
l ’herbe les donne en plus grande quantité.
La mille-feuille tient un rang diftingué parmi les
plantes vulnéraires, réfolutives & aftringentes ; elle
eft célébrée encore comme anti-épileptique , fébrifuge
, bonne contre l’afthme, anti-peftilentielle, propre
à prévenir l’avortement ; mais fon ufage le plus
ordinaire, foit intérieur, foit extérieur, eft contre
les hémorrhagies , les plaies & les ulcérés ; encore
ce dernier emploi eft-il àbfolument forti hors du fein
de l ’art, comme prefque toutes les applications de
plantes dans ces cas , qui ne font plus pratiquées que
par les payfans & les bonnes femmes. La mille-fcuillc
le donne intérieurement ou en en faifant bouillir
une petite poignée dans du bouillon, ou fous forme
d’infufion théiforme. On peut aulîila réduire en poudre
, & la dofe en eft d’environ deux gros.
Fr. Hoffman nous a laiffé une longue differtation
fur la mille-feuille, qu’il vante principalement contre
les affeûions fpafmodiques, qui font accompagnées
de vives douleurs ; & c’eft là la feule chofe qu’il af-
fure d’après fa propre expérience ; il ne fonde toutes
les autres merveilles qu’il en publie que fur le témoignage
des auteurs, entre lelquels on peut diftin-
guer Sthaal, qui en célébré beaucoup l’ufage contre
la paflionhypoçhondriaque. On retire une eau diftil-
lée fimple de la mille-feuille, qu’on prétend pofféder
éminemment fes vertus antifpal'modiques, nervines,
utérines, fédatives, &c.
On prépare un lirop avec le fu c , & ce firop ren-.
ferme à peu près les mêmes propriétés que l ’infufion,
& fur-tout celles qui dépendent principalement
des parties fixes, favoir la vertu vulnéraire af-
tringente, réfolutive , mondifiante, &c.
Lés feuilles de cette plante entrent dans la com-
pofition de l’eau vulnéraire, du baume vulnéraire,
& de l’onguent mondificatif de cepio. {b)
MILLE-FLEURS, ea.u de , c’eft ainfi qu’on appelle
les piffat de vache.
MILLE-GRAINE, f. f. ( Hijl. nat. Bot. ) c’eft le
piment. Voye£ P im e n t . Tournefort l’a rangé parmi
les chénopodium, ou pâtes d’ oie.
MILLENAIRES, f. m. pl. {Théolog.)(e&e du fécond
& troifieme fiecle, dont la croyance étoit que J. C .
reviendroit fur la terre, & y régneroit l’efpace de
mille ans, pendant lelquels les fideles jouiroient de
toutes fortes de félicités temporelles ; & au bout
duquel tems arriveroit le jugement dernier. On les
appelloit aufli Chiliafies. Voye^ CHILIASTES.
L’opinion des Millénaires eft fort ancienne, & remonte
prefque au tems des Apôtres. Elle a pris fon
origine d’un paffage de Papocalypfeentendu trop à
la lettre, où il eft fait mention du régné de J. C . fur
la terre.
L’opinion de S. Papias touchant le nouveau régné
de J. C . fur la terre, après la réfurreftion, a été en
vogue pendant près de trois fiecles, avant d’être
taxés d’erreur, comme on l’apprend par la lefture
de l’hiftpire eccléfiaftique. Elle a été adoptée &
fuivie pat quantité de peres de l’Eglife des premiers
fiecles , tels que S. Irenée , S. Juftin martyr, Ter-
tulien , &c. mais d’autre part Denis d’Alexandrie,
& S. Jerome ont fortement combattu cette imagination
d’un régné de mille ans. Dicl. de Trévoux.
Quelques auteurs parlent encore de certains Millénaires
, auxquels on donna ce nom , parce qu’ils
penfoient qu’il y avoit en enfer une ceffation de
peines de mille en mille ans. •
MILLENIUM, ou M ILLENARE, millénaire
, terme qui lignifie à la lettre un efpace de mille
ans. Il fe dit principalement du prétendu fécond événement,
ou régné de J. C. fur la terre, qui doit durer
mille ans, félon les défenfeurs de cette opinion.
