32.8 M E M
•quand elles fe font préfentées enfemble. Ainfi les
choies n’attirant notre attention que par le rapport
qu elles ont à notre tempérament, «1 nos pallions,
à notre état, oti, pour tout dire en un mot, à nos
befoins ; c’eft une conféquence que la même attention
embraffe tout-à-la-fois les idées des befoins 6c
celles des chofes qui s’y rapportent^ 6c qu’elle les lie.
Tous nos befoins tiennent les uns aux autres , &
l’on en pourroit confidérer les perceptions comme
•une fuite d’idées fondamentales auxquelles on rap-
porteroit toutes celles qui font partie de nos connoif-
fances. Audeffus de chacun s’éleveroient d’autres
fuites d’idées qui formeroient des efpeces de chaînes,
dont la force féroit entièrement dans l ’analogie
des lignes , dans l’ordre des perceptions, 6c dans la
•liaifon que les circonftances , qui réunifient quelquefois
les idées les plus difparates , auroient formée.
A un beloin eft liée l’idée de la chofe qui eft propre
à le foulager ; à cette idée eft liée celle du lieu où
-cette choie fe rencontre ; à celle-ci, celle des personnes
qu’on y a vues ; à cette derniere , les idées
des plaifirs ou des chagrins qu’on en a reçus 6c plu-
fieurs autres. On peut même remarquer qu’à mefure
que la chaîne s’étend , elle fe foudivife en différens
chaînons, enforte que plus on s’éloigne du premier
anneau , plus les chaînons s’y multiplient. Une
première idée fondamentale eft liée à deux ou trois
autres.; chacune de celles-ci à un égal nombre , ou
même à un plus grand , 6c ainfi de fuite.
■ Ces fuppofitions admifes, il fuffiroit, pour fe rap-
peller les idées qu’on s’eft rendues familières, de
pouvoir donner ton attention à quelques-unes de
nos idées fondamentales auxquelles elles font liées.
O r cela fe peut toujours , puifque tant que nous
'veillons , il n’y a point d’inftant où notre tempérament
, nos pafîions 6c notre état n’occafionnent en
■ nous quelques-unes de ces perceptions , que j’appelle
fondamentales. Nous y réuflirions avec plus ou
moins de1 facilité , à proportion que les idées que
nous voudrions nous retracer, tiendroient à un plus
«rand nombre de befoins , 6c y tiendraient plus immédiatement.
Les fuppofitions que je viens de faire ne font pas
gratuites. J’en appelle à l’expérience, & je fuisper-
l ’uadé que chacun remarquera qu’il ne cherche à fe
reflouvenir d’une chofe que par le rapport qu’elle a
aux circonftances où il fe: trouve , 6c qu’il y réuflit
d’autant plus facilement quelles circonftances font
en grand nombre , ou qu’elles ont avëc elle une liaifon
plus immédiate. L’attention que nous donnons,
à une perception qui nous affefte aduellement,nous
en rappellé le ligne ; celui - ci en rappelle d’autres
; avec lefquels il a quelque rapport ; ces derniers
réveillent les idées auxquelles ils font liés;
ces idées retracent d’autres lignes ou d’autres idées,
& ainfi fùcceffivement.
Je fuppofe que quelqu’un me fait une difficulté,
à laquelle je ne fais dans le moment de quelle maniéré
fatisfàire. Il eft certain que , .fi elle n’eft pas
folide , elle doit elle-même m’indiquer ma réponfe.
Je m’applique donc à en-confidérer toutes les parties
, & j’en trouve qui étant liées avec quelques-
unes des‘idées qui entrent dans la folution que-je
cherche, ne manquent pas de les réveiller. Celles-
ci , par l’étroite liaifon qu’elles ont avec les autres,
les retracent fùcceffivement, 6c je vois enfin tout
ce que j’ai à répondre.
-D’autres exemples fe préfenteront en quantité à
ceux qui voudront remarquer ce qui arrive dans lés
cercles. Avec quelque rapidité que la converfation
change de fujet,. celui qui conferve fon fang-froid
& qui connoît un peu le caraélere de ceux qui parlent,
voit toujours par quelle liaifon d’idées on
paftê d’une matier'd à une autre, J’ai donc droit de
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conclure que le pouvoir de réveiller nos perceptions
, leurs noms ou leurs circonftances, vient uniquement
de la liaifon que l’attention a mife entre ces
chofes, & les befoins auxquels elles fe rapportent;
Détruilëz cette liaifon, vous détruifez l’imagination
6c\z mémoire.
