7 3 4 M O R
foule cette terre avec le couteau dpnt on a parlé ;
enforte que la Bombe (oit fixe dans la fituation où
on l’a mife. Tout cela étant fait, l’officier pointe le
mortier y c’eft-à-dire qu’il lui donne l’inclinaifon né-
cefîaire pour faire tomber la bombe dans le lieu
où on veut la faire aller.'Lorfque le mortier eft placé
dans la fituation'convenable pour cet effet, on gratte
la fufée, c’eft-à-dire qu’on la décoëffe; on fait auffi
entrer le dégorgeoir dans la lumierè pour la net-;,
toyer. On la remplit de poudré très-fifie enfuite-
deux foldats prennent chacun; l’un déS deux boutefeux
; le premier met le feu à; la fufée & le fécond
au mortier. La bombe chaffée par l’effort de la:
poudre va tomber vers le'lieu où elle eft deftinée;.
& la fufée qui doit (ë trouvejr à fa fin lors de l’in filant
où la bombe touche le lièu vers lequel elle eft
chaffée, met dans ce même iqftant le feu à la poudre
dont la bombe eft chargée : cette poudre, en
s’enflammant jbrife & rompt la bombe en éclats.qui
fe difperfent' à peu-près circplairement,autour- du
point de chute, & qui font Ides1 ravages confidé-
rables dans les environs.^ ; u . .
Remarques: Si la fufée mettoit le feu à la bombe
avant qu’elle fût dans le lieu où on veut la faire
tomber, la bombe creveroit en l’a ir , & elle pour-
roit faire autant de mal à ceux qui l’auroient ti-.
rée qu’à ceux contre lefquefs on auroit voulu la
chaffer. Pour éviter cet inconvénient, on fait en-
forte que la fufée dont on connoît affez exactement
la durée,, ne mette le feu à la bombe que
dans l’inftant qu’elle vient de toucher le lieu fur
lequel elle eft chaffée ou jettée. Pour cet effet,
comme la fuîee dure au moins lé tems que la bombe
peut employer pour aller dans ; l ’endroit le plus
éloigné où: elle puiffe tomber ; lorfqu’on veut faire
aller la bombe fort loin, on met le feu à la fufée
& au mortier & en même tems ; lorfque la bombe
a peu de chemin à faire,'on laiffe brûler une partie
de la fufée avant de mettre le feu au mortier.,
De la pojition du mortier pour tirer une bombe,
& de la ligne qu'elle décrit pendant la durée de fon
mouvement. Comme- l’un des effets de la bombe ré-
fulte de fa pefanteur, on ne la chaffe pas de la
même maniéré que le canon; c’eftJà-dire, le mortier
.dirigé , ou pointé vers _un_objet déterminé,
on lui donne une inclinaifon à l’horifon, de maniéré
que la bombe étant chaffée en-haut obliquement,
à-peu-près de la même maniéré qu’une balle
de paumé eft chaffée par la raquette, elle aille
tomber fur l’endroit où on veut la faire porter. On
voit par-là que le mortier n’à point de portée de but-
en-blanc, ou du moins qu’on n’en fait point d’ufage.
Le mortier étant pofé dans une fituation oblique
à l’horifon, enforte que la ligne A C (PI. VIII.
de la. fortifie, fig. /.) qui paffe par le milieu de fa
cavité, étant prolongée, faffe un angle quelconque
B 6 cD avec la ligne horifontale A B; la bombe
chaffée fuivant le prolongement de cette ligne, s’en
écarte dans toute la durée de fon mouvement par
fa pefanteur qui l’attire continuellement vers le
centre ou la fuperficie de làsterre : ce qui lui fait
décrire une efpece de ligne courbe A E B que'
les Géomètres appellent parabole. Voyei Parabole
■& Jet de bombes.
Manière de pointer le mortier. Pointer le mortier,
c’eft lui donner l’angle d’inclinaifon convenable,
pour que la bombe foit jettée dans un lieu déterminé*
Pour cet effet, on fe fert d’un quart-de-cercle
divifé en degrés, au centre duquel eft attaché un
fil qui foutient un plomb par fon autre extrémité'.
On porte un des côtés de cet inftrument fur les
bords de la bouche du mortier, & le fil marque les
degrés de l’inclinaifon du mortier.
