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vant M. de Saint-Remi. La double marquife a quatorze
lignes félon le premier, & dix-neuf fuivant le
fécond. Voye^ nos PL d'Artificier.
MARR, ( Géog.) province maritime d’Ecoffe,
fituée pour la plus grande partie entre le Don 8c la
D é e , avec titre de comté. Elle abonde en b lé , lé- ,
gumes, bétail, poiffon & gibier. Aberdeen en eft la
capitale ; c’eft pour cela qu’on l’appelle autrement
the shire o f Aberdeen. Ce qu’il y a de plus curieux
pour un phyficien dans cette province, eft une forte
de pierres fragiles que les habitans appellent ELfa-
rawheads. Elles font longues de quelques-lignes,
minces aux bords, & fe produifent en quelques heures
de tems. Comme les voyageurs et? trouvent quelquefois
dans leurs bottes & dans leurs habits , ces
pierres fe formeroient-elles dans l’air , par des exha-
laifons du pays ? (D . /.), -
MARRA, {Géog.') ville de Syrie au voifmage
d’Ama ; elle eft commandée par un fangiac, 8c n’a
rien de remarquable que le han oit on loge ; il eft
tout couvert de plomb, 8c peut loger huit cens hommes
avec leurs chevaux. Au milieu du han eft une
mofquée , line belle fontaine, & un puits profond de
quarante-deux toifes depuis le haut jufqu’à la fuper-
ficie. {D. J.) - ;
MARRON, {Botaniq.) fruit du marronnier, voyeç
l ’article Marronnier.
Marron, (Diette 6* Mat. méd.') Voye£ CHATAIGNES
, {Diette & Mat. méd.)
Marron, mines en{Hfi. nat. Minéralogie. )les
Natutaliftes nomment mines en marrons ou mines en
roignons y celles qui îé trouvent par maffes détachées,
répandues çâ & là dans une roche, au lien de
former des filons fuivis 8c continus. On les nomme
aufli mines égarées ou mines en nids , minerez nidulan-
tes ; cette maniéré de trouver les mines n’eft point
la plus avantageufe pour l’exploitation , mais elle
annonce le voifinage des filons, ou que l’endroit où
l’on trouve ces marrons eft propre à la formation des
métaux. 11 ne faut point confondre ces mines eh marrons
avec les minés par fragmens , qui ont été arrachées
des filons par la violence des eaux & qui ont
été arrondies par le roulement : les premières fe
trouvent dans la roche même où elles ont été formées,
au lieu que les dernieres ont été tranfportées
quelquefois fort loin de l’endroit où elles ont été
produites, Voyc{ Mines. ( — )
Marron , (Pyrotechnie.) c’eft une forte de pétard
ou de boîte cubique, de carton fort, 8c à plufieurs
doubles. On remplit ce pétard de poudre grenée,
pour produire une grande détonation qu’on augmente
comme aux fauciffons, en fortifiant le cartouche
par une enveloppe de ficelle trempée dans de la
colle forte ; ainfices deux artifices ont le même effet
& ne différent que dans leur figure.
Un marronfêtait avec un parallélogramme de carton
, dont l’un des côtés eft à l’autre , comme 3 à 5,
pour que l’on puiffe y former 15 quarrés égaux en-
tr’eux, 3 fur une face 8c 5 fur l’autre : on le plie en-
fuite en forme de cube qu’on remplit de poudre.
On en fait d’auffi grands 8c d’auflî petits qu’on
veut : on y proportionne le carton , la groffeur & le
nombre des rangs de ficelle dont on les couvre.
Les gros marrons contiennent ordinairement une
livre de poudre , tiennent lieu de boîte de métal que
l’on tire dans lesréjouiffances publiques, 8c font au-
moins autant de bruit. Il faut y placer au lieu d’é-
toupille un petit porte-feu de compofition lente, afin
d ’avoir letems de s’en éloigner, pour éviter les éclats
qui font dangereux lorfqu’on leur donne cette groffeur.
Les petits marrons fervent à garnir des fufées pour
faire une belle efeopeterie ; leur effet eft particulièrement
beau dans les grandes caiffes, lorfqu’on en
garnit une partie des fufées qui les compofënt; Onles
couvre fouvent de matières combuftibles, afin qu’ils
brillent aux yeux avant que d’éclater ; alors on les
appelle marrons luifans : leur effet eft à-peu-près le
même que celui des étoiles à pétards. Veyeç les PL
d’Artificier.
