font fi fenfibles à une telle diftance , & que la fur-
face de la terre foit bien tranquille en comparaifon
de celle de Mars ; car à peine s’eft-il fait depuis 4000
ans quelques changemens fenfibles fur la iurface de
notre globe. Nos terres, nos grandes chaînes de montagnes
, nos mers n’offrent que des changemens qui
ne feroient point apperçusde Mars avec les meilleures
lunettes. U faut néanmoins que la terre ait eu
des révolutions confidérables, car enfin des arbres
enfoncés à de fort grandes profondeurs, des coquillages
& des fqueletes de poifïons enfevelis fous les
terres 6c dans les montagnes, en font d’affez bonnes
preuves. M. F o r m e y .
Outre la couleur rougeâtre de Mars, on prétend
avoir encore une autre preuve qu’il eit couronné
d’une atmofphere. Lorfqu’on voit quelques-unes des
étoiles fixes près de fon corps , elles paroiffent alors
extrêmement obfcures 6c prefqu’éteintes.
Si on imaginoit un oeil placé dans Mars, il verroit
à peine Mercure, excepté fur le difque du foleil ou
dans fa conjonâion avec cet aftre, c’eft-à-dire lorf-
que Mercure paffe fur le foleil 6c qu’il nous paroît
alors à nous-mêmes en forme de taches. Un fpeâa-
teur placé dans Mars verroit Vénus à la même diftance
du foleil que Mercure nous paroît, 6c la terre
à la même diftance que nou$ voyons Vénus ; &
quand la terre feroit en conjonction avec le foleil 6c
fort près de cet aftre,le même fpettateur placé dans
Mars verroit alors ce que M. Caflini a apperçu dans
Vénus, c’eft-à-dire que la terre lui parôîtroit en
croiffant, ainfi que la lune fon fatellite.
Dans la planete de Mars on obferve beaucoup
moins d’irrégularités par rapport à fon mouvement,
que dans Jupiter 6c dans Saturne : l’excentricité de
fon orbite eft confiante , au-moins fenfiblement, 6c
le mouvement de fon aphélie eft égal & uniforme;
aufti eft-ce de toutes les planètes celle dont le mouvement
de l’aphélie eft le mieux connu , & que M.
Newton a choifi pour en déduire le mouvement des
aphélies des planètes inférieures. Suppofant avec
Kepler la moyenne diftance de Mars au foleil de
151350 parties, dont la moyenne diftance du foleil
à la terre en contient 100000, l’excentricité de Mars
fera , fuivant M. le Monnier, de —‘-5 Kepler fait
aufli la plus grande équation du centre de io° 37' à ,
laquelle ayant été vérifiée , s’eft trouvée conforme
aux obfervations , comme il paroît par le réfultat
des recherches faites à ce fujet, 6c publié il y a 30
ans par MM. Caflini & Maraldi.
La détermination du lieu de l’aphélie par M. de
la Hire, qui le place en 1701 à o° 3 5' 3 5" de la vierge
, s’accorde affez avec ce qui fe trouve dans les
mémoires de l’académie des Sciences de l’année
1706 , oit l’on affure que par les obfervations du
lieu de Mars , faites alternativement proche l’aphélie
6c le périhélie, on a reconnu qu’il falloit le fup-
pofer de 10 minutes moins avancé que félon les tables
rudolphines.
M. Newton ayant pris vraiffemblablement un milieu
entre les deux réfultars du- mouvement de l’aphélie
de Mars y donnés par Kepler 6c par Bouillaud,
l’établit de i° 5$' ^ en 100 ans , c’eft-à-dire de 35'
plus grand que félon la proceflion des équinoxes ;
il l’a enfuite établi de 33' xo" ; mais il femble que
le mouvement de cet aphélie pourroit être mieux
connu en y employant les plus récentes obfervations
comparées à celles de Tycho & du dernier fiecle.
M. de la Hire a déterminé le lieu, du noeud de Mars
pour 1701 , auV 170 25' 20" ; cependant la détermination
rapportée dans le volume de l’académie
de 1706, paroît encore plus exafte : elle place le
lieu du noeud afeendant à V 1 j ° 13 ' On ne connoît
pas néanmoins encore affez le mouvement du noeud
de Mars pour affurer s’il eft fixe dans le ciel étoilé ,
bit s’il a un mouvement réel, foit direû , foit rétrogradé.