On fe fert quelquefois pour le même ufage d’un
M O R
quart-de‘cercle brifé, tel qu’on le-voit dans la figuré
N de la PI. V II. de fortifie. La fig. O de la même
PI. montre lé même quart-de-cercie par derrière,
où font divifés les diametfes des pièces & des boulets,
& le poids & demi-diametre de fphere des
poudres.
Comme ces fortes d’inftrumens ne peuvent pas,
à caufede leur petiteflë, donner avec précifion l’angle
d’inclinaifon du mortier;que d’ailleurs on les pofe
indifféremment à tous les endroits du bord de la bouche
du mortier; il arrive le plus fou vent, dit M. Béli-
dor dans fon Bombardierfrang. « que le métal n’étant
» pas coulé également par-tout, & le pié de l’inf-
» trument ne pofant, pour ainfi dire, que fur deux
» .points, on trouve des angles différens chaque fois
» qu’on le change de fituation. J’ai auffi remarqué,
» dit le même auteur, que lorfqu’on avoit pointé le
» mortier à une certaine élévation, fi on appliquoit
» fur le bord de fa bouche plufieurs quarts-de-cer-
»•cle, les uns après les autres, chacun donnoit un
» nombre de degrés différens, quoique pofés au mê-
» -me endroit , parce que la plûpart font mal-faits
».ou. devenus défedueux, pour les avoir laiffé
» tomber, ce qui en fauffe le pié.
» Pour éviter ces ineonvéniens, il faut avoir un
» grand quart-de-çercle de bois,tel qu’on le voit fur
» Je mortier A fig. 8, PI. VII. de fortifie. Il eft ac-
» compagné d’une branche ou régie B C qu’on pofe
» diamétralement fur le mortier, enforte qu’elle en
» coupe l’ame parfaitement à angles droits.. Au
» centre F du quart-de-cerclë eft attaché un peh-
» dule qui n’eft autre chofe qu’un fil de foie -, au
» bout duquel eft un plomb G qui va fe loger dans
» une rainure, afin que la foie réponde immédiate-
» ment aux divifions de l’inftrument.
Il eft évident que l’angle C F G eft celui de l’inclinaifon
du mortier ; car fi le . mortier étoit pointé
verticalement, le fil de foie tomberait au point C}
mais il s’en écarte autant que là pofition du mortier
s’écarte de là dire&ion de la verticale. C ’efl:
pourquoi l’angle C FG eft l’angle dont le mortier
eft incliné, ce qu’il falloit démontrer.
Pour ce qui concerne le fervicé du mortier à un
fiege, voyei Ba t t er ie de mortiers.
Mortier-pierrier. (Fortif.) Voye^ Pierrier.’
Mortier-perdreaux, ou à perdreaux (Fortif.')
eft un mortier accompagné de plufieurs autres petits
mortiers pratiqués dans I’épaiffeur de fon métal.
Chacun de ces petits mortiers a une lumière percée
à un pouce de fon extrémité , laquelle répond
à une pareille lumière percée dans l’épaiffeur du
gros mortier, immédiatement aii-deffous de la plinthe
qui arrête les petits mortiers,
C es petits mortiers font propres à tirer des grenades,
& on appelle ce mortier qui les contient
à perdreauxt parce qu’en le tirant, fa bombe peut
être regardée comme la perdrix accompagnée de
grenades qui lui tiennent lieu de perdreaux. Les
alliés ont fait beaucoup d’ufagè de cette forte de
mortiers dans la guerre de 1701 ; mais ils n’ont
point eu une parfaite réuffite dans les épreuves
qui en ont été faites en France en 1693 , & qui font
rapportées dans les Mémoires d'Artillerie de M. de
Saint-Remy.
Mortier a la co ehorn , (Fortifient. ) ce
font de petits mortiers propres à jetterdes grenades ,
& qui (ont dé l’invention du célébré ingénieur dont
ils portent le nom.
Mo rtier aux pelotes.(Fonderie en fable.) Les
fondeurs de menus ouvrages nomment ainfi un mortier
de bois ou de pierre, & plus ordinairement
de fonte, dans lequel ils forment avec un maillet
des efpeces de boules ou de pelotes avec du cuivre
en feuilles, qu’ils ont auparavant taillées en
M O R
îïïôfcé'aüx longs & étroits avec des cifaiÜés. Voyi^
Fondeur en sable.
