folutions de Tels martiaux, ou qui ne font rien ; enfin
la teinture martiale alkaline de Sthaal : 40. les
fleurs martiales appellées aulîi ens martis, & mars dia-
phorétique : 50. les eaux martiales ordinaires, c’eft-
à-dire non vitrioliques ; l’eau appellée extinclionis
fabrorum , c ’eft-à-dire dans laquelle les forgerons
éteignent le fer rougi au feu ,& les liqueurs aqueufes
dans lefquelles on fait éteindre à deffein des morceaux
de fer rouilles 8c rougis au feu.
La limaille de fer on d’acier qu’on emploie fans
qu’elle foit calcinée ni rouillée, telle qu’elle nous
vient des ouvriers qui poliffent le fer , doit être
broyée fur le porphyre jufqu’à ce qu’elle foit réduite
dans l’état d’alkool, ou poudre très-fubtilc.
Les différentes chaux de mars fe préparent de la
maniéré fuivante, i°. la rouille fe fait d’elle-même,
comme tout le monde fait, il n’y a qu’à la détacher
en ratifiant légèrement du fer, où elle s’eft formée,
& la porphyrifer, fi on veut la porter à un état de
plus grande ténuité. Ce remede n’eft proprement
qu’une même chofe avec le fuivant, qui eft beaucoup
plus ufité.
Safran de mars appelle apéritif: prenez limaille de
fer ou lames de fer, telle quantité qu’il vous plaira ;
la limaille vaut mieux, parce qu’elle hâte l’opération
; prenez donc de la limaille par préférence, ex-
pofez-la à la rofée, ou arrofez-la de tems en tems
avec de l’eau de pluie , jufqu’à ce qu’elle foit convertie
en rouille, que vous alkooliferez fur le porphyre.
Les anciens Chimifles ont exigé expreffé-
ment & exclufivement la rofée, 8ç même la rofée
du mois de Mai ; voye^ avec combien de fondement
à l ’article Rosée , {Chimie), Voilà pourquoi ce fa-
fran de mars eft ordinairement preferit dans les livres
de Medecine , fous le nom de fafran de mars
préparé à la rofée de M a i, Ma'iali rore.
Safran de mars, appelle plus communément àf-
tringent qu’apéritif, préparé par le foufre : prenez limaille
de fer récente 8c non rouillée, & fleurs de
foufre, parties égales, faites-en une pâte avec fuffi-
fante quantité d’eau ; placez cette pâte'dans un vaff-
feau convenable, 8c laiffez-la fermenter pendant
cinq ou fix heures ; alors calcinez la matière à un
feu violent, la remuant très-fouvent avec une fpa-,
tule de fer. Le foufre commencera par fe brûler, 8c
immédiatement après la matière paroîtra noire , 8c
en continuant à la calciner à grand feu, en remuant
afliduement la matière pendant environ deux heures,
elle prendra une couleur rouge foncée qui annonce
que l’opération eft achevée. Cette opération ne différé
point réellement du colcothar artificiel, ou vitriol
martial très-calciné. Foye{ Vitriol.
Safran de mars appelle ajlringent : les Chimiftes
ont donné fous ce nom diverfes chaux de mars, ou
pour mieujc dire des chaux de mars préparées de diverfes
façons , mais communément par la calcination
proprement dite. Le fafran de mars aftringent
de la pharmacopée de Paris eft préparé le plus Amplement
, & par cela même le mieux qu’il eft poffi-
ble ; ce n’eft autre chofe que de la limaille de fer
calcinée par la réverbaration pendant plulieurs heures
, & jufqu’à ce qu’elle foit réduite en une poudre
rouge qu’on lave plulieurs fois, qu’on feche 8c qu’on
porphyrife. L’utilité de ces fréquentes lotions n’eft
certainement pas fort évidente ; cependant elle pour-
roit peut-être fervir à titre d’imbibition pour réduire
en fafran ou en rouille quelques parties de fer qui
pourroient avoir échappé à.la calcination.
