A la mort de François Sforce II. du nom, qui fur-
vlnt en 1536, Charles-Quint inveftit du duché de
iMilan Philippe IL fon fils ; depuis ce tems-là l’Efpa-
gne a joui‘de ce duché jufqu’en 1706, que l’empereur,
affilié de les alliés, s’en rendit maître au nom
de l’archiduc. Ce dernier en eft relié poffefleur juf-
qu’en 1733 , que Charles-Emmanuel, roi de Sardaigne
, réuni au roi d’Efpagne Philippe V. prit tout
le Milanez, 8c en eft relié» louverain jufqu’à ce jour
par le traité de paix conclu à Vienne , le 18 Novembre
1738. (Z>./ . ) •
Milanez propre, ( Géog.) petit pays d’Italie dans
l’état, ou duché de Milan , dont il prend fon nom.
Il eft fitué au milieu de ce duché, entre le Comaf-
que au nord, le Lodéfan à l’orient, le Pavefe au mid
i, & le Novarefe à l ’oueft. Ses principaux lieux
font Milan, capitale de tout le duché, les bourgs de
Marignano, de Agnadée, & de Caffano. (■ £>./.)
M1LANESE, terme de Cotonnier, fil de la grof-
feur qu’il a plu à l’ouvrier de lui donner, en retordant
plufieurs brins enfemble , 8c recouvert d’un fil
de foie de grenade tordu dans le même fens ; mais
en oblervant de laiffer des intervales à - peu-près
égaux entre chaque tour. Il y a une autre efpece de
milanefe appellée frifée, qui ne différé de la première
que parce qu’elle eft de nouveau couverte
d’une foie à laife , très-fine, & les tours près l’un de
l’autre, comme dans le bouillon.
Milanese , chez les fileurs cTor, eft un ouvrage
dont le fond eft un fil recouvert de deux brins de
foie, dont l’un , moins ferré que l’autre, forme fur
le fil un petit relief à diftances égales.
MILAZZO, ( Géog.) c’eft le Mylce des anciens ;
ville de Sicile, dans le Val-de-Démone, fur la côte
feptentrionale de cette province. On la divife en
ville haute fortifiée, 8c en ville baffe, qui n’a ni murailles
, ni fortifications. Milano eft fituée fur la rive
occidentale du golfe, auquel elle donne fon nom,
à 7 lieues N. O. de Meffirie. Long. 33. 10. lat. 38.
32. (D . A )
M ILE S , f. m. ( Hifi. mod.) terme latin qui lignifie
à la lettre un fantajjin ; mais dans les lois 8c les
coutumes d’Angleterre, il lignifie aufiî un chevalier,
qu’on appelloit autrement eques. Foy ? C hevalier
& Eques.
M ILE S II, (Géog. anc.') peuple de la Grece Afia-
tique dans l’Ionie, félon Diodore de Sicile, l. II. c. iii.
MÈm I : I WÈ
MILET, Miletus, ( Géog. anc. ) capitale de l ’Ionie
, 8c 1 une des plus anciennes villes de cette partie
de la Grece. On la nommoit auparavant Pithyu-
fa , Anacloria, 8c Lelegis.
C etoit une ville maritime fur le Lycusy à zo lieues
au fud de Smirne, à 10 d’Ephefe, & à 3 de l’embouchure
du Meandre. On en voit encore les ruines à
un village nomme Palatska : fon territoire s’appel-
loit MUefia, 8c les citoyens_Milejii. Leurs laines 8c
leurs teintures étoient fingulierement eftimées.
Milet, du tems de fa grandeur & de fa force, ofa
relifter à toute la puiffance d’Alexandre; & ce prince
ne put la réduire qu’avec beaucoup de peine.
Il ne faut pas s’en etonner, quand on conlidere
les avantages que retirèrent les Milèjiens de leurs
alliances avec, les Egyptiens. Pfamméticus 8c Ama-
fis, rois d’Egypte , leur permirent de bâtir fur les
bords du N il, non-feulement le mur qui prit leur
nom, mais encore Naucratie , qui devint le port
le plus fréquenté de toute l’Egypte. C ’eft par
des liaifons fi étroites avec,les Egyptiens, qu’ils fe
rendirent familière la religion de ce peuple, 8c principalement
le culte d’Ifis , la grande divinité du
royaume. De-là vient qu’Hérode remarque, que
les Miléfiens établis en Egypte, fe diftinguoient fur
toutes les nations à la fête d’Ifis, par les cicatrices
qu’ils fe faifoient au vifage à coups d’épées.
