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voici le fommaire des préceptes qu’on peut donner
pour cette partie.
Dans la mélodie, il ne faut pour annoncer la modulation
qu’on a choifie , que faire entendre les altérations
qu’elle produit dans quelque fon du ton
d’où l’on veut fortir. Eft-on en ut majeur ; il ne faut
que fonner un fa dièfe pour annoncer le ton de la
dominante » ou un Ji bémol pour annoncer celui de
la quatrième note. . . . Parcourez après cela les cordes
effentielles du ton où vous entrez : s’il eft bien
choifi , votre modulation fera toujours bonne & régulière.
Dans l’harmonie, il y a un peu plus de difficulté ;
car comme il faut que le changement de ton fe faffe
en même-tems dans toutes les parties ; on doit bien
prendre garde , 8c à l’harmonie & au chant, pour
éviter de fuivre à la fois deux différentes modulations.
M. Huyghens a très-bien remarqué que la prof-
cription des deux quintes a cette réglé pour principes
: en effet, on ne peut guères former entre deux
parties plufieurs quintes juftes de fuite fans moduler
en deux tons différens.
Pour annoncer un ton, plufieurs prétendent qu’il
fuffit de former l’accord parfait de fa tonique : mais
il eft certain que le ton ne peut être bien déterminé
que par l’accord fenfible ou dominant : il faut donc
faire entendre cet accord en commençant la nouvelle
modulation. La bonne réglé feroit, que la fep-
tieme de la dominante- y fût toujours préparée la
première fois qu’on fait entendre cet accord; mais
cette réglé n’eft pas pratiquable dans toutes les modulations
permifes , 8c pourvu que la baffe fondamentale
marche par intervalles confonans , qu’on
oblèrve la liaifon harmonique, l’analogie du mode,
& qu’on évite les fauffes relations, la modulation
eft toujours bonne. Les compofiteurs donnent ordinairement
pour un autre précepte effentiel de ne
jamais changer de ton', qu’après une cadence parfaite
: mais cette réglé eft fauffe, 8c perfonne ne s’y
affujettit.
Toutes les maniérés poflibles de paffer d’un ton
dans un autre fe réduifent à cinq pour le mode majeur
, 6c à quatre pour le mineur, qu’on trouvera
énoncées par une baffe fondamentale pour chaque
modulation. Voye^ nos PI. deMujiq. S’il y a quelque
autre modulation qui ne revienne à aucune de ces
neuf, elle eft mauvaife infailliblement. (S1)
MODULE, f. m. ( Alg. & Gèo'm.) Quelques auteurs
appellent ainfi la ligne qu’Ori prend pour fous-
tangenté de la logarithmique dans le calcul des logarithmes.
Foye{ Lo g arithm e & Lo g a r ith m iq
u e . Ainfi, dans les logarithmes de Neper, le module
eft o , 4 3 4 1 9 4 ; 8c, dans les logarithmes de
^ nggs > c’eft l ’unité. Quand on dit qu’une ligne eft le
logarithme du rapport de a h b , c étant pris pour
module, cela veut dire que cette ligne eft l’abfciffe
d’une logarithmique dont la fous-tangente eft c ,
cette abfciffe étant comprifé entre deux ordonnées
«gales à a & à b. M. Cotes, dans fonHarmonia men-
furarum ( commentée & développée par dom "Wal-
mefley dans fon Analyfe des rapports ) , emploie fréquemment
cette «xpreffion de module qui d’ailleurs
n ’eft pas fort ufitée. ( O )
Mo d u l e , (A n numifm.') terme emprunté de'
i’Architeûure par les Médailliftës, pour fixer par des
grandeurs déterminées leurs médailles, & eri com-
pofer les différentes fuites dans les niëdaillïers ; ainfi
ils ont réduit toutes les grandeurs des médaillés de-
bronze a trois modules , qu’ils nomment dès pièces
de grand, de moyen, & de petit bronze, & on écrit
par abréviation G. B. M. B . P. B. ( B . J . )
Module , ( Architecture. ) mefure prifé à volonté
pour régler les proportions des colonnes , 8c lafym-
anétrie ou la diftribution de l’édificei
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Les Archite&es prennent d’ordinaire pour module
le diamètre , mais le plus fouvent le demi-diametre
du bas de la colonne, & ils le fubdivifent en parties
ou minutes. Voyeç Min ute.