Ma r r o n , {Imprimerie.') termeufité dans l’Imprimerie
, 8c connu de certains auteurs. Ce n’eft point
un terme d’art, maison entend par ce mot un ouvrage
imprimé furtivement,fans approbation , fans privilège
, ni nom d’imprimeur. On eft toûjours blâmable
de fe prêter à l’impreffion & au débit de pareils
ouvrages.
Marron , {Maréch.) poil de cheval ayant la coin
leur d’un marron, c’eft une nuance du poil bay.
Voye£ Bay.
MARRONNIER, f. m. {Bot.) grand arbre du mê*
me genre que le châtaignier, dont il ne différé que
par Ion fruit que l’on nomme marron, qui eft plus gros
& de meilleur goût que la châtaigne. On multiplie
le marronnier par la greffe fur le châtaignier, & il fe
cultive de même. Voye{ Châtaignier.
Marronnier d’inde , hippocafianum, ( Bot. )
genre de plante à fleur en rofe'compofée de plufieurs
pétales difpofés en rond ; le piftil s’élève hors du
calice , & devient dans la fuite un fruit qui s’ouvre
en plufieurs parties ; ce fruit contient des femences
femblables à des châtaignes. Tournefort * infi. reL
herb. Voye^ Pl an TE.
Marronnier d’inde , hippocafianum, grand arbre
qui nous eft venu de Conftantinople il y a environ
cent cinquante ans, 8c que l’on ne cultive que
pour l’agrément. Cet arbre prend de lui-même une
ti<*e droite & fait une tête affez régulière ; fon tronc
devient fort gros. Dans la jeuneffe de L’arbre fon
écorce eft liffe 8c cendrée ; lorfqu’rl eft dans fa force
, elle devient brune & un peu gerfée. Sa feuille eft
grande, compofée de cinq ou fept folioles raffem-
blées au bout d’une longue queue en forme d’une
main ouverte ; la verdure en eft charmante atiprin-
tems. L’arbre donne fes fleurs dès la fin d’Avril ; elles
font blanches , chamarrées d’une teinte rougeâtre ,
& elles font répandues fur de longues grappes en
pyramide: ces grappes viennent au bout des branches
, fe foutiennent dans une pofition droite, &
leur quantité femble couvrir la tête de l’arbre. Les
fruits qui fuccedent font des marrons, renfermés dans
un brou épineux comme celui des châtaignes. Cerna-
ronnier eft d’un tempérament dur & robufte,d’un
accroiffemcnt prompt & régulier ; il réuflït dans
toutes- les expofitions ; il fe foutient dans les lieux
ferrés 8c ombragés à force de s’élever : tous les ter-
reins lui conviennent,à l ’exception pourtant de ceux
qui font trop fecs 8c trop fuperficiels ; il ne craint
pas l’humidité à un point médiocre ; fes racines ont
tant de force qu’elles paffent fous les pavés 8c percent
les murs : enfin , il n’exige ni foin ni culture.
Telles font les qualités avantageufes qui ont fait rechercher
cet arbre pendant plus de cent années. Mais
depuis quelques tems fon régné s’eft affoibli par la
propreté & la perfedion qui fe font introduites dans
les jardins. On convient que le marronnier eft d’une
grande beauté au printems , mais l’agrément qu’il
étale ne fe foutient pas dans le refte de l’année. Même
avant la fin de Mai le marronnier eft. fouvent dépouillé
de fes feuilles par les hannetons ; d’autres fois
les chaleurs du mois de Juin font jaunir les feuilles
qui tombent bien-tôt après avec les fruits avortés
p tr la grande léchereffe ; il arrive fouvent que lès
feuilles font dévorées au mois de Juillet par une
chenille à grands poils qui s’engendre particulièrement
fur cet arbre : mais on fe plaint fur-tout de la
malpropreté qu’il caufe pendant toutela belle faifon ;
d’abord au prmtems par la chute de fes fleurs, 8c ensuite
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fuite des coques hériffées qui enveloppent le fruit ;
après cela par les marronsquife détachent peu-à-peu;
enfin , par fes feuilles qui tombent en automne :
tout cela rendles promenades impraticables à-moins
d’un foin continuel. Ces inconvénicns font caufe
qu’on n’admet à-préfent cet arbre que dans des places
éloignées & peu fréquentées : il a de plus un grand
défaut ; il veut croître ifolé 8c il refufe de venir lorf-
qu’ii eft ferré & mêlé parmi d’autres arbres: mais le
peu d’utilité de fon bois eft encore la circonftance
qui le fait le plus négliger.