ÿ o y e { Mil l é n a ir e s & C h il ia s t e s .
Ce mot eft la tin , & compofé de mille, m ille , &
d'annus, année. M. 'Whifton, en plufieurs endroits
de fes écrits, a tâché d’appuyer l’idée du millenarium.
Selon fon calcul, ilauroit dû commencer vers Tannée
1720.
MILLEPERTUIS , f. m. hypericum, {B o t.') genre
de plante à fleur en rofe , compofée de plufieurs
pétales difpofées en rond. Le piftil fort du calice,
compofé aufli de plufieurs feuilles , & devient
dans la fuite un fruit qui a ordinairement trois angles
; il eft aufli terminé par trois pointes , & divifé
en trois capfules remplies de femences , qui font
pour l’ordinaire petites. Ajoutez aux caraâeres de
ce genre, que les feuilles naiffent par paires à l ’endroit
des noeuds de la tige. Tournefort, injl. reiherb.
Foyc^ Pl a n t e .
C e g enre de plante eft très-étendu ; car M. »de
Tournefort en compte 22 efpeces , fans parler de
celle qu’il trouva en voyageant de Sinope à Trébi-
zonde, & qui fer vit à adoucir fes chagrins, dans un
pays où l’on ne voyoit ni gens , ni bêtes. 11 a décrit
cette belle efpece , fous le nom de millepertuis
oriental à feuilles de l’herbe à éternuer , ptarmicce
fo liis ; mais nous ne pouvons parler ici que du
millepertuis commun de nos contrées ; fon nom latin
eft hypericum vulgare, dans C. B. P. 275), & dans les
I. R. H. 254 ; en anglois the commonydlow-ftowerd
S. Jokn’s-wort.
La racine de cette efpece de millepertuis, eft fi-
breufe & jaunâtre. Ses tiges font nombreufes , roi-
des , ligneufes , cylindriques , rougeâtres , bran-
chues , hautes au moins d’une coudée. Ses feuilles
naiffent deux à deux, oppofées, fans queue, longues
d’un demi-pouce & plus, larges de trois lignes
, liffes, veinées dans toute leur longueur. Ex-
pofées au foleil, elles paroiffent percées d’un grand
nombre de trous ; mais ces points tranfparens, ne
font autre chofe que des véficules remplies d’un fuc
huileux, d’une faveur aftringente, un peu amere ,
& qui laiffe de la féchereffe fur la langue.
Ses fleurs pouffent en-grand nombre à l’extrémité
des rameaux ; elles font en rofe, compofées de cinq
pétales, jaunes, pointues des deux côtés, & dont le
milieu eft occupé par quantité d’étamines, garnies
de fommets jaunâtres. Le calice eft à cinq feuilles :
il en fort un piftil à trois cornes, lequel occupe le
centre de la fleur. Quand la fleur eft tombée , le
piftil fe change en une capfule, partagée en trois
loges, pleines de graines menues , luifantes, oblon-
gues, d’un brun noirâtre, d’une faveur ainere , ré-
fineufe , d’une odeur de poix. Les fleurs &: les fommets
étant pilés, répandent un fuc rouge comme
du fang.
Cette plante vient en abondance dans les champs,
& les bois. Elle eft d’un grand ufage dans plufieurs
maladies, & tient le premier rang à l’extérieur parmi
les plantes vulnéraires. On tire du millepertuis,
deux fortes d’huiles, Tune fimple, & l’autre com.-
pofée, & toutes les deux fe font différemment chez
les artiftes. A Montpellier, on macéré les fleurs de
cette plante dans une liqueur réfineufe , tirée des
véficules d’orme; on s’en fert pour mondifier & con-
folider les plaies, & les ulcérations , foit internes ,
foit externes. ( D .J .)
Mi l l e p e r t u i s , {Chim. Pharm. Mat. méd.) cette
plante contient beaucoup d’huile effentielle ; car les
points tranfparens de fes feuilles que Ton prend malà
propos pour des trous , les poils noirs que Ton découvre
fur les bords de fes pétales,les tubercules que
Ton découvre fur la furface de fes fruits font autant
de véficules remplies de cette huile effentielle.