Milet, mere de plus de 70 colonies, comme le
dit Pline, devint maîtreffe de la Mediterranée & du
Pont-Euxin, 8c jetta lur les côtes, des peuplades
grecques de toutes parts , depuis la muraille donc
nous avons parlé fur les bords d’un des bras du Nil,
jufqu’à Panticapté, à l’entrée du BofphoreGimmé-^
rien. En un mot, Pomponius fait nobh ment l’éloge
de Milet, quand il l’appelle mkem quondam tonus
Jonince, belli pacifique artibus principan.
Mais elle ell lur-tout recommandable à nos yeujc
pour avoir été la partie de Thalés, d’Anaximandre,
d’Anaximene, d’Hécatée , de Cadmus, 8c de Timothée.
Thalés floriffoit environ fix cent vingt ans avant
J. C . Ce fameux philolophe eft le premier des fept
fages de le Grece. Il cultiva fon elprit par l’étude,8c
par les voyages. Il difoit quelquefois avoir obfer-
v é , que la chofe la plus facile étoit de coqfeiller
autrui, & que la plus forte étoit la néceflité. U ne
voulut jamais fe marier , 8c éluda toujours lés folli-
citations de la mere, en lui répondant lorfqu’il étoit
jeune, il n’eft pas encore temps ; & lorfqu’il eut atteint
un certain âge , il n’eft plus tems. Il fit de très-
belles découvertes en Aftronomie, 8c prédit le premier
dans la Grece, les éclipfes de lune 8c de foleil.
Enfin , il fonda la feéle ionique. Voye^ Ionique.
Anaximandre fut fon ai Ici pie. Il inventa la
fphere, félon Pline, 8c les horloges , félon Diogene
Laerce. Il décrivit l’obliquité de l’écliptique ,' 8c
dreffa le premier des cartes géographiques. Il mourut
vers la fin de la sz olympiade, sso ans avant
J. Ç . .
Anaximene lui fuccéda , inventa le cadran folai-
r e , & en fit voir l’expérience à Sparte, ail rapport
de Pline.
Hccatée vivoit fous Darius Hyftafpes. Il étoit fils
d’Agétandre, qui rapportoitfon origine à un dieu, &
ce fils étoit le leizieme defeendant ; il y a eu peu de
princes d’une nobleffe plus ancienne. Hécatée ne
dédaigna point d’enrichir le public de plufieurs ouvrages,
entr’autres d’itinéraires d’A fie , ‘d’Europe ,
8c d’Egypte, 8c d’une hiftoire des événemens les
plus mémorables delà Grece.
Cadmus floriffoit 450 ans avant J. C. & fe diftin-
gua par une hiftoire élégante de l’Ionie. Comme c ’é-
toit la plus ancienne hiftoire écrite en profe chez les
Grecs avec art, 8c avec méthode, les Miléfiens qui
cherchoient à faire honneur à leur, ville déjà célébré,
pour avoir été le berceau de la Philofophie & de
l’Aftronomie, attribuèrent à Cadmus l’invention de
l’art hiftorique en profe harmonieufe. Ils fe trom-
poient néanmoins à quelques égards ; car avant Cadmus
, Phérécyde de Scyros avoit déjà publié un livre
philofophique en excellente profe.
Timothée, contemporain d’Euripide, eft connu
pour avoir été le plus habile joueur de lyre de fon
liecle , & pour avoir introduit dans la mufique le
genre chromatique. Il ajouta quatre nouvelles chor-
des à la lyre, & la févere Sparte craignit tellement
les effets de cette nouvelle mufique, pour les moeurs
de fes citoyens, qu’elle fe crut obligée de condamner
Timothée par un decret public, que Boëce nous
a confervé.
Aux perfonnages illuftres dont nous venons de parler
, il faut joindre deux milefiennes encore plus
célébrés; je veux dire Thargélie & Afpafie, qui attirèrent
fur elles les regards de toute la Grece.
