ce moyen il paffe librement à-travers les pores &
les autres interftices des autres milieux, 6c fe répand
dans tous les corps. Cet auteur penfe que
c’eft par l’intervention de ce milieu que font produits
la plupart des grands phénomènes de la nature.
Il paroît avoir recours à ce milieu, comme au
premier reffort de l’univers & à la première de
toutes les forces. Il imagine que fes vibrations font
la caufe qui répand la chaleur des corps lumineux,
qui conferve & qui accroît dans les corps chauds
l’intenfité de la chaleur, 6c qui la communique des
corps chauds aux corps froids. Voye£ C h a l e u r .
Il le regarde aufli comme la caufe de la réflexion,
de la réfrattion 6c de la diffra&ion de la lumière ;
& il lui donne des accès de facile réflexion 6c de
facile tranfmiflion, effet qu’il attribue à l’attraûion :
ce philofophe paroît même infinuer que ce milieu
pourroit être la fource & la caufe de l’attraâion
elle-même. Sur quoi voye{ É t h e r , L u m iè r e , R éf
l e x io n , D i f f r a c t io n , A t t r a c t io n , G r a v
i t é , & c . ^
Il regarde aufli la vifion comme un effet des
vibrations de ce même milieu excitées au fond de
l’oeil par les rayons de lumière & portées de-là au
fenforium à-travers les filamens des nerfs optiques.
Voyei V is io n .
L’ouie dépendrait de même des vibrations de ce
milieu, ou de quelques autres excitées par les vibrations
de l’air dans les nerfs qui fervent à cette fen-
fation 6c portées au fenforium à-travers les Ala-
mens de ces nerfs, 6c ainfi des autres fens, &c.
M. Newton conçoit de plus que les vibrations
de ce même milieu, excitées dans le cerveau au
gré de la volonté 6c portées de -là dans les muf-
des à-travers les filamens des nerfs, contractent &
dilatent les mufcles, & peuvent par-là être la caufe
du mouvement mufculaire. Voye^ Mu s c l e & Mu s c
u l a ir e .
Çe milieu, ajoute M. Newton, n’eft-il pas plus
propre aux mouvemens céleftes que celui des Car-
téfiens qui remplit exactement tout l’efpace, &
qui étant beaucoup plus denfe que l’or, doit ré-
fifter davantage? Foye{ Ma t iè r e su b t i l e .
Si quelqu’un, continue-t i l , demandoit comment
ce milieu peut être fi rare, je le prierais, de mon
côté, de me dire comment dans les régions fupé-
rieures de l’athmofphere, l’air peut être plus que
iôqôôo fois plus rare que l’o r ; comment un corps
éleCtrique peut, au moyen d’une fimple friCtion, envoyer
hors de lui une matière fi rare & fi fubtile,
6c cepepdant fi puiffante, que quoique fon émif-
fion n’altere point fenfiblement le poids du corps,
elle fe répande cependant dans une fphere de deux
piés de diamètre, & qu’elle fouleve des feuilles
ou paillettes de cuivre ou d’or placées à la distance
d’un pié du corps éleCtrique; comment les
énaiflions de l’aimant peuvent être affez fubtiles
pour paffer à-travers ün carreau de verre, fans
éprouver de réfiftance 6c fans perdre de leur force,
& en même teins affez puiffante pour faire tourner
l’aiguille magnétique par-delà le verre? Voye{ É m a n
a t io n , ÉLECTRICITÉ.
Il paroît que les deux ne font remplis d’aucune
autre matière que de ce milieu éthéré ; c’eft une
chofe que les phénomènes confirment. En effet,
comment expliquer autrement la durée & la régularité
des mouvemens des planètes 6c même des
cometes dans leurs cours 6c dans leurs directions?
Comment accorder ces deux chofes avec la réfiftance
que ce milieu denfe 6c fluide dont les Car-
théfiens rempliffent les d e u x , doit faire fentir aux
corps céleftes? ^ / « { T ourbillon & Matière
sub tile.
