5 26 MIN
re ; cela incommoderoit les ouvriers qui y travaillent.
Ces puits font revêtus comme les premiers ,
6 ils n’en different qu’en ce qu’ils ne vont point juf-
qu’au jour. On y place aum des tourniquets , &
quelques-uns fervent à l’épuifement des eaux. On
peut fe faire une idée de leur arrangement, en jet-
tant les yeux fur la Planche de la coupe d'une mine.
Lorfque les mines font très-profondes, & que les
galeries ont été pouffées à une grande longueur,
il deviendroit très-pénible & très-couteux de s’occuper
à tirer les pierres inutiles qui ont été détachées
de la montagne. Pour éviter ce transport, on
les jette dans les creux & les cavités qui ont «té
épuifées de minerai ; quelquefois'même on forme
des planchers à la partie lupérieure des galeries,
pour les recevoir, & l’on a trouvé que fouvent au
bout d’un certain tems, ces pierres brifées avoient
repris du corps & étoient devenues chargées de-mi-
lierai.
Quand les chofes font ainfi difpofées, il faut fon-
ger à prévenir ou à remédier aux inconvéniens auf-
quels les mines font expofées. La principale incommodité
vient des eaux qui fe trouvent dans le fein
de la terre , & que les ouvriers font fortir des réservoirs
ou cavités où elles étoient renfermées, en
perçant avec leurs outils les roches qui les conte-
noient ; alors elles fortent avec violence & quelquefois
en fi grande quantité, que l’on eft fouvent
forcé d’abandonner l’exploitation des mines au moment
où leur produit devenoit le plus confidérable;
c ’eft aufli un des plus grands obftacles que l’on ait
à vaincre, & ce qui conftitue fouvent dans les plus
■ fortes dépenfes. On a différens moyens pour fe dé-
barrafl'er des eaux ; on pratique ordinairement fur
le fol des galeries, des efpeces de rigoles ou de petits
canaux qui vont en pente, & qui conduifent
les eaux dans des réfervoirs pratiqués dans des endroits
qui font au-deflùs du niveau de ceux où l’on
travaille ; là ces eaux s’amaffent, & elles en font
tirées par des pompes mifes en mouvement par des
machines à moulettes, tournées par des chevaux à
la furface de la terre ; on multiplie les corps de pompes
en raifon de la profondeur des endroits dont on
veut épuifer les eaux. Ces pompes ou machines
font de différentes efpeces ; on trouvera leur def-
iCription à l'article Pompes DES MINES.
Rien n’eft plus avantageux pour procurer I’épui-
fement des eaux des mines, que de faire ce qu’on
appelle une galerie de percement. C ’eft un chemin
que l’on fait aller en pente, il prend fa naiffance au
•centre de la montagne, & fe termine dans quelque
endroit bas au pié de la montagne, par-là les eaux
fe dégorgent, foit dans la plaine, (bit dans quelque
civiere voifine. Cette voie eft la plus fûre pour fe
débarraffer des eaux, mais on ne peut point toujours
la mettre en pratique , foit par les travaux
immenfes qu’elle exige, foit par la pofition des lieux,
io it par la trop grande profondeur des fouterreins,
qui quelquefois vont beaucoup au-deffous du niveau
des plaines & des rivières voifines, d’où l’on
voit qu’il faut beaucoup de prudence & d’expérienc
e pour pouvoir lever cet obftacle. Dans les mines
d’Allemagne, les entrepreneurs d’un percement ont
le neuvième du minerai, qui fe détache.dans la mine
qu’ils ont débarraffce des eaux.
