gure d’un rognon applati. Il n’y a que lès feuilles
de cette plante qui l’oient d’ulage.
MOUSSERON, 1’. n\. ( Botan. ) efpece de champignon
printannier gros comme un pois , odorant,
'& tort bon à manger ; c’eft 1 cfungus verrais , efcu-
laiius , p'iUolo rotundiori, de Tournefort, J. R. H.
ôSy.
Tout ce que nous avons de connoiffance fur les
moufferons, c'eft qu’on en trouve au commencement
du prïntems au milieu de la moufle dans les endroits
ombrageux , dans les bois, fous les arbres, entre
les épines, dans les prés , 6c qu’il en revient chaque
année au même lieu d’où 1 on en a tire ; mais comment
ils croifTent 6c végètent, c’eft ce que flous
ignorons , curieux feulement de les favoir bien
aprêter.
Lorfqu’ils commencent à paroître, ils ont des pédicules
courts qui jettent des fibres en terre , & qui
fupportent des têtes de la groffeur d’un pois ; ils
deviendroient deux fois plus gros, fi on ne les ar-
rachoit. Leur pédicule eft cylindrique, crépu, ridé
à la bafe, 6c ne s’élève pas beaucoup au-deffus de
la terre. Leurs têtes font d’abord formées 6c arrondies
au fommet ; elles forment une efpece de pavillon
, 6c font rayées 'en-de flous de plufieurs cannelures
qui vont du centre à la circonférence. Quand
le moufferon eft parvenu à fon degré de maturité ,
les cannelures s’étendent comme dans les champignons
ordinaires. Toute fa fubftance extérieure &
intérieure eft blanche, charnue, fpongieufe, agréable
au goût, 6c d’une bonne odeur.
En conféquenceon les fert dans les meilleures tables
où nos chefs de cuifine s’exercent à les préfen-
ter en ragoût fous toutes fortes de faces. Ils nous
donnent, pour mieux charger notre eftomac d’in-
digeftions, des croûtes aux moufferons , des moufferons
à la crème, des moufferons à la provençale, des
tourtes de moufferons, des pains aux moufferons, enfin
des potages de croûtes aux moufferons en gras 6c
en maigre. Tous ces noms indiquent de refte le cas
qu’ on en fait dans ce royaume.
MOU S SON S , f. f. pl. ( Phyf. & Gèog. ) vents
périodiques ou anniverfaires , qui foufllent fix mois
du meme côté, 6c les autres fix mois du côté op-
pofé. Voici les principaux. i° . Entre le ro. 6c le 30.
degré de latitude méridionale, & entre l’îfe de Ma-
dagafear 6c la nouvelle Hollande , il fouffle toute
l ’année vent de fud-eft, mais qui devient en certains
tems plus eft de quelques rhumbs. 20. Entre le 2 &
le 10 degré de latitude méridionale, 6c entre les
îles de Java, de Sumatra , & de Madagafcar, il régné
depuis Mai jufqu’en Oélobre un vent de fud-eft,
6c de Novembre en Mai un vent de fud-oueft; cependant
à la diftance de 2 ou 3 degrés de chaque
côté de l’équateur on a fouvent des calmes, des
orages , 6c des vents variables. 30. En Afrique , entre
les côtes d’Ajana, 6c entre les côtes d’Arabie,
de Malabar, Sc dans le golfe de Bengale jufqu’à
l’équateur, il fouffle depuis Avril jufqu’en O&obre
un vent fort impétueux, qui eft accompagné de
nuées fort épaiffes, d’orages & de groffes pluies;
depuis Oélobre jufqu’en Avril il y régné un vent de
nord-eft, mais moins violent que le précédent, 6c
accompagné d’un beau tems : ces deux vents de
nord-eft & de fud-oueft foufflent avec bien moins
de violence dans le golfe de Bengale que dans la
mer dés Indes. Les vents ne tiennent cependant pas
la même route dans ces parages , mais ils foufflent
obliquement fuivant la direftion du contour des
côtes, & on a même quelquefois deux ou trois
rhumbs tous différens ; on remarque aufli que dans
les golfes profpnds, comme dans celui de Bengale,
les vents qui font fur les côtes different de ceux qui
foufflent fur ces golfes. 4°,En Afrique, entre la çqte
de Zanguebar & l’île de Madagafcar, il fouffle d’Oc*
tobre en Mai un vent de fud-eft, 6c dans les fix autres
mois un vent d’oueft, 6c même denord-oueft,
qui n’eft pas plûtôt arrivé en pleine mer vers l’équateur,
après avoir paffé l’île de Madagafcar, qu’il
fe change en un vent de fud-oueft, qui prend beau-
Coup du vent de fud. Lorfque ce vent commence à
changer, il devient froid, on a de la pluie & de l’orage
, mais les vents d’eft font toujours doux & agréables.
