d’orgue, telle que la peut faire une mufettc, & qu’on
appelle pour cela baße de mufette. Sur ces airs on
forme des danfes d’un caraûere convenable , & qui
portent auffi le même nom de mufettes.
MUSICIEN , f. m. ce mot fe dit également bien
de celui qui compofe la mufique, & de celui qui
l’exécute. Le premier s’appelle auffi compofiteur.
Voyez ce mot. Le^anciens muficiens étoient des poètes
, des philofophes , des hommes du premier ordre.
Tels étoient Orphée ,Terpandrc , Stéficbore,
&c. Auffi Boëce ne veut-il pas honorer du nom de
mußcien, celui qui pratique feulement la mufique
par le miniftere fervile des doigts ou de la v o ix ,
mais celui qui poflede cette fcience par le raifonne-
ment & la fpéculation.
Aujourd’hui en Italie le mot mußco eft une efpece
d’injure, parce que c’eft un nom qu’on n’y donne
qu’à des hommes qui ont été mutilés pour le fervice
de la mulique. Les Muficiens ordinaires y reçoivent
un titre plus honorable , ils s’appellent virtuofi ; ce
n’cft point proprement par contre-vérité, mais c’eft
que lès talens en italien portent le nom de virtu.
<>)M
USIQUE , f. f. MovtnKn. ÇOrdre encycl. entendent.
raifon , Phil. ou Jeience de la nature , Mathématique
, Math, mixtes , Mufique. ) la Mufique eft la
fcience des fons, en tant qu'ils font capables d’af-
feéter agréablement l’oreille, ou l’art de difpoletf &
de conduire tellement les Ions, que de leur conjon-
nance, de leur fucceffion, & de leurs durées relativ
e s , il réfulte des fenfations agréables.
On fuppofe communément que ce mot vient de
mufa, parce qu’on croit que les mufes ont inventé
cet art ; mais Kircher, d’après Diodore , fait venir
ce nom d’un mot égyptien , prétendant que c’eft en
Egypte que la Mufique a commencé à fe rétablir après
le déluge , & qu’on en reçut la première idée du Ion
que rendoient les rofeaux qui croiffent lur les bords
du N il, quand le vent foufïloit dans leurs tuyaux.
La Mufique fe divife naturellement en fpéculative
& en prarique.
La mufique fpéculative e f t , fi on peut parler ain-
f i , la connoiffance de la matière muficale , c’eft-à-
dire, des différens rapports du grave à l ’aigu , & du
lent au bref, dont la perception eft , félon quelques
auteurs,la véritable fource duplaifir de l ’oreille.
La mufique pratique eft celle qui enfeigne comment
les principes de la fpéculative peuvent être
appliqués , c’eft-à-dire , à conduire & à difpofer les
fons par rapport à la fucceffion, à la confonnance,
& à la mefure , de telle maniéré que le ton en plaife
à l’oreille. C’eft ce qu’on appelle l’art de la com-
pofition. Voyez C om posit ion. A l’égard de la
production aCtuelle des fons par les voix ou par les
inftrumens, qu’on appelle exécution, c’eft la partie
purement méchanique , qui , fuppofant la faculté
d’entonner jufte les intervalles, ne demande d’autre
connoidance que celle des caraCteres de la Mufique
, & l ’habitude de les exprimer.
La mufique fpéculative fe divife en deux parties ;
fçavoir, la connoiffance du rapport des fons & d e
la mefure des intervalles, & celle des valeurs ou
du tems.
La première eft proprement celle que les anciens
ont appellée mufique harmonique. Elle enfeigne en
quoi confifte l’harmonie , & en dévoile les fonde-
mens. Elle fait connoître les différentes maniérés
dont les fons affeCtent l’oreille par rapport à leurs
intervalles ; ce qui s’applique également à leur confonnance
& à leur fucceffion.
La fécondé a été appellée rhythmique, parce
qu’elle traite des fons, eu égard au tems & à la
quantité. Elle contient l’explication des rhythmes
& des mefures longues & courtes, vives & lentes,
des tems & des différentes parties dans lefqiiellés oa
les divife, pour y appliquer la fucceffion des tons.
