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lAaçoit toutes les îles fortunées fur une même ligne
du nord au fud, qu’il prenoit auffi pour le premier
méridien, 8c il leur donnoit par conféquent à toutes
la même longitude. De-là une infinité d erreurs 8c
d’équivoques dans nos premiers navigateurs ; £lu-
fieurs d’entre eux ayant pris indiftinâement une de
ces îles pour le point fixe d’où l’on devoit compter
les longitudes, de tous les autres lieux de la terre.
M. le Monnier, dans les mém. de l ’acad. de t y ^ »
place l’île de Fer 'à 20 degrés deux minutes 30 fécondés,
à l’occident de Paris. Injlit. afiron.
Sans, faire attention à toutes ces regies purement
arbitraires fur la pofition du premier méridien, les
Géographes 8c conftruûeurs de carte prennent affez
fouvent pour premier méridien, celui de leur propre
ville., ou de la capitale de l’état où ils vivent ; 8c
c’eft de là qu’ils comptentles degrés de longitude des
lieux.
Les Aftronomes choififfent dans leur calcul pour
premier méridien, celui du lieu où ils font leurs obfervations.
Ptolomée avoit pris celui d Alexandrie ;
Tycho Brahé, celui d’Uranibourg ; Riccioli celui
de Boulogne ; Flamfteed prend l’obfervatoire royal
de Greenwich ; & les Aftronomes françois l’obfer-
vatoire. royal de Paris. F ° y t { Obser vato ire.
Comme c’eft à l’horifon que toutes les étoiles fe
lèvent & fe couchent, de même c’eft au méridien
qu’elles font à leur plus grande hauteur; 8c c’eft
auffi dans le même méridien au-deffous de l’horifon,
qu’elles font dans leur plus grand abaiffement. Car
puifque le méridien eu fitué-perpendiculairement
tant à l’égard de l’équateur , qu’à l’égard de l’hori-
fon , il eft évident de-ïa qu’il doil divifer en parties
égales foit au-deflùs., foit au-deffous de l’horifon ,
les fegmens de tous les; cercles parallèles; 8c qu’ainfi
le tems qui doit s’écouler entre le lever d’une étoile
& fon paffage au méridien, eft toujours égal à celui
qui eft compris entre le paffage au méridien 8c le
coucher, Foyes^ C ulmination.
On trouve dans les Tranfaâions philofophiques
des obfervations qui porteroient à foupçonner que
\es méridiens var;e:oient à la longue. Cette opinion
fe prouve par l’ancienne méridienne de faint Pétrone
de Boulogne, qui maintenant ne décline pas
moins , dit-on, que de huit degrés du vrai méridien
de la ville , & par celle de Tycho à Uranibourg,
q u i, félon M. Picart, s’éloigne de 16 minutes du
méridien moderne. S’il y a en cela quelque chofe de
v ra i, dit M. Vallis, ce doit être une fuite des chan-
gemens des pôles tevreftres, changement qu’il faut
vraiffemblablement attribuer à quelque altération
dans le mouvement diurne , 8c non à un mouvement
des points du ciel ou des étoiles fixes^auxquel-
les répondent les pôles de la terre.
En effet, fi les pôles du mouvement diurne re-
ftoient fixes au même point de la terre, les méridiens
dont l’effence, pour ainfi dire , eft de paffer
par les pôles, refteroient toujours les mêmes.
Mais cette idée que les méridiens puiffent changer
de pofition , femble détruite par les obfervations
de M. de Chazelles, de l’académie des Sciences, qui
étant en Egypte, a trouvé que les quatre côtés d’une
pyramide conftruite 3000 ans auparavant, regar-
doient encore exa&ement les quatre points cardi-
naux ; pofition qu’on ne fauroit prendre pour un effet
du hafard. Il,eft bien plus naturel de penfer, ou qu’il
y a eu quelque erreur dans les opérations de Tycho,
& dans la méridienne de Boulogne,, ou ce qui eft
encore plus vraiffemblable, que le,fol des endroits
où Ces méridiennes ont été tracées, fur-tout celle
de Boulogne, peut avoir fouffert quelque altération.
Voy e{ Pôle.