50. Le long des côtes de Zanguebar & d’Ajan
jufqu’à la mer Rouge , les vents font variables depuis
Oftobre jufqu’à la mi-janvier : il y régné ordinairement
des vent de nord violens 6c orageux, qui
font accompagnés de pluie: depuis Janvier jufqu’en
Mai, ces vents font nord-eft, nord-nord-eft, accompagnés
de beau tems : il régné depuis Mai jufqu’en
Oct. des vents de fud: en Juillet, Août & Septembre
on a , dans les golfes de Pâte 6c de Melinde, de
grands calmes qui durent bien fix femaines de fuite.
6 °.ll fouffle , vers l’embouchure de la mer Rouge,
près du cap Guardafui, des vents violens, 6c cela
dans le tems même qu’on a des calmes dans te golfe
de Melinde, l’air y eft ierein, mais il ne fouffle qu’un
petit vent à la diftance de 10 ou- 12 milles de ce
cap, en tirant vers la mer. 70. Il régné un vent de
fud dans la mer rouge entre les mois de Mai & d’Oc-
tobre ; il fe range au nord dans les mois de Septembre
ôcd’Oûobre, 6c devient enfin nord-eft avec le
beau tems ; ce vent dure jufqu’en Avril ou Mai, 6c
alors il devient nord, enfuite eft, 6c enfin fud, lequel
fouffle conftamment. 8°. Enfin entre les côtes
de la Chine, 6c entre Malaca, Sumatra, Bornéo,
6c les îles Philippines, il régné depuis Avril jufqu’en
Oftobre un vent de fud 6c de fud-oueft, 6c depuis
Oélobre jufqu’en Avril un vent de nord-eft, qui ne
différé pas beaucoup d’un vent de nord. Ce vent
devient nord, & même nord-oueft, entre les îles
de Java ,T in io r , la nouvelle Hollande , 6c la nouvelle
Guinée, de même qu’au lieu d’un vent de fud-
oueft il fouffle ici un vent de fud-eft, lequel fe
change en nord-eft, à caufe des golfes 6c des courbu-
res,que forment Tinior, Java, Sumatra, & Malaca.
La caufe des mouffôns eft affez inconnue; tout ce
que les Philofophes en ont dit n’eft rien moins que
latisfaifant ; la plûpart de leurs conjectures ne font
point du tout fondées, & il y en a même quelques-
unes qui fe trouvent contraires aux lois de la nature.
11 paroît cependant que ces vents dépendent
en même tems de plufieurs caufes. Ils peuvent dépendre
eq effet des montagnes 6c des exhalaifons
qui en fortent dans certains tems, 6c qui pouffent
alors l’air dans certaines directions déterminées. Ils
peuvent venir aufli de la fonte des neiges, 6c peut-
être encore de plufieurs autres caufes réunies.
Comme nous n’avons point encore de bonnes def-
criptions des cartes de la pofition des montagnes,
du plat pays,des environs, de fon terrein fablon-
neux que le foleil échauffe, ni enfin du cours des
rivières, & de plufieurs autres circonftances, on ne
fauroit entreprendre de donner la raifon fuffifante
de ces vents : nous tenons de M. Halley ce qui a été
donné de meilleur là-defl'us.
Les anciens Grecs parlent de diverfes autres mouf
fons, dont quelques-unes arrivoient dans les jours
caniculaires, 6c les autres en hiver; celles qui arrivoient
en été portoient.au nord & au nord-eft.
Les auteurs qui en ont parlé ne nous ont pas marqué
le tems précis auquel ces vents commençoient.