La mufique-pratique fe divife en deux parties qui
répondent aux deux précédentes.'
Ceile qui répond à la mufique harmonique, & que
les anciennes appelaient melope'ta, contient les régies
pour produire des chants agréables & harmonieux.
Voyez Mélopée.
La fécondé , qui répond à la mufique rhythmique,
& qu’on appelle rhythmopoeia , contient les réglés
pour l’application des mefures & des tems ; en un
mot, pour la pratique du rhythme. ^oye^RHYTHME.
Porphire donne une autre divifion de la Mufique
en tant qu’elle a pour objet le mouvement muet ou
fonore, & fans la diftinguer en fpéculative & pratique
, il y trouve les fix parties fuivantés, la rhythmique
, pour les mouvemens de la danfe ; la métrique
, pour la cadence &C le nombre ; Yorganique ,
pour la pratique des inftrumens ; la poétique, pour
l’harmonie & la mefure des vers \Y hypocritique, pour
les attitudes des pantomimes ; & Yharmonique, pour
le chant.
La Mufique fe divife aujourd’hui plus Amplement
en mélodie & en harmonie ; car le rhythme eft pour
nous une étude trop bornée pour en faire une branche
particulière.
Par la mélodie on dirige la fucceffion des Jonsde
maniéré à produire des chants agréables. Voyez
M é l o d i e , M o d e s , C hants , Modulat
io n .
L’harmonie confifte proprement à favoir unir à
chacun des fons d’une fucceffion régulière & mélo-
dieu fe deux ou plufieurs autres fons qui , frappant
l’oreille en même tems, flattent agréablement les
fens. Voyez Harmonie.
Les anciens écrivains different beaucoup entre
eux fur la nature, l’objet, l'étendue & les parties
de la Mufique. En général, ils donnoient à ce mot
un fens beaucoup plus étendu que celui qui lui refte
aujourd’hui. Non-leulement fous le nom de mufique
ils comprenoient, comme on vient de le vo ir, la-
danfe, le chant, la poéfie; mais même la collection
de toutes les fcieaces. Hermès définit la mufique
, la connoiffance de l’ordre de toutes chofes :
c’étoit auffi la doCtrine de l’école de Pythagore, &
de celle de Platon, qui enfeignoient que tout dans
l’univers étoit mufique. Selon Hefychius les Athé?-.
niens donnoient à tous les arts le nom de mufique.
De-là toutes ces mufiques fublimes dont nous
parlent les Philofophes : mufique divine , mufique du
monde ; mufique célefte ; mufique humaine ; mufiqua,
aCtive ; mufique contemplative ; mufique énonciati-»
v e , organique, odicale, &c.
C ’eft fous ces vaftes idées qu’il faut entendre plufieurs
paffages des anciens fur la mufique, qui feroient
inintelligibles avec le fens que nous donnons aujourd’hui
à ce mot.
Il paroît que la Mufique a été un des premiers arts.
Il eft auffi très-vraiffemblable que la mufique vocale
a été trouvée avant l’inftrumentale. C a r , non-feulement
les hommes ont dû faire des obfervations
fur les différens tons de leur propre voix, avant que
d’avoir trouvé aucun infiniment ; mais ils ont dû
apprendre de bonne heure, par le concert naturel
des oifeaux, à modifier leur voix & leur gofier d’une
maniéré agréable. On n’a pas tardé non plus à
imaginer les inftrumens à vent : Diodore , comme
je l’ai dit, & plufieurs anciens en attribuent l ’invention
à l’obfervation du fifïlement des vents dans
les rofeaux , ou autres tuyaux des plantes. C ’efJ,
auffi le fentiment de Lucrèce.
At liquidas ayium vous imitarier ore
finte fuit multb, quam levia carmina, cmti+
Conctlebrare hommes poßint , aureifque juvart
E t z*phyri cava per calamorum fibila primàrn
\ 4grefieis docuere cavas inflare doutas.
A l’égàrd des autres fortes d’inftrumens, les cordes
fonores font fi communes, que les hommes ont
dû obferver de bonne heure leurs différens fons : ce
qui a donné naiffance aux inftrumens à cordes. Voyez
C orde.
