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qui leur donne un moine des plus anciens & des plus
vertueux, pour les confeffer & leur adminiftrer les
•autres facremens. 11 dit la meffe pour elles, & réglé
les autres offices. Ces religieufes ont la tête rafée,
& portent toutes un habit de laine noire , avec un
manteau de même couleur. Elles ont les bras couverts
jufqu’au bout des doigts ; chacune a fa cellule
féparée, où il y a de quoi fe loger tant en haut qu’en
bas, & celles qui font les plus riches, ont une fer-
vante: elles nourrifTent meme quelquefois, dans la
maifon, de jeunes filles qu’elles élevent dans la piété.
Lorfqu’elles ont rempli les obligations de leur
•état, elles font des ouvrages à l’aiguille, & des ceintures
qu’elles vendent aux laïcs & même aux Turcs,
qui témoignent du refpeét pour ces religieufes. Léo
Alaius, lib. JII. de eccléf. orient.
Bingham prétend que les anciens moines ne fai-
foient point de profeffion ni de voeux. Cependant
ce qu’on lit dans faint Bafile, Epijl. Can. c. xix. pa-
roît dire&ement contraire à la première de ces prétentions
: Virorum proférions s , dit ce pere, non no-
yimus .proeter quam Jî qui fe ipfos monachorum ordini
addixerint ; qui tacite videntur celibatum admittere. Sed
in illis quoque illud exifiimo procedere oportere, ut ipji
inttrrogentur & evidens eorum accipiaturprofeffio. Ce S.
doûeur, qui avoit tracé des réglés aux moines qu’il
ïnftitua, jugeoit donc que la profeffion tacite ne fuffi-
foit pas ; mais qu’il en falloir une expreffe, publique
&. folemnelle : & il y a tout lieu de croire que
les moines d’Egypte, chez qui il avoit puifé ces réglés
les pratiquoient. Pour répondre à fa fécondé
qbjettion, il eft bon de diftinguer les tems & les
faits. S. Athanafe écrivant au moine Dracone, lui dit
qu’il y a eu des moines mariés, & qui ont eu des en-
fans , & d’autres moines qui n’ont poin.t eu de pofté-
rité : Monachi autem reperiuntur qui filios fufcepêre. . . .
Monachos autem nullam pojleritatem habuiffe cernimus.
Car outre qu’on peut très-bien entendre ce paffage
de moines dont les uns ont eu des enfans avant que
d’entrer dans le monaftere, & dont les autres n’en
ont jamais eu , parce qu’ils y font entrés fi jeunes
qu’ils n’ont pu fe marier, ni vivre dans le fiecle, ce
qui n’exclut ,'ni dans les uns ni dans les autres, le
voeu de continence: Marc-Antoine de Dominis, &
Bingham lui-même, reconnoiffent que ces fortes de
moines qui avoient eu des enfans, étoient des moines
féculiers, c’eft-à-dire, des chrétiens qui n’avoient
pas renoncé au monde, comme les moines difçiples
de faint Antoine ou de faint Pacôme : c’étoient des
chrétiens fervens qui vivoient dans le fiecle avec
leurs femmes ; Sc qui pratiquoient toutefois la vie
afcétique, c’eft-à-dire l’exercice des vertus chrétien-
•nes dans leur état. Or qu’eft-ce que tout cela a de
commun avec les moines proprement dits? Conclu-
Toit-on que ceux-ci ne renonçoient pas à leurs biens
& à leurs poffeffions, parce que ces moines feculiers
confervoient leurs biens. Il feroitdonc auffi abfurde
de conclure de C£ que ceux-ci ne renonçoient pas au
mariage, que les premiers n’y renonçoient pas non
plus. Mais, ajouté Bingham, les mariages contrac- ^
tés par les moines après leur entrée en religion,
n’ont jamais été déclarés nuis & invalides par la
primitive Eglife. Il n’apporte aucun fait en preuve,
mais il nous fournit lui-même une réponfe viélo-
xieufe : que le concile de Chalcédoine, tenu en 451 ,
avoit ftatué , canon xvj, .Virginsm quos fs Domino
Deo dedicavit, Jîmiliter & monachos non licere matri-
monio conjungi. Il déclare donc déjà ces mariages
illicites ; mais depuis l’autorité temporelle, réunie
à la puiffance fpirituelle., les a déclarés nuis : lui en
çonteftera-t-on le droit ? Et ces mariages étoient-ils
légitimes en Angleterre avant le fchifme ?
