6i 4 MO I
Moison , f. m. (Draperie.) la moifon d’une chaîne
, ou fa longueur , c’eft la même chofe.
MOISSAC , Mujfiacum , ( Géogr. ) ancienne pe-
rite ville de Fiance dans le Quercy. Elle eft abondante
en toutes fortes de denrées, 6c eft agréablement
fituée fur le Tarn , un peu au-deffus de l’endroit
oîi il s’embouche dans la Garonne. Elle doit
fon origine à une abbaye qui y fut fondée dans le
xj. fiecle, 6c depuis lors elle a été cent fois affligée
par les guerres. Long. ig. z . lut. 44. 8. ( D. J .)
MOISSON, f. f. eft le terme dont on fe fert pour
exprimer la récolté que l’on a faite des fruits d’une
piecè de terre , d’un verger , &c.
Moisson , (Hift. facrée des Juifs. ) Les Juifs ouvraient
la moifon avec cérémonie. Celle de froment
commençoit au dix-huitieme du mois de Tiar,
le trente-troifieme jour après la fête de Pâques, 6c
les prémices du froment fe préfentoient au temple
à la Pentecôte. La moifon de l’orge fe commençoit
immédiatement après la fête de Pâques , 6c le fei-
zeime de Nifan. La maifon du jugement envoyoit
hors de Jérufalem des hommes pour cueillir la gerbe
des nouveaux orges, afin de facrifièr au Seigneur
les prémices des mofions. Les villes voifines s’af-
fembloient au lieu oii l’on devoit cueillir cette gerbe
, pour être témoins de la cérémonie. Trois hommes
moiffonnoient avec trois faucilles différentes
une gerbe que l’on mettoit dans trois coffres diffé-
rens, 6c on l’apportoit au temple oit elle étoit battue,
vannée 6c préparée pour être offerte au Seigneur
le lendemain matin. Moife ordonne que quand
on moiffonne un champ, on ne le moiffonne pas entièrement
, mais qu’on en laiffe un petit coin pour le
pauvre 6c l’indigent. Poftquam autem mefueritis fe-
gelem terra veftrce , non fecabitis eum ufque ad folum ,
nec rémanentes fpicas colligetis ; fed pauperibus & pere-
grinis dimittatis cas. Le vit. 23. 22. C ’eft une loi d’humanité.
(D . /.)
Mo is so n , (Jurïjpl) on entendauffi quelquefois
par moijfon les grains recueillis , 6c quelquefois le
tems oit fe fait la récolté.
Il y a des pays où l’on commet des meffiers pour
la garde des moifons f de même que l’on fait pour
les vignes ; ce qui dépend de l’ufage de chaque
lieu.
Suivant le Droit romain , le gouvernement de
chaque province faifoit publier un ban pour l’ouverture
de la moifon, /. X IV . f . de feriis. C ’eft apparemment
de-là que quelques feigneurs en France
s’étoient auffi arrogé le droit de ban à moifon; mais
ce droit eft préfentement aboli par-tout. Voye^ le
Traité des fiefs de G uyot, tome I. à la fin.
L'édit de Melun de l’an 1579, ar1, 29 » veut que
les détenteurs des fonds fujets à la dixme , faffent
publier à la porte de l’églife paroiffiale du lieu où
les fonds font fitués , le jour qu’ils ont pris pour
commencer la moifon ou vendange, afin que les
décimateurs y faffent trouver ceux qui doivent lever
la dixme. Cependant cela ne s’obferve pas à la
rigueur; on le contente de ne point enlever de
grains que l’on n’ait laiffé la dixme , ou en cas que
les dixmeurs foient abfcns, on laiffe la dixme dans
le champ. (<*)
MOITE , MOITEUR, ( Gram. ) Il fe dit de tout
corps qui excite au toucher la fenfation d’un peu
d’humidité. Le linge mal féché eft moite. La chaleur
qui fuit un accès de fievre eft fouvent accompagnée
de moiteur. La furface du marbre , du fer , & de
prefque tous les corps durs femble moite.Ce phénomène
vient en partie de ce que la matière qui tranf-
pire des doigts, s’y attache & n’y eft point imbibée;
c’eft nous-mêmes qui y faifons cette moiteur.