Pour ce qui eft des inftrumens qu’on bat pour en
tirer du fon > comme les tambours & les tymbales ,
ils doivent leur origine au bruit fourd que rendent
les corps creux quand on les frappe. Voyez T ambour
, T ymbales , &c.
Il eft difficile de fortir de ces généralités pour établir
quelque chofe de folide fur l'invention de la Mufique
réduite en art. Plufieurs anciens l’attribuent à
Mercure, auffi-bien que celle de la lyre. D ’autres
veulent gue les Grecs en foient rédevables à Cad- ;
mus, qui en fe fauvant de la cour du roi de Phénicie
(Athén. Deipn. ) , amena en Grece la muficien-
ne harmonie. Dans un endroit du dialogue de Plutarque
fur la Mufique, Lyfias dit que c’eft Amphion
qui l’a inventée ; dans un autre , Soterique dit que
c’eft Appollon ; dans un autre encore, il femble en
faire honneur à Olympe. On ne s’accorde guere
fur tout cela ; à ces premières inventions fuccéde-
rent Chiron , Demodocus, Hermès, Orphée, qui,
félon quelques-uns , inventa la lyre. Après ceux-
là vinrent Phoecinius & Terpandre, contemporains
de Lycurgue , qui donna des réglés à la Mufique.
Quelques perfonnes lui attribuent l’invention des
premiers modes. Enfin , on ajoute Thalès & Tha-
miris,qu’on dit avoir été les inventeurs de la Mufique
purement inftrumentale.
■ Ces grands muficiens vivoient avant Homere.
D ’autres plus modernes font Lafus, Hermionenfis,
Melnippides , Philoxene , Thimothée , Phrynnis ,
Epigonius , Lyfandre , Simmicus & Diodore, qui
tous ont confidérablement perfectionné la mufique.
Lafus eft, à ce qu’on prétend, le premier qui ait
écrit fur la mufique du tems de Darius Hyfiafpes.
Epigonius inventa un infiniment de quarante cordes
appellée épigonium. Simmicus inventa auffi un
infiniment de trente-cinq cordes , appellé fimmi-
cium.
Diodore perfectionna la flûte en y ajoutant de
nouveaux trous ; & Thimothée la lyre , en y ajoutant
une nouvelle corde, ce qui le fit mettre à l’amende
par les Lacédémoniens.
Comme les anciens écrivains s’expliquent fort
obfcurément fur les inventeurs des inftrumens de
Mufique, ils font auffi fort obfcurs fur ies inftrumens
mêmes ; à peine en connoiffons-nous autre chofe
que les noms.
Les inftrumens fe divifent généralement en inftrumens
à cordes , inftrumens à v en t, & inftrumens
qu’on frappe. Par inftrumens à cordes , on entend
ceux que les anciens appelloient Lyra , pfaherium ,
trigonium, fambuca , cithara , peclis , rnagas , barbi-
ton, tefiudo, trigonium, épigonium > fimmlcïum, epan-
doron, &c. On touchoit tous ces inftrumens avec
la main, ou avec le pleCtrum, efpece d’archet. Voyez
L yre , &c.
Par inftrumens à vent, on entend ceux que les
anciens nommoiént tibia , fifiula, tuba, cornua li-
tuusy & les orgues hydrauliques. Voyez Flû te s,
&c.
Lés inftrumens de pereuffion étoient appellés tym-
panum , cymbalum , orepitaculum , tintinnabulum,
crotalum , fifirum. Voyez TYMPANUM , TIMBALES,
& c .
La Mufique étoit dans la plus grande eftime chez
Tome X %
M U S 899
chez’j e f r 11’1' 5 1S § 3 w « l ’ & Princ!palen'snt W m i ïS & Ë m & cette eftime etoit proportionnée
puiflance & aux effets iurprertans qu’ils lui atdonne16"
' - .LeUrS a“ îeUrs donner une trop grande idéne,e ecnr onloeunst dPifaasn tn qouu’se lelne
etoit en ufagedans le c ie l, & qu’ellefaifoit ?’amu-
fement principal des dieux & des âmes des bien-
pDeeuurt ffa"*ir*e ddeia c'hran gemCeran‘sn td aPn°sin lat dMeu dfiarue c>. <uiun'i0 1n1 ’enna
loir un dans la conftitution de l’état ; Sc il prétend
I r a ca p ab le s * faire'naître
la bafleffe de 1 ame, l’infolence & les vertus contraires.