Le même auteur déclame auffi fort vivement contre
l’habülement des différens ordres de moines. On
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peut voir ce que nous avons dit fur cette matière 5
fous le mot Habit s , où l’on trouvera des raifons
capables de fajisfaire tout efprit non prévenu.
Moine des Indes , voyez Rh in océros.
Moines blancs , eft un nom commun à plusieurs
ordres religieux, & qu’on leur donne, parce
qu ils font habillés de blanc. Tels font les chanoines
réguliers de faint Auguftin , les prémontrés, les
feuillans, &c.
Moines noirs, eft auffi un nom commun donné à
plufieurs autres ordres religieux, dont les membres
portent des habits noirs, tels que les Bénédiains, &c,
? Mo in e , terme d’imprimerie, fe dit de l’endroit
d une feuille imprimée, qui n’ayant point été touche
avec la balle, par l’ouvrier de la prefle, vient
blanc, ou pâle, tandis que le relie de la feuille eft
imprime comme il convient. Ce défaut vient, ou
de la précipitation, ou de l’inattention de l’ouvrier.
MOINEAU, Moineau fr a n c , Passereau,
Passe-Paisse , Passerat , Pier rot , Mo u ce t ,
MOISSON, paffer dôme ficus, f. m. ( Hiß. nat. Ornithologie.
) oifeau qui elt très-connu ; il pefe une once
& un huitième ; il a environ fix pouces de longueur,
depuis la pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la
queue; fon bec eft épais & long à peine d’un demi-
pouce. La femelle a le bec de couleur brune, il eft
noir dans^le m ale, excepté la racine qui a une couleur
jaunâtre près les coins de la bouche ; l’iris des
yeux eft couleur de noifette; les pattes font de couleur
de chair melee de brun, & les ongles noirs»
La tete eft de couleur brune cendrée, & le menton
noir ; il y a de chaque côté au-deffiis des yeux
deux petites taches blanches, & une bande de couleur
de chatain derrière les yeux ; les plumes qui
couvrent les oreilles font cendrées ; la gorge eft
d un blanc cendre. Il y a de chaque côté au-deffous
des oreilles une large tache blanche ; le ventre & la
poitrine font blancs ; les plumes qui féparent le cou
d avec le dos, font rouffes du côté extérieur du
tuyau, & noires du côté intérieur. Le refte du dos
ôc le croupion, font comme dans les grives , d’une
couleur verte mêlée de brun & de cendré. La femelle
n a pas de taches blanches au cou , ni au-
deflous des yeux comme le mâle ; elle en différé encore
par la couleur de la tête & du cou , qui eft la
meme que celle du croupion. En général, les couleurs
de la femelle font moins foncées que celles du
male : on compte dans chaque aîle dix-huit grandes
plumes, qui ont une couleur brune, à l’exception
des bords qui font roufsâtres. Il y a une bande blanche
qui s’étend depuis la fauffe aîle jufqu’à l’articulation
fuivante ; les petites plumes qui font au-deffus
de cette bande blanche, ont une couleur de châtain ;
& celles qui font au-deffous font noires, à l’exception
des bords extérieurs, dont la couleur eft rouffe.
Toutes les plumes de la queue font d’un brun, noirâtre
, & ont les bords roufsâtres ; la couleur des moineaux
varie ; on en voit de blancs, de jaunes , &cà
Wiilughby, Ornith. Voye{ O lS E A U .
Moineau de haie , oifeau qui eft le même que
le moineau franc ; il n’en différé qu’en ce qu’il vit
& qu’il niche dans les haies & furies arbres. Voyez
Moineau.
Moineau de JONC, paffer arundinaceus minor,
an cannevarola. Aid. oifeau qui eft de la groffeur
de {a gorge rouge, ou un peu plus petit. Il refte
dans les endroits plantés de;oncs& derofeaux; il
a un peu plus de cinq pouces de longueur depuis la
pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la queue, &
f’ept pouces quatre lignes d’envergure. Le bec pa-
roît un peu large, & il a cinq lignes de longueur depuis
la pointe jufqu’aux coins de la bouche ; la piece
inférieure eft prefque blanchâtre, & la fupérieure
noirâtre. Cet oifeau a l’iris des yeux de couleur de
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hoifette, le dedans de la bouche jaune, & la langue
Fourchue, & divifée en filamens. Les plumes de la
partie poftérieure du dos font d’un brun verdâtre ;
celles de la partie antérieure ont une teinte cendrée.