MOITIÉ , f. f. ( Gram. ) Il fe dit indiftinélement
de l ’une des deux parties égales dans lefquelles un
M O K
tout eft ou eft cenfé divifé ; il fe dit des chofes &
des perfonnes. La femme eft la moitié de l’homme.
Il le prend au' fimpleôt au figuré. On peut prendre
à la lettre le bien que le public jaloux dit de ceux
qui le gouvernent ou qui l’inftruifent; il faut communément
rabattre la moitié du mal, que fa méchanceté
fe plaît à exagérer.
MOh.iSSOS, ( Hift. mod. fuperfiition. ) les habi-
tans des royaumes de Loango 6c de Benguela en
Afrique, 6c plufieurs autres peuples idolâtres de
cette partie du inonde, défignent fous ce nom des
génies ou démons, qui l’ont les leuls objets de leur
adoration 6c de leur culte. 11 y en a de bienfaifans
& de malfaifans ; on croit qu’ils ont des départemens
léparés dans la nature, 6c qu’ils font les auteurs des
biens 6c des maux que chaque homme: éprouve.
Les uns prélident à l'air, d’autres aux vents, aux
pluies, aux orages : On les confulte fur le paffé &
lur l’avenir. Ces idolâtres reprélentent leurs mokifos
fous la forme d’hommes ou de femmes groffierement
lcuiptés ; ils portent les plus peiits fulpendus à leur
cou; quant à ceux qui font grands, ils les placent
dans leurs -mations, ils les ornent de plumes d’oi-
iieaux, & leur peignent le viiage de différentes couleurs.
Les prêtres deftinés au culte de ces divinités, ont
un chef appellé enganga-mokifo,' ou chef des magiciens.
Avant que d’étre inftallé prêtre, on eft obligé
de paffer par un noviciat étrange qui dure quinze
jours ; pendant ce tems, le novice eft confiné dans
une cabane lolitaire ; il ne lui eft permis de parler à
perfonne, 6c pour s’en fouvenir il fe fourre une
plume de perroquet dans la bouche. Il porte un bâton,
au haut duquel eft repréientée une tête humaine
qui eft un mokifo. Au bout de cetemslepeu-
ple s’affemble, & forme autour du récipiendaire une
danfe en rond, pendant laquelle il invoque fon dieu,
& dânfe lui-même autour d’un tambour qui eft au
milieu de l’aire où l’on danfe. Cette cérémonie dure
trois jours , au bout defquels l’enganga ou chéf fait -
des contorfions, des folies, 6c des cris comme un
frénétique ; il fe fait des plaies au vifagè, au front,
6c aux temples ; il avale des charbons ardens, 6c fait
une infinité de tours que le novice eft obligé d’imiter.
Après quoi il eft aggrégé au collège des prêtres
ou forciers, nommés fetiferos , 6c il continue à contrefaire
le poffédé, 6c à prédire l’avenir pendant le
refte de fes jours. Belle vocation !
MOKKSEI, ( Hift. nat. Botan. ) c’eft un arbre du
Japon, qui fe cultive dans les jardins, & dontla feuille
reffemble à celle du châteignier-. Ses fleurs quinaif-
fent aux aiffelles des feuilles font petites, à quatre
pétales, d’un blanc jaunâtre, & de l’odeur du jafmin.
MOK.OKF, ( Hift. nat. Botan. ) c’eft un arbre
du Japon, à feuilles de téléphium, à fleurs monopétales,
dont le fruit reffemble à la cerife, & dont
les femences ont la figure d’un rein. Sa grandeur eft
moyenne, fon tçonc droit, 6c fa groffeur à-peu-près
celle de la jambe. Ses feuilles reffemblent à celles,
du téléphium commun : fes fleurs font monopeta-
les , partagées en cinq levres, de couleur pâle, de
l’odeur des girofflées jaunes , garnies d’un grand
nombre d’étamines. Chaque fleur ne dure qu un
jour ; le fruit eft de la groffeur 6c de la figure d’une
cerife, d’un blanc incarnat en-dehors, d’une chair
blanche, feche, 6c friable, d’un goût un peu amer
& fauvage.
MOKOMACHA, ( Hift. mod. ) c eft le titre que
l’on donne dans l’empire du Monomotapa à un des
plus grands feigneurs de l’etat, qui eft le général en
,chef de fes forces.