Le millepertuis ordinaire eft d’un grand ufage dans
plufieurs maladies. Il tient le premier rang parmi les
[
plantes vulnéraires. C ’eft pourquoi fon principal
ufage eft pour mondifier & confolider les plaies & les
m
ulcérés, foit internes., foit externes. II guérit le crachement
& le piffement de fang ; il réfout le fang
grumelé ; il excite les réglés & les urines ; il tue les
vers. On dit qu’il délivre les poffédés ; c’eft pourquoi
on l’appelle fuga doemonum ; non pas parce que
les démons s’enfuient à la vue de cette plante, mais
parce qu’elle eft utile à ceux qui font parvenus à un
tel point de mélancholie & de manie, qu’ils paffent
pour poffédés.
On emploie fouvent les fommités fleuries, infu-?
fées ou bouillies dans de l’eau , ou dans du v in , à la
dofe d’une poignée. On en preferit quelquefois les
feuilles & les graines en fubftance, à la dofe d’un
g ros, feules ou mêlées avec d’autres vulnéraires.
Geoffroi, matière médicale.
On fe fert encore plus communément des feuilles
de millepertuis infufées dans du lait bouillant, ou de
leur infufion mêlée avec pareille quantité de lait.
C ’eft fous cette forme qu’on emploie le plus communément
ce remede dans les phthifies pulmonaires
commençantes, & dans tous les cas d’ulcérés internes.
Sur quoi il faut obferver que l’huile effentielle,
& la-partie balfamique , fi l’hypéricum en contient
en effet une autre que fon huile, ne paffent ni dans
l ’eau, ni dans le la it , & fort peu dans le,vin ; en-
forte que fi le principe huileux ou balfamique quelconque
poffédoit en effet une vertu vulnéraire & ci-
catrifante éprouvée, la meilleure forme fous laquelle
on pourroit donner le millepertuis, l'eroit celle de
conferve. La teinture qu’on en tire par l’ efprit-devin
, qui eft véritablement empreinte du principe
dont nous venons de parler, ne fauroit être employée
dans les cas où le millepertuis eft indiqué comme
vulnéraire. Cette teinture ne peut s’employer que
comme vermifuge, anti-hyftérique, diurétique, &c.
On prépare dans les boutiques une huile par infufion
des fommités fleuries, ou chargées de graines
de millepertuis. Cette préparation eft du petit nombre
de celles qui font félon les bons principes de l’art,
puifque le millepertuis, en cela différent de la plupart
des plantes avec Iefquelles on prépare des huiles par
infufion ou par co&ion , contient un principe vraiment
médicamenteux foluble par les menftrues huileux,
& qu’il contient même ce principe à une proportion
très-confidérable. Aufli l’huile par infufion
de millepertuis, qui eft un mélange d’huile effentielle
& d’huile par expreflïon, eft-elle un remede externe
puiffamment rétblutif.
Les feuilles & les fommités de cette plante entrent
dans l’eau vulnéraire; fes feuilles dans l’eau générale
, & dans la poudre contre la rage ; fes fommités
fleuries, dans l’huile de feorpion compofée ;
l’herbe, dans le fyrop d’armoife, & l’onguent mar-
tiatum; les fleurs dans la thériaque, le mithridate, le
baume tranquille , & le baume du commandeur ;
fes fommités, dans le baume vulnéraire, & l’huile
de petits chiens. Son huile par infufion dans l’emplâtre
oppodeltocli. ( b )
MILLEPIÉS , f. m. mille - pes , CENTPIÉS ,
MALFAISANT, SCOLOPENDRE, {HiJL natur.
Infect.) Cet infe&e venimeux de l’Amérique, reffem-
ble à une chenille ; il s’en voit qui ont fix à fept pouces
de long ; mais ceux des Antilles n’excedent guere
la longueur de quatre à cinq , & ne font pas plus
gros que l’extrémité du petit doigt : cet animal eft
plus large qu’épais, il eft couvert d’un bout à l’autre
par un feul rang d’écailles peu convexes, larges ,
molles, d’une couleur brune, & emboîtées les unes
fur les autres, comme celles de la queue d’une écre-
viffe.