Saffran de mars antimo,hiè : prenez huit onces de
limaille de fer, 8c feize onces d'antimoine cru, mettez
l’un 6c l’autre dans un creufèt, 6c pouffez le feu
jufqu’à la fufion parfaire des matières ; ajoutez alors,
■ ce qu’on auroit pu faire également dès le commencement
de l’opération, deux ou trois onces de lel de
tartre, ou de cendres gravelées. Lorfque la matière
fera bien en fufion, verfez-la dans un cône chauffé
8c graiffé, le régule fe précipitera, 8c il fe formera
au- deffus des feories brillantes 8c de couleur brune ;
féparez ces feories, concaffez-les groffierement, 6c
les expofez enfuite à l’ombre dans un lieu humide ;
par exemple dans une c a v e , elles y tomberont bientôt
d’elies-mêmes en poufliere ; jettez cette poudre
dans l’eau froide ou tiede , & l ’y agitez fortement.
Laiffez enfuite repofer la liqueur pour donner lieu
aux parties les plus groflieres de tomber au fond ;
cela fa it , verfez par inclination l’eau trouble qui
fumage ; reverfez de nouvelle eau fur le marc , &
répétez cette manoeuvre jufqu’à ce que l’eau refforte
auffi claire qu’on l’a employée. Raffemblez enfemble
toutes vos lotions, 6c les laiffez s’éclaircir d’elles-
mêmes ; ce qui arrive à la longue par le dépôt qui fe
forme d’un fédiment très-fin & très-fubtil : pour abréger,
on peut filtrer la liqueur; faites fécher votre fédiment
, ou ce qui fera refté fur le filtre ; c’eft une
poudre rougeâtre de couleur de brique pilée : vous
n’en aurez qu’une très petite quantité, comparaifon
faite avec ce qui vous reliera de la partie grofliere
des feories, après qu’elles auront été épuifées de
tout ce qu’elles peuvent fournir par le lavage. Faites
fécher cette poudre, 8c la mettez enfuite à détonner
dans un creufet avec le triple de fon poids de fai—
pêtre ; édulcorez avec de l’eau la maffe rouge qui
vous reliera après la détonation. Décantez ou filtrez
la liqueur, vous aurez un fédiment d’un rouge pâle,
qui étant defféché, fe réduira en poudre très-fine 8c
très-fubtile ; ce fera le fafran de mars antimonié apéritif
de Stahl.
Cette defeription eft celle que M. Baron a donnée
dans fes additions à la chimie de Lemeri, d’après la
differtation de Stahl furies remedes martiaux, inférée
dans fon opufcule.
Æthiops martial : prenez la quantité qu’il vous
plaira de limaille d’acier bien pure, mettez-la dans
un pot de terre non verniffé, ou dans un vaiffeau de
verre ou de porcelaine, verfez deffus ce qu’il faut
d’eau claire pour qu’elle furpaffe la limaille de trois
ou quatre travers de doigt, remuez le mélange tous
les jours avec une fpatule de fe r , 8c ayez foin d’ajouter
de nouvelle eau pour en entretenir toujours
la même hauteur au-deffus de la limaille-; celle-ci à
la longue perdra fa forme brillante & métallique ,
8c le réduira en une poufliere très-fine, auffi noire
que l’encre ; c’eft ce qui lui a fait donner le nom
à'tethiops. C ’eft cette poufliere même qui étant def-
féchée & porphyrilee, forme 11 æthiops martial. Addition
à la chimie de Lemeri, par M. Baron , d’après
le mémoire de Lemeri fils ; mém. de Vacad. royale des
Sciences, 1736. Il eft remarqué avec raifon dans la
pharmacopée de Paris, que cette opération peut être
confidérablement hâtée , fi l’on traite la limaille de
fer par la machine de la garaye. Foye£ Hydraulique,
{Chimie.)
' La chaux martiale que les Chimiftes appellent terre
douce de vitriol, n’eft autre chofe que du colcothar
convenablement édulcoré. Foye{ Vitriol.
Quant au vitriol de mars 8c au fel de riviere,-
voye{ Vitriol.