Quelques-runs ont dit qu’ils commençoient le 6 ,
d’autres le 16 de Juillet,- 6c qu’ils continuoient en-'
core 40 jours de fuite, jùfqu’à la fin d’Août: d’autres
ont prétendu qu’ils duroient jufqu’à la mi-Sep-
tembre. Ceux-ci ne foufflent que le jour, s’appaifert
la nuit, & commencent le matin avec le lever du
foleil :
foleil: ce vent regnoit enGrece, dans la Thrace^
dans la Macédoine, 6c dans la mer Egée ; & ces pays
fontfitués entre la mer Noire, le golfe deVenife, 6c
laMéditerranée. Le favant Varenius conjefturoit que
ces vents étoient caufés par la neige qui couvroit
le fommet des montagnes de ce pays, 6c qui venoit
à fe fondre par là grande chaleur des jours caniculaires.
Ce qui favorife cette conjeâure, c’eft que la
fonte de ces neiges fe faifoit pendant le jour, 6c
non pas pendant la nuit ; de forte que ce vent de-
voit aufli foufflér le jour & non pas la nuit. Voyeç
V ent, AlisÉ, & Étesiens, Article de M. Fo rm e y ,
qui l’a tiré de YHifioirc phyfique de M. Muffchem-
brock, chap. des vents.
MOUSSURE, f. f. en terme de Potier de terre, font
des efpeces de barbes que le perçoir fait autour des
trous. Voye{ PerÇOIR.
MOU ST , f. m. ( Econom. ruß.') vin au fortir de
la grappe, qui n’a point encore fermenté.
MOUSTACHE, f. f. (Zfi/2. mod.) partie de la
barbe qu’on laiffe au-deffus des levres ; on dit qu’entre
les motifs qu’on apporta pour refufer aux laïcs la
communion fous les deux efpeces, on fit valoir la
raifon contenue dans ce paffage : Quia barbati & qui
prolixQS habent granos , dum poculum inter epulas fu-
munt , prius liquore pilos inficiunt quant ori infundunt.
Les Orientaux portent en général de longues mou-
ßaclus qui leur donnent un air martial & terrible à
leurs ennemis. Parmi les Turcs il n’y a guère que les
leventins ou foldats de marine qui feraient les joues
& le menton , les autres laiffent croître leur barbe
pour paroître plus refpe&ables. La plus grande menace
qu’on puiffe leur faire eft celle de la leur couper,
ce qu’ils regardent comme le plus outrageant
de tous les affronts. Le roi de Suede, Charles XII.
en ayant menacé dans une occafion les janiffaires
qui lui fervoient de garde à Bender, ils s’en tinrent
très-offenfés.
Il n’y a pas plus de cent ans que tout le monde
portoit la mouflache en France, même les eccléfiaf-
tiques, comme on le voit par les portraits des cardinaux
de Richelieu & Mazarin ; on les a reléguées
parmi les troupes, où les foldats font même libres
d’en porter, & il n’y a guère parmi nous d’officiers
qui en portent que ceux des houfards : les Chinois
& les Tartares les portent longues & pendantes
comme faifoient autrefois les Sarrafins.
M OU STA CH E, trrme de Tireur d'or 9 manivelle
qui fe fiche dans les rochets 6c bobines des Tireurs
d’o r , & dont ils fe fervent pour tirer 6c devider
leur fil d’or & foie. Voye\ Rö ch e t & Bobine.,
MOUSTIER ou MONSTIER, ( Géog. ) en latin
du moyen âge yMonaßerium, petite ville de France,
dans la Provence, à l’orient de la viguerie d’A ix,
6c du bailliage de Brignoles. Elle a droit de députer
aux états ou affemblées de Provence ; on y voit un
couvent de Servîtes, qui eft le feul qu’il y ait de ,cet
ordre en France. ( D . J. )
Mo ustiers, ( Géog. ) en latiuMonafierium, c’eft
le nom moderne de la ville de Tarentaife en Savoie,
capitale du pays de Tarentaife ; mais cette capitale
n’eft qu’une grande bourgade toute ouverte & fans
défenlè, coupée par l’Ifere à 6 lieues N. E. de Saint-
Jean de Moriene , 8 S. E. de Montmeillan, 25 N. O.
de Turin, 10 S. E. de Chamberi. Long. 2.4. G. lat.
46.30: /(.D. J .)
MOUSTIQUE , f. f. ( Hifinat. ) petit moucheron
de l’Amérique ,fort incommode, prefque imperceptible'
à l’oeil, & qui regardé ait-travers d’une; loupe,
< reffemble affez à la-'mouche commune ;’ il fe tient
dans les lieux bas voifins du bord de la mer 6c derrière
des rochers à l’abri du vent. Sà piquure occa-
fionne une fenfation brûlante, femblable à celle que
Tome X .
pourroit caufer la pointe d’une aiguille très-fine rou-'
gie au feu.