Vignole partage fon module, qui eft le demi-diametre
de la colonne, en douze parties égales pour les
ordres tofcan 8c dorique, 8c en dix-huit pour les autres
ordres. Palladio , Scamozi, Defgodetz 8c le
Clerc, divifent leur demi-diametre en trente parties
ou minutes dans tous les ordres. Quelques-uns partagent
toute la colonne en feize parties pour la dorique
, en dix-huit pour l’ionique, en vingt pour la
corinthienne ; & d’une de ces parties ils font un module
pour régler le refte de l’édifice.
II y a deux maniérés de déterminer les mefures &
les proportions des bâtimens. La première, paj: une
mefure fixe ou une efpece de talon qui eft ordinairement
le diamètre de la partie inférieure de la colonne
, lequel s’appelle module , & eft divifé en foi-
xante parties nommées minutes. II eft une autre maniéré
de déterminer les mefures & les proportions,
des ordres, dans laquelle il n’entre ni minute ni divi-
fion certaine, mais on divife leur hauteur fuivant
l’occafionen autant départies qu’on juge à propos ;
c’eft ainfi que la bafe attique fe divife ou en trois pour
avoir la hauteur du plinte, ou en quatre pour avoir
celle du plus grand tor , ou en fix pour en confta-
ter celle du plus petit, &c.
MODURA, ( Géog. anc. ) Ptolomée parle de deux
villes de ce nom. Il met la première dans l’Inde,
én-deçà du Gange, chez les Cafpyréens ; & Caf-
tâldus penfe que c’eft aujourd’hui Bifnagar. Il place
l’autre Modura chez les Pandions, entre Tangala&
Acur. Pline nomme cette derniere Modufa, L. VU
c .x x ï j . (D . J .)
M ODZYR, ( Géog. ) en latin Modriria ; ville de
Pologne, dans la Lithuanie, furie Pripecz, chef lieu
d’un territoire de même nom, qui eft fertile 8c bien
cultive. Modçyr eft fituée dans un marais , entre
Turow à l’occident, & Babica à l’orient. Long. 46Y
4-5. la't. S z .5. ( D . / . )
MOEDE, f. f. ( Comm,") monnoie d’or de Portugal.
Elle équivaut à la piftole d’Efpagne : la double
nidèdt, à deux; la demi-moéde, à une demie. La nioëdc
vaut 2000 rès du pays. Le rès eft une petite môn-
noiede cuivre. Voye{ RÈS.
MOELLE, f. f. ( Phyjiologie.yen latin medûlla/
fubftance graffe, ôléagineufé, qu’on trouve én maffe
dans le milieu des: os longs’: on l’appelle fùc moelleux
, huile médullaire, dans la portion cellulaire de
ces mêmes o s , & dans celle de tous les autres os
qui rt’orit pas la même figure.
Mais pour donner une idëeplhs exaftë de là'moelle
conformément à fa nature, nbits* la définirons un'
amas de plufieurs petites véficules membraneufes %
très-déliéesqui s’ouvrent lès unes dans les autres,
& qui font remplies d’une matière huileufe , couf
lante 82 liquidé.
Ces'véficules font renfermées dans une membrane
qui fert d’enveloppe générale à la moelle , 8c cétte
membrane, qui eft parfemée d’un très-grand nombre
de vaiffeaux, eft d’une tiffûre encore plus fine
que la membrane arachnoïde de la mdèllède l’êpine.
La moelle ne fait qïi’uné feule maflë- dans les endroits
où l’os eft créufé en canal; car dans ceux où'
il eft fpprigiéux, elle eft partagée en plufieurs petites
portions qui en rempliffent les cellules,.- )
La faveur douce & agréable de ce fuc, & fa con-
fiftahcë ôiiâùëüfe, donnent lieu de croire que c’eft
un extrait de ce qu’il, y a de plus délicat & de plus
fin dans la portion Kùilèùfe du fang, qui eft çpnti-*
tinuellement'filtré dans ce tiflji véficulaire, d’où i l
fe diftribue dans toute la fubftance de l’bs.