Méridien du globe ou de la fphere , c’eft le cercle
de cuivre dans lequel la fphere tourne & eft lui-
M E R
pendu ; il eft divifé en quatre quarts ou 360 degrés
en commençant à l’équateur. C ’eft fur ce cercle & à
commencer de l’équateur, qu’on compte dans le
globe célefte ia déclinaifon auftrale 8c boréale du
foleil &C des étoiles fixe*?, & dans les globes terreftres
la latitude des lieux nord & fud; il y a deux points fur
ce cercle qu’on nomme pôles 8c celui de fes diamètres
qui paffe par ces- deux points, eft nommé
l’axe de la terre dans le globe terreftre , ou l’axe des
deux dans le célefte ; parce que ç’eft fur ce diamètre
que la terre tourne.
On trace ordinairement 36 méridiens fur le globe
terreftre, favôir de dix en dix degrés de l’équateur
ou de longitude.
Les ufages de ce cercle appelle méridien, font d’arrêter
par fon moyen le globe à une certaine latitude,
ou à une certaine hauteur de pôle, ce qu’on appelle
rectifier le globe , voy.e^ Globe ; de faire con-,
noître la déclinaifon, l’afeenfion droite, la plus
grande hauteur du foleil ou d’une étoile. Foyeç encore
l’article GLOBE.
Méridienne , ou Ligne méridienne , c’eft une
partie de la commune ieétion du plan du méridien
d’un lieu & de l’horifon de ce lieu. On l’appelle
quelquefois ligne du nord & fu d , parce que Ta direction
eft d’un pôle à l’autre. Foye^ Méridien.
On appelle auffi en général méridienne, la commune
feétion du méridien 8c d’un plan quelconque ,
horifontal, vertical, ou incliné. Foye^plus bas Mé ridienne
d’un cadran.
La ligne méridienne eft d’un grand ufage en Aftro-
nomie, en Géographie, en Gnomonique ; toutes
ces,fciences fuppofent qu’on fâche la tracer exactement
; ce qui a fait que différens aftronomes fe font
donnés les plus grands foins 8c la plus grande peine
pour en décrire avec la derniere précifion. Une des
plus fameufes autrefois étoit celle qu’avoit tracé M .
Caffiny fur le pavé de l’églife de fainte Pétrone à
Boulogne. Au toît de l’églile, 1000 pouces au-deffus.
du pavé, eft un petit trou à-travers lequel paffe l’image
du foleil; de façon que dans le moment où
cet aftre eft au méridien , elle tombe toujours infailliblement
fur la ligne, & elle y marque le progrès
du foleil en différens tems de l’année par les différens
points où elle correfpond en ces différens tems.
Quand cette méridienne fut finie, M. Caffiny apprit
aux Mathématiciens de l’Europe par un écrit
public, qu’il s’étoit établi dans un temple un nouvel
oracle d’Apollon ou du foleil, que l’on pouvoit con-
fulter avec confiance fur toutes les difficultés d’A-
ftronomie. On peut en voir l’hiftoire plus en détail
dans l’éloge de cet aftronome par M. de Fontenelie,
Hijt. acad. iyi2. Foye{ SOLSTICE & GNOMON.
A Paris les plus célébrés méridiennes de cette ef-
pece font celles de l’Obfervatoire de Paris, & de S*
Sulpice. Dans toutes ces méridiennes, qu’on peut regarder
comme des efpeces d’inftrumens, les plus
grands dont les Aftronomes fe foient fervis, le gnomon
proprement d it , eft une couverture, d’environ
un pouce de diamètre, pratiquée à la voûte", ou en
quelque endroit de ces édifices, par oùpaffentles
rayons du foleil, dont l’image vient fe projetter fur
le plan horifontal de la méridienne : chez les anciens
ce qu’on appelloit des gnomons , confiftoit ordinairement
en de grands obélifques élevés en plein a i r ,
8c dans.quelque grande place , au fommet defquels
étoit un globe , ou une-figure quelconque , qui fai-
ioit l’office de cette ouverture, 8c dont l’ombre te-
noit lieu de l’image, folaire , en cela inférieurs à
nos.,méridiennes, puifque cette ombre ainfi environnée
de la lumière, du foleil ne pouvoit qu’être fort
mal terminée, & d’autant plus mal ,que le gnomon
étoit plus grand, & le foleil plus bas , comme il arrive
au tems du folftice d’hyver. Foye{ Gnomon. .