MORTIFICATION, fi f. (Gràm.) il à plufieurs
acceptions affez diverfes. Il fe dit de la corruption
de quelques parties de l’animal vivant, voyeç l'article
fuivant. Il fe dit des auftérités que les perfort-
hes d ’une piété timorée exercent fur elles-mêmes,
foit en expiation des fautes qu’elles ont faites* foit
en préfervatif dé celles qu’elles poürroient commettrez
Il fe dit d’une impreffion defagréable excitée
dans notre ame par le reproche, la honte, le
blâme > le défaut de fuccès, les contre-tems, les
contradi&ions, &c.
Mo r t if ic a t io n , en Médecine* eft une extinction
totale de la chaleur naturelle du corps ou
d’une partie du corps. Voye£ C haleur.
Quelques-uns définiffent la mortification , une maladie
où les fucs naturels d’une- partie perdent tout-
à-fait leur mouvement propre i & acquièrent par
ce moyen un mouvement de fermentation & de
corruption qui détruit le tiffü de la partie* .
Il y a deux fortes ou plutôt deux degrés dé mortification;
le premier appellé gangrené, qui eft une
mortification imparfaite ou commençante ; le fécond
appelle fphacele, qui eft une mortification entière ou
. complettfr. Voye{ G angrené & Sphacele*
MORTIFIER. (Chimie.) Ce terme eft ufité dans
la chimie moderne. Il lignifie détruire dans un mixte
la qualité qu’on y regarde comme effentielle, propre
, caraftériftique. Par exemple, la fluidité ou la
volatilité dans le vif-argent, la corrpfivité dans les
acides. Ainfi on mortifie le vif-argent en l’uniffant au
foufre, à une graiffe,à un acide, &c. les acides,
en les uniffant aux alkalis , à une fubftance métallique,
&c. (b)
MORTOISE, f. f. (Art méchant) eft une entaille
qui fe fait dans un morceau de bois ou de fer,
lorfqu’on veut faire quelque affemblage.
M o r t Oi s e , simple piquée juste en a-
BOUT, (Charpent.) eft celle qui a des embreve-
mens & des fauffemens piqués autant jufte en gorge
qu’en about. Voyelles PI. de Charp. & de Menuif.
MORTOISE DU GOUVERNAIL, (Mariné) c’eft le
trou qu’on fait à la tête du gouvernail, afin d’y
paffer la barre.
MORTODES, fi f. pl. ( Comm. ) fauffes perles
dont on fait quelque commerce avec les Negres
du Sénégal & autres endroits de la Guinée. On les
appelle en général perles gauderonnées ; il y en a de
rondes , d’ovales & d’autres formes.
MORTUAIRE, adj. (Jurifprud. ) fe dit de ce qui
regarde la mort. Regiftre mortuaire eft celui où l’on
écrit l’inhumation des défunts. Les curés & fupé-
rieurs des monafteres & hôpitaux font obligés de tenir
des regiftres mortuaires. Voye%_ Registre.
On appelle extrait-mortuaire le certificat d’un enterrement
tiréfur le regiftre : droits mortuaires font
ceux que les curés font autorifés de prendre pour
les enterremens. Anciennement quelques curés pre-
noient dans la fucceffion de chaque défunt un droit
nommé mortuaire, confiftant en une certaine quantité
de bétail ou autres effets, & ce pour s’indemni-
fer des dixmes ou autres droits que le défunt avoit
négligé de payer. Les conftitutions fynodales de
Pierre Qui v il, évêque d’Exceftre, fuffragant de Can-
torbéry, publiées le 16 Avril 1187, recommandent
le payement de ce droit ; mais il n’étoit pas établi
partout. Voye{ Fleury, hift. eccléfiafl. ( A )
MORVAN, LE , ( Géog. ) en latin Morvinus pa-
gus ; contrée de France contiguë au Nivernois , &
fur les confins du duché de Bourgogne. C ’eft un pays
«le montagnes & de bois, abondant en gras pâturages
; il s’étend le long de la riviere d’Yonne, & eft
prefque tout du dioçèfe d’Autun, fans être, du-moins
M Ô R 735
pôtif là plus gfàhde partie, des dépendances du duché
de Bourgogne. Les feuls lieux iin peu remarquables
du Morvan font Vezelay, Chateau-Chinon, &
Auroux. (D . J .)