MOL , adj. ( Phyf ) on appelle corps mois, ceux
qui changent de figure par le choc, en quoi ils different
des corps durs , mais qui ne la reprennent
pas
MO L MOL 625
pas enfuite ; en quoi ils different des corps élafti-
ques. Voye^ D u r e té , El a s t iq u e , & E la st ic it
é . Les lois du choc des corps mois font les mêmes
que celles du chpç des corps durs. Voye^ Percussion
, & C om m un ica tion du m ouv emen t» (o) WÊKÊ Mol , adj. c eft l’epithete que donne Ariftoxene
à une efpece du genre diatonique, dont le tétracor-
de eft divifé en trois intervalles dans le rapport fui-
vant ; le premier d’un fem,i-ton , le fécond de trois
quarts de ton , 6c le troifieme d’un ton 6c un quart,
6i à une efpece du genre chromatique dans le rapport
fuivant. Un tiers de ton, un autre tiers de ton *
puis un ton 6c cinq fixiemes.
Mo l , un cheval mol eft celui qui n’a point de
force.
MOLA , ( Antiq. rom. ) pâte eonfacrée ; c’étoit
line pâte faite avec de la farine 6c du fel, dont on
frottoit le front des viftimes avant que de les égorger
dans les facrifiçes. On appelloit cette pâte mola,
en un feul mot, ou mola falfa : de-là vient que le
mot immolare, ne fignifie pas proprement égorger la
•■ viâime, mais la préparer à être égorgée. ( D . J. )
Mola , ( Géog. ) bourgade du royaume de Naples
, dans la terre de Labour, fur le golfe de Gaete,
à l’embouchure d’une petite riviere. Ce bourg eft
fitué lur la voie appienne, 6c eft défendu par une
tour contre les delcentes dés corfaires. On trouve
plufieurs inferiptions dans ce bourg & aux environs ;
ce qui perfuade qu’il tient la place de l’ancienne
Formie, ou du-moins à-peu près. On y voit dans
un jardin un tombeau que quelques favans prennent
pour celui de Cicéron. On dit pour appuyer cette
foible conjecture, que çe grand homme avoit une
maifon de plaifance à Formie , & qu’il y alloit en
litiere, quand il fut affaffiné. Mais le tombeau dont
on parle, n’a point d’inferiptions, & cela feul liiffi-
roit pour faire penfer quç ce ne doit pas être le tombeau
de Cicéron. ( D . J. )
MOLACHEN, f. m. ( Hift. mod. ) monnoie d’or
des Sarrafins. C ’eft, à ce qu’on penfe, la même que
le miloquin.
MOLAIRE d en t , ( Anat. ) groffe. dent de la
bouche à une, ou plufieurs racines. On compte ordinairement
dans l’homme vingt dents, molaires,, fa-
voir dix à chaque mâchoire, cinq dents de chaque
côté.
Les dents molaires font plus groffes que les inçifi-
Ves 6c les canines, larges, plates , 6c fort inégales
à leur furface fupérieure; leur corps eft d’une figure
prefquequarrée ; elles occupent la partie poftérieure
des mâchoires après les canines.
On les divifé en petites, en groffes molaires ; foit
parce que les deux premières font ordinairement
moins grpfies dans les adultes, que leurs voifines
de la même efpece, 6c moins garnies d’éminences
à l’extrémité de leurs corps ; fait parce qu’elles ont
communément moins de racines que celles qui leur
font poftérieures. Il y a quelquefois un plus grand
nombre de dents molaires dans l’une des mâchoires
que dans l’autre, à caufe qu’il y en a quelquefois
qui ne fortent que d’un côté dans un âge avancé, 6c
que le vulgaire appelle par cette railon dents de fa-
gefie. Toutes ces dents de la partie poftérieure des
mâchoires, font nommées molaires, parce que leur
figure & leur difpoûtion les rendent très-propres à
brjfer, à broyer, 6c à moudre les alimens les plus
folides ; elles perfectionnent ainfi la divifion de
ceux qui. ont échappé à l’aftion que les incifives
& les canines ont commencée»
J’ai dit que les dents molaires fituées auprès des
canines font ordinairement plus petites que celles
qui en font plus éloignées : en effet, elles reflem-
elent.alors tellement aux canines, queia.difficulté
Tome X ,
de déterminer à quelle efpece elles Appartiennent,
eft caufe que le nombre des dents canines eft différemment
établi dans quelques autenfs.