Le miliëu de la poitrine eft blanc, la gorge &
le bas-ventre ont une teinte de jaune ; les côtes du
corps font d’iin verd jaunâtre ; la plante des piés eft
de cette même couleur ; le bec & les pattes font fort
gros; la femelle reffemblè au mâle. Wiilughby,
Ornith. Voyez O lS E A U .
M o in e a u à l a s o u c ie , voyez Fr iq u e t .
M o in e a u à t ê t e r o u g e , voyezFr iq u e t .
M o in e a u a u c o l l ie r j a u n e , voyez Fr iq u e t ;
M o in e a u de m o n it a g n e , paffer rnoniahus, oifeau
qui a cinq pouces & demi de longueur depuis
la pointe du bec jufqu’à l’extrémité des ongles ; la
langue eft un peu fourchue ; les plumes du menton
font noires ; l’iris des yeux eft de couleur de noi-
fettes; il y à de chaque côté auprès de l’oreille
une tache noire qui eft entourée de blanc ; cette
couleur blanche s’étend prefque jufqu’au milieu du
icoü, & forme un collier ; la tête eft d’un brun rougeâtre
; les petites plumes extérieures du dos font
touffes, & les intérieures noires ; le croupion eft
brun où d’ün jaune cendré ; lè ventre & la poitrine
ont une couleur blanche fale ; il y a dix-huit grandes
plumes dans chaque aîle ; la pointe des petites
plumes du fécond & du troifieme rang de l’aîle eft
blanche feulement dans celles qui fuivent les huit
Ou dix premières ; la queue a deux pouces de longueur
; elle eft compofée de douze plumes, toutes à-
peu-près également longues ; le bec a un peu pliis
d’un demi-pouce de longueur; il eft jaune, a fa racine
vers les coins de la bouche ; tout le refte eft
hoir. Wiilughby ; Ornith. Voyez O is e a u .
Mo in e a u d e s Indes -, paffer indicus, macroüros
rojlro miniacio, Aid. (P/. X II. fig. 2.) oifeau qui eft
de la groffeur du moineau ordinaire ; il a le bec
court, épais, & d’un très-beau rouge; la tête eft
d’une couleur noirâtre , mêlée de verd bleuâtre ;
cette couleur s’étend fur le dos. La face fupérieure
des aîles a auffi cette même couleur ; mais elle eft
mêlée de noir, de blanc, & de jaune ; les grandes
plumes n’ont point de jaune ; elles font noires, à
l ’exception des barbes intérieures, qui ont une couleur
cendrée : la gorge, la face inférieure du cou ;
la poitrine & le ventre font blancs ; la queue eft
double, comme dans le paon m âle, parce que cet
oifeau a quatre plumes longues, étroites, & d’un fort
beau hoir, qui forment une très-longue queue ; ces
plumes ont huit pouces trois lignes de longueur, &
font foutenues par une fécondé queue beaucoup plus
courte & blanchâtre ; les pattes & les piés ont des
taches noires & blanches ; les Ongles font noirs,
très-pointus, & crochus comme dans les oifeaux de
proie. Wiilughby, Ornith. Voyez O ise a u .
M o in e a u , en terme de Fortification, eft un baftion
beaucoup plus petit que les autres , qu’on place
quelquefois au milieu des courtines, lorfque les lignes
de défenfe excédent la portée du fu fîl, & que
le côté du polygone eft trop petit pour conftruire
un baftion plat. Voyez Ba s t io n p l a t .
MOINELAY ou O B LA T, foldat eftropié que différentes
abbayes royales en France étoient obligés
de recevoir, & de lui donner une portion comme à
un autre moine. Voblat étoit obligé de balayer l’é—
glife & de fonner les cloches. Louis XIV. en fondant
les invalides y attacha les fonds dont les abbayes
royales étoient chargées à l’occafion des fol-
dats hors de fervice. Depuis la fondatipn de cet
hôtel, il n’y a plus de ntoirielay. Voye£ Hô t e l des
I n v a l id e s .