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Entrons dans quelques détails fur la diftribution de
ce fuc médullaire dans les os, fa fécrétion, fon abondance
, fon fentiment, fon ufage , & fes maladies.
Dijlribution de la moelle dans la fubfiance des os.
L’huile médullaire eft ramaffée dans de petites véficules
qui communiquent les unes aux autres, &
qui font logées dans les parties cellulaires des os aux
environs des jointures, d’où il fuit que cette huile
peut non-feulement fe diftribuer dans toute la fubf-
tance de l’o s , mais encore paffer dans les cavités
des jointures , comme Clopton-Havers, qui a parfaitement
traité cette matière, l’a prouvé par diver-
fes expériences.
Suivant cet auteur, l’huile médullaire peut fortir
des véficules qui la contiennent, de trois maniérés
différentes. Ou la dérivation s’en fait vers les extrémités
de l’o s, en conféquence de la communication
des véficules 8c des lobes, 8c elle fuinte à-tra vers les
pores du cartilage, dont les extrémités des os articulés
font couverts, dans la cavité des jointures,
& en facilite le mouvement. Ou cette huile fubtile 8c
atténuée entre dans les petites veines, en eft abfor-
bée, 8c fe mêle avec le fang. Ainfi , dans certaines
maladies aiguës, nous voyons quelquefois toute la
graiffe du corps entièrement confumée en peu de
jours. Ou enfin, cette huile médullaire fe difperfe
dans la fubftance des os , 8c procure à leurs parties
le degré de cohéfiôn , 8c au tout le degré d’onduo-
fité qui convient.
Les pores tranfverfanx dont les os font compofés
donnent iffue à l’huile médullaire , les pores longitudinaux
la répandent entre les lames des o s, 8c
c ’eft dar leur mqyenque les interftices que ces lames
taillent entr’elles en’ font lubrifiés. Cependant
cette diftribution de i’huile médullaire dans la fubftance
des os n’a' lieu que dans les endroits où les
lames offeufes font contiguës les unes aux autres ;
Car aux environs des jointures où elles laiffent en-
tr’ëlles une diftance confidérable , il y a des véficules
médullaires à l’aide defquelles l’huile fe diftribue
facilement.
. Sécrétion de la moelle. Mais d’où provient cette
huile médullaire qui fe diftribue 'dans la fubftance
offeufe, 8c comment fe forme-t-elle ?
Si on mêledel’efpritde nitre avec de l’huile d’olives
, ôn a’ un' Compofé qui reffemble à la moelle, 8c
qui fe fond fur lé feu : fi on laiffe ces deux matières
en digçftion durant quelques jours , la partie fluide
s’exhale, & il refte une malle plus folide. Ne pen-
fons pourtant pas avec quelques Chimiftes que’ là
moelle ait une origine femblable, car il n’y a point
dans le fang des efprits nitreux développés comme
ceux dont on fe fert dans cette opération. Un tout
autre méchanifmë produit la moelle, 8c c’ eft du
fàng artériel que s’en fait la fécrétion par un grand
nombre de vaiffeaux.
Il faut d’abord remarquer que le périofte intérieur
dès os qui enduit 8c çouvre les cavités qui
contiennent la moelle, diftribue les vaiffeaux artériels
aux véficules médullaires, & reçoit un nombre
incroyable de vaiffeaux veineux, tant grands
que petits".
- Les arteres qui paffent dans la moèlle font différentes
de celles qui portent les humeurs vitales
dans la fubftance des os. Lorfqu’une artere de cette
qature eft parvenue dans la cavité de l’os, elle fe
divife communément en deux ramifications, dont
il part un nombre infini de. petites ramifications
qui vont aux véficules médùllaires.
L’on découvre par le moyen du microfcope ,
lin grand nombre de petits vaiffeaux fanguins dif-
pofés dans la plus petité véficule médiillaire. De
plùs, les injéftions de Ruyfcîi nôus ont démontré
gu il y a de tels vaiffeaux répandus dans toute la
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maffe de la moelle; d’où il fuit vraisemblablement
que le même méchanifmë régné dans toutes les Véficules
qui forment cette maffe.