La plupart des Aftronomes depuis Kepler lui
donnent un mouvement rétrograde , relativement
aux étoiles fixes ; il n’y a guere que les conjonctions
prifes de cette planete aux étoiles zodiacales , qui
puiffent conduire à décider cette queftion.
L’inclinaifori de fon orbite au plan de l’écliptique,
eft affez connue , à caufe que dans l’oppofition de
cette planete au foleil, fa latitude géométrique eft
très-grande. Kepler l’a déterminée de i° 50' 30w ;
Bôuillaud de i° 51'' 4" ; Stréet de 1 0 52' 00" ; M.
de la Hire , 1 0 517 oo".vNous avons pris 1 0 52' qui
eft à-peu-près moyenne entre tontes ces déterminations;
cependant M. •Caflini fait l’inclinaifon de i °
50' 45w. Tout ceci eft tiré des injlitutions ajlronom.
de M. le Monnier. Il y a une remarque finguliere
à faire fur cette planete : la terre a un fatellite ; Jupiter
, environ cinq fois aufli loin du foleil que la
terre, en a quatre ; 6c Saturne, près de deux fois
aufli loin que Jupiter, en a cinq, fans compter l’anneau
qui lui tient lieu de plufieurs fatellites pour
l’éclairer pendant la nuit. L’efprit fyftématique , la
commodité des analogies , & le penchant que nous
avons à faire agir la nature félon nos vues 6c nos
befoins , n’ont pas manqué de perfuader à bien des
philofophes que les fatellites avoient été donnés aux
planètes les plus éloignées du foleil, comme un fup-
plément à la lumière affoiblie par l’éloignement, &
qu’ils leur avoient été donnés en d’autant plus grand
nombre, qu elles étoient plus éloignées de c£t aftre.
Mais la planete de Mars vient rompre ici la chaîne
de l’analogie, étant beaucoup plus loin du foleil que
nous, 6c n’ayant point de fatellite , du-moins n’a-
t-on pu lui en découvrir aucun jufqu’ici , quelque
foin que l’on fe foit donné pour cela. M. de-Fonte-
nelle fait cette remarque dans la pluralité des mondes
, & il ajoûte que fi Mars n’a point de fatellite ,
il faut qu’il ait quelque choie d’équivalent pour l ’éclairer
pendant fes nuits. Il conjeûure que la matière
qui compofe cette planete eft peut-être d’une
nature femblable à celle de certains phofphores ,6c
qu’elle conferve pendant la nuit une partie de la lumière
qu’elle a reçue durant le jour. Voilà de ces
queflions fur Iefquelles il eft permis, faute de faits,
de penfer également le pour & le contre. ( O )
Mar S y en Chronologie , eft le troifieme mois de
l’année, félon la maniéré ordinaire de compter. Voye^
Mois & An,
Ce mois étoit le premier mois parmi les Romains,
On conferve encore cette maniéré de compter dans
quelques calculs eccléfiaftiques, en particulier lorf-
qu’il s’agit de compter le nombre d’années qtiife font
©coulées depuis l’incarnation de Notre-feigneur ,
c’eft-à-dire depuis le 25 de Mars.
En Angleterre le mois de Mars eft à proprement
parler le premier mois, la nouvelle année commençant
au 25 de ce mois-là. Les Anglois le comptent
néanmoins comme le troifieme, pour s’accommoder
à la coutume de leurs voifins , & il en réfulte feulement
qu’à cet égard on parle d’une façon 6c que
l’on écrit de l’autre. Voye^ An.
En France on a commencé l’année à Pâques juf-
qu’en 1564: de forte que la même année avoit ou
pouvoit avoir deux fois le mois de Mars , 6c on di-
foit Mars devant Pâques 6c Mars après Pâques. Lorf-
que Pâques arrivoit dans le mois de Mars , le com?
mencement du mois de Mars étoit d’une année & la
fin d’une autre.