M Ë R
M. Ie Monnier nous a donné dans les Mém. deta-
cadenüe des Sciences de iy 4 j , la defeription de la méridienne
qu’il a tracée dans l’églife de S. Sulpice, def-
cription que nous allons tranicrire ici d après I’hifto-
rien.de l ’académie. Cette méridienne avoit été tracée
il y avoit environ vingt ans par Henri S u lly ,
fameux horloger anglois. L’ouverture en fut placée
aux vitraux du bras méridional de la croifée à 75
pies de hauteur. Le mur,oppofé du bras feptentrio-
nal n’en étoit intérieurement qu’à 180 pies ; d’où il
fuit que l’image du foleil, qui paffoit par cette ouverture
, ne pouvoit porter fur la ligne méridienne ,
tracée horifontalement fur le pavé de l’églife que juf-
qu’au commencement de Novembre. Car on fait
que le point de folftice d’hyver fur une pareille ligne
à la latitude de Paris , s’éloigne du pié du ftile
ou du gnomon de plus du triple de fa hauteur ; ce
qui donne plus de 225 ou 230 piés Le foleil fe pei-
gnoit donc alors fur le mur oppofé ; 8c la méridienne
continuée devenoit une ligne verticale.
M. le Monnier ayant pris garde à cette efpece
d’inconvénient, n’en a été frappé que pour le tourner
au profit de l’aftronomie. 11 a fait hauffer de 5
piés & reculer de 2 la grande plaque de métal, ce
loleil doré qui en portoit l’ouverture, ou plutôt il y
en a fubftitué une autre , qui eft fcellée dans l’cpan-
feur du mur, & qui n’en déborde que pour préfenter
aux rayons du foleil l’ouverture d’un pouce de diamètre
, ce qui la rend d’autant moins fujette à fe dilater
par le chaud, 8c à fe refferrer par le froid , 8c
l’on a entièrement, fupprimé le jour de la fenêtre.
Cette ouverture eft donc préfentement à 80 piés de
hauteur au-deffus du pavé de l’églife. A la partie inférieure
du mur feptentrional, où répond déformais
la portion verticale de la nouvelle méridienne, qui
fe trouve à 18 pouces vers l’occident de la précédente
: on a encaftré en faillie un obélifque de marbre
blanc de 30 à 3 5 piés de hauteur, fur une bafe
ou piéd’eftal de 4 à 5 piés de largeur ; 8c à la face
anterieure 8c exactement verticale de cet obélifque,
fur la méridienne qui la coupe par le milieu, font gravées
les tranfverfales de 3 minutes , & leurs fubdi-
vifions de 5 en 5 fécondés, qui répondent aux bords
fupérieurs 8c inférieurs du foleil au iolftice d’hyver.
Voici les avantages qui réfultent de toute cette confi
tru&ion.
L’image du foleil qui fe peint fur un plan horifontal
vers le tems du folftice d’hyver, étant defalon-
gée fur le grand axe de la p rojeâion, fe trouve parla
mal bornée fur cet axe, donne une grande pénomb
re , 8c ne peut par conféquent qu’indiquer allez
imparfaitement la hauteur apparente du foleil. Ici
au contraire l’image du foleil eft prefque ronde à ce
folftice, 8c fa projection qui eft d’environ 20 pouces
de diamètre en hauteur, approche d’autant plus d’être
direft, qu’elle eût été plus oblique fur le plan
horifontal ; elle eft auffi d’autant moins afioiblie par
fes bords.
Cette image au folftice d’hyver parcourt deux
lignes par fécondé fur l’obélifque où elle monte à
environ 25 piés au-deffus du pavé de l’églife , & un
peu plus de 3 lignes , lorfque le foleil étant au parallèle
de Sirius , elle eft defeendue plus bas. Ainfi
l’on y peut ordinairement déterminer le moment du
midi, en prenant le milieu entre le paffage des deux
bords, à moins d’une demi-feconde, ou même d’un
quart de fécondé.
On doit fur-tout fe fervir de ce grand infiniment
pour déterminer les afeenfions droites du foleilen hy-
v e r , 8c le véritable lieu de cet aftre dans fon périgée
, o u , ce qui revient au même, dans le périhélie
de la terre, les divers diamètres dans les différentes
faifons de l’année , les diftances apparentes
du topique, ou du folftice d’hyver à l’équateur, 8c
Tome X .
ME R 385
enfin s’affurëf fi l’obliquité de Pécliptiqtiô eft confiante
ou variable.