L’extrême beauté de Thargélie, l’éleva au faîte
de la grandeur, tandis que les talens & fon génie
lui méritèrent le titre de fophifte. Elle étoit contemporaine
de Xercès ; 8c dans le tems que ce puiffant
monarque méditoit la conquête de toute la Grece,
il l’avoit engagée à faire ufage de fes charmes 8c de
m
fon efprit, pour lui gagner tout ce qu’elle pourroit
de partifans. Elle le fervit félon fes voeux , vint à
bout de féduire par fes grâces, par fes difeours, 8c
par fes démarches, quatorze à quinze d’entre ceux
qui avoient la principale autorité dans le gouvernement
de la Grece. Elle fixa finalement fes Coiirfes
en Theffalie, dont le fouverain l’époufa , & elle, vécut
fur le trône pendant trente ans.
Afpafie fuivit fon exemple dans fa conduite, dans
fes maniérés, 8c dans fes études. Elle n’étoit pas
moins belle que Thargélie, & l’emportoit encore
par fon favoir 8c par fon éloquence. Comblée de
tous les dons de la nature, elle fe rendit à Athènes,
où elle fit à la'fois deux métiers bien différèns, celui
de courtifane, 8c celui de fophifte. Sa maifon étoit
tour-à-tour un lieu de débauche , & une école d’éloquence
t qui devint le rendez-vous des plus graves
perfonnages. Nous n’avons point d’idées de pareils
affortimens. Afpafie erttretenoit chez elle une troupe
de jeunes Courtifanes, 8c vivoit en partie de ce
honteux trafic. Mais, d’un autre côté, elle dönrioit
généreufement des leçons de politique,8c de l’art oratoire
avec tant de décence 8c de modeftie, que les
maris ne craignoient point d’y mener leurs femmes,
8c qu’elles pouvoient y affilier fans honte 8c fans
danger.
A l’art de manier la parole, à tous les talens , à
toutes les grâces de l’efprit, elle joigrioit la plus profonde
connoiffance de la Rhétorique 8c de la politique.
Socrate fe glorifioit de devoir toutes fes lumières
à fes inftruétions, 8c lui attribuoif l’honneur
d’avoir formé les premiers orateurs de fon tems.
Entre ceux qui vinrent l’écouter, fes foins fé portèrent
en particulier fur Périclès ; ce grand homme
lui parut une conquête digne de flatter fon coeur 8c
fa vanité. L’entreprife 8c le fuccès ne furent qu’une
feule 8c même chofe. Périclès comblé de joie , fut
fon difciple le plus affidu, 8c fön amant le plus paf-
fionné. Elle eut la meilleure part à cette oraifon funèbre
qu’il prononça après la guerre de Samos, 8c
qui parut fi belle à tout le monde, que les femmes
coururent l’embraffer, 8c le couronner comme dans
les jeux olympiques.
Périclès gouyernoit Athènes par les mains d’Af-
pafie. Elle avoit fait décider la guerre de Samos ,
elle fit entreprendre celle de Mégare, 8c de Scycio-
ne. Partout Périclès recueillit des lauriers , 8c dévint
fou d’une créature fi merverlleufe. Il réfoluf de l’é-
poufèr , exécuta fon deffein, 8c vécut avec elle jufqu’à
fa mort, dans la plus parfaite union.
Je ne déciderai point, fi e’éfoit avant ou après
fon mariage,.qu’Afpafie fut accufée eri juftice du
crime d’impiété ; je lai feulement, que Périclès eut
beaucoup de peine à Fa fa'uver. Il employa pour la
jurtifier tout ce qu’il avoit de' biens ,. dé crédit", 8c
d’élocjnence. Il fit pour fa défenfe le difeours le plus
pathétique 8c le plus' touchant qu’il eût fait de fa
vie ; 8c il répandit' plus de larmes en le prononçant,
qu’il n’en avoit jamais verfé en parlant pour lui-
même. Enfin , il eut' le plaifir inexprimable dé
réuflir, & d’en porter le premier la rioüvéfle à' fa
eheré Afpafie.
Quel bonheur defauvér les'jour s de ce qitôfi àïme I
Quand on fait ; pàf ce bortheüf même'.
Se l'attacher plus fortement: !
(ZT. X )
MILETOPOLIS , ( Geog. <tnc. ) ville fitüéè" aux
embouchures du Boryfthène. On la nommé à'pr'é-
fent Oçaeou ; c’étoit l’ouvrage d’üiïe côlonié des"
MiléfiënS', qui firent de Cette ville lé centré' de lèur
commerce avec les peuples fepténfrioriaüx de" ces'
.quartiers.
M i l e t o p o l i s , ( Géogi arte.) eri greeMAHTj&roVif,
yille dé-Myfie , entre Birhynie 8c Cynique, fùrl’étang
d’Artynia, d’où fort le Rhyndacus. Pline, l. V .
c. xjexij. parle dé cette ville.