MOUTARDE, f. f. (H if . nat. Botan. ) finapïy
genre de plante à fleur en croix, & compofée de
quatre pétales. Le piftil fort du calice 6c devient
dans la fuite un fruit, ou une filique, qui eft divifée
en deux loges, par une cloifon à laquelle tiennent
des panneaux de chaque côté ; cette filique contient
des femences le plus fouvent arrondies, 6c elle eft
terminée pour l’ordinaire par une forte de corne
d’une fubftance fongueufe, qui renferme une fe-
mençe femblable aux autres : ajoûtez à ce caraftere
le goût acre 6c brûlant de la moutarde. Tournefort,
Infl. rei herb. Voye{ PLANTE.
Tournefort compte douze efpeces de ce genre de
plante, 6c Boerhaave quatorze ou quinze, au nombre
defquelles la moutarde commune, & la moutarde
blanche méritent une courte defeription.
Ce que j’appelle la moutarde commune, le fénevé
ordinaire, ou la grande moutarde cultivée, eft le
finapi fativum, apii folio, de C. B. P. 99.6c de Tournefort
I. R. H. 227.
Sa racine eft annuelle, blanchâtre, ligneufe, fragile
, branchue, garnie de fibres. Elle pouffe une
tige à la hauteur de trois, quatre, 6c cinq piés,
moëlleufe, unie, velue parle bas, divifée en plufieurs
rameaux. Ses feuilles font larges, affez fem-
blables à celles de la rave ordinaire, mais plus petites
6c plus rudes; les fommités de la tige 6c des
rameaux font garnies de petites fleurs jaunes, à quatre
feuilles, dilpofées en croix, 6cfleuriflant fuccef-
fivement. Lorfque ces fleurs font tombées, il leur
fuccede des filiques liffes 6c fans poil, affez courtes,'
anguleufes, pointues, remplies de femences prefque
rondes, rouffes, noirâtres, d’un goût âcre &
piquant.
Cette plante,croît fréquemment fur les bords des
foffés, parmi les pierres, & dans les terres nouvellement
remuées ; on la cultive dans les champs,
dans les jardins, 6c les Anglois ont extrêmement
perfe&i'onné cette culture ; leur graine de moutarde
eft la'meilleure de l’Europe, elle fleurit en Juin : fa
graine eft fur-tout d’ufage, tant dans les cuifines'
qu’en médecine.
La moutarde blanche, ou le fénevé blanc, finapï
apii foliofiliqua hirfutâ9femine albo, aut rufo de Tournefort
, /. R. H. 2 2 7 ; fa racine eft fimple, longue'
comme lamain,groffe comme le doigt, ligneufe,'
blanche, 6c fibreufe.
Elle pouffe une tige à la hauteur d’unpié & demi
ou de deux piés, rameufe, velue, creufe : fes feuilles
font femblables à celles de la rave, découpées,'
fur-tout celles d’en-bas, garnies de poils roides, 6c
piquans en-deffus 6c en deffous : fes fleurs font jaunes,
en croix, femblables à celles de l’efpece précédente
, mais plus larges, d’une couleur plus foncée
, portées fur des pédicules plus longs, & d’une
odeur agréable. Quand cés fleurs font paflees, il
leur fuccëde des filiques velues, terminées par une
longue pointe vuide , qui contient quatre ou cinq
graines prefque rondes^ blanchâtres ou rouflatres,
acres, & qui paroiffent articulées ou noueufes : cette'
plante vient dans les champs naturellement parmi les1
blés; on la cultive aufli beaucoup; ellefleuritenMai
& Juifi, fes graines muriffent en Juillet & Août.
Les deux efpeces de moutarde que nous venons de
décrire ont lés même propriétés, & fe fiibftituent
l'üiie à l’autre en médecine, ôn préféré cependant
la première, parce que.fa graine eft d’un goût plus
âcre 6c plus mord^cant. On en tire une quantité
d*huile très-cônfidérable, fort peu de fel fixe Amplement,
falin , beaucoup de terre, peu d’efprit urineux,
6c point de fel volatil concret.
- M. dé Tournefort a décrit 6c repréfenté dans fes
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