trop foudainement la douleur,
8t qui peuvent opérer des réfolutions précipitées.
Foye{ Repercussif, Stu p é f ian t ,T opique
& Inflammation.
L’application extérieure des feuilles, des racines
& du fuc de mandragore fous forme de cataplafme 6c
de fomentation, ou mêlés avec d'autres fubftances
plus ou moins analogues , telles que la ciguë , îe
tabac, &c. dans des onguens ou des emplâtres ; leur
application, dis-je, fous toutes ces formes eft fort
recommandée contre les obftru&ions des vifeeres,
& fur-tout contre les tumeurs dures de la rate.
On prépare aufli une huile de mandragore par in-
fufion 6c par décoâion, à laquelle on a attribué les
mêmes vertus.
Le fruit de mandragore , dont on ne fait aucun
ufage , a été regardé aufli comme ayant la vertu
d’attbupir 6c d’engourdir, foit par fa pulpe, foit par
les graines. Mais il a été démontré par des expériences
, qu’on pouvoit manger des fruits de mandragore
avec leur graine, fans en éprouver le moindre
aflbupiflemeht, ni aucune autre incommodité.
La mandragore entre dans les compofitions fui-
vantes de la pharmacopée de Paris ; favoir, fes
feuilles dans le baume tranquille, dans l’onguent po-
puleum, ôc l’écorce de fa racine dans le requies de
Nicolas Mirepfe.
Les fables que les anciens ont débitées fur la mandragore
, fe font dès long - tems répandues chez le ‘
peuple ; il fait que la racine de mandragore produit
des effets furprenans par fa prétendue figure humaine
, qu’elle procure fur-tout la fécondité aux
femmes ; que les plus excellentes de ces racines
font celles qui font arrofées de l’urine d’un pendu ;
^[u’on ne peut les arracher fans mourir ; que , pour
éviter ce malheur , on creufe la terre tout autour
de cette racine ; qu’on y f ix e une corde.qui eft attachée
par fon autre extrémité au cou d’un chien ; que
c e chien étant enfuite chaffé, arrache la racine en
s ’enfuyant ; qu’il fuccombe à cette opération, Ôc
que l’heureux mortel qui ramafle alors cette racine,
ne court plus le moindre danger, mais qu’il poffede
au contraire en elle un tréfor ineftimable , un rempart
invincible contre les maléfices, une fourceéter-
anelle de bonheur, &c. On ne meurt point en arrachant
la racine de mandragore ; cette prétention feule
a paru digne d’être examinée , ôc elle l’a été ; les
autres font trop miférables, pour qu’elles méritent
de faire naître le moindre doute.
MANDRALÆ , { Géog. anc.') peuple de l’Inde
en-deçà du Gange , ôc qui s’éteodoient jufqu’à jee
fleuve. Ptolomée leur donne pour capitale Pali-
hotkra.
M ANDRE, f. f. Mandra , (Hifl. eccléf. greq.) les
favans conviennent du fens de ce mot q u i, dans les
écrivains eccléfiaftiques lur-tout de l’Eglife d’Orient,
lignifie un cou ven tun monaflere. Les Grecs modernes
remploient dans cette lignification , & on a
formé de ce terme celui de mandate, pour dire un
moine. Dans la langue grecque , les gloflfaires appellent
une caverne , une grotte , fxavS'fa.. Les folit aires
d’Orient ont anciennement logé dans les grottes.
Le Carmel, le mont Liban, le mont Sinaï & la haute
Egypte font pleines de grottes, qui ont fervi de
retraite à des folitaires. Ainfi le mot mandre, dans
le fens de monaflere, convient allez à cette origine,
& c’eft vraiflemblablement la véritable.
MANDRIA , (Géog.) petite île de l’Archipel,
près de la côte de la Natolie. Elle eft déferte , ôc
toute entourée de rochers en l’île de Samos au fep-
tentrion & celle de Calamo au midi, à 15 milles de
celle de Palmofo, anciennement Pathmos. (D . J .)