Le feul moyen de multiplier cet arbre eft d’en fe-
mer les marrons , foit après leur maturité au mois
d’Oûobre, ou au plus tard au mois de Février. Avec
peu de recherches fur la qualité du terrein, un foin
ordinaire pour la préparation, & avec la façon commune
de î'emer en pepiniere , les marrons lèveront
aifément au printems. Ils feront en état d’être tranf-
planrés à demeure au bout de cinq ou fix ans; mais
iis ne donneront des fleurs 8c des fruits qu’à environ
douze ans. Cette tranfplantation fe doit faire pour le
mieux en automne , encore durant l’hiver tant qu’il
ne gele pas, même à la fin de Février & pour le
plus tard au commencement de Mars. On luppofe
pour ces derniers cas que l’on aura les plants à portée
de foi ; c a r , s’il faut les faire venir de loin, il y aura
fort à craindre que la gelée n’endommage les racines;
dès qu’elles en font frappées, l’arbre ne reprend
pas.
II faut fe garder de retrancher la tête du marronnier
pendant toute fa jeuneffe , ni même lors delà
tranfplantation, cela dérangeroit fon accroiffement
& le progrès de fa tige : ce ne fera que dans la force
de l’âge qu’on pourra le tailler fur les côtés pour dégager
les allées 8c en rehauffer le couvert. Par ce
moyen l’arbre fe fortifie, fes branches fe multiplient,
fon feuillage s’épaiflit, l’ombre fe complété, l’objet
annonce pendant du tems fa perfection, 8c prend
peu-à-peu cet air de grandeur qui fe fait remarquer
dans la grande allée des jardins du palais des Tuileries
à Paris.
Le marronnier eft plus propre qu’aucun autre arbre
à faire du couvert, à donner de l’ombre, à procurer
de la fraîcheur; on l ’employera avec fuccès à former
des avenues , des allées , des quinconces ,-des
falles, des grouppes de verdure, &c. Pour planter des
allées de marronniers y on met ces arbres à la diftance
de quinze , dix-huit & vingt piés, félon la qualité
du terrein 8c la largeur de l’allée. On en peut aufli
faire de bonnes haies, en les plantant à quatre piés
de diftance, mais on ne doit pas l’employer à garnir
des maflifs ou des bofquets , parce qu’il fe dégrade
8c dépérit entre les autres arbres, à moins qu’il ne
domine fur eux. Get arbre foüffre de fortes incifions
fans inconvénient, & même de grandes mortoifes ;
on a vû en Angleterre des paliffades dont les pièces
de fupport étoient infixées dans le tronc des marronniers
, fans qu’il parût après plufieurs années que
cela leur causât de dommage. Cet arbre prend tout
fon accroiffement au mois de Mai en trois femaines
de tems ; pendant tout le refte de l’année , la feve
n’eft employée qu’à fortifier les nouvelles pouffes, à
former les boutons qui doivent s’ouvrir l’année fui-
vahte, à perfectionner les fruits, 8c à groflir la
tige 8c les branches.
Quoique le bois de marronnier ne foit pas d’une
utilité générale & immédiate, on peut cependant
en tirer du fervice. Il eft blanc , tendre, mollàffe 8c
filandreux; il fert aux Menuifiers,- aux Tourneurs ,
aux Boiffelliers, aux Sculpteurs, même aux Ebé-
niftes , pour des ouvrages greffiers 8c couverts foit
par du placage ou par la peinture. C e bois n’eft fujet
à aucune vermoulure, il reçoit un beau poli > il
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prend aifément le vernis, il a plus de fermeté 8c il
fe coupe plus net que le tilleul, & par conféquent
il eft de meilleur fervice pour la Gravure. Ce bois
n’eft un peu propreà brûler que quand il eftverd.