Tartre martial: prenez tartre blanc en poudre, ou
mieux encore, crème de tartre en poudre une livre,
limaille de fer brillante, c’eft-à-dire non rouillée 8c
très-fine, porphyrifée pour le mieux, trois ou quatre
onces ; une proportion exa&e n’eft pas néceffaire ic i,
parce qu’on ne fe propofe point d’unir tout ce fer
au tartre , 8c que la portion de fer qui n’eft point difi
foute, relie fur la chauffe. Faites bouillir ces matières
dans une marmite de fer avec environ douze
livres d’eau pendant environ une demi heure, ou
jufqu’à ce que le tartre foit fondu, 8c qu’il fe foit fùf-
fifamment
fifammênt èmpfeint de fer ;paffez la liqueur chau-'
dement a la chauffe, & placez-la clans un vaiffeau
convenable loin du feu pour tryjlaülfit. Après cette
première cryllallilation, décantez la liqueur furnU-
geante, faites-en évaporer à peu-près la moitié fur
le feu, remettez-Ia a cryftallifer, & enfin réitérez ces
évaporations.& ces cryftallifations , jufqu’à Ce que
vous n’obteniez plus cie cryllaux. Prenez tons VOS
cryftaux , faites les bien fécher au foleil, ou à une
chaleur artificielle équivalente , & ferrez-les pouf
1 ufage. Ce fel eft bien éloigné de l’état neutre, le
tartre n y eft pas faoule de fer à beaucoup près; auffi
la plupart de fes propriétés chimiques font-elles peu
changées. Il eft par exemple fort peu foluble , comme
dansffon état pur ou nùd ; aulieu que lorfqu’il
eft parfaitement nauralifi avec le fer, comme il l’eft
dans la préparation fuivante, il devient très-foluble.
Teinture de mars tartarifée, ou firop de mars & extrait
de mars tartarifé : prenez douze onces de limaille
de fe r , trente-deux onces de beau tartre
blanc , faites bouillir ce mélangé dans une grande
marmite, ou dans un chauderon de fe r , avec douze
ou quinze livres d’eau de pluie, pendant douze heures
; remuez de tems en tems la matière avec une
fpatule de fer , & ayez foin de mettre d’autre eau
bouillante dans le chauderon à mefure qu’il s’en consumera
, laiffez enfuite repofer le tout, & vous verrez
qu’il demeurera deffus une liqueur noire, qu’il j
faut filtrer, 6c la faire evaporerdans une terrine de
grès au feu de fable , jufqu’à confiflence de firop :
vous en aurez quarante-quatre onces. Lemeri,
cours de Chimie.
Quand le mélangé a bouilli quelque tems, il s’é*
paiffit comme une bouillie , il fè gonfle, 8c il paffe-
roit par deffus les bords de la marmite, fi on n’y pre-
noit garde ; il faut donc dans ce tems-là beaucoup
modérer le feu : c eft auffi là le tems d’ajouter de
nouvelle eau bouillante. Si après avoir filtré la teinture,
on met bouillir derechef le marc refté fur le
filtre dans de nouvelle eau comme devant, on en
retirera encore de la. teinture, mais en moindre
quantité. On peut même en réitérant plufieurs fbis
ce procédé , diffoudre la plus grande partie de la li*
maille _de fer qui reliera, & la réduire en teinture.
Lemeri, cours de Chimie.
Cette teinture eft fort fujette à moifir & à fe dé-
compofer. Oh y ajoute ordinairement une petite
quantité d.efprit-de-vin; par exemple, celle d’envi-
rondeux onces fur la quantité ci-deffus mentionnée,
pour prévenir cette altération. M. Baron penfe qu’otl
la préviendrait plus efficacement, fi on employoit
à la préparation la crème de tartre au lieu de tartre
blanc , dont les impuretés occafionnent très-vraif-
femblablement félon lui, cette moififfure. Cela, peut
etre ; cependant on connoît en Chimie plus d’un fel
neutre fujet à moifir, dans la compofition duquel
n entre aucun principe chargé d’impuretés : & d’un
autre côté, ces impuretés moififfantes du tartre ne
parodient pas en être véritablement féparées par l’opération
qui le convertit en crème de tartre. La crème
de tartre eft un acide encore fort impur ; au refte
-1 tente5‘ mcnle chimifte foupçonne encore,
il affure même que le plus sûr moyen de prévenir
j inconvénient dont nous parlons , c’eft de réduire
le tems de l’ébullition à une ou deux heures, ou encore
mieux, de ne point faire bouillir du tout le
mélangé ; 8c il penfe encore que cette réforme non-
feulement empêcherait de confumer du charbon en
pure perte, mais même qu’elle contribuerait à la