Le pouvoir de lier nos idées a fes inconvéniens ^
comme fes avantages. Pour les faire appercevoir
fenfiblement, je fuppofe deux hommes; l’un chez
qui les idées n ont jamais pu fe lier ; l’autre chez qui
elles fe lient avec tant de facilité 6c tant de force ,
qu’il n’eft plus le maître de les féparer. Le premier
feroit fans imagination 6c fans mémoire, il feroit ab-
folument incapable de réflexion , ce feroit un imbé-
cille. Le fécond auroit trop de mémoire Sctrop d’imagination
; il auroit à peine l’exercice de fa réflexion,
ce feroit un fou. Entre ces deux excès, on pourroit
fuppofer un milieu , où le trop d’imagination 6c de
mémoire ne nuiroit pas à la folidité de l’efprit, 6c où
le trop peu ne nuiroit pas à fes agrémeris. Peut-être
ce milieu eft-il fi difficile, que les plus grand génies
ne s’y font encore trouvés qu’à peu-près. Selon que
différens efprits s’en écartent, 6c tendent vers les
extrémités oppofées , ils ont des qualités plus ou
moins incompatibles , puifqu’elles doivent plus ou
moins participer aux extrémités qui s ’excluent tout-
à-fait. Ainfi ceux qui fe rapprochent de l’extrémité
où l’imagination & la mémoire dominent , perdent à
proportion des qualités qui rendent un efprit jufte ,
conféquent & méthodique ; 6c ceux qui fe rapprochent
de l’autre extrémité , perdent dans la même
proportion des qualités qui concourent à l’agré-
menti Les premiers écrivent avec plus de grâce ,
les autres avec plus de fuite & de profondeur. Lifez
Ve fa i fur Vorigine des connoijjances humaines , d’où
ces réflexions font tirées.
Mémoires , ( Littér. ) terme aujourd’hui très-
ufité, pour fignifier des hiftoires écrites par des per-
fonnes qui ont eu part aux affaires ou qui en ont été
témoins oculaires. Ces fortes d’ouvrages , outre
quantité d’évenemens publics & généraux, contiennent
les particularités de la vie ou les principales
allions de leurs auteurs. Ainfi nous avons les mémoires
de Comines , ceux- de Sully, ceux du cardinal
de Retz , qui peuvent paffer pour de bonnes
inftruftions pour les hommes d’état. On nous a donné
aufii une foule de livres fous ce titre. Il y a contre
toifs les écrits en ce genre une prévention générale,
qu’il eft très - difficile de déraciner de l’efprit des
lefteurs, c’eft que les auteurs de ces mémoires , obligés
de parler d’eux-mêmes prefqu’à chaque page ,
ayent affez dépouillé l’amour-propre 6c les autres
intérêts perfonnels pour ne jamais altérer la vérité ;
car il arrive que dans des mémoires contemporains
partis de diverfes mains , on rencontre fouvent des
faits 6c des fentimens abfolument contradiâoires;
On peut dire encore que tous ceux qui ont écrit
en ce genre, n’ont pas affez refpe&é le public, qu’ils
ont entretenu de leurs intrigues; amourettes & autres
aâions qui leur paroiffoient quelque -chofe, &
qui font moins que rien aux yeux d’un leéteur,
fenfé.
Les Romains nommoient ces fortes d’écrits en
général commentarii. Tels font les commentaires de
Çé far, une efpece de journal de fes campagnes ; il
feroit à fouhaiter qu’on en eût de femblables de tous
les bons généraux.
- On donne aufli le nom de mémoires aux a£les d’une
Société littéraire , c’eft-à-dire au réfultat par écrit
des matières qui y ont été difeutées 6c éclaircies,
nous avons en ce genre les mémoires de l’académie
des Sciences 6c ceux de l ’academie des Infcriptions
& Belles-Lettres ; le caraftere de ces fortes d’écrits
eft l’élégance 6c la précifion, une méthode qui ramené
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mené au fujet tout ce qui peut l’éclaircir, 6c qui eft
écarte avec le même foin tout ce qui eft étranger.