La réfiflance des milieux fluides provient en partie
de la cohéfion des particules du milieu, & en
partie de la force d’inertie de la matière. La première
de ces caufes confiderée dans un corps fphé-
rique eft à peu-près en raifon du diamètre, toutes
chofes d’ailleurs égales, c’eftà-dire en général, comme
le produit du diamètre 6c de la vîtèffe du corps :
la fécondé eft proportionnelle au quarré de ce produit.
La réfiftance qu’éprouvent les corps qui fe meuvent
dans un fluide ordinaire, dérive principalement
de la force d’inertie. Car la partie de réfiftance
qui proviendroit de la ténacité du milieu,
peut être diminuée de plus en plus en divifant la
matière en de plus petites particules 6c en rendant
ces particules plus polies 6c plus faciles à
gliffer; mais l ’autre qui refte toujours proportionnelle
à la denfité de la matière, ne peut diminuer
que par la diminution de la matière elle-même.
Foye^ R é s i s t a n c e .
La réfiftance des milieux fluides eft donc à peu-
près proportionnelle à leur denfité. Ainfi l’air que
nous refpirons étant environ 900000 fois moins
denfe que l’eau, devra par cette raifon, réfifter
900000 fois moins que l’eau, ce que le même auteur
a vérifié en effet par le moyen des pendules.
Les corps qui fe meuvent dans le vif-argent, dans
l’eau & dans l’air, ne paroiffent éprouver d’autre
réfiftance que celle qui provient de la denfité 6c de
la ténacité de ces fluides ; ce qui doit être en effet ,
en fuppofant leurs pores remplis d’un fluide denfe
6c fubtil.
On trouve que la chaleur diminue beaucoup la
ténacité des corps; 6c cependant elle ne diminue
pas fenfiblement la réfiftance de l’eau. La réfiftance
de l’eau provient donc principalement de fa force
d’inertie ; 6c par conféquent fi les cieux étoient aufli
denfes que l’eau 6c le vif-argent, ils ne réfifteroient
pas beaucoup moins. S’ils étoient abfolument denfes
lans aucun vuide, quand même leurs particules fe-
roient fort fubtiles 6c fort fluides, ils réfifteroient
beaucoup plus que le vif-argent. Un globe parfaitement
folidè, c’eft-à-dire, fans pores, perdroit dans
un tel milieu, la moitié de fon mouvement dans le
tems qu’il lui faudrait employer pour parcourir
trois fois fon propre diamètre ; & un corps qui ne
feroit folide qu’imparfaitement, la perdroit en beaucoup
moins de tems.
Il faut donc, pour que le mouvement des pla*-
netes 6c des cometes foit poflible, que les deux
foient vuides de toute matière, excepté peut-être
quelqu’émiflion très-fubtile des atmopheres des
planètes 6c des cometes, & quelque milieu éthéré,
tel que celui que nous venons de décrire. Un fluide
denfe ne peut fervir dans les cieux qu’à troubler les
mouvemens céleftes; 6c dans les pores des corps
il ne peut qu’arrêter les mouvemens de vibrations
de leurs parties, en quoi confifte leur chaleur 6c
leur aêbivité. Un tel milieu, doit donc être rejette,
félon M. Newton, tant qu’on n’aura point de preuve
évidente de fon exiftance ; 6c ce milieu, étant une
fois rejette, le fyftème qui fait confifter la lumière
dans la pxeflîon d’un fluide fubtil, tombe 6c s’anéantit
de lui-même. Foye{ Lumière, Cartésianism
e , &c. Chambers. (O)
MILIORATS, f. m. plur. (Çomm.) forte de foie
qui fe tire d’Italie. Il y a des miliorats de Bologne
6c de Milan. Les premiers fe vendent jufqu’à 54 lois
de gros la livre, & les féconds jufqu’à 41 fols.
MILITAIRE , adj. 6c f. (Art milit.) On appelle
ainfi tout officier fervant à la guerre.
Ainfi un militaire exprime un officier ou toute autre
perfonne dont le fer vice concerne la guerre,
comme ingénieur, artilleur, &c.
j m m
On donne aufli le nom de militaire à tout le corps
en général des officiers. Ainfi l’on dit d’un ouvrage,
qu’il fera utile à l’inftruéHon du militaire, pour exprimer
l’utilité que les officiers peuvent en tirer.