MANDRIN , f. m. (Art méchaniq.) infiniment à
l ’ufage d’un grand nombre d’artifans. Voyeçles articles
fuivans , prefque par-tout il fait la fonélion de
moule ou modèle, & a la forme d’une autre piece. ;
Mandrin de porte-mouchette , en terme d'Atgén- j
leur 9 eft un cercle de fer un peu ovale, fbutenu fur
trois pies , traverfé en long par deux barres immobiles
, & 'percés de plufieurs trous pour recevoir
deux autres traverfes qui s’approchent ôi s’éloignent,
àutant qttfoft Veut, félon la longueur de la pîece t
ces traverfes y font attachées par d’autres petites
•parties qui y font -viffées ; & deux efpeces de petites
machines aufli retenues par des vis , arrêtent
le porte-mouchette entr’elles & les traverfes. Il faut
que tout mandrin d’argenteur foit toujours également
chaud, fans quoi l’argent ne prendroit pas.
Voye{ Planche de V Argenteur.
Mandrin à éguiere, (Argenteur.) eft-une efpece
d etau creux dans fon intérieur, dont les Argenteurs
fe fervent pour argenter les éguieres.
Mandrin , terme d'AitiLlerie, efpece de mouleou
de petit cylindre de bois, dont on fefert pour former
les cartouches propres au fufil. Les mandrins y
doivent être parfaitement .cylindriques , & avoir 7
à 8 pouces de longueur, & 6 lignes 3 quarts de diamètre
, fuivant une ordonnance fur les cartouches ,
donnée en 1738. Ils doivent être c-reufés dans les
deux .bouts en cavité fphérique , en forte que de
quelque côté que l’on s’en ferve, cette cavité puiffe
recevoir & embraffer environ un tiers de la balle.
(<2 )
Mandrin , en terme de Chauderonnier , c’eft un
long bâton de fer qui diminue proportionnellement,
ôofur lequel on forme le tuyau d’un cor-de chafle'.
Voyei Us 'PI. du Chauderonnier.
M andr IN , en terme de Doreur, font des plates ux
de bois de plufieurs grandeurs , fur lefquels on travaille
les plus grandes pièces. 11 n’eft guere poflîble
de leur donner une forme qui ferve de modèle. Iis
la doivent au caprice, comme les pièces auxquelles
ils fervent. Voye{ dans nos Planches du Doreur les figures
qui repréfentent les mandrins néceflaires pour
tenir toutes les pièces d’une épée.
Il y a le mandrin de plaque ; le coin pour faire
-ferrer;le mandrin.
Le poinçeau monté fur fon mandrin.
Le plaque d’épée montée fur fon mandrin.
Le coin dudit mandrin.
Le mandrin de corps , fur lequel eft monté un
corps d’épée.
Le coin dudit mandrin.
Mandrin à boutons, (Doreur en feuille*. ) font
des formes de boutons de cuivre montés fur une
branche de fer, fur lefquelles on brunit les boutons. Il
faut avoir foin de faire chauffer ces mandrins à chaque
bouto-n que l’on brunit. Voye{ Brunir.
Mandrin , (Fourbiffeur.) les Fourbiffeurs appellent
ainfi un outil qui leur lèrt à foutenir , entr’ou-
vrir 6c travailler plufieurs pièces de la garde de
leurs épées 6c des fourreaux. Ils en ont de cinq
fortes , qui font lé mandrin de plaque , le mandrin
de garde, le mandrin de corps, le mandrin de branche
6c le mandrin de bout. Ce dernier fert pour le
bout du fourreaq, & les quatre autres aux manoeuvres.
Tous ces outils font de fer. Voye^ bloc de
corps , bloc de plaque & mandrin de bout, Planche
du Fourbiffeur & du Ciseleur-Damafquineur.
Mandrin de bout y (Fourbiffeur.) les Fourbiffeurs
fe fervent de deux morceaux de fer forgés, reflem-
biant à des limes , mais qui font unis, qui font plus
larges au milieu , 8r finiffent un peu en diminuant,
pour relever les boffes des bouts des fourreaux d’épées
6c les viroles d’en-haut , ôc aufli pour palier
fur les fourreaux quand ils ont peine à entrer fur les
lames ; cela fe fait en tenant ces deux morceaux de
fer des deux mains, & mettant entre les deux la
lamé dans fon fourreau , 8t faifant glifler ces deux
morceaux de fer de bas en-haut, delà prefle le fourreau
> : ÔC l’élargit tant* foit peu. Foye{ la fig. Pi,
du Fourbiffeur.
Mandrin de chapes , in termè de Fourbiffeur, eft
un fer triangulaire, dont lès pans font arrondis, fur
lequel on dore ou Fonsàrgenté ides chape* d’épées.