Les marrons d'inde préfentent un objet bien pluâ
fufceptible d’utilité. M. le préfident Bon a trouvé quô
ce fruit peut fervir à nourrir 8c à engraiffer tant lé
gros 8c menu bétail que les volailles de toutes for*
tes , en prenant feulement la précaution de fairô
tremper pendant quarante-huit heures dans la leffivé
d’eau paffiée à la chaux v iv e , les marrons après lés
avoir pelés 8c coupés en quatre. Enfuite on les fait
cuire 8c réduire en bouillie pour les donner aux ani*
maux. On peut garder ces marrons toute l’année, en
les faifant peler 8c fécher foit au four ou au foleil.
Par un procédé un peu différent, la même expérience
a été faite avec beaucoup de fuccès 8c de profit;.
Voyelle Journal économique , Octobre tySi. Mais
M. Ellis , auteur anglois qui a fait imprimer en ) f38
un traité fur la culture de quelques arbres , paroît avoir
trouvé un procédé plus fimple pour ôter l’amertume
aux marrons d’inde, & les faire fervir de nourriture
aux cochons 8c aux daims. Il fait emplir démarrons
un vieux tonneau mal relié qu’on fait tremper
pendant trois ou quatre jours dans une riviere : nulle
autre préparation. Cependant on a vû des vaches
8c des poules manger de ce fruit dans fon état naturel
8c malgré fon amertume. Mais il y a lieu de croire
que cette amertume fait un inconvénient, puifi^u’on
a remarqué que les poules qui mangeaient des marrons
fans être préparés ne pondoient pas. Ce fruit
peut fervir à faire de très-bel amydon, de la poudre
à poudrer , 8c de l’huile à brûler ; il eft vrai qu’on en
tire peu 8c qu’elle rend une odeur infupportable*
Mais fans qu’il y ait ce dernier inconvénîènt, un feul
marron d’inde peut fervir de lampe de nuit : il faut le
peler , le faire fecher, le. percer de part en part
avec une vrille moyenne , le faire tremper au-
moins vingt-quatre heures dans quelque huile qite ce
fo it , y paffer une petite meche , le mettre enfuite
nager dans un vafe plein d’eau , & allumer la mèche
le loir, on eft affuré d’avoir de la lumière jufqu’au
jour. On en peut faire aufli une excellente pâte à dé-
craffer les mains 8c les piés : il faut peler les marrons,
les faire fecher, les piler dans un mortier couvert,
8c paffer cette poudre dans un tamis très-fin. Quand
on veut s’en fervir , on jette une quantité convenable
de cette poudre dans de l’eau quidevientblanche,
favonneufe 8c aufli douce que du lait ; le fréquent
ufage en eft très-falutaire , 8c la peau en contraftô
un luftre admirable. Voyeç pour ces deux dernieres
propriétés le JournaL économique , Septembre 1 y Sx. Les
marrons d’inde ont encore la propriété de favonneï
& blanchir le linge, de dégraiffer les étoffes, de
leflïver le chanvre, 8c on en peut faire , en les brûlant
, de bonnes cendres pour la lefîive. Voyelle Jour*
nal économique , Décembre iySy. Enfin , ils peuvent
fervir à échauffer les poêles, 8c les Maréchaux s’etl
fervent pour guérir la pouffe des chevaux : on fait
grand ufage de ce remede dans le Levant ; c’eft ce
qui a fait donner au marronnier d’inde le nom latin
hippocafianum, qui veut dire châtaigne de cheval. Oit
prétend que l’écorce 8c le fruit de cet arbre font un
fébrifuge qu’on peut employer au lieu du quinquina
dans les fièvres intermittentes ; on aflùremême que
quelques médecins ont appliqué ce remede aveé
fuccès*
On ne Connoît qu’une feule efpece dé màrrohnief
d’inde , dont il y a deux variétés. L ’une à feuilles
panachées de jaune, & l’autre de blanc. Il eft difficile
de fe procurer & de conferver ces variétés, car ,
quand on les greffe fur des marronniers vigoureux, il
arrive fouvent que les feuilles delà greffe perdent
leur bigarrure en reprenant leur verdure, naturelle i
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