MÔRU É, MORHUE i MOLUE, niolua, f. f. (ffi/î.
nat. Iclhiol. ) Rond, poiffon de mer dont la longueur
s’étend jufqü’à quàtre pies , & dont la largeur eft
d’environ un pié. Il a le cOrps gros & arrondi , le
ventre fort avancé , le db's & les côtés d’une couleur
olivâtre, falê ou bruné mêlée de taches jaunâtres
; les écaillés petites & très-adhérentes au corps;
les yeux grands & couverts d’urié membrane lâche
& diaphane , & l’iris des yeux blanche ; il y a fiir
les cotés une largé ligne blanche qui s’étend depuis
l’angle fupérieur des ouies jufqu’à la queue, en fuivant
la courbure du ventre. Ce poiffon n*a qu’un
feul barbillon long à peine d’un doigt, qui tient au
coin de la mâchoire inférieure. Là langue eft large,
molle, ronde ; les mâchoires ont dés dents difpofées
en plufieurs tarigs, dont l’un eft compôfé de dents
beaucoup plus longues que les autres. II fe trouve*
comme dans le brochet pliifieurS dents mobiles entre
les dents folides : on découvre encore de petites
dents placées fort près les Unes des autres entre le9
dernieres ouies, fur le haut dii palais, & même plus
bas , près l’orifice de l’eftortiac. La morue a trois nageoires
fur le dos , une à chaque ouie, une dé chaque
côté de la poitrine, & deux derrière l’anus l’une
au-devant de l’autre. La queue eft prefque plate ôc
non fourchue.
Les morues font 6 abondantes aù grand banc de
Terre-neuve , qu’un feul homme en prend en uri
jour* trois à quatre cens. On les pêche à la ligne, &
lés entrailles de celles qu’on vuide fervent d’appât
pour en prendre d'autres,
Selon M. Anderfon dans fon hiftoire naturelle de
riflande , on a donné à la morue le nom de cabeliau
dans tout le Nord & chez les Hollandois. Elle fe
nourrit de toutes fortes de poiffons , principalement
de harengs & de crabes ; elle digéré en fix heures de
tems des corps très-durs, comme les taies des crabes
qu’elles avalent .• ces taies deviennent bientôt
auffi rouges qu’une, écreviffe qu’on auroit fait cuire ;
elles fe diffolvent enfuite en une forte de bouillie
épaiffe qui fe digéré tout-à-fait en très-peu de tems.
La morue eft un poiffon très-goulu & infatiable ; ii
lui arrive fouvent d’avaler des corps abfoiument
indigeftes, comme des morceaux de bois. La morue
blanche , la morue verte & la merluche, ne different
que par les différentes façons de préparer les cabe-
liaux : la merluche eft une morue defféchée. Les morues
que l’on pêche dans la haute mer à 40 ou 50
braffes de profondeur, font meilleures, plus tendres
& plus dilicates que celles que l’on prend fur les côtes
& dans les golfes peu profonds. Suite de la mat.
med. par MM. de Noblevilie & Salerne, reghe animal
, tome II. part. I. Voye7 PôlSSON.
Morue , ( Pêche. ) fl y a deux fortes de morues *
l’une qui s’appelle morue verte ou blanche, l’autré
moruefeche ou parée, ou merlu, ou merluche. La pêche
s’en fait dans la baie de Canada, au grand banc dé
Terre-neuve,le banc Vert, l’île Saint-Pierre & fgj§
de Sable. On fe fert de vaiffeaux à deux ponts ordinairement,
du port dé 1O0 à 150 tonneaux, pour
charger 30 à 35 milliers de morue verte. On a des
lignes , des calus de plomb, des hameçons & des
rets ; il faut avoif un bon trancheur, un bon fléco-
leur & un bon faleur* On attribue la découverte dti
grand & petit banc des morues à des pêcheurs baf-
ques qui y arrivèrent en pourfuivant des baleines
cent ans avant le voyage de Colomb. On pêche depuis
le commencement de Février jufqu’à la fin d’A-
vril ; tout eft fait en un mois ou fix femaines ; quelquefois
on emploie quatre à cinq mois, Chaque pâ