perfeflion de la préparation, puifque la longue ébullition
occafionne la décompofttion du tartre , & le
rend par-là moins propre à diffoudre le fer.. Je ne
1ms certainement pas pour les longues ébullitions ;
cependant je ne faurois penfer que ls longue ébullihôh
foit ici auiîî riuifiblé $ 8t irictliê àtiflî iliutiic qiié
M. Baron l’avance, ca6 i 0« la décdmpofitiotl que lé
tartre peut éprouver dans cette ébullition n’eft pas
démontrée ; 8c quand même le tartre s’altérefoit
réellement, ce feroit plutôt avec profit qü’aved
dommage, ce fetoit les impuretés qui s’en détache*
roient ; il fe réduiroit tout au plus à l’état de Cfêfllé
de tartre. 1°. On ne voit point jpourquôi urte liqueur4
claire , chimiquement homogène j une vraie leflivé
ou diffolution chimique dépofée par la filtratiori, feroit
plus altérable, parce qu’elle auroit été produite
par une longue ébullition 11 eft très-vraiffemblablé
au contraire, que fi cette ébullition trop prolongée
nuifoit à la perfeélion de l’opération, ce feroit feu-»
lemeflt en détriiifant fon propre ouvi’ag e } c’eft-à-
dire en décompofant fur la fin de l’opération le fel
neutre qu’elle auroit précédemment formé ; mais
alors les débris de cette décompofition fefteroient
fur le filtre, &c la leffive filtrée ne feroit ni plus ni
moins confiante. 3°* Une heure d’ébullition ou la
digeftion a un degré de chaleur inférieur * paroit ab-*
folument infuffifante ici * puifque demi^henre d’é*
bullition rte fait qu’imprégner légérenient le tartré
des particules du fer dans la préparation du tartre
chalibé ; car ce dernier fel qui différé tant par le dé-*
gré de faturation de Celui dont il eft ici queftion, ne
doit cette différence qu’à la brièveté de l’ébullitiort
qu’on emploie pour le préparer^
Si l’on réduit la teinture du fyrop ci-deffiis décrit
en confiftance du miel épais, Cette préparation pren-*
dra le nom d’extrait de mars, 8c elle fera un peu plus
de garde.
La boule niattiale de rndrs ôii f acier eft Uiië iîiàtiére
qui ne différé des précédentes que par l’excès de tar»
tre, &c parce qu’il n’y a qu’une très-petite portion
des deux ingrédiens employés qui foit réellement
combinée. Mais comme c’eft précifément cette por»*
tion qui paffe dans l’eau ou dans les liqueurs dans
lefquelles ont fait irifufer cette boule pour Piifage,
il efl clàir que la partie utile & employée de la boule
martiale eft exactement femblable au fel neutre martial
tartareux dont nous venons de parler. La pré**
paration de ces boules eft décrite fous le mot Boulje
DE Mars. Voye^cetdfticlci
' Les teintures martiales tirées avec iës acides vé-*
gétaux fermentés ou non fermentés, tels que le vi*
naigre, lé vin du Rhin qui eft acidulé, le fuc de ci*
tron, & c. ne different que par le moindre degré de
faturation, de confiftance , 8t de concentration de
la teinture de Mars tartarifée, avec laquelle elles
ont d’ailleurs la plus grande analogie«
Les teintures Ipiritueufes réellement chargées de
fer ne font, comme nous l’avons déjà infinué, que
des diffolutions de fels neutres martiaux par l’efprit
de vin. La teinture de Ludovic, Sc la teinture de
Mynficht, qui font les feules que la Pharmacopée de
Paris ait adoptées, font, la première une diffolution
legere de fyrop de Mars, à la préparation duquel on
a employé le vitriol martial à la place de la limaille
de fer. Voye^ Vitriol. Et la fécondé > qu’une dif*
folution de fleurs martiales. Foyeç la fuite de cet article*
Teinture martiale alkaline de Stahl. Ayez de bonne
eau-forte, dans laquelle vous jetterez du fil d’acier,
peu à-la-fois , 8c à différentes reprifes , jufqu’à ce
qu’il ne fe faffe plus de diffolution , ce que vous re-
Connoîtrez, lorfqu’én ajoutant de nouveau fil de fer,
il ne s’excitera aucun mouvement dans la liqueur *
8c que ce fil reliera dans fon entier ; alors vous ferez
sûr d’avoir une diffolution de fel dans l’efprit de
nitre, auffi chargée qu’il eft poffible de l’avoir u
8c telle qu’il la faut pour la réuffite du refte
de l’opération. Prenez enfuite de l’huile de tar*
tre par défaillance, ou une leffive de cendres gra*
velées la plus chargée qu’il fe peut, 8c bien filtrée*,