Dans la partie horifontale de la méridienne qui eft la
plus étendue, fe trouve marqué le folftice d’été avec
les. divifions qui en indiquent l'approche* Toute
cette partie de la ligné > ainfi que la verticale fur l’o-
bélifque, eft indiquée par une lame de cuivre de 2
lignes d’épaiffeur, niife & enfoncée de champ dans
le marbre.
Un inconvénient commun à toutes les méridiennes
eft que, par le peu de diftanee du point fblftieial
d’été au pie du ftile, en comparaifon de l'éloignement
du point fplfticial d’hyver , les divifions y font
extrêmement refferrées, 8c qu’il eft d’autant plus
difficile parTà d’y déterminer le tems 8c le point précis
où le foleil y arrive. La méridienne de S. Sulpice
n’eft pas exempte de ce défaut, quant à la partie qui
répond au folftice d’été 8c à fon gnomon de 80 piés
de hauteur : il y a plus ; l’entablement de la corniche
inférieure empêche le foleil d’y arriver, 8c en intercepte
les raybris pendant plufieurs jours avant 8c
après. Mais M. lé Monnier a parfaitement remédié à
tous cès defauts, 8c en a même tiré avantage par
une fécondé ouverture, qu’il a ménagée 5 piés plus
bas gue la première , 8c en-deçà vers le dedans de
l’églifé, dans lé même plan du méridien, 8c il y a
ajufté & fcéllé un verre obje&if de 80 piés de foyer,
au moyen duquel l’image folaire projettée fur la partie
côrrefpondante de la méridienne, eft exaflement
terminée 8c fans pénombre fenfible. Cette partie eft
diftinguée des autres par une grande table quarrée
de marbre blanc de près de 3 piés de côté. L’image
du foleil n’y parcourt qu’environ 1 j ligne & 2 lè-
condes ; mais auffi on l’y détermine par fes bords à
un demi ou à un quart de fécondé près. Ce qui produit
le même effet ou approchant qüe fi l’image bien
terminée y parcouroit 3 ou 4 lignes en une fécondé
, ©u fi le point du folftice d’été étoit à la même
diftanee que celui du folftice d’hyver ; ou enfin fi
l’on obfervoit avec un quart de cercle à lunette de
80 piés de rayon ; avantage qu’aucune méridienne
que l’on connôiffe n’a eu jufqu’ici. L’objeâif qui
conftitue cette nouvelle ouverture, 8c qui eft d’environ
4 pouces de diamètre, eft renfermé dans une
boîte ou efpece de tambour qui ferme à clef, 8c que
l’on n’ouvre que quand il s’agit de faire l ’obfervation
du folftice.
Comme il eft fouvent difficile de trouver de
grands objeôifs d’une mefure précife, 8c telle qu’on
la demande, on s’eft fervi de celui de 80 piés qu’on
avoit, 8g. qui étoit excellent, faute d’un de 82 à 83
piés qu’il auroit fa-llü employer pour un gnomon de
75 piés de hauteur : car c’eft-là la diftanee du poirit
îblfticial d’été fur l’horifontale à l’obje&if : mais le
foyer de ces grands'objeâifs n’eft pas compris dans
des limites fi étroites, qu’ils ne raffemblent encore
fort bien les rayons de la lumière à quelques piés de
diftanee, plus ou moins, & l’effai qu’on a fait de celui
ci juftifie cette théorie.
Ce que nous ne devons pas omettre, 8c ce qui eft
ici de la derniere importance, c’eft la folidité de tout
l’ouvrage, 8c fur-tout de cette partie de h méridienne
qui répond au folftice d’été , 8c à l’ouverture de
,75 piés de hauteur. Rien n’eft fi ordinaire que de
voir le pavé des grands vaiffeaux tels que les égli-
fes, s’affaiffer par iiicceffion de temps. Cet accident
a obligé plufieurs fois de retoucher à la fameufe méridienne
de S. Petrone, 8c ce ne peut être jamais
qu’avec bien de la peine, 8c avec beaucoup de rif-
ques pour l’accord & la jufteffe dutout enfemble.Mais
on n’a rien de pareil à craindre pour, la méridienne '
de S. Sulpice. Tout ce pavé fait partie d’une voûte
qui eft foutenue fur de gros piliers ; 8c l’un de ces
piliers qui fe trouve , non fans deffein , placé fous