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Marche, la, ( Géog.) c’eft ainfi que les François
nomment une province maritime de l’Écoffe
féptentrionale , que les Anglois appellent Mers.
Mers. (D . /.)
MA R C H E-PIÉ, f. m. ( Gramm. ) efpece d’efea-
beau qu’on place fous fes piés, pour s’élever à une
hauteur à laquelle on n’atteindroit pas de la main
fans ce fecours.
Marche-piÉ , ( Marine. ) nom général qu’on
donne à des cordages qui ont des noeuds , qui font
fous les vergues, 8c fur lefquels les matelots pofent
les piés lôrfqu’ils prennent les ris des voiles , qu’ils
les ferlent & déferlent, 8c quand ils veulent mettre
ou ôter le boute-dehors.
Marcht-pié : on appelle ainfi fur le bord des rivières
un efpace d’environ trois toifes de large
qu’on laide libre , afin que les bateaux puiffent remonter
facilement.
Ma.rche-p iÉ, meuble fervant dans Us manu fa-
ctures en foie à changer les femples 8c à faire les
gances.
MARCHENA , ( Géog. ) ancienne ville d’Ëfpa-
gne dans l ’Andaloulie , avec titre de duché ; elle eft
fituée au milieu d’une plaine, dans un terroir fertile,
à 9 lieues S. de Séville. Quelques auteurs la prennent
pour l’ancienne Artégua ; mais les ruines d’Ar-
fégua en font bien éloignées ; d’autres écrivains
conje&urent avec vraiffemblànce, que Lucius Mar-
éitts, qui fuccéda à Cn. Scipiondans le commandement
dé l’armée romaine, en eft le fondateur, &
que c’eft la colonia marcia des Romains, parce qu’on
y a déterré des infcriptions ' fous ce nom. Long. //.
4S. Lat. 37. 25. ( D . J. )
MARCHER LE , ( Phyfiolog. ) le marcher ou l’a-
flion de marcher, eft celle par laquelle on pafle d’un
lieu à un autre, au moyen du mouvement que l’on
peut donner aux parties du corps deftinées à cet
ufage.
Pour expliquer comment cette aélion s’exécute,
fùppofons un homme qui fe tienne debout fur le
point { ; faut-il qu’il marche * un pié refte immobile,
8c eft fortement foutenu par les mufcles ; de forte
que le corps eft tenu par le feul point [ ; l’autre pié
s’élève, la cuiffe confidérablement pliée ; de façon
que le pié devient plus court, 8c le tibia auflî le devient
un peu. Maintenant lorfque le genou eft perpendiculaire
fur ce point où nous voulons fixer no-?
tre pié mobile , nous lailïons aller le même pié fur
la terre où il s’affermit, tout le pié étant étendu, 8c
le fémur incliné en-devant : alors il faut marcher de
l’autre pié qui étoit immobile. Lors donc que nous
jettons ce pié devant l’autre, qui lui-même eft plié
par le mouvement en-avant dù fémur , 8c la plante
tellement élevée par le tendon d’Achille , qu’on ne
touche d’abord la terre qu’avec la pointe , 8c qu’on
hé la touche plus enfuite de la pointe même* nous
fléehiffons en même tems tout le corps en-devant,
tant par le relâchement dés extenfeurs de l’épine du
cou 8c dé la tête, qnè par les mufcles iliaques,
pfoas, lefr'droits-, 8c les Obliques du bas-ventre;
mais alors la ligne de gravité étant avancée hors de
la plante du pie, il nousfaudroit éneore nécefiaire-
theiit tomber, fi nous ne Iaiflions aller à terre le
pié qui étoit fixe auparavant,. 8c qui eft préfehte-
rirent mobile, par lé relâchement des extenfeurs, 8c
l’aftion dés fléchiffeurs- ; fi nous ne hous y accrochions
ainfi en quelque maniéré ; fi nous ne lui donnions
un état ftable ; 8c fi enfin étant afîùjettis, nous
ne lui donnions le centre de gravité du dorps ; mais
tout cela s’apprend par l’habitude, 8C à force de
chûtes.
Quand on marche, lès pas font plus longs en montant
, 8c plus courts en defcendant ; voici là râifon
que M. de Mairan en apporte.