MILETUM, ( Géog. anc. ) ville d’Italie chez les
Brutiens , aujourd’hui Calabre ultérieure , 8c dans
les terres à environ 5 milles de Nicotera vers l’orient
feptentrional ; elle lé nomme encore Mileto. Cette
ville autrefois habitée par les Miléfiens afiatiques ,
devint épifcopale en 1075 , f °us la métropole de
Rhégio , 8c eft actuellement tombée en ruines, en
parties caufees par les viciffitüdes des tems , 8c en
partie par un tremblement de terre , qui y a mis le
comble en 16 3 8 . (D . J. y
MILGREUX, 1. m. ( Hijl. nat. Botan. ) efpeces
particulières d’herbes marines, milgreux haudines :
les fables volages qui bordent les côtes de l’admirauté
de Port-bail 8c Carteret fur la côte du Ponant, couvrent
en peu d’heures des arpens de terres , qui font
fouvent les meilleures 8c les plus fécondes ; pour
remédier alitant qu’il eft poffible à ce dommage , il
y a des côtés où les feigneurs 8c les communautés
font planter une efpece de jonc marin , que l’on
nomme Ùir ce reffort haudines ou milgreux, qui viennent
allez volontiers fur les fables des dunes qui
bordent la haute-mer ; ces joncs donnent lieu à la
produriion d’une efpece de moufle qui croît à leur
pié, 8c qui par la fuite y forme une croûte où il croît
de petites herbes que les troupeaux y paillent, 8c qui
arrête de cette maniéré le volage des fables : ainfi il
ne faut pas fouffrir que les riverains coupent les mil-
greitx y mais feulement qu’ils enlevent au rateau ceux:
qui font feçs.
MILHAUD ou MILLAN, (Géogr.) en latin Æmi-
lianurn, petite ville de France dans la haute Marche
dé Rouërgùe. Louis XIII. la fit démanteler en 16Z9.
Elle eft fur le Tarn, à 7 lieues de Lodeve, izo S .E .
de Paris. Long. 20. 60. latit. 44. 10. (D . J. )
MILIAIRE F IE V R E , ( Médecine.) La fievre miliaire
eft ainfi nommée des petites pullules ou véficules*
qui S’élèvent priricipaTement fur les parties ffipé-
neures du corps, 8c qui reffemblent enquelque forte
â dés grains dé millet. Quelques médeciris l’appellent
fievrê véficitlairéy â’ eaufe que le's puftuïes font
des véficules d’abord remplies d’une férofité Iym-
pid'é , qui dévient énfuite blanchâtre 8c prefqué de
couleur de perlé.
Quelquefois \qsfièvres miliaires font coritagieuleÿ,
8C fe communiquent par l’attouchemenf, par des
écoiilemens , par lâ refpiration, on par d’autres maniérés
mcorinues.
La fièvre miliaire eft fimple ou compofée. Elle eft
fimplë , quand il né pâroît fur le corps que des puf-
tules miliaires; elle eft compofée, quand fes4 boutons
blârics font entremêlés de puftufes papillaires
rôiigés.
Signes. Cette fievre fe manirefte par une ôppref-
fiori dé poitrine , accompagnée de foupirs, un abattement
extraordinaire des efprits fâriS caufe évi-
deritè , dés infomnies, des-agitations y un poufs foi-
blé 8c fréquent, une chaleur interne, avec foif ou:
fans foif : tels font les ffgnes qui annoncent l’éruption
des pu 11ules miliaires ; & tous cés fymptomes
coritinuérif jufqu’à ce qüe ces pufful'es foient forties
8c parvenues à leur degré dé groffeur, après quoi
elles ceffënt pour la plupart.
Les puftùles milïaites fe portent’ ordinairement fur
là poitrine, fur le col, 8c dans les-, interffices des
doigts ; elles couvrent auffi quelquefois tout lé corps;-
après avoir augmenté infenfiBlement jufqü’à un certain
point, elles difparoiffent' toüt-à-fait, 8c faif-
férif dàns les endroits de l’épiderme , où elles s’é-
tpierit formées , une certaine rudelfe écailleufe.
Il n’eff pas pdffiblé de détérminer le jour dé l’éruption
des puftulesv miliair'es, pûifque cèfa varie
depuis lé' quatre jufqu’au dixième jPùr dè là mala