Deux rangées de petites pattes déliées , comme
des brins *de gros fil, au nombre de 30 ou 40, gar-
mffent les deux côtés du corps dans toute fa longueur.
La tête eft ronde , plate, d’une couleur rougeâtre
, ayant deux petits yeux noirs prefque imperceptibles
, & deux petites antennes qui s’écartent
& fe recourbent à droite & à gauche en forme d’y-
grec ; fous la tête font deux défenfes noires , dures,
crochues, fort aiguës, mobiles, avec Iefquelles l’animal
pique violemment : fa partie poftérieure fe
termine en fourche par deux efpeces de longues pattes
qui s’écartent & fe rapprochent félon le befoin
qu’il en a.
Cet infeéle eft fort incommode ; il fe gîte dans le
bois pourri, dans les fentes des murailles , derrière
les meubles , entre les livres , & quelquefois dans
les lits ; fa piquure caufe une vive douleur, fuivie
d’une enflure confidérable , toujours accompagnée
d’inflammation, & fouvent de fievre.
Les remedes à ce mal font les mêmes qu’on em-i
ploie contre la piquure des feorpions.
Quelques auteurs ont confondu la bête à mille-
pies avec un autre infefte de TÂmerique qui pourroit
, avec plus de raifon , porter le nom de mille-
pies, à. caufe de la multitude de fes pattes. Voye^Varticle
C o n g o r v . M. le R om a in .
M1LLEPORES , f. m. {Hijt. nat.) c’ eft le nom que
quelques naturaliftes donnent à une efpece de madrépore
, ou de corps marin, femblable à un arbriffeau,
dont la furface eft remplie d’une infinité de petits
trous qui pénètrent julque dans l’intérieur de ce
corps. Quelques naturaliftes diftinguent les mi'.lie-
pores des madrépores ; ils ne donnent le premier nom
qu’à des corps marins rameux remplis de trous parfaitement
ronds,aulieu que les madrépores ont des trous
étoilés. Cependant il paroît confiant que les mille-
pores ne doivent être regardés que comme des variétés
des madrépores. V'oyei Madrépore.
MILLERES j {Gram, & Corné) nom d’une monnoic
d’o r , en Portugal.
MILLEROLLE, f. f. {Commerce.) mefure dont on
fe fert en Provence pour la vente des vins des
huiles d’olive.
Là millerolle revient à foixante-fix pintes mefure
de Paris, & à cent pintes mefure d’Amfterdam. Elle
pefe environ cent trente livres poids de marc. Dicl.
de Çom.
MILLESIME, f. m. {Gram.) c’eft le chiffre qui
marque le mille des années courantes, depuis une
date déterminée , dans les aftes , fur les monnoies.
MILLET, milium, f. m. {Botan.) genre de plante
dont la fleur n’a point de pétale ; elle eft difpofée
par petits faifeeaux en un large épi. Chaque fleur a
plufieurs étamines qui fortent d’un calice compofé
de deux feuilles. Le piftil devient dans la fuite une
femence arrondie ou ovale, & enveloppée d’une
bâle qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, Infi.
yeiherb. Voye£ Plante.
Voici fes caractères, félon Ray. II a un pannicule
lâche , & divifé en plufieurs parties. Chaque fleur
eft portée fur un calice compofé de deux feuilles,
qui, en guife de pétale, fervent à défendre les étamines
& le piftil de la fleur, lequel fe change en
une femence de figure ovale & luifante»
Linnæus fait aufli du millet un genre diftinét de
plante qu’il caraéterife ainfi: fon calice eft une efpece
de bâle, qui contient diverfes fleurs. Il eft compofé
de trois valvules , ovales, pointues. La fleur eft
plus petite que le calice , & eft formée de deux valvules
obiongues, dont Tune eft plus petite que l’autre.
Les étamines font trois courts filets capillaires.
Les boffettes font obiongues, & le germe du piftil eft
arrondi. La fleur renferme la femence , & ne s’ouvre
point pour la Iaiffer tomber. La graine eft unique
& fphéroïde.
Boerhaa ve compte dix-fept ou dix-huit elpeces de
ce genre-de plante ; mais c’eft affez de décrire ici les