Un autre inconvénient funefte des mines vient du
mauvais air qui régné dans les fouterreins ; cet air
déjà chaud par lui-même, le devient encore plus
par les lampes des ouvriers ; il eft dans un état de
ftagnation , & lorfque le foleil vient à donner fur
les ouvertures des puits, il régné quelquefois une
chaleur infupportable dans ces fouterreins. On doit
joindre à cela des exhalaifons fulfureufes & arféni-
4aies, ou moufettes qui partent du minerai que l’on
détache, & qui fouvent font périr fubitement les
ouvriers. Voye^ Exhalaisons minérales. Il eft
donc très-important de remédier à ces inconvéniens,
& d’établir dans les fonds des tiiines des courants
d’air, qui emportent les vapeurs dangereufes & qui
mettent de l’air frais en leur place. Nous avons déjà
remarqué, que l’on faifoit pour cela des puits de distance
en diftance ,.mais il eft important que ces puits
ne foient point de la même longueur que les autres,
parce que s’ils étoient exaôement de la même longueur
, l’air qui eft un fluide ne fe renouvelleroit
point ; au lieu qu’en faifant attention à cette obfer-
vation , les différens puits feront la fonftion d’un
fyphon, dans lequel l’eau dont on le remplit fort
par la branche la plus courte , tandis.que cette eau
refte fi les deux branches du fyphon font égales ; il
en eft de même de l’air qui eft un fluide. C ’eft pour
cette raifon que les mineurs avifés allongent par
une trompe de bois un des puits , lorfque la pofition
peu inclinée de leurs galeries ne permet pas
de rendre la lortgueur des puits allez inégale.
Autrefois on fe fervoit aufli de grands foufHets
qui pouffoient de l’air dans les fouterreins, au moyen
de tuyaux dans lefquels ils fouffloient ; mais de tour
tes les inventions pour renouveller l’air des mines ,
il n’en eft point de plus fûre que de placer près de
l’ouverture d’un puits un fourneau, au travers du-,
quel on fera palier un tuyau de fe r , que l’on pror-
longera dans les fouterreins par des planches, dont
les jointures feront exactement bouchées. Par ce
moyen , le feu attirera perpétuellement l’air qui fera
dans l’intérieur de la terre, & il fera renouvelle
par celui qui ira y retomber , par les autres puits
& ouvertures.
Telle eft en général la maniéré dont fe fait l’exploitation
des mines ; elle peut varier en quelques
circonftances peu importantes dans les différens
pays ; mais ce qui vient d’être dit fuffit pour en donner
une idée diftinCte. On voit que ce travail eft
très-pénible , très-difpendieux , fujet à de grands
inconvéniens & très-incertain. Il eft donc important
de ne s’embarquer dans ces dépenfes & ces travaux
qu’avec connoiffance de caufe, & après avoir
pefé mûrement toutes les circonftances. Le mondo
eft plein de faifeurs de projets qui cherchent à engager
les perfonnes peu inftruites dans des entrepri-
fès , dont ils favent feuls tirer du profit. Il vaut
mieux ne point commencer à travailler , que de fe
mettre dans le cas d’abandonner fon travail ; il faut
débuter avec économie, & ne le faire qu’après s’être
aflùré par des eflais exaôs , de ce qu’on a lieu
d’attendre de fes travaux , voye[ Essai. Cependant
il ne faudra point oublier que les travaux en grands
de la Métallurgie ne répondent prefque jamais exactement
aux produits que l’on avoit obtenus par les
eflais en petit ; ces derniers fe font avec une préci-
fion que l’on ne peut point avoir dans le travail
en grand. Il n’y a qu’ un petit nombre de perfonne?
qui foient vraiment inftruites dans la fcience des
mines , il faut beaucoup de lumières, de connoif-
fances & d’expériences pour y faire les améliorations
dont elle eft fufceptible. Le plus grand nombre
ne fuit qu’une routine prefcrite par les prédé-*
cefleurs.. Voyeç Min éralogie.