M A R
Un homme qui fait un pas, a toujours une jambe
qui avance, 8c que nous appellerons antérieure, 8i
une jambe poflérieure qui demeure en-arriere. La
jambe poftérieure porte tout le poids du corps, tandis
que l’autre eft en l’air. L’une eft toujours pliée
au ja ret, & l’autre eft tendue 8c droite. Lorfqu’on
marche fur un plan horifontal, la jambe poftérieure
eft tendue & l’antérieure pliée ; de même lorfqu’on
monte fur un plan incliné, l’antérieure feulement
eft beaucoup plus pliée que pour le plan horifontal.
Quand on defeend , c’eft au contraire la jambe poftérieure
qui eft pliée : or comme elle porte tout le
poids du corps, elle a plus de facilité à le porter
dans le cas de la montée où elle eft tendue, que dans
le cas de la defcente où elle eft pliée, 8e d’autant
plus affoiblie, que le pli ou la flexion du jarret eft
plus grande. Quand la jambe poftérieure a plus de
facilité à porter le poids du corps, on n’eft pas fi
preffé de le transporter fur l’autre jambe , c’eft-à-
dire de faire un fécond pas 8c d’avancer ; par conj
féquent on a le loifir 8c la liberté de faire ce premier
pas plus grarid, ou ce qui eft le même, de
porter plus loin la jambe antérieure. Ce fera le contraire
quand la jambe poftérieure aura moins de facilité
à porter le poids du corps ; 8c par l’incommodité
que caillera naturellement cette fituation , on
fe hâtera d’en changer 8c d’avancer. On fait donc
en montant des pas plus grands & en moindre nombre
, 8c en defcendant, on les fait plus courts, plus
précipités, 8c en plus grand nombre.
Il y a des perfonnes qui marchent les genoux ert-
dedans 8c les piés en-dehors. Ce défaut de conformation
vient de ce que lés cavités fupérieures fi-
tuées extérieurement dans le tibia ou dehors, fe
trouvent un travers de doigt tantôt plus bas, tantôt
moins, que les cavités qui font placées intérieurement
»
La luxation des vertebres empêche le mouvement
progreflif : en effet, il eft alors difficile, quelquefois
même impoflible au malade de marcher, tant
parce que l’épine n’étant plus droite , la ligne de direction
du poids du corps fe trouve changée, 8c ne
pafle plus par l’endroit du pié qui appuie à terre;
que parce que fi le malade pour marcher, effaye de
I’ÿ faire pafler comme font les boflùs, tous IeSmou-
vemens qu’il fe donne à ce deflein, font autant de
fecoufles qui ébranlent 8c preflent la moële de l’épine
; ce qui caufe de violentes douleurs que le malade
évite, en ceflant cette fâcheufe épreuve. Ce
qui fait encore ici la difficulté de marcher, c’eft que
la compreflion de la moelle interrompt le cours des
efprits animaux dans les mufcles de là progreflion.
Ces mufcles ne font quelquefois qu’ affoiblis ; mais
fouvent ils perdent entièrement leur reflc>rt dans les
vingt-quatre heures , 8c même plutôt , félon le degré
de compreflion que fouffre lamoëlë 8c les nerfs.
Pour ce qui regarde le mouvement progreflif des
bêtes, je me contenterai de remarquer ici que les
animaux terreftres ont pour marcher des piés , dont
la ftruChirë eft très-compofée ; les ongles y fervènt
pour affermir les piés, & empêcher qu’ils ne gliffent.
Les élans qui les ont fort durs, courent, aifément fur
la glace fans gliffer ; la toftuè qui marche avec peine
, emploie tous fes ongles les. uns après lés autrei
pour pouvoir avancer ; elle tourne fes piés de telle
for teq u an d elle lés pofe fur terre, qu'elle appuie
premièrement fur le premier ortgle qui eft en-dehors,
enfuite fur le fécond, & puis fur le trqifiemç, 8c
toujours dans le même ordre jufqu’au cinquième ;
ce qu’elle fait ainfi ,l parcè'qu’une patte, quand elfe
eft avancée etr-devànf, ne peut appuyer fortement
que fur l’ongle qui eft. en-arnere,; de même que
quand elle eft pouffée en-arriere, elle n’appuie bien
que fiir l’ongle qui eft le plus éft-devant.