Ces deux qualités régnent dans la plupart des pièces
qui compofent les recueils dont nous venons de parler,
6c font fuftifamment l’éloge des fociétés fa vantes
qui leur ont donné le jour.
Mé m o i r e , ( Jurifprud. ) fignifie la bonne ou
mauvaife réputation qu’on laiflè après foi. On fait le
procès au cadavre ou à la mémoire des criminels dé
léfê-majefté divine ou humaine, de ceux qui ont écè
tués en duel, ou qui ont été homicides d’eux-mêmes,
ou qui ont été tués en faifant rébellion à juftice avec
force ouverte ; 6c pour cet effet on nomme un curateur
au cadavre ou à la mémoire du défunt. Foye^ Le
tit. X X Ï Ï . de VOrdonnance criminelle.
La veuve , les enfans & parens d’un condamné
par fentence de contumace, qui fera décédé avant
les cinq ans, à compter du jour de fon exécution ,
peuvent appeller de la fentence, à l’effet de purger
la mémoire du défunt, s’ils prétendent qu’il a été
condamné injuftement. Voyelle tit. X X F J I de L'Ordonnance
criminelle. On brûle le prOcès de ceux qui
ont commis des crimes atroces, pour effacer la mémoire
de leur crime. (A )
Mémoire , ou Factum , ( Jurifprud. ) eft aufli
un écrit qui eft ordinairement imprimé, contenant
le fait & les moyens d’une caufe , inftance ou procès.
foye{Factum. (A )
Mémoire des f r a i s , (Jurifprud. ) eftunétat
des frais , débourfés, vacations & droits dûs à un
procureur par la partie. Ce mémoire différé de la déclaration
de dépens , en ce que celle-ci eft lignifiée
au procureur acfverfe , 6c que l’on n’y comprend que
les frais qui entrent en taxe ; au iieu que dans le mémoire
des frais , le procureur comprend en général
tout ce qui lui eft dû par la partie, comme les ports
de lettres & autres faux frais , 6c cç qui lui eft dû
pour fës pertes , foins & vacations extraordinaires,
& autres chofes qui n’entrent point en taxe. Foyer
D épens, ( à )
Mémoire , en termes de Commerce , écrit fom-
maire qu’on dreffe pour foi-même ,o u qu’on donne
à un autre pour fe fouvenir de quelque chofe.
On appelle aufli quelquefois mémoire chez les marchands
6c chez les artifans , les parties qu’ils four-
niffent à ceux à qui ils ont vendu delà marchandife,
ou livré de l’ouvrage.
Ces mémoires ou parties , pour être bien dreffées,
doivent non-feulement contenir en détail la nature ,
la qualité 6c la quantité des marchandifes fournies ,
ou des ouvrages livrés à crédit, mais encore l’année,
le mois & le jour du mois qu’ils l ’ont été, à qui on les
a donnés , les ordres par écrit,, s’il y en a , les prix
convenus , ou ceux qu’on a deffein de les vendre ,
enfin les femmes déjà reçues à compte. Foye^ Parties.
Les marchands, négocians 6c banquiers appellent
agenda, les mémoires qu’ils drefl’ent pour eux- mêmes,
Ôc qu’ils portent toujours fur eux , & confervent ie
nom de mémoires à ceux qu’ils donnent à leurs garçons
& fadeurs, ou qu’ils envoient à leurs, corref-
pondansou commiffionnaires, Foye{ Agenda.
Les mémoires que lescom miffionnaires dreffentdes.
marchandifes qu’ils envoient à leurs commettans ,
fe nomment factures, 6c ceux dont ils chargent les
voituriers qui doivent les conduire , fe nomment
lettres de voiture. Foye{ FACTURES & Lettres de
Voiture, Dicl.deComm. (v)
MÉMORIAL, f. m. ( Comm. J livre qui fert comme
de mémoire aux marchands, négocians., ban-]
quiers & autres commcrçans pour écrire journellement
toutes leurs affaires, à mefure qu’ils viennent
de les finir.
Lzjmémorial eft propre ment «ne efpece de journal
Jomt X %
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qui n’eft pas au net ; aufli I’appelîe-t-oh quelquefois
brouillard, ou brouillon. Foyer BroÜILLON.