C ’eft Romulus qui divifa l’année en dix mois, &
donna le premier rang à celui-ci , qu’il nomma du
nom de Mars fon pere. Ovide dit néanmoins que les
peuples d’Italie avoient déjà ce mois avant Romu-*
lus , & qu’ils le plaçoient fort différemment : les
uns en faifoient le troifieme, d’autres le quatrième,
d’autres le cinquième,& d’autres le fixieme ou mêitté
le dixième de l’année. C ’étoit ence mois que l’on fa-
crifioit à Anna-Perenna,qu’on commençoit les comices
, que l’on faifoit l’adjudication des baux 6c
des fermes publiques ; que les femmes fervoient à
table les efclaves & les valets, comme les hommes
le faifoient aux faturnales ; que les veftales renouvelaient
le feu facré. Le mois de Mars étoit fous la
proteôion de Minerve , 6c il a toujours eu 31 jours.
Le mois de Mars pafloit pour être malheureux pour
les mariages, aufli-bien que le mois de Mai. Numa
changea l’ordre inftitué par Romulus, & fit commencer
l’année au premier Janvier : l’année fe trouva
ainfi de douze mois , dont Janvier 6c Février étoient
les premiets. C’eft dans le mois de Mars vers la fin,
que le printems commence, le foleil entrant au figne
du bélier. Chambers. -
Mars, (Mythol.) le dieu des batailles étoit, félon
Héfiode,fils de Jupiter 6c de Junon. Bellone fa foeur
conduifoit fon char ; la Terreur 6c la Crainte, <t>o£oç
6c àuvoç y que la Fable fait fes deux fils, i’accompa-
gnoient.
Tout le monde connoît d’après Homere, les principales
avantures de Mars ; i ° . fon jugement au
confeildes douze dieux pour la mort d’Ailyrotius fils
de Neptune : Mars le défendit fi bien qu’il fut ab-
fous ; 20. la mort de fon fils Afcalaphus, tué au fiege
de Troie , qu’il courut venger lui-même ; mais Minerve
le ramena du champ de bataille , 6c le fit af-
feoir malgré fa fureur. 30. Sa bleffure par Diomede,
dont la même déeffe conduifoit la pique : Mars en
la retirant jetta un cri épouventable , tel que celui
d’une armée entière qui marche pour charger l’ennemi.
Le médecin de l’Olympe mit fur fa bleffure un
baume qui le guérit fans peine, car dans un dieu il
n’y a rien de mortel. 40. Enfin les amours de Mars
6c de Vénus font chantés dans l’Odyffée ; les captifs
mis en liberté par Vuleain lui-même qu’on def-
honoroit, s’envolèrent, l’un dans la Thrace 6c l’autre
à Paphos. C ’eft aii fujet de cette avanture que
Lucrèce adreffe ces beaux vers à Vénus.
Hune tu y diva, tuo recubantem corpore fanclo ,
Circumfufa fuper, fuaveis ex ore loquelas
Funde.
« Dans ces momens heureux, que livrée à fes em-
« braffemens vous lé tenez entre vos bras facrés ,
» employez ; belle déeffe , pour adoucir fon carac-
» tere , quelques-unes de ces douces paroles dont le
» charme eft fi ravifl’ant ».
Je laiffe à l’abbé Bannier l’application de toutes
ces fixions fabuleufes ; j’aime mieux m’occuper des
faits.
Les anciens monumens repréfentent Mars fous la
figure d’un grand homme armé d’un cafque , d’une
pique , 6c d’un bouclier, tantôt nud , tantôt avec
l’habit militaire , même avec un manteau fur les
épaules, quelquefois barbu, mais affez fou vent fans
barbe. Mars vainqueur paroît portant un trophée, 6c
Mars gradivus dans l’attitude, d’un homme qui marche
à grands pas.
Il me femble que le culte de Mars n’a pas été fort
Répandu chez les Grées ; car Paufanias qui fait mention
de tous les temples des dieux 6c de toutes les
ftatues qu’ils avoient dans la Grece, ne parle d’aucun
temple de Mars , 6c ne nomme que deux ou
trois de fes ftatues, en particulier celle de Lacédémone
, qui étoit liée & garottée , afin que le dieu ne
les adandonnât pas dans les guerres qu’ils auroient à
foutenir. Mais fon culte triomphoit chez lesRomains,
qui regardoient ce dieu comme le pere de Romulus,
oc le protecteur de leur empire. Parmi les temples
qu il eut à Rome, celui qu’Augufte lui dédia après
la bataille de Philippes, fous le nom de Mars vengeur,
pafloit pour le plus célébré. Vitruve réihàrqüe que
les temples de Mars étoient de l’ordre dorique > ôc
qu’on les plaçoit ordinairement hors des murs, afin
que le dieu fût là comme un rempart, pour délivrer
les murs des périls de la guerre. Cependant dans
la ville d’Halicarnaffe le temple de ce dieu fut érigé
au milieu de la fortereffe. Les faliens, prêtres de
Mars y formoient à Rome un collège facerdotal très-
confidérable. Voye1 Saliens.