M A R
Les animaux 'qui marchent fur deux pies, & qui
ne font point oifeaux , ont 1e talon court, 8c proche
des doigts du pié ; en forte qu’ils pofent à-la-
fois fur les doigts 8c fur le talon, ce que ceux qui
Vont fur quatre piés ne font pas, leur talon étant
fort éloigné du refte du pié. (D . /. )
Marcher en colonne renversée , ( A n
'milit. ) c’eft marcher la droite de l’armée faifant la
gauche, ou la gauche la droite. Voye^ Marches.
Marcher , ( Art milit-. ) marcher par manches,
demi-manches, quart de manches, ou quart de rang
de manches. Voyt\ Divisions & Evolutions.
Marcher j ( Marine. ) voye^ ORDRE DE MARCHE.
Marcher dans les eaux d’un autre vaifleau,
c ’eft faire la même route que ce vaifleau en le fui-
vant de près, 8c en paflant dans les mêmes endroits
qu’il pafle.
Marcher en colonne , c’éft faire filer les vaifleaux
fur une même ligne les uns derrière les autres : ce
qui ne peut avoir lieu que quand on a le vent en
poupe ou le vent largue.
Marcher l*é±offe d’un chapeau, terme de
Chapellerie, qui fignifie manier avec les mains à froid
l'ur la claie, ou à chaud fur le baflin, le poil ou la
laine dont on a drefle les quatre capades d’un chapeau
avec l’arçon ou le tamis.
Pour faire cette opération à froid, il faut enfermer
chaque capade dans la feutriere l’une après
l’autre ; 8c pour la faire à chaud, on les y enferme
toutes les quatre enfemble , les unes par-deflùs , les
antres ave'c des lambeaux entre chaque capade ; il
faut outre cela, pour la façon à chaud, jetter de tems
en tems de l’eau furie baflin 8c fur la feutriere avec
un goupillon. C ’eft à force de m a r ch e r l 'é t o f f e , qu’elle
fe feutre. V o y e ç Chapeau.
Marcher , en terme de Potier de terre ; c’eft fouler
la terre avec les piés quand elle a trempé pendant
quelques jours dans de l’eau»
Marcher , parmi les ouvriers qui ourdijfent au
métier ; c’eft preflèr les marches du pié, afin de faire
mouvoir convenablement les lifles. Aqycç l'article
Lisse.
MARCHES V AN , ( Calehd. des Hébreux. ) mois
des Hébreux ; c’étoit le huitième mois de leur année
; il répondoii en partie à notre möisd’OÖobre,
& en partie à notre mois de Novembre. Voye^ Mois
des Hébreux. (Z>. / .)
M ARCHET, f. m. oaMARCHETA, ( Hiß. d'Anglet.
) droit en argent que le tenant payoit autrefois
au feigneur pour le mariage d’une de lès filles.
Cet ufage fe pratiquôit avec peu dé différence
dans toute l’Angleterre, l ’Ecoïïe, & fe pays de Galles.
Suivant la coutume de la terré dé Dinover dans
la province de Caermarthen, chaque tenant qui
marie fa fille, paye dix fchéiins au feigneur. Cette
redevance s’appelle dans l’ancien breton, gwaber
marched , c ’eft-à-dire prefent delà fille.
Un tems a éié qu’en Etoffe, dans les parties fep-
tentrionales. d’Angleterre, 8c dans d’autres pays de
TEuropè, le feigneur du.fief avoit droit à l’habita-
tioh de la1 première nuit avec les époufées de fes te-
nans» Mais ce droit fi.contraire à la juftice 8c aux
bonnes moeurs, ayant été abrogé par Malcom III.
aux inftances de la reine fön époufe , on lui fubfti-
tua une redevance en argent, qui fut nommée le
marcher de la mariée.
Ce fruit odieux de la débauche tyrannique a été
depuis long-temS aboli par toute l’Europe ; mais il
peut rappeller au le&eur ce que Laétance dit de l’in-
fame Maximien, ut ipfe in omnibus nuptïis prcegu•
fiator effet.