Comme le travail des' mines doit néceflairement
être fuivi des travaux de la Métallurgie, on ne doit
point entreprendre l’exploitation d’une mine fans,
avoir examiné fi le pays où l’on eft fournira la quantité
de bois néceffaire, tant pour les charpentes des
fouterreins qui.demandent fouvent à être renouvel-
lées, que pour les travaux des fonderies qui en consument
une quantité très-confidérable : on fent que
l’entreprife deviendroit trop coûteufe s’il falloit faire
venir le bois de loin, 11 n’eft pas moins important
de voir fi l’on trouvera dans fon voifinage , des rivières,
des ruiffeaux , parce que Ton a befoin d’eau
pour les lavoirs, les boccards, pour faire aller les
foufflets des fonderies, Sc même pour faire aller les
pompes qui tirent les eaux des fouterreins ; cela épar-
gne la main-d’oeuvre. '
Si l’exploitation des mines eft une entrepnfe rui-
neufe lorfqu’elle fe fait trop légèrement , elle eft
très-avantageufe lorfqu elle fe fait avec connoiflan-
ce de caufeT Perfonne n’ignore les revenus immenfes
que les mines produilent à la maifon électorale de
Saxe, àla maifon de Brunftvick 8c à, la maifon d’Autriche
, fans compter un grand nombre d’autres
princes d’Allemagne , qui en tirent des profits très-
confidérables. C ’eft par ces motifs que les fouve-
rains d’Allemagne ont dor.ifc une attention particulière
à cette branche importante du commerce de
leurs états ; ils s’intéreflent ordinairement eux-mêmes
dans les entréprifes des mines 8c ils ont établi
des collèges ou des confeils uniquement deftinés à
veiller non-feulement 4 leurs propres intérêts, mais
encore à ceux des compagnies qui font l’exploitation
des mines. Ils ont accordé de très-grands privilèges
pour exciter 8c encourager ces travaux fi pénibles
& fi coûteux ; ils n’ont point cru faire une
grâce à leurs fujets en leur permettant de fe ruiner,
& ils ne leur accordoient pas des conceftions^pour
Un tems limité , méthode très-propre à empêcher
qu’on ne faffe de grandes entreprifes en ce genre ,
parce que ce n’eft fouvent qu’au bout d’un grand
nombre d’années de travaux inutiles que l’on trouve
enfin la récompenfSde fes peines. Il feroit à fouhai-
ter que la France ouvrant les yeux fur fesi-vérita-
bles intérêts, remédiât à ce que les ordonnances.ont
de défeftueux à cet égard ; elle mettroit par-là fes
fujets à portée dé travailler à l’exploitation des mù
ms*, que l’on trouveroit en abondance fi Fon étoit
encouragé 4 les chercher ; cela fourniroit des ref-
fdurçes à des provinces qui n’ont d’ailleurs [joint de
commerce ni de débouche pour leurs denrees , 8c
qui abondent de bois dont, elles ne peuvent trouver
le tranfport. Schroeder a regardé le travail des mines
comme une choie fi avantageule pour un état ,
qu’il ne: balance point à dire qu’un prince doit les
faire exploiter dans fon pays même fans profit, parce
que par-là il occupe un grand nombre de bras
qui demeurertSent oififs, il occafionne une circulation
de l’argent parmi fes fujets , il fe fait une eon-
fommation des denrees , 8c il s établit des manu-
fariures 8c du commerce. Comme depuis quelques
années on a envoyé des jeunes gens en Saxe 8c dans
les mines de Hongrie pour s inftruire dans les tra-
vaux delà Minéralogie & de la Métallurgie , il pa-
roît que le gouvernement a deflein de s occuper de
cette partie fi importante du commerce, & l’on doit
fe flatter qu’il mettra à profit les lumières qui ont
été acquifes par les perfonnes qu’il a fait voyager
dans cette vue.
Quand on veut établir des mines dans un pays ou
l’on n’en a point encore exploités , il eft à propos
de faire venir, à force d’argent, des ouvriers d’un
pays où ces travaux font cultivés ; les habitans apprendront
d’eux la.maniéré dont il faut opérer , &
peu-à-peu on fe met en état de fe paffer des étrangers.