MOINGONA, ( Géog. ) grande riviere de l’A-
mérique feptentrionale, dans la Louifiane. Elle
Tôrtie X ,
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prend fa fource au midi du pays des Tintons ; &c
après un cours de près de cent lieues, elle fe dé^
charge dans ie Mifliffipi, vers les 40. 35. de lotit,
nord, à 40lieues au-deffus de l’embouchure du
Miffouri. {D . J.)
. MOINS ; terme fort en ufage en Algèbre, & que
l’on défigne par ce ligne — ; ainfi 5 — 3 s’exprime
ainfi ; cinq moins trois ; ce qui veut dire que 3 eft
retranché de 5 ; le ligne — ou moins, eft le figne dé
la fôuftraélion ; il eft oppofé à + plus, qui eft le figne
de l’addition. Voyeç Nég a t if .
MOIRE ; voye{ Moere.
MOIS, f. m. ( Aflronomie & Chronologie. ) c’eft
là douzième partie de l’année. Voye^ Année.
Comme il y a différentes efpeces d’années , il y à
auffi différentes efpeces d émois fuivant l’aftre particulier
par les révolutions duquel on les détermine ;
& les ufages particuliers auxquels on les deftine ,
comme mois folaire, mois lunaire, mois civil » mois
aftroiiomique, &c.
Mois folaire, c’eft l’efpace de tems que le foleil
emploie à parcourir un figne entier de l’écliptique;
Voye[ Soleil.
Si on a egard au vrai mouvement du foleil, les
mois folaires font inégaux, puifque le foleil eft plus
long-tems dans les lignes d’hiver que dans ceux d’été.
. Mais comme il parcourt conftamment tous les
douze lignes en 365 j. 5 h. 49 f. on aura la quantité,
du mois moyen en divifant ce nombre par-douze ;
& d’après ce principe on déterminera la quantité du
mois folaire de 30J. io h. 29 '. 5 ".
Les mois lunaires font ou fynodiques Ou périodiques.
Le mois lunaire fynodique qui s’appelle fimple-
ment mois lunaire ou lunaifon, c ’eft l’efpace de tems
compris entre deux conjonélions de la lune avec le
foleil, ou entre deux nouvelles lunes. Voye^SYHO-
diqùe & Lunaison*
La quantité du mois fynôdiqiie eft de 29). 12 h;
44 '. 3 ". n Voyei Lune.
Le mois lunaire périodique , c’eft l’efpace de tems
dans lequel la lune fait fon tour dans le zodiaque j
c’eft-à-dire le tems qu’elle emploie à revenir au même
point du zodiaque d’oii elle eft partie; Voye^ Pér
i o d i q u e .
La quantité de ce mois eft de 27 j. 7 11. 43 8
Les anciens romains fe font fervi des mois fynodiques
lunaires , & les ont fait alternativement de 29
&c 30 jours ; ils marquoient les différens jours de chaque
mois par trois termes, calendes , nones & ides J
Voye^ C alendes , Nones & Ides.
Mois afironomique ou naturel , c’eft celui qui eft
mefuré par quelqu’intervalle exa£l correfpondant au
mouvement du foleil ou de la lune.
Tels font \QSmois lunaires & folaires dont nous avons
déjà parlé, fur quoi il faut remarquer que ces mois né
font point d’ufage dans la vie civile , où on demande
que les mois commencent & finiffent à un jour
marqué ; c’eft ce qui fait qu’on a recours à une autre
forte de mois.
Mois civil ou commun , c’eft un intervalle d’un
certain nombre entier de jours qui approche beaucoup
de la quantité de quelques mois aftronomiques,
foit lunaires, foit folaires. Voyez Jours.
Les mois civils font différens , fuivant les différens-
mois aftronomiques auxquels ils répondent.
Comme le mois lunaire fynodique eft de 295.12 h.
44 '. 3 11. 1 1 1,1, les mois lunaires civils devroient être
alternativement de 29 à 30 jours, pour conferver
autant qu’il féroit poffible l’accord avec les vrais
mois lunaires. Cependant fi tous les mois étoient a l- .
ternativement de 29 & de 30 jours , on négligeroit
44'. 3 11. 1 1 111, qui au bout de 948 mois font un mois
de 29 jours ; il faut ajouter à la fin de chaque 948*