Le gramen , le coq 6c le vautour lui étoient con-
facrés. On lui immoloit d’ordinaire le taureau le
verrat 6c le bélier.
Il y a une infeription qui prouve qu’on le mettoit
quelquefois dans la claffe des divinités infernales ; 6c
à qui ce titre eonvenoit il mieux qu’à un dieu meurtrier,
dont le plaifir étoit de repeupler fans ceffe de
nouveaux habitans le royaume de Pluton ?
Les principaux noms qu’il portoit font expliqués
dans cet ouvrage ; mais le plus ingénieux de tous ,
eft celui qu’Homere lui donne, en i’appellant Allô-
profallosy inconftant, dévoué tantôt à un parti, tantôt
à l’autre. Lycophron le nomme cruentis pajlum
preeliis ; ca r , dit - i l , le carnage eft fa nourriture* WÈm
Mars , (Littèr.) c’étoit le premier mois de l ’année
chez les Romains ; quoiqu’il eût pris fon nom du
dieu Mars, on l’a voit mis fous la proteûion de Minerve.
Les calendes de ce mois étoient remarquables par
plufieurs cérémonies. On allumoit le feu nouveau
lur l’autel de Vefta : on ô toit, dit Ovide , les vieilles
branches de laurier , 6c les vieilles couronnes tant
de la porte du roi des facrifices, que des maifons
des flamines 6c des haches des confuls, pour en fub-
ftituer de nouvelles. Le même jour on célébroit les
matronales 6c les ancilies , ou la fête des boucliers
facrés. Le 6 arrivoient les fêtes de Vefta ; le 14 les
équines : le 15, la fête d’Anna-Perenna ; le 1 7 , les
libérales, & le 19 , la grande fête de Minerve, ap-
peilée les qumquatries,qm duroient cinq jours ; enfin
le.25 on célébroit les hilaries.
On trouve ce mois perfonnifié fous la figure d’un
homme vêtu d’une peau de louve , parce que la
louve étoit eonfacrée au dieu Mars. « Il eft aifé ,
» dit Aufonne , de reconnoître ce mois par la peau
» de louve dont il eft ceint, c’eft le dieu Mars lui-
» même qui la lui a donnée; le bouc pétulant, l’hi-
» rondelle qui gazouille, le vaiffeau plein de lait 6c
» l’herbe verdoyante, nous annoncent dans ce mois
» le printems qui commence à renaître ». (D , J. )
M a r s , temple de , ( Àrchitecl. anc. ) On voit encore
aujourd’hui quelques veftiges de cet ancien
temple dans un endroit de Rome appellé la place des
prêtres, entre la rotonde & la colonne antonine. Sa
forme étoit périptere , c’eft-à-dire qu’il étoit environné
d’allées en forme de cloître. Sa maniéré étoit
picnoftile ou à colonnes preflées. Palladio a donné
le plan de tout l’édifice d’après une aîle qui de fon
tems fubfiftoit encore prefqu’entiere. ( D . J. )
Mars, Fer , ou Acier,R emedes martiaux,
( Matière medicale & Chymie pharmaceutique. ) les
remedes que la Médecine tire du fe r , font i°. le
fer en fubftance, ou la limaille de fer : 2°. fes différentes
chaux, favoir la rouille de fe r , le fafran
. appellé apéritif, 6c le fafran appellé ajlringent ; le
fafran de mars antimonié de Stahl, l’oethiops martial
de Lemery le fils, 6c la terre douce de vitriol :
30. les fels neutres martiaux, fous forme concrète,
ou fous forme liquide ; favoir, le vitriol de mars 6c
& le fel de riviere, qui eft un véritable vitriol de
mars ; le tartre martial ou calibé, le firop, l ’extrait
de mars 6c la boule* d’acier ; les teintures martiales
tirées parles acides végétaux, 6c même les teintures
ordinaires tirées par l’efprit-de-vin, qui font des dif«