Il faut aufli que le fouverain encourage les
travailleurs par des franchifes & des privilèges qui
leur faflent fermer les yeux fur les dangers qui accompagnent
la profefîion de mineur & fur la durete
de ce travail. En effet, le travail des mines* toit un
fupplice chez les Romains ; la fante des ouvriers eft
ordinairement très-expofée, fur-tout dans les mines
arfenicales, où il régné des exhalaifons empoifon-
nées. Ceux qui travaillent en Saxe dans les mines
de cobalt, ne vivent point long-tems > ils font fujets
à la phthifie 8c à la pulmonie, cela n'empêche
point les enfans de courir les mêmes dangers que
leurs peres, & de paffer la plus grande partie de leur
vie enterrés tout vivans dans des fouterreins oii ils
font privés de la lumière du jour, & continuellement
en péril d’être noyés par les eaux, d’êtreblef-
f#s par l’ecroulement des rochers , par la chute des
pierres 8c par une infinité d’autres accidens. Eu
1687 la fameufe montagne de Kopparberg en Suède
écroula tout d’un coup , parce que les grandes
excavations qu’on y avoit faites > furent caufe que
les piliers qfion avoit laiffés ne purent plus foute-
nir le poids de la montagne : par un grand bonheur
ce défaftre arriva un jour de fête , 8c perfonne ne
fe trouva dans les fouterreins qui renfermoient ordinairement
plufieurs milliers d'ouvriers. Comme en
Suède on a fenti l’importance dont le travail des
mines étoit pour ce roy aume, on n’a rien omis pouf
adoucir la rigueur du fort des mineurs ; ceux qui ont
eu le malheur d’être b le f fé s o u d’être mis hors d’état
de travailler, font entretenus aux dépens de l’ét
a t , dans un hôpital fondé en 1696 , 8c on leur
donne 18 thalers par mois. Voye^ Nauclerus, de
rodinis cuprimontanis.
La Providence a répandu des mines dans prefi
sue: toutes iles parties de notre globe, il y a peu de
pays qui en foient entièrement privés ; mais certains
netauX abondent plus dans quelques contrées que
dans d’autres.
En Europe les mines les plus connues font celles
de Suede, fur-tout pour le cuivre 8c le fer ; le travail
s’y fait avec le plus grandfoin , 8c attire toute
Fatteiition 8c la proteaion du gouvernement. La
mine d’Adelfors donne de l’or. La Norvège a aufli des
mines que le roi de Danemark , actuellement régnant
, paroît vouloir faire travailler. La Ruflîe 8c
la Sibérie ont un grand nombre de mines, dont quelques
unes ont été miles en valeur par les foins de
Pierre le grand. Suivant ie rapport de M. Gmelm ,
la plupart des mines de Sibérie ont cela de particulier
, qu’elles fe trouvent à la furface de la terre ,
milieu que dans prefque tous des autres p a ys, elles
ne fe rencontrent qu’à une certaine profondeur fous
terre. La Pologne contient fur-toüt des mines inépui*
fablès de fel gemme , fans compter celle des plu-
fleurs métaux. ,
L’Allemagne eft depuis plufieurs fiecles renommée
par fes mines, 8c par le grand foin avec lequel on les
travaille, C ’eft de ce pays que nous font venues
toutes les eonnoiffances que nous avons fur les travaux
des mines8c delaMstallurgie. Tout le monde
connoît les fameufes mines du Hartz , appartenantes
à la maifon de Brunfvick. Les mines de Mifnie fe travaillent
avec le plus grand foin. Albinus rapporte
dans fa Chronique des mines de èitijhic, pag. y o. qu en
1478 on découvrit à Schneeberg un filon de mine
d’argent, fi riche , que l ’on y détacha un morceau
d’argent natif, fur lequel le duc Albert de Saxe dîna
dans la mine avec toute fa cour, & dont on tira 400
quintaux d’argent. La Bohêmë a des mines d’étain
8c d’autres métaux. La Carniole 8c la Styne ont
des mines de mercure , de fe r , de plomb , &c. La
Hongrie 8c la Tranfilvanie ont des mines d or tres-
abondàntes. , „
La Grande - Bretagne étoit fameufe dans 1 antiquité
la plus reculée par fes riches mines d étain, fi-
tuées dans la province de Cornouailles;elle ne 1 eft
pas moins par fes mines de charbon-de-terre ; on y
trouve aufli du plomb, du fer & du cuivre. Maigre
ces avantages, les Anglois ne nous ont donne aucun
ouvragé digne d’ attention fur les travaux de leurs
mines. . . .
La France poffede aufli un grand nombre de mi-,
nés ; mais jufqu’à préfent elle ne s’eft encore occu