Après que la fécrétion de l’huile eft faite, lê
refte du fang paffe dans de petites veines qui for*
ment en fe réunifiant, des troncs plus confidéra*
blés, & ces troncs fe terminent enfin en une vein®
qui fort ordinairement par le même trou qui a
fervi d’entrée à l’artere. Les petites veines qui
partent de la moèlle, 8c entrent dans la fubftance
des o s , s’y évanouiffent. Peut-être que ces veines
rapportent le fang tranfmis à la moelle par les arteres
pour fa nutrition ; car c’eft une économie
remarquable prefque dans toutes les parties du
corps, que la nature y a donné aux veines & aux
arteres un double emploi ; l’un,par lequel fe fait
la fécrétion d’un fluide ; 8c l’autre , par lequel fe fait
la nutrition 6c l’entretien de la partie.
Les parties dont il s’agit, de blanches & tranf.
parentes qu’elles étoient, devenant rouges par l’in-
jeftion, prouvent ce grand nombre de petits vaiffeaux
dont nous avons parlé, 8c conféquemment
quantité de vaiffeaux lymphatiques. Comme il eft
démontré que toutes les cavités du corps, grandes
| ou petites, font humedées par une liqueur fubtile
qui s’exhale, il n’eft pas moins néceflaire qu’il y
! ait dans ces parties de petites veines abforbantes.
Il y a encore un grand nombre de filamens nerveu
x, diftribués aux véficules membraneufes.
En outre, la moèlle eft environnée d’une membrane
qui fert comme de périofte aux os intérieurement.
Cette membrane eft très-fine,,tranfparente
comme le verre , 8c formée par les tuniques des;
arteres. Elle eft adhérente aux os, i° . par des
petits vaiffeaux; z°. par les petits prolongement
qu’efie envoie dans les pores offeux.
L’ufage de ce périofte interne eft non-feulement
de diftribuer des vaiffeaux artériels dans les véficules
médullaires, 8c de recevoir à leur retour des
véficules médullaires, les vaiffeaux veineux, mais
encore de faciliter l’accroiffement 8c la nutrition
des os, par le moyen de ces vaiffeaux qui entrent
dans leur fubftance, 8c en fortent.
Rien donc n’eft plus merveilleux que la ftrudure
des vaifféaux qui contiennent la moèlle 8c l’huile
médullaire. On remarque d’abord la cavité des
os traverlëe par une infinité de petits filets qui forment
un réfêaii. Dans les aires de ce réfeau s’in-
finue une membrane qui forme une infinité de véficules
femblablès à une grappe de raifin, dans
léfquelles les vaiffeaux fanguins dépofent une fubftance
huileufe. Tous ces petits filets femblent def-
tinés, à foutenir les véficules, qui dans les fauta
tomberoient fans leur appui. Les animaux qui fautent,
fuivant les obfervations de Nieuventyt, ont
beaucoup de ces filets ; mais ceux qui ne font fujets.
qu’à des mouvemens peu rapides, comme le boeuf*
ont des cavités inégales dans leurs os , qui foutien-;
nent la moelle.
Abondance dè la moelle & du fuc médullaire. On
ne peut douter que l’huile médullaire diftribuée
entre les lames des os, ne tranfpire continuelle-,
ment ën grande abondance. Si l’on fait bouillir des
os de boeuf, on verra combien eft grande l’a bon-,
dartee de cette huile médullaire logée dans les
parties caverneufes des os; fi l’on broyé, ou fi l’on
bat avec un marteau l’extrémité des os , après
qu’on en aura ôté toute la moèllej on verra fortir
une grande quantité de cette huile médullaire.
C ’eft encore la raifon p o u r laquelle certains o s
font un fi bon feu. Par la même caufe , les fque-
lettes les mieux préparés deviennent jaunes.
Ç ’eft en effet, le plus grand obftacle qu’on trouve
lorfqu’on veut blanchir les o s, & en faire un fque*