On dit de même la fcience militaire, pour la fcience
de la guerre ou celle qui convient à tous les officiers
pour agir par réglés 6c principes.
MILITAIRE, difeipline des Romains, ( Art. milité)
La difeipline militaire confiftoit principalement dans
les fervices, les exercices, 6c les lois. Les fervices
étoient différens devoirs dont il falloit s’acquitter,
comme des gardes 6c des fentinelles pendant la nuit.
Dès qu’on éroit campé, les tribuns nommoient deux
foldats principes, ou haflati, pour avoir foin de faire
tenir propre la rue appellée principia, 6c ils en ti-
roient trois autres de chacune des compagnies,
pour faire dreffer les tentes, fournir de l’eau, du
bois, des vivres, 6c autres choies de cette nature.
Il paroît que les tribuns avoient deux corps-de-
garde de quatre hommes chacun , foit pour honorer
leur dignité, foit pour leur commodité particulière.
Le quefteur 6c les lieutenans généraux avoient aufli
les leurs. Pendant que les chevaliers étoient de garde
, les triariens les fervoient, & avoient foin de
leurs chevaux. Salufte nous apprend que tous les
jours une compagnie d’infanterie, 6c une de cavalerie
, faifoient la garde près de la tente du général ;
c ’étoit la même chofe pour les alliés. Il y avoit à
chaque porte une cohorte & une compagnie de cavalerie
qui faifoit la garde ; on la relevoit vers midi
félon la réglé établie par Paul Emile.
Le fécond fervice militaire étoit donc de faire la
garde durant la nuit. Il y avoit, comme parmi nous,
la fentinelle , la ronde, 6c le mot du guet, tejfera.
Sur dix compagnies, on choififfoit tour-à-tour un
fbldat, appeîlé pour cet effet tefferarius, qui vers le
coucher du foleil, fe rendoit chez le tribun, qui
étoit .de jour, 6c recevoit de lui une petite tablette
de bois, oii par l ’ordre du général étoient écrits un
ou plufieurs mots ; par exemple, à la bataille de
Philippe, Céfar 6c Antoine donnèrent le nom d’Ap-
pollon pour mot du guet. On écrivoit encore fur ces
mêmes tablettes quelques ordres pour l’armée. Celui
qui avoit reçu le mot du guet, après avoir rejoint
fa compagnie, le donnoit, en préfencé de témoins,
au capitaine de la compagnie fuivante. Celui - ci le
donnoit à l’autre, & toujours de même, enforte
qu’avant le coucher du foleil toutes ces tablettes
étoient apportées au tribun, lequel par une inferip-
tiôn particulière qui marquoit tous les corps de fa r inée
, comme lès piquiers, les princes, &c. pourraient
connoître celui qui n’avoit point rapporté fa
tablette : fa faute ne pouvoit être niée, parce qu’on
entendoit fur cela des témoins.
Toutes les fentinelles étoient de quatre foldats,
comme lès corps-de-gardes, ufage qui paroît avoir
été toujours obfervé. Ceux qui la nuit faifoient la
fentinelle auprès du général 6c des tribuns, étoient
en aufli grand nombre que ceux de la garde du jour.
On pofoit même une fentinelle à chaque compagnie.
Il y en avoit trois chez le quefteur, 6c deux chez les
lieutenans généraux. Les vélites gardoient les dehors
du camp. A chaque porte du camp on plaçoit une
décurie, & l’on y joignoit quelques autres foldats.
Ils faifoient la garde pendant la nuit, quand l’ennemi
étoit campé, près de l’armée. On divifoit jà nuit en
quatre parties qu’on appelloit veilles, 6c cette division
fe faifoit par le moyen dès clèpfydres : ç’étoient
des horloges d’eau qui leur fervoient à regler lé témsi
Il y avoit toujours un foldat qui veiiloit pendant que
les autres fe repofoient à côté de lui, 6c ils veillpient
tour-à-tour. On leur donnoit à tous une tablette différente,
par laquelle on connoilfoit à quelle veille
tel foldat avoit fait la fentinelle, & de quelle com-
pagnie il étoit.