Artftote, qui femble n’avoir fait fa politique
que pour oppofer fes fentimens à ceux de Platon»
de 1Z°Mrtrttt d’acc.ord avec lui touchant la puiffance
de la Muß,u. fur les moeurs. Le judicieux Polybe
lesUm oe ^ t o i t néceffaire pour adoucir
W B B B Ê S m ‘>Ui habit°ient un pays oit
1 m eft tnfte & froid ; que ceux de Cynete qui né-
gigerentla Afa/y/«, furpafferent en cruaiitl tous
MÈÊÊKË & 5 “ 11 n Y ,a P°‘« de ville oii l’on ait
tant vu de crimes. Athenee. nous affure ou’autre-
I01S toutes les lois divines & humaines, les exhortations
à la vertu , la connoiffance de ce qui con-
cernoir les dieux & les hommes » les vies & les actions
des perfonnages illuftres,étoient écrites en vers"
at chantées publiquement par un choeur au fon des inf-
trumens. On n'avoit point trouvé de moyen plus
eracaee , pour graver dans I’efprit des hommes les
principes de la morale, Sc la connoiffance de leurs
devoirs.
La Mufiqut faifoit partie de l’étude des anciens
Pythagoriciens ; ils s’en fervoient pour exciter l’ef-
prit à des aélions louables, & pour s’enflammer de
1 amour de la vertu. Selon ces philofophes, notre
ame n etoit, pour amfi dire , formée que d’harmo-
r ’Vx r lls cr° y ° ient faire revivre par le moyen de
la Mufique, 1harmonie primitive des'facultés de l a me
; c ’elt-à-dioe, l’harmonie qui, félon eux, exiftoit
en elle avant qu’elle animât nos corps, & lorfqu’elle
habitoit les cieux. Voyc^ Préexistence Pï t h a -
j GORICIENS.
La Mufiqut pàroît déchue aujourd’hui de ce desri
de puiffance & de majefté , au point de nous faire
douter de-la vérité de ces faits, quoiqu’atteftés par
les plus juduneux hiftoriens & parles plus graves
philofophes de l’antiquité. Cependant on retrouv®
dans 1 hiftoxte moderne quelques faits femblables. Si
1 himothee excnoit les fureurs d’Alexandre par le
mode phrygien, & l’adouciffoit enfuitejufqu’à l’indolence
par le mode lydien , une mufique plus ma-
derne rencheriffoit encore en excitant, dit-on dans
Ernc roi de Danemark, une telle fureur, qu’il*tuoic
fes meilleurs domeftiques i apparamment ces do*
meftiques-là n’étoient pas fi fenfiblesque leur prince
h \*Mufique t autrement il eût bien pu courir la moitié
du danger. D ’Aubigné rapporte encore une autre
hiftoire toute pareille à celle de Thimothée. II
dit que du tems d’Henri III. le muficien Glaudin
jouant aux noces du duc de Joyeufe fur le mode
phrygien , anima , non le ro i, mais un couftifan
qui s’oublia au point de mettre la main aux armes eiî
préfence de fon fouverain; mais le muficien fe hâta
de le calmer en prenant le mode fous-phrygien.
Si notre mufique exerce peu fon pouvoir fur les
affections del’ame , en revancheeile eft capable d’a»
gir phyfiquement fur le corps; témoin l’hiftoire de la
tarentule, trop connue pour en parler ici. ^o^ T a*
RENtule. Témoin ce chevalier gafeon dont parle
Boile, lequel au ion d’une cornemufe , ne pouvoic
retenir fon urine ; à quoi il faut ajouter ce que raconte
le même auteur de ces femmes qui fondoient
en larmes lorfqu’elles entendoient un certain ton
dont le refte des auditeurs n’étoient point affeétés.
X X x x x ij