Pkmeurs favans anglois prétendent que l’origine
du borough-english , c’eft-à-dire du privilège des cadets
dans les terres, qui a lieu dans fe Kentshire *
Tome X %
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vient de l’ancien droit du feigneur dont nous venons
de parler ; les renans préfumant que leur fils aîné
étoit celui du feigneur, ils donnèrent leurs terres
au fils cadet qu’fis fuppofoient être leur propre enfant.
Cet ufage par la fuite des tems , eft devenu
coutume dans quelques lieux. ( D . J. )
MARCHETTES, f. f. (Soierie.) petites marches
qui font lentement baiffer les lifles de 'liage.
Marchette, fCkaffeff c’eft un morceau de
bois qui lient une machine en état, 8c fur lequel un
oifeau mettant le pié fe prend dans la machine en
faifant tomber cette marchette.
Ma RCHIENNES au Pont, ( Géog. ) bourg des
Pays-bas, dans l’évêché de Liège, aux deux côtés
de la Sambre, à huit lieues S. O. de Namur, une O.
de Charleroi. Il ne faut pas confondre ce bourg,
comme ont fait les auteurs du Di&ionnaire de la
France , avec Marchiennes abbaye de Flandres, fur
la Scarpe, entre Douai 8c Orchies. Long. 22. lat.
So. 23.
MARCHOMEDES les, ou MARDOMEDES, en
latin Marchomedi, ou Mardonndi, ( Géog. anc. ) c’eft
le nom d’un des peuples qui'furent vaincus par l’empereur
Trajan, 8c qui étôient quelque part dans
l’Aflyrie : leur nom fe lit diverfement dans Eutro-
pe , l. VIÏÏ. c. ij. ( D . J . )
MARCIAGE, f. m. ( Jurifp'rud. ) eft un droit fei-
gneurial qui a lieu dans lés coutumes locales de
Bourbonnais ; il confifte en ce qu’il eft dû au feigneur
un droit de mutation pour les héritages roturiers
, tant par la mort naturelle du précédent feigneur
, que par celle du tenancier ou propriétaire.
Dans la châtellenie de Verneuil, le marcidgé con-
fifte à prendre de trois années la dépouille de l’une
quand ce font des fruits naturels , comme quand ce
font des faülés ou prés ; 8c en ce cas, le tenancier
eft quitté du cens de cette année. Mais fi ce font des
fruits induftriaux, comme terres labourables ou vignes
, le feigneur ne prend que la moitié de la dépouille
pour fon droit de marciage, 8c le tenancier
ne paye que la moitié du cens de cette année.
Dans ceite même châtellenie, les héritages qui
font tenus à cens payable à jour nommé, 8cportant
fept fols tournois d’amande à défaut de payement,
né font point füjets au droit de marciage.
En la châtellenie de Bill y , le marciage ne confiftè
qu’à doubler le cens dû pour l’année où la mutation
arrive.
En mutation par vente il n’y a point de marciage ,
parce qu’il eft dû lbds 8c ventes.
Il n’éft point dû non plus de marciage pour les héritages
qui font chargés de taille 8t de cens tout enfemble,
à-moins qu’il n’y ait titre , convention au
contraire.
L’Eglife ne prend jamais de marciage par la mort
du feigneur bénéficier , parce que l’Eglile ne meurt
point ; elle prend feulement marciage pour là mort
du tëhâncier dans lès endroits où on a coutume de
•le lever. .
La coutume porte qu’il n’eft dû aucun marciage au
duc de Bourbonnois', fi ce n’eft dans lés terres fujet-«
tes à ce droit, qui feroiënt par lui acquifes, ou qui
lui adviendroiént de nouveau de fes vaflaux 8c lu-
jets ; il pàroît à la vérité, que ceux ci conteftôiént
le droit ; mais la coutume dit que monfeigneur le duc
en jouira, ainfi que de raifon. Voye£ Auroux dés
Pommiers, fur la coutume de Bourbonnôis, à l ’endroit
des coutumes locales, 8c legloff. deM. de Lauriere,
au mot marciage. ( A )
MARCIANOPOLIS, ( Géog. anc. ) ville de la.
Moéfie dans lès terres; ion nom lui avoit été donné
en l’honneur de Marciana, foeur de l’empereur Trajan.
Aufli toutes les médailles anciennes qui parlent
de cette ville, la nomment Metpiciaycno^/ç : il nè faut
M