Enfin il y avoit la ronde , qui fe faifoit ordinairement
par quatre cavaliers, que toutes les compagnies
fourniffoient chacune à leur tour. Ces cavaliers
tiroient leurs veilles au fOrt. Un centurion faifoit
donner le figrial avec la trompette, & parta-
geoit le tems également par le moyen d’une clepfy-
dre. Au commencement de chaque veille , lorfqu’on
renvoyoit ceux qui veilloient à la tente du général
, tous les inftrumens donnoient le lignai. Celui à
qui étoit échu la première veille, 6c qui recevoit
la tablette des autres qui étoient en fentinelle , s’il
trouvoit quelqu’un dormant, ou qui eût quitté fon
pofte, il prenoit à témoin ceux qui étoient avec lui
6c s’en alloit. Au point du jour chacun de ceux qui
faifoient la ronde reportoit les tablettes au tribun
qui commandoit ce jour là , & quand il en manquoit
quelqu’une, on cherchoit le coupable que l’on pu-
niffoit de mort fi on le décou vroit. Tous les centurions,
les décurions, & les tribuns alloient environ
à la même heure faluer leur général, qui donnoit fes
ordres aux tribuns,qui les faifoient favoir aux censurions,
& ceux ci aux foldats. Le même ordre s’ob-
fervoit parmi les alliés.
Lès exercices militaires faifoient une autre partie
de la difeipline ; aufli c’eft du mot exercitium, exercice
, que vient celui d’extreitus, armée, parce que
plus des troupes font exercées, plus elles font aguerries.
Les exercices regardoient les fardeaux qu’il
falloit porter, les ouvrages qu’il falloit faire, 6c les
armes qu’il falloit entretenir. Les fardeaux que les
foldats étoient obligés de porter, étoient plus pe-
fans qu’on ne fe l’imagine, car ils dévoient porter
des vivres, des uftenfiles, des pieux, & outre cela
leurs armes. Ils portoient des vivres pour quinze
jours & plus ; ces vivres confiftoient feulement en
blé , qu’ils écrafoient avec des pierres quand ils en
avoient befoin ; mais dans la fuite ils portèrent du
bifeuit qui étoit fort léger; leurs uftenfiles étoient
une feie, une corbeille, une bêche, une hache, une
faulx, pour aller au fourrage : une chaîne, une marmite
pour faire cuire ce qu’ils mangeoient. Pour
des pieux, ils en portoient trois ou quatre , & quelquefois
davantage. Du refte, leurs armes n’étoienr
pas un fardèau pour eux, iis les regardoient en quelque
forte comme leurs propres membres.
Les fardeaux dont ils étoient chargés ne les empê-
choient pas de faire un chemin très-long Ôn lit que
dans cinq heures ils faifoient vingt mille pas. On
conduifoit aufli quelques bêtes de charge, mais elles
étoient en petit nombre. Il y en avoit de publiques ,
qui portotent les tentés, les meules, 6c autres uftenfiles.
Il y en avoit aufli qui appartenoient aux per-
lonnes confidérables. On ne fe l'ervoit prefque point
de chariots, parce qu’ils étoient trop embarraffans.
Il n’y avoit que les perfonnes d’un rang diftingué
qui euffent des valets.
Lorl'que les troupes décampoient, elles mar-
choient en ordre au fon de la trompette. Quand le
premier coup du lignai étoit donné, tous abattoient
leurs tentes 6c faitoient leurs paquets ; au fécond
coup,ils les chargeoient fur des bêtes de fomroe;
& au. trOifie.me, on faifoit défiler les premiers rangs.
Ceux-là étoient fuivis^ des alliés de l’aîle droite avec
leurs bagages : après eux défiloient la première 6c la
deuxieme légion, & enluite les alliés de l’aîle gauche.,
tous avec leurs bagages; enlorteque.la forma
de la marche 6c celle du camp, étoient à-.peu-près
femblables. La marche de l’armée étoit une efpece
de camp ambulant: les,.cavaliers marchoient, tantôt
fur les aîles ,6 c tantôt à l’arriere-garde. .Lorlqu’il y
avoit du ; danger, toute l’armée le lèjroit, 6c cela
s appellolf: pïlatum agrnen; alors on faifoit marcher