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ÿ 'S î AMMELLE ou MAMELLE,
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f. f. ( Anat. 6* Phyfiol. ) en latin
mamma, partie du corps
humain plus ou moins élevée,
charnue, glanduleufe , pofée
extérieurement vers les deux
côtés de la poitrine.
On donne le nom de mammelles
à deux éminences plus
ou moins rondes, fitüées à la partie antérieure & un
peu latérale delà poitrine, de maniéré que leur centre
eft à-peu-près vis-à-visl’extrémité offeufe de la fi-
xieme des vraies côtes de chaque côté. Elles varient
en volume & en forme, félon l’âge & le fexe.
Dans les enfans de l’un & l’autre fexe, & dans les
hommes de tout âge, elles ne font pour l’ordinaire
que des tubercules cutanés , comme des verrues
mollaffes, plus ou moins rougeâtres, qu’on appelle
mammellons , & qui font environnés chacun d’un
petit cercle ou difque médiocrement large , très-
mince , d’une couleur plus ou moins tirant fur le
brun, & d’une furface inégale. On l’appelle aréole.
Dans les femmes , à l’âge d’adolefcence, plutôt
ou plus tard, il fe joint à ces deux parties une -troi-
lieme , comme une groffeur ou protubérance plus
ou moins convexe & arrondie , dont la largeur va
jufqu’à cinq ou fix travers de doigts , & qui porte
à-peu-près au milieu de fa convexité le mammel-
lon & l’aréole. C ’eft ce qui eft proprement appellé
mammelU , & que l’on peut nommer aufli le corps
de la mammelU, par rapport à fes deux autres parties.
Ce corps augmente avec l’âge, acquiert beaucoup
de volume dans les femmes groffes, & dans
celles qui nourriffent. Il diminue aufli dans la vieil-
leffe , qui lui fait perdre de même fa fermeté & fa
confiftance naturelles.
Le corps de la mammelle eft en partie glanduleux
& en partie graifleux. C’eft un corps glanduleux
entremêlé de portions de la membrane adipeufe,
dont les pellicules cellulaires foutiennent un grand
nombre de vaifleaux fanguins , de vaifleaux lymphatiques
, de conduits féreux & laiteux, avec plu-
iieurs petites grappes glanduleufes qui en dépendent
, le tout fermement arrêté entre deux membranes
qui font la continuation des pellicules.
La plus interne de ces deux membranes .& qui
fait le fond du corps de la mammelle , eft épaifle ,
prefque plate , & attachée au mufcle du grand
peûoral. L’autre membrane ou l’externe eft plus
fine , & forme au corps de la mammelle une efpece
de tégument particulier, plus ou moins convexe,
& elle eft fortement adhérente à la peau.
Le corps graifleux ou adipeux de la mammelle en
particulier eft un peloton fpongieux, entrelardé plus
ou moins de graiffe. C ’eft un amas de pellicules
membraneufes, qui forment enfemble, par l’arrangement
de leurs faces externes, comme une membrane
particulière en maniéré de fac , dans lequel
tout le refte du corps graifleux eft renfermé. La portion
externe de ce fac, c’eft-à-dire celle qui touche
la peau eft fort mince , au lieu que l’autre qui eft
contre le mufcle grand peûoral eft fort épaifle.
Le corps glanduleux renferme une maffe blanche
, qui n’eft qu’un amas de conduits membraneux,
étroits en leur origine , larges dans le milieu, qui
accompagnent principalement la mafle blanche &
fe retréciffent de rechef en allant au mammellon,
vers lequel ils font une efpece de cercle de commu-
Tome X %
nication ; on les appelle conduits laiteux.
Le difque ou cercle coloré eft formé par la peau *
dont la furface interne foutient quantité de petits
corps glanduleux de cette efpece, queM. Morgagny
appelle glandes fébacées. Ils paroiffent affez vifible-
ment dans toute l’aréole, même en-dehors, où ils
font de petites éminences plates qui s’élèvent d’ef-
pace en efpace comme des monticules tout autour
dans l’étendue du cercle ou du difque.
Ces monticules ou tubercules font percés d’un
petit trou , par lequel on peut faire fortir une matière
fcbacée. Quelquefois on en exprime une li*
queur féreufe , d’autrefois une férofité laiteufe, ou
même du lait tout pur, fur-tout dans les nourrices.
Ce fait donne à penfer que ces tubercules communiquent
avec les conduits laiteux, & qu’on pour-
roit les regarder comme de petits mammelons auxiliaires
qui fuppléent un peu aux vrais mammelons.
Les matières ou liqueurs différentes qu’on peut exprimer
fucceflivement d’un même corps glanduleux
, donnent encore lieu de croire que le fond de
ces petits trous eft commun à plufieurs autres plus
petits.
On voit par ce détail que la fubftance des mam-
nielles eft compofée de plufieurs chofes différentes.
i° . On trouve les tégumens communs qui font l’épiderme
, une peau tendre & une quantité confidéra-
ble de graiffe. z°. On trouve une fubftance particulière
, blanche, qui paroît être glanduleufe, & qui
n’eft pas différente de la fubftance qui compofe la
plus grande partie des mammelles des animaux ; elle
occupe fur-tout le milieu de la mammelle, & elle eft
environnée d’une grande quantité de graiffe , qui
forme une partie confidérable des mammelles.... Les
corps glanduleux qui ont été décrits comme des
glandes parNuck, mais fur-tout parVerheyen, ôt
par d’autres qui ont fuivi ces anatomiftes : ces
corps, dis-je , ne font pas des glandes, ils ne font
que de la graiffe. On trouve p * les tuyaux qui portent
le lait, qui marchent à-travers la fubftance glanduleufe
, & qui fe joignent par des anaftomofes ; ils
ramaffent tte. retiennent le lait qui eft féparé dans les
filtres. Toutes ces chofes font fort fenfibles dans
les mammelles gonflées qui font grandes, & fur-tout
dans les nourrices ; mais à peine peut-on les voir
dans les filles qui n’ont pas encore l’âge de puberté ,
dans les femmes âgées, dans celles qui font extrêmement
maigres , ou qui ont les mammelles deffé-
chéesî 40. Quant aux vaifleaux des mammelles , on
fait que les arteres & les veines qui s’y diftribuent,
fe pomment mammaires internes & externes, & qu’elles
communiquent avec les épigaftriques. Warthon
a décrit les vaifleaux lymphatiques. Les nerfs mammaires
viennent principalement des nerfs coftaux ^
& par leur moyen communiquent avec les grands
nerfs lympathiques.
Les mammelles bien conditionnées font le principal
ornement du beau fexe, & ce ^qu’il a de plus
aimable & de plus propre à faire naître l’amour, fi
l’on en croit les Poètes. L’un d’eux en a fait le reproche
dans les termes fuivans à une de fes maî-
treffes coquette.
Num quid lacleolum Jînum , & ipfas
P rat te fers fine linteo papillas ?
Hoc efi dicere , pofçe , pofce, trado ;
Hoc efi ad venerem vocare amantes.
Mais les mammelles font fur-tout deftinéeS par la
nature à cribler le lait & à le contenir, jufqu’à ca
A