Il eft vrâi cependant que les vrais dents molaires
varient pour le nombre; il y en a tantôt cinq , 6c
tantôt quatre feulement de chaque côté ; il y en a
quelquefois quatre au côté gauche, & cinq au côté
droit; ou cinq au côté gauche, 6c quatre au côté
droit ; ou cinq à la mâchoire fupérieure, 6c quatre à
l’inférieure»
Mais de toutes les dents, ce font les molaires qui
offrent le plus de variété par rapport à leurs racines»
Les dents molaires qui fonr auprès des canines, n’ont
ordinairement qu’une racine ; 6c on en a vu mêmé
déplus éloignées, qui n’en avoient pas davantage»
Il arrive néanmoins qu’elles ont deux racines l'épa-
rées dans toute leur longueur, ou feulement à leur
extrémité ; on remarque encore que ces racines fe
recourbent tantôt en-dedans, tantôt çn-dehors.
Les dents molaires qui fopt les plus groffes, & fh
tuées plus en-arriere, ont communément deux ra*
cines à la mâchoire inférieure : celles d’en-haut en
ont toûjours trois , quelquefois quatre , & même
cinq. Il arrive auffi quelquefois que les. dents mo/a/-
rwd’en-bas, font pourvues de quatre racines; ainfi
l’on ne peut guere compter furie plus ou fur le moins
à cet égatd.
Il y a des dents molaires, dont les racines fe touchent
par la pointe , & font fort écartées par la bafe
proche le corps de la dent. Ce font ces dents qu’on
peut dents barrées difficiles 6c fi dangereuïes
à arracher , par la néceffité où l’on eft d’emporter
avec elles la portion fpongieufe de l’os de la mâchoire
, qui occupe l’intervalle des racines.
Quelques dents molaires ont une ou deux racines
plates ; chacune de ces racines plates femble être
compofée de deux racines jointes enfemble, & di-
ftinguées feulement par une efpece de gouttii re qui
régné dans toute leur longueur, & en marque la fé-
paration. Quelquefois on trouve dans le dedans de
ces racines ainfi figurées, deux canaux, chacun à-,
peu près femblable à celui que l ’on voit dans les racines
Amples 6c fépal'ées les unes des autres.
Il y a des dents molaires à trois 6c quatre racines,
qui font fort écartées l ’une de l’autre vers la bafe ,
6c qui s’approchent en montant vers le corps de la
dent. De telles dents font difficiles à ôter, 6c l’on
ne le peut fans rompre l’alvéole, par le grand écartement
qu’on y fait. Pour rapprocher autant qu’il
eft poffible cet écartement, il faut preffer la gencive
entre les doigts, lorfque la dent eft arrachée. .
. On voit quelquefois des dents molaires, dont les
racines font recourbées par leur extrémité en forme
de crochet ; alors ces dents ne fe peuvent arracher*
fans intéreffer l’os de la mâchoire , parce que le crochet
entre dans une petite cavité qu’il faut rompre,
pour faire fortir la dent de fon alvéole. Quand ce
cas fe rencontre à une des dents molaires ou canines,
de la mâchoire fupérieure, il arrive quelquefois que
l’alvéole ne fe réunit point, 6c qu’il y-refte une ouverture
fâcheufe. Highmor rapporte à ce fujet unt
fait fingulier. Une dame s’étant fait arracher une
dent dç cette elpece, il découloit du finus fans ceffe
une humeur féreufe. Cette dame voulant- en découvrir
l’origine, introduifit dans la cavité d’où Bon
avoit tiré la dent, un tuyau déplumé délié long dâ
fix travers de doigt, 6c le poufla prefque tout entier
dans le finus; ce qui l’épouvanta fo r t , parce
qu’elle crut l’avoir porté jufque dans la fubftancè
du cerveau. Highmor tranquillifa cette dame, en
lui démontrant que le corps de la plume a voir tourné
en fpirale dans le finus ; mais l ’écoulement fub-
fifta.
K K k k