Ce livre, tout informe qu il eft, eft le premier 6c
peut-être le plus utile de tous ceux dçnt fë fervent
les marchands, étant comme là bafe 6c le fondement
des autres dont il conferve 6c fournit les matières.
Quant à la maniéré de le tenir,voye? lanicleLiVRE
Dicl. de Commerce. ( D . J, )
MEMPHIS , ( Géog. anc. ) ville confidérable d’Egypte
, fituée à 1 5 mille pas au-deffus du commencement
du delta ou de la réparation du Nil , fur
la rive gauche de ce fleuve, peu loin des pyramides,
6c la capitale du nôme auquel elle donnoit fon nom.
Cette ville appellée par les Egyptiens Menuf ou
Migdoly 6c par les Hébreux Moph , étoit anciennement
célébré. Nabuchodonofor la ruina ; mais elle
fe rétablit ; cardutems de Strabon, elle étoit grande
, peuplée 6c la fécondé ville d’Égypte, qui ne le
cédoit qu’à Alexandrie.
Ses ruines ne font plus que des mafures fort peu
diftin&es , 6c qui continuent jufque vis- à-vis du
vieux Caire. Parmi ces ruines eft le bourg de Gezc:
cependant on voyoit autrefois dans Memphis plu-
fieurs temples magnifiques, entr’autres celui de Vénus
, & celui du dieu Apis. Il n’en refte plus de vef-
tiges. ( £ . ƒ .)
MÈMPHITÊ , f. f . (fHifl. naté) nom donné par les
anciens à une pierre qui, mife en macération dans
du vinaigré, engourdiffoit les membres au point de
rendre infenfible à la douleur, & même à celle de
l’amputation. Onia trouvoit, dit-on,près de Memphis
en Égypte.
On a aufft donné quelquefois le nom de memphitis
à une efpece d’onyx ou de camée,. çômpofée de plu—
fieurs petites couches, dont l’inférieure eft noire 8c
la fupérieure blanche. Foyer Wallerius\ Minéralo-
M h I. .
MEMPHITIS, (Géc ig.ànc. )nôme ou canton d’Egypte
, au - deflùs du delta , à l ’occident du Nil. Il
prenoit fon nom , fuivant Ptoloméé , ïiv. 1F. ch. y.
de Memphis fa capitale. .
MÉNALà GOGUE , (Médec. ) efpece de purgat
if , félon la divifion des anciens, cru propre à évacuer
la mélancholie ou bile noire. F o y c { Purgatif
& Humeur , Médecine.
MENACE , f. f. ( Gramm. & Moral. ) c’eft le fîgne
extérieur de la colere ou du reffentimerir. Il y en a
de permifes ; ce font celles qui precedent l’ injure,
& qui peuvent intimider l ’aggrèfieur 6c l’arrêter. U
y en a d’illicites ; ce font celles qui fuivent le mal.
Si la vengeance n’eft permife qu’à Dieu , la menace
qui l’annoriee eft ridicule dans l’homme. Licite ou
illicite , elle eft toujours indécente. Les termes me-
nace & menacer ont été employés métaphoriquement
en cent maniérés diverfes. On dira très-bien , par
exemple , lorfque le gouvernement d’un peuple fe
déclare contre la philofophie, c’eft qu’il eft mauvais:
il menace le peuple d’uné ftupidité prochaine. Lorfque
les honnêtes gens font traduits fur la fcène, c’ëiï
qu’ils forit menacés d’une perfécution plus violente i
on cherche d’abord à les avilir aux yeux du peuple ,
& l’on fe fert, pour cet effet, d’un Anite , d’un Milite
, ou de quelqu’autrë përfônriage diffamé, qui n’a
nulle confédération à perdre. La perte de l’efpric
patriotique menace Pétat d’unè drflolution totale.
MËNÆ, ( Géog. anc.) ville de Sicile, félon Pto-
lomée , liy. III. chap. iv. qui la place dans les terres
entre Neclum Sr Paciorus. Fazella nomme Ménée.y &
Niger Calategirone.
MÈNÂDE , (Littéral.') c’eft-l-dire , furieufe , de
putivc/xai, être en fureur. Le furnom de. ménades fut
donné .aux bacchantes , parce que dans la célébration;
des mÿfteres de Bâcchus , elles ne marchoiçnt
que comme des prêtreffes agitées de transports fu